Simplification
Temps printanier encore aujourd'hui. Charlotte en a profité pour passer nous voir après son travail, en début d'après-midi ("nous", c'est notre fils et moi). Elle travaille à cinq minutes de chez moi et vient occasionnellement. J'aime bien quand elle vient, et je l'accueille toujours avec plaisir. Souvent autour d'un café.
Récemment elle me disait qu'elle avait eu besoin, dans les temps qui ont suivi son départ, de mettre de la distance entre nous. Aujourd'hui elle m'a dit, presque avec un soupçon de regret: «tu ne viens pas souvent me voir...». Ben tiens... je me serais bien gardé de l'envahir ! Je tenais à la fluidité relationnelle et je me suis adapté à ses desiderata. Sans effort, d'ailleurs, tant cette séparation est devenue simple et évidente.
C'est toujours elle qui a manifesté un besoin de distance, et je l'ai accepté avec une facilité croissante. Pourvu que cela permette une relation harmonieuse, j'acccepte tout. Finalement l'essentiel c'est la confiance, le respect, et la pérénnité du lien. Le reste, les petits gestes de tendresse, les moments passés ensemble... c'est agréable, mais ça ne me manque pas. Enfin... disons que j'ai appris à faire sans.
Cependant, le désir qu'elle exprime que je lui rende visite montre que la distance est maintenant à son optimum.
À propos de simplicité relationnelle je constate, non sans surprise, que j'ai depuis quelques temps des rapports de plus en plus francs avec les autres. Parfois on me fait des remarques qui me déplaisent... et j'exprime ce ressenti. Sans me dévaloriser ni me culpabiliser. Mieux: j'apprécie cette franchise ! Même si elle me brutalise un peu. Du moment que la personne avec qui je suis en relation accepte mes remarques et sache se remettre en question. Ce sont des rapports parfois un peu bourrus, mais qui ne manquent pas d'efficacité. Ils n'ont pas ma préférence, mais je m'y adapte en me situant dans un registre similaire. Après tout, c'est un moyen de communiquer...
Cette acceptation des codes expressifs d'autrui est issue d'un travail de longue haleine. Auparavant je perdais très vite mes moyens, en me sentant dénigré. Ça me blessait et me faisait réagir de travers. En ayant pu remonter à la source de mes peurs, je sais maintenant ce qui inhibait mes réactions. Je peux donc agir pour me déconditionner et me "reprogrammer" pour mieux capter mes ressentis et rester en accord avec moi-même. Ce n'est pas encore opérationnel en toute circonstance, mais ça s'améliore. J'en suis le premier étonné, n'imaginant pas parvenir un jour à me sortir de sensibilités que je croyais enracinées en moi.