Mutation
Sous couvert d'amusement, mon texte précédent dit beaucoup de choses éloquentes à mes yeux. Chaque phrase a pour moi une signification... et pas forcément la même pour ceux qui l'auront lue. Mais c'est sans importance. Au contraire, chacun peut ainsi trouver ce qui fait sens pour lui/elle. En fait, c'est une façon d'exprimer sans trop expliciter. Il est rare que j'écrive sous cette forme détournée, mais parfois le flou met à distance des mots, pour mieux en retrouver le chemin. Car l'errance de mon existence crée parfois des interférences avec l'écriture publique... et la rendent alors "impossible". Errance dans l'écriture...
Errances...
Errances multiples et polymorphes, à différentes échelles, en différents domaines, et de durée variable. "En errance"... peut-être est-ce ce qui décrit mon essence actuelle: celui qui se cherche et qui, pour cela, n'a pas craint pas d'aller à l'aventure. Découverte intérieure, d'abord, mais qui a forcément eu des conséquences avec l'extérieur. Je les assume. Etymologiquement, errer (errare) veut autant dire "aller à l'aventure" que "se tromper"
Toutefois l'errance n'est pas l'errement, même si un comportement erratique peut être aberrant et conduire à des erreurs. Quoique... ce sont aussi les erreurs qui peuvent conduire vers ce qui est recherché. Errer c'est voyager. Je ne vais pas sans but, bien que je ne le connaisse pas précisément. Je ne me perds pas: je cherche. C'est bien différent. Et lorsque, temporairement, je m'égare (ce qui peut arriver), je le constate, j'essaye de comprendre mon erreur... et je repars. C'est comme ça que peu à peu je trouve le chemin, singulièrement mien. D'où l'importance de trouver les réponses aux questions qui se posent. Chercheur de réponses.
J'aime bien ça, même si ça ne se fait pas sans souffrances. Mais la souffrance psychique ne me fait pas (pas trop...) peur. Ou du moins je veux surmonter cette peur, refusant les limites qu'elle m'imposerait. Je ne veux pas être l'esclave de mes peurs. Cette souffrance, je la considère comme un précieux indicateur de mauvaise piste, ou de mauvaise façon de suivre la piste. Je ne la refoule pas, au contraire: j'essaie de bien comprendre ce qu'elle touche et comment elle agit. Pour moi souffrir c'est ne pas comprendre ce qui se passe. Cette souffrance morale est un encouragement au travail sur soi, à la recherche de soi. La souffrance indique un déséquilibre. Il *suffit* de trouver ce qui est trop lourd... Et c'est là que se situe toute la complexité, parce que ce peut n'être qu'une petite partie cachée d'un ensemble apparent. C'est par l'analyse que je peux discerner, fragmenter, puis simplifier. Pour cela il faut souvent du temps. Laisser du temps au temps...
Hmmm... ce verbiage est encore assez flou. Les mots sont rétifs. Je suis prudent...
Comment dire ?... là, en ce moment... je vis une période qui pourrait être très tourmentée, fort stressante et particulièrement déstabilisante. Je parviens cependant à me maintenir dans un état de fonctionnement opérationnel, voire dans une relative sérénité. Peut-être pourrais-je même parler d'un bel optimisme enthousiaste. Et pourtant, il y aurait de quoi avoir quelques sueurs froides, angoisses palpitantes, et tristesse insondable. Mais j'étais préparé de longue date à ce qui opère et s'enchaine inéluctablement. Ce n'est qu'un moment un peu pénible à passer. De l'autre côté de la barrière, après ce temps de mutation, de vastes territoires sont à découvrir. Alors j'ai le sourire :o)
Il se trouve que cela se déroule à une période de l'année durant laquelle je suis toujours très occupé à titre professionnel, ce qui fait que je n'ai pas le temps de trop cogiter, ni celui d'écrire. C'est peut-être aussi bien comme ça... Les choses se déroulent sans que je puisse en prendre pleinement conscience. Acteur distrait, je ne ressens pas, pour le moment, le besoin d'en parler plus précisément. Et puis pour en dire quoi ? J'effectue donc la transition en solitaire. Ce n'est pas de l'isolement, mais un désir d'être autonome dans la gestion de la situation. Je n'ai "besoin" de personne, bien que j'apprécie toute présence ou marque de sympathie, aussi discrètes soient-elles.
Il me semble que... plutôt que d'évoquer des "problèmes" et m'en plaindre, je préfère parler de la façon dont je les surmonte, ou les ai dépassés. J'ai envie de me situer dans un registre positif. Je ne voudrais pas me lamenter sur mon sort, risquer d'apitoyer la blogobulle, et attirer à bon compte une compassion de circonstance. Le soutien discret, mais prépondérant, de quelques amitiés fidèles me permet de me débrouiller "tout seul". D'ailleurs je lis au fil des blogs des histoires de vie qui ramènent à beaucoup d'humilité. Il y a des gens qui se sortent de situations terribles. Alors mes petits soucis existentiels, hein...
Bon, allez, je vais terminer mon déménagement...
Cartons presque tous bouclés, j'ai démonté les meubles, presque fini de trier les derniers reliquats d'inclassables (c'est le plus long...), et commencé le transfert de mon bureau professionnel. Les sons commencent à donner de l'écho. Plus que deux nuits dans cette maison-bureau qui se vide. Tout se précipite...
C'était depuis deux ans mon lieu de vie: ma pièce à vivre, travailler, dormir...