Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
13 janvier 2007

J'ai un doute...

De temps en temps je vais faire un tour chez les... comment dire... les "pros" de la blogosphère. Ceux qui en parlent au quotidien, ceux qui vivent dedans ou qui en vivent. Ceux que les journalistes interrogent, qui passent à la télé et dans les journaux, participent à des colloques ou écrivent des bouquins. Ceux qui n'ont pas besoin qu'on leur traduise la signification de LLM (s'ils ne s'étranglent pas en lisant ces trois initiales). Un autre monde que la petite blogobulle que je fréquente. Je devrais même dire microblogobulle. Ou nanobulle...

Ce soir je suis tombé sur ce billet qui, quoique bien vu, prête aussi à sourire. Il y est dit qu'avant juin 2004 c'était le premier âge des blogs, le temps de la génèse. On entrerait déjà dans le quatrième âge... Certains s'extasient de cette analyse et cherchent à se situer dans l'échelle de ces âges. Ayant quatre ans d'antériorité avant cette date, alors que je suis loin d'être dans les mythiques pionniers, et sachant l'essor qu'ont pris les blogs en 2002, je trouve ça amusant. Ça fait encore plus rire ceux qui pratiquent internet depuis 1995. Mais bon, tout cela est dit dans les commentaires qui ont suivi.

Je me sens vraiment faire partie d'un autre monde que ces blogs à maxi-audience (il n'y a qu'a regarder le nombre de commentaires). Avec mes écrits intimistes (que d'aucuns qualifieraient volontiers de nombrilistes), je joue dans un tout autre registre. L'objectif n'est pas le même: je n'ai pas une vocation généraliste, je n'émet pas d'opinion en lien avec l'actualité. Et je serais bien embêté si j'avais trop d'audience...

Il n'empêche que je ressens parfois un léger malaise à raconter simplement ma p'tite vie à moi. C'est idiot, je le sais, mais je me dis que... je manque d'ambition. Je pourrais, un peu comme en parlait Alainx, écrire un blog "sérieux", développant longuement mes théories sur les relations. Je répondrais peut-être ainsi aux attentes de tous ceux qui débarquent chaque jour grâce à Google et des mots-clé adéquats. La thématique "relations" y est majoritairement représentée. Mais mes petites élucubrations quotidiennes, mes petites histoires toutes simples, ne font assurément pas très "sérieux" et décrédibilisent certainement le reste [j'en sais rien, mais je suppose]. Bon, honnêtement je m'en fous un peu, mais quelque chose me titille pourtant. Peut-être que je n'assume pas vraiment ma "légereté" ? La crainte de passer pour... ouais, c'est ça: quelqu'un de pas fiable.

Je suis certain que si j'avais un site exclusivement "sérieux" (c'est à dire présenté avec distance, en proscrivant absolument le "je", et énonçant avec assurance le résultat de mes découvertes comme autant de vérités), ça rassurerait [faudrait pas venir déconner avec vos commentaires, hein !]. Je le vois bien, lorsque j'ai ma casquette de professionnel [c'est une image: j'ai pas de casquette], les gens s'adressent à moi comme si je disposais du savoir absolu. Le prestige de l'homme de l'art ! Celui qui sait. Et il ne faut pas décevoir le demandeur en étant hésitant ou dubitatif: l'homme de l'art doit savoir. C'est comme ça qu'on voit s'il est fiable. Qu'il dise une bêtise (pas trop grosse, quand même) n'a guère d'importance: il a donné une réponse assurée et c'est ce que le client attendait. Si si, je vous assure que ça fonctionne comme ça ! Les gens (je généralise), aiment les réponses claires. D'autant plus qu'ils connaissent mal le sujet.

Et moi je ne sais pas trop être affirmatif. Ni dans mon travail, ni sur ce blog. Je propose, j'énonce, j'hésite, je tergiverse, je thèse et j'antithèse. Bref, je cherche.

Euh... du moins c'est l'impression que j'ai de moi. Mais je n'en suis pas sûr...


Et ce billet n'a guère d'autre intérêt que d'exprimer les raisons de mon manque d'ambition : je ne suis jamais certain de détenir la vérité.

Et j'ai bien raison !



Commentaires
P
Marie, tes mots me touchent. Tu exprimes très bien ce que je ressens confusément : c'est parce que je parle au "je" et que je tâtonne que mes écrits peuvent être utiles. Parce que j'exprime des doutes et que cela laisse la porte ouverte au partage d'expériences, donc à l'enrichissement mutuel. Cela demande probablement une certaine humilité, élément essentiel pour la remise en question de "certitudes" ephémères. Et cela s'acquiers en osant s'exposer.
Répondre
M
eh bien... en fait c'est justement tes écrits, avec tous les doutes et les questionnements, toutes les méandres par lesquelles tu es passé, qui sont bien plus dans le vrai, plus évocateurs, porteurs... qui m'ont en tout cas bien plus touchés que si tu avais écrit de façon "sérieuse" en proclamant des "vérités" qui auraient été valables surtout pour toi de ton propre point de vue...<br /> c'est justement parce que tu exprimes des doutes, que tu cherches parmi tes contradictions qui sont celles de chacun je crois,, que tu chemines, que tu te donnes le droit de dire "je", que d'autres peuvent aller suivre ce chemin de leur quete de soi, peuvent se donner le droit eux aussi de le pratiquer par eux même... cette recherche de leur vérité, de leurs propres clés...<br /> moi aussi j'ai cette peur du ridicule, parce que je ne m'esprime pas toujours bien clairement, mais qu'importe,<br /> mais comment savoir "qui on est" si on se risque pas à essayer de "se dire soi-même" ?<br /> <br /> en tout cas, Pierre, moi aussi j'ai à te remercier...<br /> très sincèrement <br /> Marie_
Répondre
P
SolAnge, c'est un beau chemin que tu as fait en quittant certaines de tes certitudes sur le couple et l'amour pour t'ouvrir à la remise en question. J'ai été le témoin des bouleversements qui en ont découlé. Avoir des certitudes dans ce domaine que personne ne connaît vraiment, alors que c'est quelque chose qui se vit à deux et avec deux approches distinctes, se heurte vite à des limites qui se montrent inadaptées.<br /> <br /> Oui, ce chemin de la remise en question est difficile, très difficile, mais quel qu'en soit le prix je crois qu'il en vaut la peine.<br /> <br /> L'intuition qui se réfère à une observation attentive et sert de "guide", pour peu qu'on garde les pieds sur terre et ne s'isole pas de tout avis extérieur (je pense à certains illuminés) mérite d'être écoutée. Au moins autant que "ceux qui pensent savoir". L'histoire de ton fils en donne un beau témoignage.
Répondre
S
...oui, ...la Vie, le Mouvement, le Questionnement pour rechercher le meilleur.... de soi, des autres, de la Vie...<br /> <br /> Je suis une ex-remplie-de-certitudes-repentie..... et tellement plus vivante aujourd'hui!..... même si ma vie est bieeeeen moins 'calme' et 'confortable'!...<br /> <br /> Au passage, tu as été un des premiers à introduire il y a 2 ans 1/2 "le doute" dans ma petite tête pleine de certitudes tranchées sur l'Amour, notamment.... merci à toi...<br /> <br /> Ton passage sur le "savoir supposé" détenu par les 'pros' et attendu d'eux par les béotiens qui les 'consultent'me renvoit à une anecdote marquante de ma vie personnelle....<br /> <br /> Fin 1999, est né mon fils, mon 1er enfant... A 5 mois, le diagnostic de nombreuses allergies alimentaires a été posé, plus d'une dizaine au total, et pas des moindres (oeuf, lait, arachide, blé, poisson etc etc....)... c'est une pédiatre allergologue de renom, travaillant dans le meilleur hôpital pour enfants de Paris qui posé ce diagnotic à l'aide de tests cliniques et qui en a "commenté" les résultats.....:<br /> <br /> "Madame, votre fils est très malade..." m'a-t-elle asséné.... "attendez-vous à passer votre vie dans les hopitaux et salles d'examen,il fait partie des cas les plus sérieux que j'ai vus dans ma carrière" (une bonne cinquantaine d'années quand même la madame!).... <br /> <br /> Quand elle a su que j'allaitais mon enfant, elle m'a *sommée* de stopper immédiatement cet allaitement qui l'empoisonnait!.... et quand elle a su qu'il était gardé en crèche, elle m'a ordonné de l'en retirer, m'affirmant qu'avec ses défenses immunitaires déficientes, je l'exposais à des maladies en continu.... Le ton péremptoire qu'elle a employé tout au long de l'entretien m'a absourdie.... et je suis suis sortie effondrée de cet entretien.... si je n'avais pas eu un environnement familial, et notamment un mari, solide, à ce moment là, j'aurais eu la tentation d'en 'finir'....<br /> <br /> Comment pouvais-je mettre en doute les affirmations catastrophistes de ce médecin spécialiste, moi qui n'était que..... "la maman"!.....????<br /> <br /> Et pourtant, en regardant mon enfant sans problème en dehors de ces allegies alimentaires, je sentais bien que quelquechose ne collait pas dans ce qu'elle décrivait.... ça ne collait pas avec mon 'intuition' de **mère**, justement.... <br /> <br /> C'est dans cet état de malaise que je suis aller voir le pédiatre habituel de mon fils.... <br /> <br /> et là, il a prononcé ces mots "hésitants" qui m'ont pourtant profondément **sérénisée**... <br /> <br /> "il n'y a pas qu'une seule école en allergologie, Madame, il y en a plusieurs... si vous allez voir le professeur X, il vous tiendra un discours très différent de celui de madame Y... qui a raison? Ni l'un ni l'autre, ou alors peut-être un peu les deux?.... Ce que je vous conseille moi, c'est d'écouter votre coeur et votre intuition, en phase avec l'observation que vous avez de votre bébé.... et vous choisirez alors le meilleur pour lui!"....<br /> <br /> Je n'ai pas cessé d'allaiter mon fils, <br /> je ne l'ai pas retiré de la crèche sauf pendant une épidémie de bronchiolite qu'il n'a pas attrapée, <br /> j'ai retardé à 1 an sa diversification alimentaire et l'ai rendue extrèmement progressive....<br /> je l'ai fait suivre par un spécialiste sans 'certitudes' et profondément humble....<br /> <br /> Le nombre de fois où mon fils a du voir le médecin pour maladie se compte sur les doigts d'une main et aujourd'hui, à 7 ans il se porte comme un charme.... <br /> A 3 ans, il remangeait absolument de tout, y compris des cacahouetes, à la grande surprise du corps médical... car la guérison totale de l'allergie à l'arachide est très rare, moins de 2% des cas....<br /> <br /> Un jour, j'enverrai les résultats des analyses sanguines de mon fils, à cette grande "spécialiste qui savait *TOUT*"!......<br /> <br /> Cordialement à tous les douteurs et chercheurs de ce blog et d'ailleurs!<br /> <br /> Bisous à toi, Pierre<br /> <br /> SolAnge
Répondre
P
Camille, s'il me prenait l'idée d'écrire quelque chose se "sérieux", je ne sais même pas comment je pourrais structurer ça ! Il y a tellement de pistes qui se croisent...<br /> Mais surtout, comme tu le dis, comment tenter de figer quelque chose alors que ma connaissance est en évolution continue ?<br /> <br /> Oui, "je ne suis jamais certain de déternir la vérité" est bien une certitude. Hé hé. Parfois je dis aussi que j'ai la certitude de douter.<br /> <br /> Je ne sens rien de "déplacé" dans tes commentaires. Et puis... tu fais comme tu le sens ;o)<br /> <br /> Oh oui Pivoine, "follement ignorant". "Je sais qu'on ne sait jamais", chantait Gabin. J'avais une quinzaine d'années quand j'ai entendu ça et ça m'est resté gravé dans la tête.<br /> <br /> Il y a une sorte d'attente de certitude, je crois. On aimerait connaitre les choses et que ça ne bouge plus ensuite. C'est bien plus rassurant de se dire "bon, ça je le sais, maintenant la suite". Le savoir est infini, et en plus il est mouvant. Plus on sait et plus on connait l'étendue de son ignorance.<br /> <br /> D'accord avec toi sur ce côté vivant et changeant, personnel, des blogs généralistes. Ça me semble plus réaliste, plus authentique, même si ce n'est pas tout à fait "sérieux" (fiable). <br /> <br /> Ambivalence... je pense quelque chose et j'en doute le lendemain.
Répondre
P
Répondre clairement, oui, sûrement... Mais de là à se présenter comme celui ou celle qui "sait" - quand ce qu'on sait le plus, c'est qu'on est follement ignorant. C'est parfois ce qu'on reproche aux profs: ils se présenteraient comme ceux qui détiennent le savoir. Alors qu'on essaie de restituer un savoir, mais dans le fond, si peu... Ce savoir est tellement partiel! Il ms semble plus juste (même si ce n'est pas très confortable) de proposer, énoncer, émettre, remettre en question; etc. <br /> <br /> Faut-il toujours être sérieux ? En tout cas, ce que j'aime bien lire dans des blogs, c'est une expression personnelle d'un ressenti face à différents domaines ou faits de la vie... Ben pour des données dites "objectives", je lis plutôt un dossier ou un bouquin ;-)
Répondre
C
juste *merci*<br /> <br /> même questionnements, même réponses que toi en ce qui me concerne et je viens de *découvrir*, en te lisant, que c'est ce qui me retient de publier mes écrits à grande échelle.......les barreaux de l'échelle de la *co-naissance* se perdent ds l'infini et il me semble qu'on ne cesse jamais de grimper....surtout qu'il arrive qu'on redescende de qqs degré parfois ;-o)...pour regrimper plus facilement ensuite ;-o)<br /> <br /> dire "je ne suis jamais certain de détenir la vérité" est....*une* vérité en soi, non? ;-o)<br /> <br /> être en *accord* avec soi-même, se re-programmer, me ramène aux mots de miguel ruiz et aux accords toltèques....ce que tu exprimes, là où tu en es arrivé, leur font écho...<br /> <br /> *la fiabilité*......quel en-je! wahou<br /> <br /> bisous,<br /> camille qui sent, qu'à présent, et avec *franchise*, tu lui diras si elle fait fausse route en t'écrivant ceci ici et si c'est *déplacé*<br /> ((je ne connais pas les 'codes' de l'échange via le blog...alors je demande ;-o))
Répondre