Idéaliste !
Le pseudonyme que je me suis choisi, sans trop y réflechir, est à la fois un cri du coeur et un fardeau. Mon idéalisme est une volonté: tendre vers un idéal personnel. Peu m'importe d'y parvenir vraiment, c'est un objectif. Un mode de vie, plutôt optimiste. Viser ce qui me semble idéal c'est déjà y croire, c'est déjà me mettre en mouvement, et c'est surtout le meilleur moyen d'agir dans ce sens. Mon idéalisme c'est un élan vers ce qui me tient à coeur.
Ainsi mon dernier texte exprime une aspiration profonde, dont je mesure bien tout ce qu'elle a d'idéal, mais pour laquelle je vais agir en vue de la rendre réalisable. J'ignore si j'y parviendrai, si ce sera fréquent, si ce sera partiel, et quand ce sera, mais je suis sûr que pour moi c'est la meilleure façon de m'en approcher.
Le fardeau de mon pseudonyme, c'est lorsque je sens (à tort ou à raison) qu'on me trouve "idéaliste", dans le mauvais sens du terme. C'est à dire coupé des réalités, ne se rendant pas compte et "rêvant" de l'impossible. Me dire quelque chose de ce genre (ou même simplement que je crois l'entendre), c'est le malaise assuré. C'est comme si on me repliait brutalement les ailes. Comme l'ont si souvent fait mes parents, tellement "raisonnables". Il fallait tout prévoir, tout anticiper, ne pas prendre de risques inconsidérés. Bien mesurer, évaluer, assurer, rassurer... à tel point qu'il devenait difficile de laisser place à la fantaisie et à la spontanéité. Chacun de mes rêves était passé au crible du réalisme. Celui que la double autorité de mes parents avaient adopté pour eux-même. Le réalisme, c'était aller dans leur sens, ou du moins un sens qui ne heurtait pas leurs propres peurs. Tout cela était très cérébral, et les émotions dominantes étaient davantage celles de la peur que celles des élans de vie.
Vous voulez casser mes rêves ? Traitez-moi d'idéaliste! Dites-moi que je ne suis pas réaliste, que la vie ça ne fonctionne pas comme ça, que je ne me rends pas compte... Vlan, tout me revient à la figure ! Mon système de référence en reconstruction se délite (provisoirement) et je vois l'ombre tutélaire de mes parents. L'impression de m'être trompé de bout en bout, de délirer dans d'impossibles rêves. Et que la vie est bien plus triste que ce vers quoi je tends.
Vous voulez que je me sente perdu ? Dites moi que je ne suis pas dans la réalité...et je me retrouve sans boussole, sans intuition, sans spontanéité. Sans rêve. Je redeviens l'être timoré et indécis, qui ne sait plus dans quelle direction regarder, entre ce qu'il est et ce qu'il croit devoir être.
Et comme cela déclenche une violente contradiction interne, il n'est pas exclu que cela puisse se retourner contre l'auteur du mot fatal...
C'est encore une grande fragilité, un de mes "pitons" les plus sensibles (bouton sensible). Sauf que maintenant je le sais et détecte lorsqu'il a été effleuré. Il me faut alors puiser dans mes ressources, me rappeller que ce que j'énonce est le fruit d'une longue réflexion, lentement émergée et sérieusement étayée. Que ce n'est pas une fantaisie sortie de nulle part, mais un projet de vie. Et que l'autre n'a fait qu'exprimer son ressenti et ses limites personnelles.
Être idéaliste, je m'en rends compte maintenant, demande une grande assurance en soi. Parce que c'est vouloir aller dans des territoires que beaucoup délaissent. S'autoriser à rêver et à vivre ses rêves, c'est à coup sûr affronter ses propres peurs, mais aussi celles des autres. Être idéaliste, c'est être seul, souvent découragé par ceux qui n'osent pas. C'est trouver en soi la force de conviction nécessaire pour avancer et tracer sa voie.
Ce qui me rassure, c'est que plus j'écoute mon idéalisme et plus je vis en harmonie avec moi-même. Et mieux je vis. Je persévère... et rien de catastrophique ne se produit. Bien au contraire.
Je vais peut-être finir par me rendre compte que je suis bien plus fort que je ne crois...