Griffes et crocs

Je suis de plus en plus fasciné par ce qui relie ou divise les humains dans leurs rapports. C'est à la fois si simple et tellement compliqué de se comprendre. Le mini coup de gueule d'il y a deux jours m'aura une fois de plus démontré à quel point je suis concentré sur mon égo... comme tellement de gens. Pourquoi réagir aux propos de l'autre alors qu'il serait plus simple et enrichissant (et infiniment moins coûteux en énergie) de chercher à en comprendre les motivations ?

Comment apprendre à changer de mode de relation alors que viscéralement le besoin de "se défendre" semble faire partie de l'ordre naturel des choses ? Comment savoir se maintenir à la juste distance pour s'impliquer sans s'imposer ? S'affirmer sans attaquer ? Pourquoi des logiques guerrières ?

Voila des années que je cherche à intégrer des méthodes relationnelles (comme la CNV) dont je connais le principe... sans parvenir à les appliquer à chaud. Des méthodes fondées sur le respect de soi et celui d'autrui, sur l'écoute attentive et l'ouverture à l'autre. Je sais ce qui se passe lorsque je suis agressé, et pourtant j'agresse moi aussi. Est-ce que l'humain conserve toujours un instinct de protection de territoire qui ferait qu'on se sent menacé lorsque quelqu'un réveille les repères de stabilité que l'on s'est construit ? Pourquoi ce manque de curiosité vis à vis de la différence de point de vue ? Y a t-il tant de gens qui manquent à ce point de confiance en eux et en leurs convictions pour se protéger ainsi de la diversité des opinions et comportements ?

Parfois j'ai l'impression que le langage n'est que la version humaine des griffes et des crocs.

Comments

[L'Idéaliste]

Méline (que j'ai tutoyé par inadvertance), une fois de plus je crois que c'est le mode de communication écrit qui peut faire comprendre à contresens. En face à face mon ton de voix aurait dissipé tout malentendu. Il est vrai que je répondais à Coumarine et j'étais sûr qu'elle saurait dans quel sens comprendre mes mots. Pour d'autres ça pouvait paraître une réponse froide, la renvoyant sans ménagement à sa problématique...

Rassurez-vous, je ne garde aucune rancune vis à vis de personnes qui reconnaissent leurs erreurs :o)
Et ça peut nous arriver à tous...

[coumarine]

Méline
Je tiens à te rassurer
Je suis sensible oui
mais pas fragile
Et l'Idéaliste est quelqu'un qui est capable d'écouter, chaque jour davantage
Il n'y a pas de détresse en moi vàv de lui
Et notre "dialogue" n'est certainement pas un dialogue de sourds
C'est vrai aussi que nous nous "connaissons" depuis logtemps et qu'il me semble normal que tout ne soit pas compris par tout le monde surtout quand comme toi, tu ne nous connaît pas

[Méline]

Je vous présente mes excuses.
A deux reprises, je ne vous ai pas envoyé les commentaires que je m'apprêtais à faire; essentiellement par peur de blesser la fragilité de Coumarine.
En fait, c'est sa détresse qui m'a fait réagir, l'impression qu'elle voulait vous dévoiler des choses que vous refusiez d'entendre.
Je ne vous connais en effet ni l'un, ni l'autre.
Mais je me suis sentie très mal à l'aise au milieu de vos échanges.
Je suis désolée.

[L'Idéaliste]

Méline... je crois qu'il y a une grosse incompréhension.

Il n'est pas question d'indifférence, mais de protection pour ne pas être blessé. Si on laisse les griffes blesser on risque de blesser en retour. C'est une logique de combat, pas d'amour.

Je ne comprends pas la suite qui parle de dialogue de sourds... Pas plus que le coté impudique de ce que j'écris (???)

Tu ne me connais pas Méline, sinon tu saurais que je suis plutôt du coté des blessés. Ce que j'ai énoncé c'est ma responsabilisation pour ne pas me considérer comme "victime" ds coups de griffe d'autrui.

[Méline]

Les griffes des mots et maux de ceux que j'aime peuvent me blesser.

L'indifférence aux mots/maux des autres; un rempart infranchissable qui lacère bien plus redoutablement que des griffes.

Vos écrits (et cris) ne sont ni remparts ni vilaines griffes. Mais à l'évidence, des mots/maux n'ont pas été entendus ou n'ont pas voulu l'être.

Quel affreux dialogue de sourds!

J'aimais bien ce blog mais il devient par trop impudique.

[L'Idéaliste]

Coumarine, si on est TROP gentil... on est déjà dans l'excès.
Être conciliant c'est faire preuve de souplesse et de capacité d'adaptation, et ça peut aider à fluidifier les relations. Je crois que c'est une qualité. Mais il faut connaître ses limites et ne pas donner davantage qu'on ne peut le supporter. Se respecter soi, toujours, AVANT de respecter l'autre.

Quant à encaisser sans réagir... pourquoi le fait-on ? Pourquoi accepte t-on la maltraitance ? Pourquoi se nie t-on ainsi ? Je crois que c'est aussi aux "victimes" de se poser des questions. Quels avantages trouve t-on dans de telles situations ?

Plutôt que les griffes de défense, je préfère l'idée de bouclier. Tenter de ne pas rentrer dans une logique de violence, mais apprendre à se protéger des agressions. Ce n'est pas tant le coup de griffe qui fait mal que la fragilité de ce qu'il touche. Si tu as une cuirasse tu ne ressentiras pas grand chose.
Et puis... si tu n'es pas née avec des griffes tu ne sauras pas t'en servir. A toi de trouver d'autres moyens de te protéger.

Ah oui, dernière chose après ces bons conseils: n'oublie pas que je suis idéaliste et quelque peu utopiste ;o)
Mais je préfère être comme ça.

[coumarine]

Comment tu vois ça L'Idéaliste?
Quand on est TROP gentil, toujours conciliant, encaissant tout sans réagir, et un jour, parce qu'on a "grandi" pouvoir montrer ses crocs et ses griffes, et réagir par des griffes aux griffes reçues?
La CNV ne fonctionne pas toujours
Parfois les griffes sont le seul moyen pour se faire respecter
Que penses-tu de cela?