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Alter et ego (Carnet)
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14 juillet 2006

Sous l'orage

Hier il a fait beau et chaud. Dans la soirée le ciel s'est chargé de nuages, devenus subitement très sombres. Ça brassait en tous sens au dessus des têtes, tandis que la température baissait et que l'air se chargeait en humidité. Pendant un moment je pensais que l'orage passerait à côté. Au loin ça tonnait et les éclairs flashaient.

orage

Et puis les premières grosses gouttes éparses sont tombées.

Alors tout d'un coup le vent s'est levé. Un vent terrible qui pliait les arbres dangereusement. En quelques minutes une pluie diluvienne s'est abattue sur le paysage. Des voiles d'eau dessinaient le vent. On se serait presque cru en pleine mer, avec les embruns qui tourbilonnent, fouettés par la tempête. Simultanément les éclairs frappaient tout autour, sur le sommet des collines. Grondements assourdissants, explosions sonores. En quelques instants l'eau s'est mise à ruisseler sur les chemins, gonflant a vue d'oeil.

Le crescendo à duré une vingtaine de minutes, puis le vent s'est calmé, l'intensité de la pluie à baissé, les éclairs sont devenus distants et la nuit est tombée.

Un orage, à la campagne, c'est souvent impressionnant. Peut-être parce qu'au paroxysme tout semble en mouvement et qu'on se trouve presque isolé du monde. Le paysage lui-même disparait sous l'épaisseur de la pluie, et le bruit serré des gouttes sur le toit rappelle que ce qui nous sépare du ciel est bien peu épais.

Je garde aussi en mémoire un orage mémorable, qui, il y a quelques années, eu une telle intensité que l'eau avait tout dévasté, emportant les chemins, les talus, et même les vaches, les voitures, submergeant des maisons sous la puissance des flots.
La puissance des éléments naturels est impressionnante, et hors de maîtrise par les humains dès qu'ils sortent de l'ordinaire.

orage4


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Mon métier fait que je dois toujours être vigilant aux variations météorologiques. Les orages, bien sûr, et en particulier lorsqu'ils sont accompagnés de grêle. Mais aussi la pluie, tantôt attendue, tantôt redoutée. La chaleur, le vent qui déssèche ou dévaste, sont inquiétants. Et même le beau temps, s'il dure trop, devient inquiétant.

J'ai lu récemment que dépendre de la météo était anxiogène: on ne peut pas prévoir à long terme ni rien changer. Il faut accepter ce qui vient et faire avec. Toute révolte serait dérisoire et sans aucun effet. Alors en même temps, ça apprend un certain fatalisme. Ça apprend à relativiser aussi. La possibilité de perdre ce qui semblait acquis plane toujours...

C'est un métier qui apprend la patience: on ne peut pas aller plus vite que le temps. On ne peut pas accélerer ni ralentir l'écoulement des saisons. Et on recommence sans cesse les mêmes tâches.

Finalement c'est un métier qui est très en lien avec la vie.
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Ce matin, il fait de nouveau très beau...

sous_toit

Il me protège des fureurs du ciel...

Commentaires
C
Je viens de lire ton billet sur l'orage et j'ai presque senti cette odeur particulière de terre humide qui émane de la surface et nous apporte ce trouble légèrement angoissant que le ciel va nous tomber sur la tête. Dans ma vallée, entre la Chartreuse et la Chaîne de Belledonne, le bruit des orages est multiplié par deux puisque l'écho répond au tonnerre. C'est impressionnant et en même temps grisant. Un ami espagnol en villégiature, venu de la contrée sèche où je viens de passer quelques jours de vacances, se retrouvait toujours sur ma terrasse par temps d'orage, il adorait ça et restait des heures à regarder le ciel gronder, les arbres se plier sous le vent et la pluie frapper le sol violemment quitte à rentrer tremper comme une soupe. Il faut dire que, chez lui, lorsqu'il pleut, on dit que chaque goutte de pluie est une pièce d'or ;-).
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-
Telle, en lisant ton commentaire sur les orages de ton enfance, j'ai immédiatement pensé à ma propre enfance. J'habitais alors en ville et, lors de vacances à la campagne, je découvrais à la fois ravi et impressionné ce déchainement de bruit et d'éclairs dans un ciel noir. Il me semble, et c'était un peu le sens de mon billet, qu'en ville les orages sont beaucoup moins impressionnants...<br /> <br /> Pour ton billet sur la douleur qu'on laisse couler à travers soi, tu as bien fait de mettre le lien. Ta description est tout à fait intéressante. Je crois qu'effectivement, face aux difficultés de la vie contre lesquelles on ne peut rien, la sagesse est de ne pas résister. Que ce soit la douleur, la météo, la maladie, le deuil, la fin d'un amour...<br /> Mettre un barrage contre ce qui doit couler c'est mettre beaucoup d'énergie vaine à tenter de retenir ce qui, de toutes façon, finira par céder un jour.
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T
J'ai retrouvé le billet en question : http://telle.canalblog.com/archives/2005/12/09/index.html<br /> <br /> Ce n'est vraiment pas pour faire de la pub, pardon pour le procédé mais je ne me vois pas remettre tout le billet ici.<br /> <br /> Pierre, si cela te gêne, n'hésite pas à supprimer ce commentaire.
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T
Ta description de l'orage m'a ramenée 25 ans en arrière, lorsque mes deux petites soeurs et moi restions debout face à la grande baie vitrée à regarder dehors les orages d'été. Il faisait très sombre dans la pièce qui s'illuminait à chaque éclair. Un merveilleux souvenir d'enfance. Comme ici, nous avions le spectacle sans les gouttes !<br /> <br /> Il faut une forme de sagesse pour exercer un métier qui dépend des conditions météo. Un lâcher-prise indispensable puisque de toute façon quels que soient nos sentiments, ce qui doit arriver arrive en météo. Je crois que j'aurais des difficultés à vivre cette sujétion aux éléments dans mon travail.<br /> <br /> Belle photo de la charpente, elle évoque pour moi celle de la coque d'un navire.<br /> <br /> Et pour finir, car je suis très longue, je comprends très bien ce que dit Coumarine juste avant, j'en avais parlé à propos de la douleur de l'accouchement en des termes extrêmemement proches.<br /> <br /> Bon week-end Pierre (oui, c'est mieux ainsi).
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C
attends que je regarde les photos que j'ai prises à Lyon, Pierre (ben je suis contente de pouvoir t'appeler Pierre, c'est plus facile je trouve)<br /> Mais bon tu sais mieux que moi hein, pour la couleur de tes yeux ;-)?<br /> <br /> Je pense que face à certains événements difficiles à vivre, se couler dedans, prendre le courant, c'est de l'ordre de l'acceptation profonde (qui est de l'ordre du positif)<br /> Résister c'est se crisper, et augmenter la douleur<br /> C'est la même chose devant une souffrance physique, se couler dans le douleur (difficile à expliquer ça,) permet de soulager énormément, se durcir pour résister, se crisper augmentent la douleur<br /> Je ne sais si je me fais comprendre
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-
Coumarine, tu pointes sur quelque chose qui m'intéresse: la différence entre le fatalisme et la relativisation. D'autant plus que tu inclus le sens d'acceptation dans celui de relativisation.<br /> <br /> Je suis assez d'accord avec Pati pour dire que ce n'est pas la même chose, mais les distinguer explicitement n'est pas très évident.<br /> <br /> Pour moi le fatalisme c'est accepter ce qui ne peut être changé. Quelque chose sur lequel on n'a pas prise (Samantdi a écrit quelque chose hier qui m'a amené à commenter dans ce sens...). Tandis que relativiser, c'est aussi accepter, mais par rapport à quelque chose. C'est à dire faire une comparaison pour se dire "finalement c'est pas si grave".<br /> <br /> <br /> Dans mon métier il y a une part de fatalisme (laisser faire, accepter de perdre) et de relativisation (je recommencerai, si nécessaire). C'est un des deux types de réactions que tu décris, Hydro, en distinguant bien fatalisme et fatalité.<br /> <br /> Pour l'orage, Tanette et Coumarine, il m'est agréable de savoir que vous vous y êtes senties (sans les gouttes...).<br /> <br /> Et... ouais, j'ai renoncé au pseudo, à la longue trop lourd à porter. Un vrai boulet. Pour le moment je n'en ai plus, je verrai s'il s'avère utile que j'en prenne un autre.<br /> Et mes yeux ils sont VERTS Coumarine, tu les as pourtant bien vus en face ;o)
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C
Ca alors ,j'ai lu chez Val que tu "quittes" le pseudo de l'Idéaliste???<br /> Bonjour Pierre aux yeux bleus ;-)
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H
En '99, nous vivions aux Antilles. nous avons vu l'oeil de Leny passer au loin; ravageant nos côtes, déferlantes de vagues pénétrant les maisons des pêcheurs... emportant à là mer leurs bateaux, leurs maisons, leurs murs, leurs affaires.<br /> Quelques mois plus tard, les mêmes vents passaient sur la métropole, à peine atténués... forêts françaises abattues, décimées...<br /> D'un côté, nous avons aidé à pousser le sable qui était entré dans les maisons. "Si Dieu veut", disaient les gens, sans amertume dans le fond de leur voix, fatalisme souriant. <br /> De l'autre, nous avons entendu les reportages venus d'Europe, voix catastrophées devant les ravages mais pas de bras pour replanter les arbres tombés. Fatalité.
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T
Très belle description de cet orage. C'est comme si on y était.
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P
ta question m'a interpelée, coumarine...<br /> j'ai cherché dans le dico !<br /> <br /> voilà la définition que j'ai trouvé, pour le verbe "relativiser" :<br /> Considérer quelque chose comme n'ayant qu'un caractère, qu'une importance relative par rapport à un élément analogue, comparable.<br /> <br /> et voici celle du mot "fatalisme" :<br /> Le terme de fatalisme est formé sur la racine fatum, qui désigne en latin le « destin ». Est donc « fataliste » celui qui croit à une nécessité fatale, c’est-à-dire exclusive de toute liberté et s’imposant irrémédiablement à l’homme. Au sens commun, le fatalisme désigne par conséquent la croyance en la détermination des événements par des causes indépendantes de la volonté humaine, qu’il s’agisse de Dieu, de la nécessité naturelle ou des lois gouvernant l’histoire.<br /> <br /> j'en conclue que ce que tu nommes relativiser s'apparenterait plutôt au fatalisme ;)<br /> <br /> personnellement, dans la phrase de l'idéaliste, je comprend que pour lui, les deux choses sont distinctes... pour moi aussi d'ailleurs :)
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