Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
9 octobre 2006

Mutation

Sous couvert d'amusement, mon texte précédent dit beaucoup de choses éloquentes à mes yeux. Chaque phrase a pour moi une signification... et pas forcément la même pour ceux qui l'auront lue. Mais c'est sans importance. Au contraire, chacun peut ainsi trouver ce qui fait sens pour lui/elle. En fait, c'est une façon d'exprimer sans trop expliciter. Il est rare que j'écrive sous cette forme détournée, mais parfois le flou met à distance des mots, pour mieux en retrouver le chemin. Car l'errance de mon existence crée parfois des interférences avec l'écriture publique... et la rendent alors "impossible". Errance dans l'écriture...

Errances...

Errances multiples et polymorphes, à différentes échelles, en différents domaines, et de durée variable. "En errance"... peut-être est-ce ce qui décrit mon essence actuelle: celui qui se cherche et qui, pour cela, n'a pas craint pas d'aller à l'aventure. Découverte intérieure, d'abord, mais qui a forcément eu des conséquences avec l'extérieur. Je les assume. Etymologiquement, errer (errare) veut autant dire "aller à l'aventure" que "se tromper"

Toutefois l'errance n'est pas l'errement, même si un comportement erratique peut être aberrant et conduire à des erreurs. Quoique... ce sont aussi les erreurs qui peuvent conduire vers ce qui est recherché. Errer c'est voyager. Je ne vais pas sans but, bien que je ne le connaisse pas précisément. Je ne me perds pas: je cherche. C'est bien différent. Et lorsque, temporairement, je m'égare (ce qui peut arriver), je le constate, j'essaye de comprendre mon erreur... et je repars. C'est comme ça que peu à peu je trouve le chemin, singulièrement mien. D'où l'importance de trouver les réponses aux questions qui se posent. Chercheur de réponses.

J'aime bien ça, même si ça ne se fait pas sans souffrances. Mais la souffrance psychique ne me fait pas (pas trop...) peur. Ou du moins je veux surmonter cette peur, refusant les limites qu'elle m'imposerait. Je ne veux pas être l'esclave de mes peurs. Cette souffrance, je la considère comme un précieux indicateur de mauvaise piste, ou de mauvaise façon de suivre la piste. Je ne la refoule pas, au contraire: j'essaie de bien comprendre ce qu'elle touche et comment elle agit. Pour moi souffrir c'est ne pas comprendre ce qui se passe. Cette souffrance morale est un encouragement au travail sur soi, à la recherche de soi. La souffrance indique un déséquilibre. Il *suffit* de trouver ce qui est trop lourd... Et c'est là que se situe toute la complexité, parce que ce peut n'être qu'une petite partie cachée d'un ensemble apparent. C'est par l'analyse que je peux discerner, fragmenter, puis simplifier. Pour cela il faut souvent du temps. Laisser du temps au temps...



Hmmm... ce verbiage est encore assez flou. Les mots sont rétifs. Je suis prudent...
Comment dire ?... là, en ce moment... je vis une période qui pourrait être très tourmentée, fort stressante et particulièrement déstabilisante. Je parviens cependant à me maintenir dans un état de fonctionnement opérationnel, voire dans une relative sérénité. Peut-être pourrais-je même parler d'un bel optimisme enthousiaste. Et pourtant, il y aurait de quoi avoir quelques sueurs froides, angoisses palpitantes, et tristesse insondable. Mais j'étais préparé de longue date à ce qui opère et s'enchaine inéluctablement. Ce n'est qu'un moment un peu pénible à passer. De l'autre côté de la barrière, après ce temps de mutation, de vastes territoires sont à découvrir. Alors j'ai le sourire :o)

Il se trouve que cela se déroule à une période de l'année durant laquelle je suis toujours très occupé à titre professionnel, ce qui fait que je n'ai pas le temps de trop cogiter, ni celui d'écrire. C'est peut-être aussi bien comme ça... Les choses se déroulent sans que je puisse en prendre pleinement conscience. Acteur distrait, je ne ressens pas, pour le moment, le besoin d'en parler plus précisément. Et puis pour en dire quoi ? J'effectue donc la transition en solitaire. Ce n'est pas de l'isolement, mais un désir d'être autonome dans la gestion de la situation. Je n'ai "besoin" de personne, bien que j'apprécie toute présence ou marque de sympathie, aussi discrètes soient-elles.

Il me semble que... plutôt que d'évoquer des "problèmes" et m'en plaindre, je préfère parler de la façon dont je les surmonte, ou les ai dépassés. J'ai envie de me situer dans un registre positif. Je ne voudrais pas me lamenter sur mon sort, risquer d'apitoyer la blogobulle, et attirer à bon compte une compassion de circonstance. Le soutien discret, mais prépondérant, de quelques amitiés fidèles me permet de me débrouiller "tout seul". D'ailleurs je lis au fil des blogs des histoires de vie qui ramènent à beaucoup d'humilité. Il y a des gens qui se sortent de situations terribles. Alors mes petits soucis existentiels, hein...

Bon, allez, je vais terminer mon déménagement...
Cartons presque tous bouclés, j'ai démonté les meubles, presque fini de trier les derniers reliquats d'inclassables (c'est le plus long...), et commencé le transfert de mon bureau professionnel. Les sons commencent à donner de l'écho. Plus que deux nuits dans cette maison-bureau qui se vide. Tout se précipite...



chambureau
C'était depuis deux ans mon lieu de vie: ma pièce à vivre, travailler, dormir...

Commentaires
P
Forestine, je ne sais pas si j'y réussis mais j'espère toujours toucher quelque chose de personnel chez ceux qui me lisent...<br /> Ton commentaire sur la photo à participé à mes écrits, aujourd'hui. Je n'ai pas déménagé symboliquement, mais ces photos sont une façon de me préparer. Je suis quelqu'un qui a du mal à quitter quelque chose (ou quelqu'un...) et ce genre d'insistance à regarder les choses en face à l'avance m'y aide.<br /> <br /> J'aime bien ce que tu dis de la souffrance dans un chemin tout tracé :o)<br /> <br /> Pour la vérité trouvée (sa vérité personnelle et subjective) elle est toujours sûre dans l'instant. C'est dans le temps que la vérité varie...<br /> <br /> t. le milieu de vie on ne le connaît effectivement qu'à sa mort (si on en a le temps). Mais disons qu'en extrapolant et en faisant preuve d'optimisme, on peut en avoir une petite idée.
Répondre
T
Mais où se trouve le dit milieu de vie ? Pas trouvé !
Répondre
F
Ton premier paragraphe mériterait un billet à lui tout seul... Ecrire un texte qui permet à des lecteurs tous différents de revenir vers eux-mêmes, déclencher une réflexion, dégager des pistes alors qu'on a tous un paysage unique et seulement quelques points communs, c'est tout de même très fort, Pierre... Effectivement, ce n'est pas "sans importance". Cela compte beaucoup.<br /> Tu dis ton souci de ne pas révéler trop de toi, tout en nous montrant des photos très personnelles: ta cuisine, ta chambre, qui devraient être révélatrices. <br /> Mais c'est curieux, ces photos ne me "disent" rien. Tes textes me parlent davantage, tu les "habites" plus - ou du moins est-ce ainsi que je les ressens. Peut-être as-tu déjà déménagé symboliquement des lieux que tu photographies...<br /> <br /> Un autre passage me retient aussi: "J'effectue donc la transition en solitaire. Ce n'est pas de l'isolement, mais un désir d'être autonome" : solitaire sans isolement, autonome... Encore beaucoup à méditer en ces quelques mots.<br /> Il y a sûrement de la solitude dans le travail sur soi, en effet.<br /> Je voudrais aussi parler de ce que tu dis sur la souffrance, mais en qques mots d'un commentaire, ce serait ridicule... Juste,(je ne résiste pas), quand on creuse obstinément son chemin tout tracé, on souffre aussi, je pense, mais dans un aveuglement qui empêche chercher une issue...<br /> Bon, c'est pas drôle, tout ça!<br /> (Surtout que, quand on a trouvé une vérité, comment est-ce qu'on en est sûr????)<br /> ;-)
Répondre
P
Merci à tous pour vos messages.<br /> <br /> Si sur le long terme je suis sûr de ne pas me tromper, Alauda, je fais néanmoins des erreurs tout au long du parcours. Et c'est de celles-ci que j'apprends...<br /> <br /> Oui Christine, situation grisante que celle de la découverte. Accompagnée de joies et de déconvenues. Satisfaction de suivre un chemin qui m'est propre. J'y gagne beaucoup... j'y perds d'autres choses. Mais globalement le bilan est positif.<br /> <br /> Erin, j'ai compris que la plainte était inutile pour tout ce qu'il est en mon pouvoir de changer. Ce n'est pas pour autant que je parviens toujours à éviter cet écueil. Et puis il y a des choses que l'ont vit sur lesquelles on a peu, ou pas du tout de contrôle, et en parler peut alors aider à surmonter. De toutes façons parler de ce que l'on ressent est toujours utile. Nécessaire même. Du moment que ce n'est pas un prétexte à l'immobilisme. Commme toi les bouleversements dans ma vie touchent tous les domaines que tu énonces. C'est peut-être inévitable lorsqu'on a décidé de vivre "en accord avec soi-même".<br /> <br /> Comme tu le signales t., il n'y a pas d'âge pour vivre cet accord avec soi. Pourtant il semble que le milieu de vie soit un âge charnière durant lequel beaucoup de choses changent dans ce domaine...<br /> <br /> Mohamed, j'aime beaucoup ces extraits que tu me proposes. C'est très bien écrit et tout-à-fait évocateur. D'autant plus touchant que l'auteur a été assassiné pour sa liberté de pensée.
Répondre
M
En lisant tes deux derniers billets, je me suis remémoré le poète algérien tahar djaout assassiné par les islamistes en 1993. Je me permets de soumettre à ton attention le poème suivant tiré du recueil "l'invention du désert":<br /> <br /> <br /> « Il y a toujours dans le groupe en marche (en fuite ?) un jeune homme à l'esprit délétère qui porte, en plus du poids du ciel affalé sur le désert, une peine supplémentaire- dans les couloirs de sa tête des milliers de battements d'ailes, des pâturages sans limites, des filles aux lèvres fruitières. Il connaît déjà la mer, la vastitude de l'eau dansante et l'écartèlement des rivages. Une solitude l'enveloppe, lui tisse une aura d'étrangeté, l'exclut de la caravane. C'est pourtant à lui de trouver l'eau, la parole qui revigore, c'est à lui de révéler le territoire- de l'inventer au besoin. C'est à lui de relater l'errance, de déjouer les pièges de l'aphasie, de tendre l'oreille aux chuchotements, de nommer les terres traversées.<br /> <br /> <br /> <br /> Il existe toujours un jeune homme porteur d'un fardeau immatériel qui pèse avec le poids de l'obsession. Il sait des terres plus heureuses où le vent insinue sa fraîcheur dans les cheveux, où les arbres gémissent de volupté, où des palombes ponctuent le ciel léger.Ses yeux sont inutiles. Il n'est que narines et oreilles. Des odeurs surtout l'étourdissent, lui parlent des bêtes et des arbres, nomment pour lui les saisons.Les couleurs, les roches ont leurs odeurs, le midi des plantes surchauffées ses émanations bestiales.<br /> <br /> <br /> <br /> Il existe un jeune homme dissipé mais qui guide (malgré lui ?) la caravane. Ses errances à lui sont sans remède, sans la récompense de la halte bue comme une bienfaisante gorgée d'eau. Ce qu'il sillonne, ce n'est pas le désert de sable et de pierres tranchantes, mais le désert périlleux de sa tête ; il ne recherche ni la verdure ni la source qui oriente les transhumances, ce qu'il recherche est blessant et inutile comme le vert trompeur des acacias- ce qu'il poursuit, c'est la courbe insistante des mouettes qui fardent la mer de leurs cris. » <br /> <br /> Cordialement mohamed.
Répondre
T
Tout à fait d'accord avec Erin, l'accord avec soi-même est le meilleur accord que l'on puisse offrir et partager avec les autres. Que ce soit à 20, 30, 40, 50, 60, ... ans.
Répondre
E
"plutôt que d'évoquer des "problèmes" et m'en plaindre, je préfère parler de la façon dont je les surmonte, ou les ai dépassés."<br /> <br /> Comme j'aimerais pouvoir en dire autant. Il m'apparaît à moi que le fait de les jeter sur la page (la plupart du temps j'écris à la plume avant de publier en ligne), le fait d'écrire mes "problèmes" me permet de prendre du recul. Parfois je me dis que ça ressemble à une plainte, alors que lorsque j'écris, j'ai l'impression de poser des faits. Afin de les regarder plus froidement, de voir l'enchaînement, les conséquences, de projetter (pas trop bon ça des fois)... <br /> Je me sens errer aussi, car je suis à la croisée de chemin. A l'aube de mes 40 ans... Comme si cet âge "mûr" me donnait la possibilité de m'accomplir. Je tatonne, je prospecte, je sonde. puis j'essaye de mettre en accord ce qu'il en ressort avec les possibilités que m'offre la vie, ou je vais les chercher ces possibilités. Et puis il arrive que je me heurte à un mur. Celui où s'arrête mon contrôle... Alors je retourne à l'intérieur de moi...<br /> Ce qui est "dôle" finalement, c'est qu'en changeant de décennie, je me retrouve avec tous ces boulversements dans tous les domaines de ma vie (sentimentale, professionnelle, financière, amicale et relationnelle, et spirituelle...). Peut être est ce dû à ce que je sais enfin qui je suis (toute proportion gardée bien sur, j'apprend et j'évolue chaque jour)? Et si c'était parce qu'enfin j'ai compris qu'il fallait que j'agisse en accord avec moi-même ? ...<br /> <br /> Je te souhaite une bonne errance, et pas d'errement...
Répondre
C
Tu es un Robinson Crusoé de la vie. La vie de couple, en famille est un cocon bien confortable avec ses règles, ses obligations. Lorsqu'on en sort on se retrouve face à un monde inconnu aussi bien extérieurement qu'intérieurement. C'est une île sur laquelle on débarque et qu'il faut explorer seul, où des chemins s'ouvrent, multiples et où on est seul à prendre les décisions avec la peur de se tromper. Tout est à construire, c'est le grisant de la situation.
Répondre
A
"errer (errare) veut autant dire "aller à l'aventure" que "se tromper" "... <br /> Tu vas à la rencontre de l'inconnu.. du nouveau... tu ne peux pas te tromper ! <br /> C'est l'"aventure de la vie" qui te mène et tu oses la suivre.. tu sembles avoir tout ce qu'il faut en toi pour qu'elle soit riche et dense.. Bonne route, Pierre !
Répondre