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Alter et ego (Carnet)
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20 novembre 2005

J'ai confiance en toi

Dans mon précédent billet j'ai évoqué la confiance et je me rends compte que c'est une notion bien complexe. Quand on parle de confiance en l'autre, s'agit-il de celle qu'il nous fait, ou de celle qu'on lui donne ?

« J'ai confiance en toi » veut-il dire « Je te sais sincère (loyal, honnête, franc...) avec moi » ou bien « Je suis sincère avec toi » ? Généralement les deux simultanément. Don mutuel de confiance.

Ou bien cela veut-il dire « Je sais que je peux compter sur toi » ?

Dans le domaine des sentiments, des émotions, de la part la plus intime de soi, et a fortiori de l'amour, qu'est-ce que peut signifier « Je sais que je peux compter sur toi » ? Il existe dans ces domaines une très large part d'inconscient. Or dans la notion de confiance (fiabilité, sincérité, honneteté...) on ne peut parler que de ce qui est de l'ordre du conscient. Ma conscience fait confiance à ta conscience. Ma part consciente peut compter sur la tienne.
Et la part inconsciente, alors ? Qu'est-ce qui, dans mon inconscient, compte sur l'autre ? Quelles blessures secrètes à moi-même est-ce que je tente de protéger en accordant ma confiance à l'autre ? Et quelle part secrète à lui-même l'autre me dissimule t'il involontairement ?

Ainsi la confiance ne serait-elle pas un marché de dupes ? Deux inconscients qui se rencontrent avec toutes leurs névroses cachées et qui "trompent" leurs naïves consciences. Comment se fier à la part inconsciente de l'autre, largement inconnue de lui-même ?


Alors la confiance peut-elle exister vraiment ? N'est-ce pas une loterie ? Un idéal inatteignable ? On devrait toujours garder à l'esprit cette part inconsciente et en traquer les manifestations pour que ne s'installe pas trop de décalage entre les conscient/inconscient de l'un et l'autre des partenaires de confiance. Or ouvrir son inconscient à soi-même n'est déjà pas facile, mais l'ouvrir à l'autre, ou avec l'autre, c'est se mettre dans une situation de vulnérabilité qui demande beaucoup de... confiance. Je crois qu'il faut avoir une réelle volonté de plonger en soi, et accepter de regarder cette part, parfois assez sombre et douloureuse, avec l'autre. Non pas jouer au psy, puisqu'on en a pas les compétences et qu'on est trop impliqué, mais tenter de s'aider dans l'exploration en regardant ensemble les pistes possibles. Pour cela il faut aussi, je suppose, des partenaires qui en soient à peu près en phase tant dans la connaissance d'eux-même que dans leur volonté d'auto-exploration, et de transparence. Ça fait finalement beaucoup de conditions...

Il faut aussi que le jeu soit égal et qu'aucun des deux ne prenne d'ascendance ou de pouvoir sur l'autre, ni consciemment, ni inconsciemment. La confiance et la sincérité ne peuvent fonctionner que dans un rapport de respect mutuel. Et là, seulement là, peut s'installer une confiance mutuelle épanouissante, dans un partage et un respect des vulnérabilités de chacun, connues par les deux partenaires.

Finalement tout cela demande une grande maturité et une forte connaissance de soi.

Commentaires
I
Alainx, je pense que tu n'as pas tort... C'est effectivement une charge que de "donner" ma confiance à l'autre. C'est pas un cadeau ! Enfin si... mais il peut devenir trop lourd à porter. D'où ma réflexion, justement.<br /> <br /> Mais ça veut dire quoi alors, le mot "confiance" ? Qui soit dit en passant, à pour origine le mot "foi".<br /> <br /> Peut-être qu'il faut ne concevoir la confiance qu'au présent, ou au futur immédiat. La notion de "confiance-temps". Confiance instantanée, confiance sans garantie temporelle. Confiance "prétée", en quelque sorte.<br /> <br /> Ou alors, plus sûrement, c'est dans "l'objet" de la confiance qu'il faut être prudent. Le contenu de ce qu'on "confie"...<br /> <br /> Tu parles de foi en l'autre, mais ça me semble être le même piège que celui de la confiance. J'ai foi dans ce que je connais de l'autre, or je ne connais qu'une part de lui.<br /> <br /> <br /> «L'abandon total "en confiance" à un autre, est un comportement infantile»<br /> Oui, très certainement...<br /> Cependant je crois que cet "abandon" (drôle de terme, d'ailleurs...) est une aspiration qui fait partie de nous, et qui est même indispensable au relations humaines. On ne peut être méfiant en tout, il faut bien faire confiance, abandonner une part de soi à l'autre. Le tout est de trouver la limite de ce qu'on peut "abandonner" de soi...
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A
« J'ai confiance en toi »<br /> <br /> Je pense que je ne dis jamais cela à quelqu'un...<br /> C'est tellement une CHARGE ENORME que l'on pose sur l'autre et sur soi....<br /> <br /> Je dis en revanche "je te fais confiance pour...."<br /> Ce qui n'est absolument pas la même chose pour moi...<br /> <br /> Il y a généralement une confusion entre la confiance (qui est bien souvent "aveugle" comme on dit....)<br /> et<br /> la "foi" (il faut bien trouver des mots...) en l'autre, qui est un regard global sur lui et ses dynamismes fondamentaux, une sorte de "regard de confiance" en son devenir en chemin de 'réussite'<br /> <br /> Mais la confiance au sens exprimé dans cette entrée.... c'est mission impossible... et il ne faut pas s'étonner de tant de blessures et d'échecs relationnels en son nom.<br /> <br /> L'abandon total "en confiance" à un autre, est un comportement infantile (recherche de la mère parfaite).
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I
Très belle analyse. merci de cette réflexion
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C
Merci l'Idéaliste de donner l'occasion à d'échanges aussi riches<br /> Merci Gourmande...pour ton appport
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G
Je n'ajouterai rien ici, je partage absolument ce que tu dis.<br /> <br /> "Finalement tout cela demande une grande maturité et une forte connaissance de soi."<br /> <br /> je vois que tu as fait un long chemin, tu arrives au bout dans la compréhension rationnelle. Reste à mettre en pratique ;-)<br /> as tu lu : le chevalier à l'armure rouillée de Robert Fisher ?, je ne sais pas si ce livre est traduit en Français.
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