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Alter et ego (Carnet)
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23 août 2005

Semblables différents

Il arrive, avec les gens que j'aime, qu'on n'ait pas la même façon d'aborder les choses. C'est un phénomène assez bizarre parce que je nous sens souvent bien plus proches que les apparences ne le laissent croire, et pourtant quelque chose ne passe pas. Les mots précis et les nuances qui les caractérisent semblent avoir des sens différents. C'est comme si on ne parvenait plus à faire concorder nos canaux de communication. Parfois il suffit d'un rien, d'un petit détail pour que s'installe une divergence. Minime au départ, elle peut devenir source de fortes tensions en peu de temps. Il faut alors beaucoup d'énergie pour retrouver une base d'accord.

Auparavant ça m'inquiétait beaucoup de voir ainsi d'effilocher le fil du dialogue. Peut-être que je craignais qu'il ne se rompe ? Maintenant je relativise en sachant que ce n'est que temporaire. Je sais qu'il ne s'agit que de zones sensibles qui ont été sollicitées. C'est à la fois peu et beaucoup. Presque rien, mais toute une différence.

J'ai écrit «avec les gens que j'aime », mais peut-être que je devrais inverser les choses: c'est parce que j'aime les gens que je suis préoccupé lorsque la communication ne fonctionne pas bien. Parce que je sais que c'est le lien, la mise en relation, qui permet le climat de confiance propice à l'échange.
En fait... j'aime beaucoup lorsque je peux partager dans un registre qui touche à l'émotionnel. Les émotions, c'est ma drogue: j'ai besoin d'en ressentir pour me sentir vivant. Et de préférence des émotions positives, celles qui me rendent heureux.

Je crois que je suis un hyper-émotif... [Mais peut-être que tout le monde l'est, même si peu le montrent ?]

Je suis un insatiable chercheur d'harmonie et de paix. Rien ne me comble davantage que le bien-être. Être bien. Boris Cyrulnik a dit: « le bonheur c'est quand rien ne va mal ». C'est finalement assez simple à atteindre. Du moins pour soi... Car ça se complique évidemment dès qu'on entre en relation avec autrui. Et pourtant, quel bonheur que de partager l'« être bien» ! C'est ça mon souci: j'aime me sentir heureux avec ceux que j'aime, et suis heureux de leur bien-être. Paradoxalement il semble que cela demande parfois beaucoup d'efforts: pour vivre une relation simple, c'est compliqué. Ce qui est simple pour soi peut déclencher des complications chez l'autre. Et là, patatras, tout le bien-être disparaît dans une surenchère de complications. Alors que l'objectif des partenaires est pourtant le même: être bien ensemble, partager quelque chose de plaisant. Ne serait-ce qu'un échange de points de vue...

Parfois les modes de fonctionnement sont vraiment trop différents et les sensibilités incompatibles. Il vaut mieux alors s'éviter, ou se tenir à distance. D'autres fois ils sont à la fois très proches et contradictoires. Je crois que c'est là quelque chose de fascinant et de potentiellement très enrichissant: c'est de la proximité et de la différence qu'on apprend beaucoup. Il y a un fantastique domaine d'exploration et d'attirance pour ces "semblables différents". Lorsqu'on est dans le même registre de sensibilités, même si elles sont abordées et perçues différemment, voire de façon opposée, je crois qu'on peut partager beaucoup d'émotions positives. Mais si on n'a pas les mêmes objectifs, alors ce sont des émotions de souffrance qui se réveillent, avec une impossibilité de concorde. Maintenant, je crois que je sais bien distinguer les dialogues impossibles des relations prometteuses. Je ne perds plus de temps dans les premières, mais ne relâche pas mes efforts dans les secondes... tout en apprenant à trouver la juste distance. Car il y a obligatoirement une distance à respecter.

Je sais aussi que le manque de confiance en soi est un des moyen les plus efficaces pour compliquer les relations. Mais le plus comique, c'est que c'est précisément au contact d'autrui qu'on peut prendre confiance en soi, par le jeu des ressemblances et différences. Détecter ce qui unit de ce qui sépare, ce qui est commun et ce qui oppose.

Finalement, s'aimer et aimer l'autre, ce n'est qu'affiner chaque jour la géographie des sensibilités personnelles, dessiner les contours des mers de sérénité et celui des zones volcaniques. Etablir les secteurs libres d'accès, mis en commun, et les zones de prudence ou d'interdiction des domaines privés. Connaître les terrains minés et s'efforcer de les respecter étant un préalable...

jardin_aout
- Couleurs d'aôut -

Commentaires
L
Coumarine, oui, toujours garder à l'esprit le coté impermanent des choses. Les meilleurs moments comme les pires...<br /> Je crois que c'est dans ce renoncement à tenter de figer les moments de communion que se situe la clé de leur renouvellement. Ne pas chercher à retenir... mais agir, et être prêt, pour que ça se reproduise si la chance le permet.<br /> <br /> Fondamentalement seul... oui, je le crois aussi. Imaginer l'inverse pourrait bien être un leurre, base de beuacoup de peurs.
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C
Comme souvent, je me reconnais dans ce que tu écris, cher Idéaliste...<br /> Quand j'aime les gens, rien ne m'effraie plus que de sentir tout à coup une discordance qui risuqe de séparer, peut-être irrémédiablement<br /> Mais cette peur elle-m^me ne prouve-t-elle pas que je ne fais pas confiance, en l'autre, et surtout en la relation qui doit pouvoir surmonter une dissonnance?<br /> Ne peut-on rester proche, même si on n'est pas d'accord sur tout?<br /> Il y a des moments exceptionnels de communion avec l'autre, avec un autre, mais ce ne sont jamais que des moments<br /> Je crois hélas qu'on est fondamentalement seul(e)<br /> (à creuser)
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L
Pralinette, j'ai lu ton texte qui, effectivement, apporte une autre perception des émotions. Mais je crois que tu le décris bien: quelles qu'elles soient les émotions sont de la vie. Ton analogie avec les saisons m'a paru tout à fait juste. Quand on sait que le bonheur reviendra, la tristesse devient moins lourde...<br /> <br /> Et puis le problème des émotions positives... c'est bien qu'elle ne seront jamais éternelles. Et c'est leur perte qui rend triste.
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P
Tu écris : "Les émotions, c'est ma drogue: j'ai besoin d'en ressentir pour me sentir vivant. Et de préférence des émotions positives, celles qui me rendent heureux."<br /> En général, avec les émotions positives, on a rarement de problèmes, là où ça se gâte c'est quand on a mal ...J'ai écrit dans mon dernier billet, que les tristesse et angoisses me font sentir en vie... je l'ai découvert depuis peu et j'essaie d'accepter tout ce qui fait mal, j'apprends à le gérer de façon moins négative qu'avant. Ce n'est pas toujours évident, mais quand on sait qu'après la pluie le beau temps, ça permet de ne pas désespérer (pas trop...)
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