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Alter et ego (Carnet)
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22 août 2006

Ce que Dieu dit...

Je ne sais plus par quel suite de liens je suis arrivé sur ce billet de Veuve Tarquine, mais j'avais loupé là quelque chose d'intéressant. Enfin... "intéressant"... phénoménologiquement parlant.

En effet, il aura suffi qu'elle affirme que son blog ne croit pas en dieu pour déclencher une suite impressionnante de commentaires (274 à ce jour), qui continuent de se répandre répondre depuis plus d'un an. Je ne me souviens pas d'avoir déjà vu une aussi longue durée d'activité après un billet !
Quant au contenu de nombreux commentaires, il est édifiant...

A noter que Veuve Tarquine réagissait surtout face aux concepts réversibles de tolérance/intolérance défendant une "liberté religieuse" qui sert parfois des attitudes parfaitement liberticides, notamment à l'égard des femmes. Les commentaires ont largement dérivé de ce sujet initial.


Première remarque anecdotique: si vous voulez faire de l'audience affirmez vos conviction sur l'existence ou la non existence de dieu: vous attirerez avec ce miel des mouches dont vous aurez ensuite du mal à vous débarasser. Par contre, munissez vous d'une solide dose de patience pour affronter cette marée pseudo-argumentative. Dans le cas cité, ce sont les "pro-Dieu" qui les énoncent. Mais j'ai déjà vu des "arguments" anti-dieu d'une teneur comparable sur des sites affirmant une croyance en Dieu (majuscule de rigueur, ou pas, selon les convictions défendues). Comme si on pouvait argumenter sur l'existence ou la non existence de l'invérifiable...

Deuxième constat : ce qu'on peut lire comme "arguments" de la part de croyants portés au prosélytisme le plus obtus est assez hallucinant. Franchement, c'est affligeant, confondant de stupidité, sidérant d'étroitesse d'esprit, et donne envie de se convertir à un athéisme fervent au plus tôt ! Mais je répète que dans d'autres cas l'athée de base qui veut convaincre peut être tout aussi confondant de bêtise.


Personnellement, en tant qu'agnostique convaincu, je regarde cela avec un intérêt amusé, mêlé d'un dégoût las. Autant j'aime voir affichées franchement des convictions (je crois/je ne crois pas), dans l'explication desquelles mon agnosticisme se conforte, autant toute tentative de persuasion du camp adverse me semble être d'une grande vanité, puisque vouée à l'échec sans le moindre doute possible : par essence un dogme ne se discute pas, tant dans la croyance que dans la non-croyance.

Cependant, même si des athées dogmatiques sont parfois virulents, voire intolérants, ils parlent en leur nom propre. Ils n'engagent qu'eux-mêmes. A l'inverse, et ça me révulse autant que ça m'abasourdit, certains croyants parlent carrément au nom de Dieu ! En se référant évidemment non pas à "Dieu" (avec qui ils ne semblent pas avoir personnellement discuté), mais à la religion à laquelle ils se conforment. Ils n'affirment pas leur foi en tant que conviction individuelle, leur propre vision d'un dieu qui leur serait personnel, mais s'autorisent à être dépositaires d'une parole prétendument Divine: « Dieu dit que... ». Ceci en se référant à des textes supposément "sacrés" contenus dans des livres considérés comme "saints". Autrement dit ils ne parlent pas de dieu, mais de ce qu'en dit leur religion et son prêt-à-penser.

Cette religiosité me dérange parce qu'elle entretient l'image une instance divine calibrée dans laquelle mon agnosticisme ne puise aucune référence. Si « je ne sais pas », en l'absence de preuve de l'existence/inexistence, il est certain que cela ne se joue pas pour moi autour d'une religion ou d'un livre lui servant de support. Dans ma part de doute je sais ne pas croire à ce genre de dieu qui dicterait la conduite des hommes, dirigerait quoi que ce soit de la marche du monde des humains en distribuant ses bons-points ou ses pénalités. Cette vision d'un dieu justicier, redevable de bienfaits et par ailleurs corruptible par de simples prières, me laisse pantois.

Par contre l'athéisme affiché me fait souvent penser à une anti-religiosité et se construire "contre" quelque chose en le refusant a priori ne m'intéresse pas. D'autant plus que, bien souvent, il me semble que le dieu contre lequel s'opposent nombre de ceux qui se disent athées est celui des religions: une représentation anthropomorphique qui serait dotée d'une conscience bien trop humaine.

Croire en un (ou des) Dieu(x) me semble tout à fait respectable, en tant que choix personnel et source d'inspiration pour une conduite à tenir. Ne pas y croire me semble tout aussi respectable et cela ne joue en rien sur les qualités humaines de ceux qui pensent ainsi.
Pour ma part je préfère actuellement l'agnosticisme parce qu'il n'affirme rien, si ce n'est son incapacité à affirmer quoi que ce soit en l'absence de preuves. Il me semble aussi être le plus propice à l'imagination, sans être étroitement guidé comme dans les religions monothéistes, ou buter sur les limites définitives de l'athéisme. L'agnosticisme me paraît être la solution la plus libre, non-doctrinale, et cela convient parfaitement à ma propre recherche actuelle. J'aime ainsi voir dans le destin de l'humanité sa part de libre arbitre conférée par la conscience, au choix de chacun, individuellement et collectivement, d'aller vers le pire ou le meilleur. J'aime croire (et la est ma foi) que je porte en moi la capacité de faire éclore ce "meilleur" en m'efforcant de préserver les autres de mon "pire", car si quelque "dieu" existe, alors son inverse, le "diable", existe aussi. Dans le doute je préfère me fier au premier qu'au second, choisir un sens d'évolution, et c'est en cela qu'une image divine transcendantale fondée sur l'amour de l'autre me plaît. J'ai beau ne pas savoir si un "esprit supérieur" existe ou pas et, le cas échéant, s'il ne consiste qu'en une étincelle dans ma conscience ou en un grand tout indicible, dans le doute je choisis ce qui me semble être le plus porteur de sens et d'espoir. J'ai conscience que faire ce choix est prendre parti et marque une vision à tendance déiste (je porte les stigmates d'une éducation catholique...). Je dirais volontiers que je crois en l'homme... doté d'une "inspiration spirituelle" portant le nom de "conscience", dont il peut user à sa convenance pour oeuvrer vers le chaos et la souffrance inféconde, ou bien vers une recherche de l'harmonie partagée au sein de l'espace dans lequel il évolue.

Plus de détails sur wikipédia:

Commentaires
M
Dieu a dit...Mais à qui l'a-t-il dit?<br /> <br /> Ni Dieu, ni Diable, seulement et totalement une maladie psychiatrique.<br /> <br /> Après les primates, il y a eu des hommes dont certains souffrent d'une maladie nommée «schizophrénie»; lesquels dans leurs perceptions hallucinatoires croient entendre le Divin - et voient ses envoyés - leur donnant des ordres. Ils sont alors en certitude d’être désignés pour une mission divine.<br /> <br /> D’un autre âge, ceux qui se disaient en communication avec Dieu étaient et sont encore appelés «prophètes» avec leurs écrits indiscutables.<br /> De nos jours, ceux qui entendent des voix et qui ont la certitude que Dieu leur parle ; nos jeunes en psychose hallucinatoire paranoïde (schizophrénie) sont traités en psychiatrie.<br /> <br /> La psychose hallucinatoire, cette « maladie universelle » que l’on vous a appris à ne pas comprendre.<br /> <br /> Ce qui est inscrit sur la notice pharmaceutique d’un antipsychotique de dernière génération : «... est utilisé pour traiter une maladie qui s’accompagne de symptômes tels que entendre, voir et sentir des choses qui n’existent pas, avoir des croyances erronées...». <br /> <br /> Cette relation vous semble inadmissible, alors je vous mets au défi de citer une seule autre manifestation qui soit à la fois l’œuvre présumée de l’Au-delà et également les symptômes d’une maladie.<br /> <br /> Il est temps de ne plus vénérer cette maladie extrémiste.<br /> <br /> Un père en prise avec cette « maladie de la croyance ».<br /> Maurice Champion - http://monsite.orange.fr/champion20 <br /> <br /> (La réalité offre ses possibilités, l’irréalité affirme ses incertitudes).
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T
de croire en un ou plusieurs dieu (x) pour moi ! J'adhère totale avec le sujet et les réflexions de Pierre à ce sujet ! J'arrive tard, tant mieux ou tant pis : pas grave, je suis totale agnostique. Et où seraient les agneaux de dieu ? Chez moi pardi !
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P
Pour moi qui ai reçu une éducation religieuse, la question de Dieu m'a longtemps destabilisé, m'a longtemps inhibé. C'est en retournant à l'église que je me suis libéré autant de ce Dieu qu'on m'y avait enseigné que de l'église qui en avait été le support.<br /> Mais la libération prend du temps.<br /> J'ai la vague impression que la première partie de ma vie a commencé par un remplissage, et que la suite et la fin de ma vie consiste à la vider, la nettoyer de ce qui ce m'a jamais appartenu, et d'y mettre du mien, du vrai changeant, voire de l'incertitude - si rassurante.<br /> J'avais déjà commencé à rassembler tout ça sur un premier blog. <br /> En lisant ton texte et ses commentaires, je me suis souvenu que j'avais écrit quelque chose sur la tolérance. J'y suis allé voir, et je suis toujours d'accord avec ce que j'en avais dit: http://happy.joueb.com/news/18.shtml#debutArticle (à Tolérance).<br /> Maintenant, j'ai quasiment fini la période "règlement de compte", et j'assume l'éclectisme de ma spécificité : http://planetevagabonde.blogspot.com/<br /> Si tu y trouves quelque intérêt, il vaut mieux commencer par la fin.<br /> J'éprouve le besoin de m'alléger. Et toi ?<br /> Salut.<br /> Philippe.
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P
Coum', je ne pense pas que ne pas vouloir blesser l'autre soit "trop gentil". C'est tout simplement une forme de respect. Chacun évolue à son rythme, selon ses convictions, ses expériences, des rencontres... Et insulter l'autre sous prétexte qu'il se tromperait, ou manquerait de connaissances, est une imbecillité.<br /> <br /> Par contre, face à un agressif ou un arrogant, quelqu'un qui ne veut rien entendre et assène ses vérités comme si elles étaient indubitables... il n'est pas forcément nécessaire de prendre de gants ;o)<br /> <br /> Pas besoin d'être "gentil" avec ceux qui ne veulent pas écouter. Mais on peut aussi passer son chemin pour ne pas déclencher de polémique.
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C
Pierre, moi ça m'arrive fréquemment de rire "dans ma barbe" quand j'entends ou je lis des propos qui me semblent rigolos (risibles) tellement ils sont loins de mon univers<br /> Mais je n'injurie jamais personne pour autant, je ne traite jamais personne de tous les noms...<br /> Peut-être tombe-je dans la catégorie des "trop gentils", de ceux qui ne veulent pas faire mal à l'autre<br /> Etre assertif tout en ne plongeant pas dans le mépris hautain et cassant...ça c'est une gageure
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P
Bonjour Prudence. Je ne crois pas que la manipulation puisse établir l'harmonie partagée dont je parle. C'est bien cette capacité de discernement entre les deux qui me semble être intéressante : nous sommes conscients de nos comportements. Si nous avons bien deux facette (et même davantage), nous savons bien, il me semble, celle qui est la plus porteuse d'équilibre pour l'humain.<br /> <br /> <br /> Coumarine, aujourd'hui j'ai entendu à la radio un échange entre un adepte de l'astrologie et un qui n'y croit pas du tout. J'avoue qu'il n'est pas toujours facile de rester "ouvert" à l'autre qui pense différemment ;o)
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C
J'aime beaucoup Pierre,ce que tu mets en réponse à Mohamed et que je rejoins...<br /> La curiosité vers l'autre plut^to que d'emblée le rejet parce qu'il ne pense pas comme moi...
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P
"Je dirais volontiers que je crois en l'homme... doté d'une "inspiration spirituelle" portant le nom de "conscience", dont il peut user à sa convenance pour oeuvrer vers le chaos et la souffrance inféconde, ou bien vers une recherche de l'harmonie partagée au sein de l'espace dans lequel il évolue."<br /> ...et dont il se sert soit pour se protéger soit pour se valoriser à sa convenance.(2facettes dans la même personne...on est ni tout blanc ni tout noir)Au regard de l'Autre, l'Homme serait-il manipulateur?
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P
Bonjour et bienvenue, Mohamed. <br /> En te lisant je me disais qu'au lieu de juger autrui qu'on ne comprends pas, il serait plus intelligent d'aller vers lui et demander « tiens, c'est curieux mais je ne pense pas ainsi, pourquoi crois-tu cela ? ». Aller vers l'autre avec un « oui, tu m'intéresses, dis m'en davantage », plutôt qu'un « non, tu as tort, tu te trompes ». Et tout spécialement pour tout ce qui n'a pas de vérité unique (religion, politique, cultures...). <br /> Je ne sais pas ce qui explique ce rejet à priori, mais je crois que ça tient d'une peur de la différence (comme si le différent était menaçant ?).<br /> Les anti-religieux voient les pires aspects de la religion, tout comme les hyper-religieux imaginent qu'une société sans religion irait à sa perte. Au delà des controverses, c'est une peur de l'avenir. <br /> <br /> Et tu as raison de souligner les amalgames entre certaines tendances et la systématisation à une population entière. Ce genre de simplifications est redoutable... mais tellement répandue.<br /> <br /> Marie, oui, il y a certainement de l'utopie à espérer cela. Mais si on refuse tout ce qui parait utopique, on n'essaie même pas de changer quelque chose et donc... on contribue à faire durer ce système. Pour ma part j'essaie de croire en autre chose et agir en ce sens, autant que j'en suis capable.
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M
Je n'imaginais pas que ce post lu l'an dernier ferait encore parler de lui ... et j'irais plus loin, respecter autrui c'est ne porter AUCUN jugement comme disait mon grand-père (celui de la guerre 14) utopiste ? probablement. Toujours le droit à l'indifférence.
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