Moins on le fait...
Encore peu habitué à la formule blogue, je me suis eclipsé sans mot dire. Hop, parti en vacances sans le signaler. Sur un nouveau blog, ça fait un peu désordre... Ou ça peut même inquiéter. En fait je me dis qu'il me serait sans doute facile de sortir de ce monde d'internet. Quelques jours de déconnexion me sont largement suffisants pour "décrocher". Je pourrais poursuivre le sevrage à l'issue de ces jours d'absence, sans efforts. Là, c'est presque l'inverse: je me force à reprendre sans tarder le chemin des mots. Je réinvestis cette sphère du monde virtuel, tellement différent de celui dans lequel je me suis plongé pendant mes courtes vacances... C'est bon signe: je ne suis pas autant "accro" que je le crains parfois.
Bon... a bien y réfléchir ce n'est pas vraiment de la négligence. C'est même un p'tit peu volontaire. Je n'ai pas voulu écrire une entrée juste pour dire que je m'absenterai quelque jours. Ça aurait ressemblé à une sorte de justification trahissant une culpabilité; ou bien comme si je devais quelque chose aux rares pas si rares personnes qui ont découvert ce carnet. Or mon leitmotiv du moment c'est « je ne dois rien à personne, et personne ne me doit rien ». En fait c'est la seconde affirmation qui m'a amené à la première. Oui, j'apprends l'autonomie et ça passe par une certaine forme d'égoïsme. Le temps de trouver les bons réglages, la juste distance. Mais je n'irai pas vers l'égoïsme fermé, ce n'est ni dans ma nature profonde ni dans le sens de mon éthique personnelle.
Ce matin je me disais que l'écriture sur internet est un mode relationnel comme un autre: ça ne tient pas à grand chose. J'ai l'impression que si je laissais s'espacer mes interventions, je perdrais le goût d'écrire en public. J'oublierais les satisfactions que me procure l'échange lorsque je me sais lu et apprécié. C'est comme faire l'amour: moins on le fait et moins on en ressent le besoin. Ou comme les discussions passionnées: on peut perdre aisément le contact avec des gens si on laisse trop de silences s'interposer. Si on laisse la dynamique s'éteindre, vient un jour où on se demande comment on a pu prendre tant de plaisir à échanger...
Et on se dit « A quoi bon...»
Tout ça c'est du fatalisme et de la flemme. La rencontre de l'autre demande de l'effort. Je crois que si je me laissais aller à l'aquoibonisme je me déssècherais. A se concentrer sur soi et sa petite bulle on s'isole du monde. On se racornit, on s'aigrit. Finalement, on se trouve bien avec soi... mais ça manque d'ouverture et d'élans. Ça manque de vie, tout simplement. Je me sens vraiment "animal social". J'aime l'émulation des échanges, même si c'est parfois difficile ou compliqué. Je suis souvent passé par des épreuves relationnelles douloureuses, mais je n'en regrette aucune. C'est par les autres que je me connais, que je me découvre, que je m'affirme. Je n'aime plus l'isolement de l'ours que j'étais, même si je reste volontiers assez solitaire. J'ai besoin des deux: solitaire et solidaire. En contact, en relation avec "les gens".
L'écriture en ligne est bien autre chose que le "nombrilisme" dont elle est parfois taxée. Elle offre cette possibilité d'échange et les chances de rencontres. Voila pourquoi je ne cesserai pas d'écrire en public...
Et merci à tous ceux qui manifestent de l'intérêt pour ces écrits.