J'ai un doute...
De temps en temps je vais faire un tour chez les... comment dire... les "pros" de la blogosphère. Ceux qui en parlent au quotidien, ceux qui vivent dedans ou qui en vivent. Ceux que les journalistes interrogent, qui passent à la télé et dans les journaux, participent à des colloques ou écrivent des bouquins. Ceux qui n'ont pas besoin qu'on leur traduise la signification de LLM (s'ils ne s'étranglent pas en lisant ces trois initiales). Un autre monde que la petite blogobulle que je fréquente. Je devrais même dire microblogobulle. Ou nanobulle...
Ce soir je suis tombé sur ce billet qui, quoique bien vu, prête aussi à sourire. Il y est dit qu'avant juin 2004 c'était le premier âge des blogs, le temps de la génèse. On entrerait déjà dans le quatrième âge... Certains s'extasient de cette analyse et cherchent à se situer dans l'échelle de ces âges. Ayant quatre ans d'antériorité avant cette date, alors que je suis loin d'être dans les mythiques pionniers, et sachant l'essor qu'ont pris les blogs en 2002, je trouve ça amusant. Ça fait encore plus rire ceux qui pratiquent internet depuis 1995. Mais bon, tout cela est dit dans les commentaires qui ont suivi.
Je me sens vraiment faire partie d'un autre monde que ces blogs à maxi-audience (il n'y a qu'a regarder le nombre de commentaires). Avec mes écrits intimistes (que d'aucuns qualifieraient volontiers de nombrilistes), je joue dans un tout autre registre. L'objectif n'est pas le même: je n'ai pas une vocation généraliste, je n'émet pas d'opinion en lien avec l'actualité. Et je serais bien embêté si j'avais trop d'audience...
Il n'empêche que je ressens parfois un léger malaise à raconter simplement ma p'tite vie à moi. C'est idiot, je le sais, mais je me dis que... je manque d'ambition. Je pourrais, un peu comme en parlait Alainx, écrire un blog "sérieux", développant longuement mes théories sur les relations. Je répondrais peut-être ainsi aux attentes de tous ceux qui débarquent chaque jour grâce à Google et des mots-clé adéquats. La thématique "relations" y est majoritairement représentée. Mais mes petites élucubrations quotidiennes, mes petites histoires toutes simples, ne font assurément pas très "sérieux" et décrédibilisent certainement le reste [j'en sais rien, mais je suppose]. Bon, honnêtement je m'en fous un peu, mais quelque chose me titille pourtant. Peut-être que je n'assume pas vraiment ma "légereté" ? La crainte de passer pour... ouais, c'est ça: quelqu'un de pas fiable.
Je suis certain que si j'avais un site exclusivement "sérieux" (c'est à dire présenté avec distance, en proscrivant absolument le "je", et énonçant avec assurance le résultat de mes découvertes comme autant de vérités), ça rassurerait [faudrait pas venir déconner avec vos commentaires, hein !]. Je le vois bien, lorsque j'ai ma casquette de professionnel [c'est une image: j'ai pas de casquette], les gens s'adressent à moi comme si je disposais du savoir absolu. Le prestige de l'homme de l'art ! Celui qui sait. Et il ne faut pas décevoir le demandeur en étant hésitant ou dubitatif: l'homme de l'art doit savoir. C'est comme ça qu'on voit s'il est fiable. Qu'il dise une bêtise (pas trop grosse, quand même) n'a guère d'importance: il a donné une réponse assurée et c'est ce que le client attendait. Si si, je vous assure que ça fonctionne comme ça ! Les gens (je généralise), aiment les réponses claires. D'autant plus qu'ils connaissent mal le sujet.
Et moi je ne sais pas trop être affirmatif. Ni dans mon travail, ni sur ce blog. Je propose, j'énonce, j'hésite, je tergiverse, je thèse et j'antithèse. Bref, je cherche.
Euh... du moins c'est l'impression que j'ai de moi. Mais je n'en suis pas sûr...
Et ce billet n'a guère d'autre intérêt que d'exprimer les raisons de mon manque d'ambition : je ne suis jamais certain de détenir la vérité.
Et j'ai bien raison !