Sous l'orage
Hier il a fait beau et chaud. Dans la soirée le ciel s'est chargé de nuages, devenus subitement très sombres. Ça brassait en tous sens au dessus des têtes, tandis que la température baissait et que l'air se chargeait en humidité. Pendant un moment je pensais que l'orage passerait à côté. Au loin ça tonnait et les éclairs flashaient.
Et puis les premières grosses gouttes éparses sont tombées.
Alors tout d'un coup le vent s'est levé. Un vent terrible qui pliait les arbres dangereusement. En quelques minutes une pluie diluvienne s'est abattue sur le paysage. Des voiles d'eau dessinaient le vent. On se serait presque cru en pleine mer, avec les embruns qui tourbilonnent, fouettés par la tempête. Simultanément les éclairs frappaient tout autour, sur le sommet des collines. Grondements assourdissants, explosions sonores. En quelques instants l'eau s'est mise à ruisseler sur les chemins, gonflant a vue d'oeil.
Le crescendo à duré une vingtaine de minutes, puis le vent s'est calmé, l'intensité de la pluie à baissé, les éclairs sont devenus distants et la nuit est tombée.
Un orage, à la campagne, c'est souvent impressionnant. Peut-être parce qu'au paroxysme tout semble en mouvement et qu'on se trouve presque isolé du monde. Le paysage lui-même disparait sous l'épaisseur de la pluie, et le bruit serré des gouttes sur le toit rappelle que ce qui nous sépare du ciel est bien peu épais.
Je garde aussi en mémoire un orage mémorable, qui, il y a quelques années, eu une telle intensité que l'eau avait tout dévasté, emportant les chemins, les talus, et même les vaches, les voitures, submergeant des maisons sous la puissance des flots.
La puissance des éléments naturels est impressionnante, et hors de maîtrise par les humains dès qu'ils sortent de l'ordinaire.
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Mon métier fait que je dois toujours être vigilant aux variations météorologiques. Les orages, bien sûr, et en particulier lorsqu'ils sont accompagnés de grêle. Mais aussi la pluie, tantôt attendue, tantôt redoutée. La chaleur, le vent qui déssèche ou dévaste, sont inquiétants. Et même le beau temps, s'il dure trop, devient inquiétant.
J'ai lu récemment que dépendre de la météo était anxiogène: on ne peut pas prévoir à long terme ni rien changer. Il faut accepter ce qui vient et faire avec. Toute révolte serait dérisoire et sans aucun effet. Alors en même temps, ça apprend un certain fatalisme. Ça apprend à relativiser aussi. La possibilité de perdre ce qui semblait acquis plane toujours...
C'est un métier qui apprend la patience: on ne peut pas aller plus vite que le temps. On ne peut pas accélerer ni ralentir l'écoulement des saisons. Et on recommence sans cesse les mêmes tâches.
Finalement c'est un métier qui est très en lien avec la vie.
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Ce matin, il fait de nouveau très beau...