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Alter et ego (Carnet)
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20 avril 2006

Aller plus loin

J'ai expliqué ici que je suivais actuellement une formation en vue de me réorienter vers l'accompagnement de personnes en difficulté. Ou du moins en questionnement...

Ces derniers temps cette formation a abordé un module intitulé "le couple", bizarrement associé à "la famille". J'avoue m'interroger sur cette alliance des deux notions, qui semble souvent systématique, comme si l'un et l'autre étaient indissociables dans les esprits. Or s'ils sont effectivement souvent liés, ils sont aussi largement distincts. La dynamique du couple et celle de la famille sont assez éloignées.

Est-ce cette juxtaposition, ou bien le double sujet "couple-famille" qui était trop vaste pour le temps imparti, qui m'ont laissé sur ma faim ? Autant les sujets "enfance" et "adolescence" étaient largement explorés et tout à fait passionnants, autant là j'ai été frustré. Je m'attendais au même intérêt que ce qui avait précédé, ou au moins à la confirmation de ce que j'avais déjà intégré, et je n'ai eu qu'un survol rapide de ce qui fait ou défait le couple.

Serais-je devenu particulièrement exigeant ? Les multiples lectures, réflexions, analyses, échanges, que j'ai pu avoir autour du sujet m'auraient-ils apporté une connaissance qui me place largement plus en avant qu'une formation de base ? J'avais l'impression d'avoir bien plus de recul dans mes réflexions que mes collègues de formation qui prenaient la parole. Je pense en particulier à toute la part inconsciente qui régit les rapports et peut animer le couple de forces de cohésion et d'éclatement simultanément. Je pense aussi à tout ce conditionnement social, cette part culturelle qui régente les liens et oriente les options de continuité ou de rupture.

J'avais été passionné par les enjeux du "moi" de l'enfance et de l'adolescence, tiraillés entre des logiques contradictoires de sécurité et de séparation, de dépendance et de détachement, et j'en percevais l'évitente réitération dans le lien de couple. Je m'attendais à voir exposé en pleine lumière toutes ces marques de réassurance, de crainte de l'abandon, de nécessité de la défusion vue sous le plan psychanalytique... Las, nous ne sommes restés qu'en surface.

J'aurais aimé avoir des éclairages, pouvoir établir des passerelles, voir confirmer ce que j'ai déduit à la lumière de l'expérience. Le confronter à l'expérience des autres, même si chacune est individuelle. Je crois que j'ai besoin de comprendre les mécanismes inconscients, ce fond commun qui nous oriente tous, plus ou moins. L'observation des faits ne me suffit pas, j'ai envie de savoir d'où ils viennent. Aller au delà des symptômes et remonter à la source des causes de dysfonctionnement.

Je crois que j'ai envie d'aller plus loin pour comprendre ce qui fait basculer du désir de continuer au désir de se séparer. Et, finalement, savoir ce qui, de la maturité ou de l'infantilité, se situe plutôt d'un côté ou de l'autre.

Commentaires
I
Pour ce qui concerne une "formation de base" autour du couple, il est vrai que j'aurais pu faire preuve de moins de naïveté. Peut-être que j'espérais trouver quelques aspérités sur lesquelles je pourrais trouver prise pour aborder le sujet de façon moins conventionnelle ?<br /> <br /> Lorsque j'en ai l'occasion, j'aime bien faire vaciller quelques conventions sociétales, provocation douce à pousser la réflexion un peu plus loin.<br /> <br /> En fait j'en ai été frustré...<br /> <br /> <br /> Pour le reste, vos commentaires me donnent envie de poursuivre mes réflexions. Faut croire que le sujet de couple continue de me passionner. Il suffit que je m'accorde le temps nécessaire pour écrire...
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M
C’est paradoxal, mais je pense qu’un couple ne se détruit que parce qu’il existe…<br /> Si les deux partenaires considèrent qu’ils ne sont pas acquis l’un à l’autre, que chacun mène sa propre vie sans oublier l’autre, le couple existera parce que chacun aura à l’esprit de toujours conquérir l’autre. <br /> La sécurité détruit aussi la richesse du couple, à petit feu, comme si tout était évident. Il ou elle va rentrer ce soir, nous allons faire cela ensemble (la question ne se pose même plus), il ou elle m’aime (comme une certitude). Et les habitudes s’installent, tout ce qui fait qu’on oublie finalement pourquoi on est un couple. <br /> D’un autre côté l’équilibre dont nous avons besoin se construit à travers cette sécurité qui permet d’aller plus loin, de mener une carrière, de s’investir ailleurs que dans le couple, de se construire un petit nid douillet, son petit jardin, son bricolage. <br /> Alors comment faire ? Faut-il avoir toujours l’impression que l’autre nous échappe pour que nous ne cessions de le rattraper, de le séduire ? <br /> Souvent des hommes ou des femmes s’aperçoivent qu’ils aiment profondément l’autre simplement parce qu’il veut nous quitter ? Faut-il cette rupture, ce choc sentimental pour s’apercevoir de l’amour qui nous habite encore ?<br /> J’ai profondément aimé un homme, les habitudes se sont installées petit à petit et nous vivions une vie tranquille. Un jour il m’annonce qu’il connaît une autre femme mais qu’il ne sait plus quoi faire. Il nous aime toutes les deux. A cet instant, le choc passé, je n’ai eu de cesse de le reconquérir, et j’ai réussi. Mon objectif atteint, le couple a repris son petit bonhomme de chemin jusqu’à ce que je sois à l’origine de la rupture. <br /> La complexité des sentiments est une chose que l’on ne maîtrise pas vraiment, il y a trop de facteurs liés à la personnalité de chacun. Petite explication simpliste de mes quatre expériences pour ne pas dire échecs à essayer de construire une vie à deux. J’ai trop souvent eu l’impression après quelques années de n’être qu’un meuble et de ne cesser d’être en demande, ce qui est fatiguant et destructeur. Le couple est un jardin qui se cultive à deux.
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A
basculer de la détermination obstinée à reconstruire mieux son couple avec la personne aimée, et vouloir confirmer que l'échange d'amour est toujours désiré (manque=>désir?), basculer donc au découragement, à la prise de conscience qu'on est tout seul à vouloir ce couple dans une réalité de bonheur partagé, et vouloir partir par dépit, par désespoir.<br /> Mais jusqu'où doit-on progresser pour pouvoir se dire qu'au lieu du chemin espéré il y a le mur d'une impasse et qu'il vaut mieux faire demi-tour?
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A
Le formation que tu suis me semble une simple initiation à une fonction d'écoute et de conseils.<br /> Les problématiques qui t'intéressent relèvent d'un autre niveau, c'est évident !<br /> Comprendre les mécanismes de l'inconscient ! oups ! A part faire pour soi même une psychanalyse et donc les comprendre en premier chez soi... je ne vois pas d'autre démarche efficace ! (sinon on est dans la spéculation intellectuelle, certes intéressante, mais dont "l'aidé" n'a que foutre !!...)<br /> <br /> Ta dernière phrase synthétique assez bien la problématique globale. Et le commentaire de Ségolène (toujours pertinente Ségo !) est lui aussi excellent.<br /> <br /> A propos de la maturité ou de l'infantilité que tu cites à la fin, je dirai juste une chose (un peu simpliste, mais qui a un fondement qu'il faudrait développer).<br /> Si je reprends ton expression : "basculer du désir de continuer au désir de se séparer"<br /> il me semble que l'attitude infantile peut arriver à l'un comme à l'autre.<br /> <br /> Dans la dynamique de maturité on parlera plutôt de désir de "construire" (plutôt que "continuer"). Car souvent l'investissement fait sur "ne pas se séparer" débouche sur une nouvelle étape de construction nouvelle du couple. ("avant", parfois il y avait eu une sorte de cohabitation sans constrution et de soi et du couple...).<br /> <br /> Tout cela est un peu rapidement dit évidemment...
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S
SourireS, ça t'étonne de n'être plus nourri par " une formation de base " en la matière ?!!<br /> <br /> Moi franchement non ;-))<br /> <br /> Il est intéressant ton parallèle entre l'adolescence et ses similitudes comportementales au sein du couple. Je trouve ta toute dernière phrase particulièrement percutante, cette interrogation ne me laisse pas indifférente, sachant, par expérience, l'énergie qu'il faut mettre dans la " reconstruction " d'un couple. L'investissement est lourd dés lors qu'il ne s'agit pas de la maintenir à tout prix, mais d'affirmer clairement un choix.Et c'est là où je veux en venir, tu parles de " désir " de continuer ou de rompre. Le désir s'exprime pour moi davantage dans la première hypothèse, alors que la rupture relève à mes yeux davantage de la résignation, on rompt aprés avoir essayé, aprés un échec, lorsque le rapport bénéfice / investissement n'est plus valide. C'est précisément l'estimation du bénéfice de ce rapport qui doit être évalué. C'est à mon avis cette étape,complétée par celle d'un bilan personnel qui permet de s'engager dans l'une ou l'autre des options. Un rendez-vous à ne surtout pas manquer en quelque sorte pour s'installer dans une conviction intime qui donne les forces d'affronter l'avenir seul ou à deux.
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T
Je ne suis personnellement guère étonnée que tu aies "pris de l'avance" sur tes petits camarades !
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