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Alter et ego (Carnet)
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5 janvier 2006

Double focale

Tiens, je vais un peu continuer à me "prendre la tête" avec mes questionnements autour de l'écriture de soi...

Alainx, qui ressent le besoin de retrouver une écriture plus personnelle en estimant que sur certains blogs «la pensée se dilue dans les lieux communs, les thèmes récurrents», a inspiré un post de Ségolène. Je recycle pour l'occasion un commentaire que j'ai laissé chez elle:

« Cette histoire des "lieux communs", c'est ma hantise perpétuelle. Comment oser imaginer que ce que j'écris puisse avoir quelque originalité ? Est-ce que tout n'a pas déjà été dit sur tout ? Quel est mon savoir ? Quelle est ma compétence à donner mon avis sur quoi que ce soit, toujours plus complexe que ce que j'en sais...

Alors j'écris ce que je pense au moment ou c'est là, en supposant que ma façon d'assembler les idées présente quelque singularité. Mais il m'arrive de me dire, a posteriori, "mais ce ne sont que des évidences, des banalités découvertes par un naïf qui s'imagine apporter ses connaissances au monde !".
»


En fait ma crainte d'écrire des lieux communs ne me vient que lorsque je change la focale de ma lorgnette nombrilocentrée. Si je regarde avec un grand angle, je me mets à penser aux quelques dizaines d'inconnus qui passent ici quotidiennement et devant qui j'expose tout à la fois ma naïveté et mon ignorance (oui, mon savoir aussi... mais il est toujours parcellaire et défaillant).
Finalement, à part raconter ma vie, dès que j'émets une opinion elle est contestable. C'est d'ailleurs ce qui permet d'affermir mes idées, ou d'en changer. Cependant, lorsque je me lance dans mes grandes réflexions théoriques, je peux passer aisément pour un gros benêt qui balance ces fameux "lieux communs" sans vérifier s'ils sont étayés ou porteurs du moindre soupçon d'originalité. Bon, mais je n'écris pas non plus une thèse, ni un ouvrage scientifique sur la psychologie humaine. Je me contente de témoigner de mes ressentis d'humain basique.

C'est là que je retombe sur l'incontournable ritournelle: "pour qui écris-je ?"
Une bonne fois pour toute, c'est pour moi, parce que ça me fait du bien et que ça m'aide à affiner mes points de vue.

J'ai conscience de le faire devant un microcosme "connu" (focale téléobjectif), avec chaque personne identifiable les zyeux dans les zyeux. Et j'ai tendance à oublier tous les autres, dont je ne sais rien, ni même s'ils reviennent un jour. Comme si je faisais mon show dans la rue, devant un groupuscule à qui mes gesticulations semblent plaire, oubliant que des passants peuvent m'écouter, me voir, et me juger. Je crois que c'est ce double public qui me fait souvent m'interroger. Sans compter les moments où je me demande pourquoi je fais mon numéro en public...

Bon bref, rien de nouveau: j'ai beau m'interroger, je continue.
Même si parfois, loin de mon ordinateur, je me demande quel est le sens de tout ça...

Ah ben si, tiens: peut-être m'affranchir de la crainte du regard d'autrui...
Pour pouvoir exister plus librement.
C'est à dire sans me "prendre la tête".
CQFD

Commentaires
I
Samantdi, ce genre de questionnement aura parsemé mes années d'écriture depuis l'origine. Mais ça ne m'empêche visiblement pas de continuer...<br /> Pour ma part, davantage que l'envie, il s'agit souvent de BESOIN d'écrire. Bon, je pourrais m'en passer aussi, mais je m'ennuierai. Les échanges que cela me permet, les rencontres indirectes, ces liens qui m'enrichissent... oui, c'est un besoin que l'écriture nourrit.<br /> <br /> Je ne me sens pas l'âme d'un écrivain. Ce que j'aime c'est bien sûr le plaisir des mots, mais surtout cette convivialité dont tu parles. Cette ouverture directe à l'autre.
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S
Toutes ces interrogations sur l'originalité, les lecteurs etc... sont loin de moi parce que l'envie d'écrire est tellement forte et pressante qu'elle balaie tout. Le blog apporte la réactivité, la convivialité et les commentaires des lecteurs, mais si on se sent vraiment une âme d'écrivain, le blog n'est sûrement pas le bon vecteur. Le blog bavarde, rit, vit, jouit, se dispute, se tracasse... La personne qui veut faire oeuvre d'écrivain a besoin de silence et de calme. Il faut écrire et surtout réécrire et corriger, se relire et laisser le temps du silence et de la germination des écrits.<br /> <br /> Mais attention : il y a beaucoup d'appelé-e-s et peu d'élu-e-s à l'Académie des Belles-Lettres alors que le blog est un espace de liberté et de création sans prétention.
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