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Alter et ego (Carnet)
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8 novembre 2005

Donner son avis

En marge des évènements (qui me préoccupent assez largement, malgré ma tentative de rester à l'écart), des questions interpellantes me sont suggérées dans un commentaire.

Faut-il être compétent pour donner son avis sur l'actualité ? Ou de façon générale, quelle légitimité a t-on à donner son avis personnel? Le fait de se sentir concerné donne t-il cette légitimité ?

J'ai envie de les inverser: est-il légitime de donner son avis si on se sait incompétent ? Quelle serait l'utilité d'un tel avis ? Que signifie «se sentir concerné » ?

Et, comme il m'est proposé: ça veut dire quoi "compétent" ?

Ce que je sais, c'est qu'en tout domaine je n'aime pas parler au delà de mes compétences. Je ne m'en sens pas la légitimité. Impression d'usurper une place qui n'est pas la mienne. Ceci dit, je ne suis pas non plus totalement incompétent. J'ai un savoir, une culture, des convictions. Mais je les sais fragmentaires.

D'autre part je considère que c'est aux personnes les plus concernées de s'exprimer sur un sujet. Or en ce qui concerne les violences urbaines et l'immense problématique qui en est à l'origine, je ne me sens concerné que de très loin. Je ne suis concerné qu'en tant que citoyen lambda privilégié du pays dans lequel se déroulent des évènements inquiétants, ce qui n'est pas rien mais n'est quand même pas beaucoup. Des actes d'incivilité, je ne connais de près que les actes d'agression et de provocation dans le collège de banlieue ou j'étais il y a... trente ans ! Oui, le problème était déjà existant. Il n'a fait qu'empirer.

Pour résumer: jusqu'où ai-je compétence pour m'exprimer sur un sujet qui, en pratique, ne me concerne que de très loin ?

Ben j'ai pas grand chose d'autre à dire que reconnaître mon ignorance. Je ne suis ni jeune, ni éducateur, ni prof, ni policier, ni sociologue, ni immigré, ni parent de jeune désoeuvré ou au chomage... C'est à eux de s'exprimer.
Alors que si je me permets de donner mon avis sur le traitement de l'information, par exemple, et bien que je n'aie guère plus de compétences en la matière, c'est que je suis concerné de près puisque les médias s'adressent directement à moi, en tant que citoyen, justement.

La conscience de mon ignorance c'est de savoir que le problème sociétal qui explose en ce moment à des origines ancrées très loin dans le passé. Elles viennent d'un passé colonial jamais digéré, d'un racisme subliminal, mais aussi d'un échec politique et sociétal de l'intégration. Echec aussi de l'éducation, au sens le plus large, c'est à dire pas seulement scolaire. Echec dans le domaine de l'emploi, lui-même régi par les règles supranationales de la mondialisation. Echec de l'urbanisme de masse et des phénomènes de getthoisation. Omnipotence influençante des médias aussi. Et tant d'autres choses...
Ouf... tout ça me dépasse complètement. Parler d'un seul de ces éléments tire tous les autres fils, dont je ne peux faire abstraction. Tous les problèmes sont imbriqués.

Alors je n'ai pas d'avis.

Je n'ai pas d'avis parce que mes avis sont multifacettes et que je peux moi-même me donner des contre-arguments à ceux que j'avance. La seule chose que je peux dire, et qui va exactement dans le sens de ma démarche personnelle, c'est qu'il y a un manque flagrant de respect de l'autre et de ses différences. Un manque d'ouverture et de dialogue. Des deux côtés et depuis longtemps, mais en sachant que l'un est dominant et a le pouvoir et l'autre n'a rien. Et ça fait une énorme différence. Je sais aussi que des deux côtés des irresponsables ou des provocateurs mettent le feu. Très efficacement quand quelques mots ont le pouvoir d'allumer des milliers d'alumettes révoltées, qui elles même suscitent une surenchère d'imitation ou d'émulation. Et que tout ça est absolument désolant.

Commentaires
M
Boujour a tous, je m'appelle Magaly et g 12 ans, et a l'école on ma demander mon avis sur le racisme et g fé l'exercice et je les raté ms je px le recommencer pr demain, ms je n'arrive po a donner mon avis, pourriez-vous m'aidez ?
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L
Véronique... désir de refaire le monde... oh lala, quand je vois à quel point c'est déjà tout un travail de se refaire soi-même !<br /> Je me dis souvent que c'est en commençant par soi qu'on peut changer le monde, même si c'est infinitésimal.<br /> <br /> <br /> <br /> Coumarine, oui, bien souvent cela se résume à un sentiment d'impuissance. Mais je t'avoue que je le trouve assez insatisfaisant. D'où mon envie de me taire, bien souvent.
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V
Au risque de répéter mes mots précédemment posés, je pense que tout cela est bel et bien une question d'intime préocupation. Je pense que l'on est apte à donner son avis dès l'instant que l'on se sent concerné par un problème. Il ne s'agit pas d'affirmer avoir la science infuse, ni de vouloir convertir la terre entière à son avis, mais de simplement exprimer ce que l'on ressent. Et chacun d'entre nous a le droit de ressentir l'actualité, quelle qu'elle soit.<br /> Il y a une chose qu'au-delà de toutes ces questions il ne nous faudrait pas complètement oublier : notre instinct, notre coeur, nos tripes, notre bonheur, notre droit à la vie. Et tout ça passe forcément par notre désir de juger et de refaire le monde dans lequel nous avons été parachutés... On le souhaite le meilleur possible, et c'est légitime, non ?
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C
Je crois qu'en effet, ceux qui donnent leur avis le font souvent à l'emporte pièce...<br /> Il ne s'agit pas tellement de faire une analyse de société, que de donner (je dirais humblement) son ressenti d'homme et de femme...et à ce niveau là nous avons tous quelque chose à dire, ne fut-ce que notre lancinant sentiment d'impuissance
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