Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
28 janvier 2007

Le plongeon

Hier j'écrivais que je perdais le goût d'écrire, mais ça revient vite. Il suffit que je dispose d'un peu de temps et que j'aie deux ou trois choses à raconter pour que les doigts me démangent...


La semaine préparatoire de mes nouvelles fonctions d'enseignant a été chargée. Comme j'ai voulu faire bien les choses, ce qui est le minimum, j'ai bossé dur pour apprendre... ce que j'allais devoir apprendre à mes futurs élèves. Plonger les nez dans les cours que me transmettait le remplacé, plutôt inquiet de laisser ses élèves, tenter de comprendre comment il procédait dans ses méthodes pédagogiques. Et puis glaner quelques renseignements complémentaires sur internet, afin d'avoir un peu d'aisance dans mes connaissances...

M'imprégner aussi des conseils qui m'avaient été communiqués, me les approprier en laissant naître en moi ce qui m'était évocateur. Impossible de tout retenir, mais plutôt "sentir" les choses se mettre en place. En outre, j'ai profité d'une journée spéciale dans l'établissement pour en observer le fonctionnement, me glisser dans l'ambiance, rencontrer quelques professeurs.

Et vendredi c'était le grand plongeon. Prof !

Nuit un peu agitée, mais esprit plutôt confiant. Je ne dirais pas serein, mais sans stress trop marqué.

Entrée dans le saint des saint: la salle des profs. Vite, réunir dans le brouhaha les documents prévus pour les cours du matin, me remémorer les consignes données la veille. Sonnerie... et c'est parti mon kiki. Banzaï ! Me faufiler parmi ces élèves, autant de visage inconnus. Entrer dans une salle, m'installer au bureau du prof, devant le tableau et face aux tables encore vides. Gloups... « mais qu'est-ce que je fous ici ?? Par quelle folie ai-je accepté ?».

Ils rentrent. Ils me regardent un peu interrogatifs, chacun à leur tour. Le sous-directeur s'est proposé pour m'introniser pour chaque premier cours d'une nouvelle classe. Merci, ça m'aide un peu. Mais voilà, il sort déjà et c'est à mon tour, pour deux heures.

Quelques mots de présentation, puis m'y retrouver dans le travail que je dois leur donner à faire. Ai-je bien pris les fiches à leur donner ? Où ai-je mis la liste dont ils ont besoin ? Hum... je n'ai pas bien saisi comment procéder. Je me doutais bien qu'il y aurait des détails que le remplacé ne penserait pas à me dire, tant ils lui paraissent routiniers.

Allez... ça s'est pas trop mal passé avec ces jeunes de CAP (Certificat d'Aptitude Professionnelle). Malgré leur peu de répondant, pour ne pas dire leur apathie et regard fuyant. L'un d'eux savait à peine écrire... wow, ça surprend quand même, à 16 ans.

Intercours. Je me retrouve dans la salle des profs. Ambiance conviviale et détendue. On me demande mes impressions après le baptême du feu.

Mais déjà le deuxième round. À nouveau deux heures. Là je suis un peu plus inquiet: il s'agit de BTS (Brevet de Technicien supérieur) et le cours est nettement plus costaud. J'ai la frousse de "sêcher" devant une de leurs questions. Je ne connais qu'imparfaitement ce que je dois enseigner.

Finalement ça se passe très bien. Le sous-directeur est arrivé en retard, alors que j'avais déjà expliqué les raisons de ma présence aux élèves. Je m'étais très bien débrouillé tout seul. Ces grands gaillard et jolies jeunes filles sont intéressés, posent des questions, interviennent. Il y a du répondant, des regards, et je peux m'accrocher à ce relief, bien préférable à la lisse surface des précédents. Bon contact, ça me plaît !

Repas entre profs, me voila quasiment adopté.

Je reprends l'après-midi, presque déjà rôdé au cérémonial du premier cours. Cette fois avec une classe de Bac Professionnel. Un peu à mi-chemin entre les deux cours du matin. Participation modérée, sur sollicitation. Une certaine lourdeur morne. Là c'est un peu plus difficile parce que je n'ai pas de cours et ce sont eux qui commentent un travail préparé d'avance. Je m'appuie sur eux pour comprendre le déroulement de la méthode. Mais je ne peux rien apporter comme renseignement complémentaire, n'ayant pu préparer le travail faute d'indications. Tout d'un coup j'arrive au terme de ce que j'avais à leur faire faire... Zut, plus rien à dire ! Vague panique... que je leur explique. Par chance la sonnerie retentit à ce moment là. Pour un peu j'aurais pu éviter cette situation inconfortable...

La prochaine fois je saurai comment mieux préparer mon cours.

La dernière intervention, encore avec d'autres BTS, se déroule aussi bien qu'avec leurs collègues. J'aime bien ces classes, qui pourtant me demandent le plus de préparation. Je peux à la fois m'appuyer sur le cours préparé et y ajouter ma touche personnelle en puisant dans mes connaissances. Le cours n'en est que plus vivant. Quoique un peu tendu, j'avais le sourire et on a eu quelques échanges d'humour.

Voila, une première journée qui s'est plutôt bien passée. J'ai franchi l'épreuve du feu et suis débarassé de mon appréhension. Ou du moins elle s'est largement atténuée. Je me doute pourtant que ce premier jour me donnait l'avantage de la surprise, donc d'un calme circonstanciel.

Cependant je pense que j'ai pas mal pompé sur mes réserves, parce qu'en rentrant chez moi j'étais épuisé. Complètement vidé, je me suis endormi à peine arrivé. Faut dire que j'avais passé quelques jours à préparer tout ça, emmagasiner les renseignements, essayer de comprendre la logique de mon prédécesseur... Je crois que j'avais accumulé pas mal de tensions.

Ouais... c'est vrai que ça demande du travail de préparation d'être prof ! Dix-huit heures de cours par semaine, mais combien à la maison ? Je n'en doutais pas, mais de le vivre donne toujours une autre dimension.


Commentaires
P
ReB, c'est ça le plus difficile : les élèves qui ne sont pas intéressés. Sans réaction, sans répondant, sans aspérité, au regard fuyant...<br /> Heureusement que d'autres interragissent !
Répondre
R
J'ai une amie qui est remplaçante en collège et lycée, elle vit ces premières fois trois ou quatre fois par an... C'est un sacré boulot, c'est clair!<br /> Quant à moi j'assure des vacations en IUT, histoire de faire partager mon expérience professionnelle, et bien c'est pas évident même lorsque l'on a que 10h à assurer et surtout quand les étudiants ne s'intéressent pas vraiment...<br /> Nostalgie: je me souviens, moi élève et mes profs!!
Répondre
F
"Ouais... c'est vrai que ça demande du travail de préparation d'être prof ! Dix-huit heures de cours par semaine, mais combien à la maison ? Je n'en doutais pas, mais de le vivre donne toujours une autre dimension."<br /> <br /> Merci de le confirmer.<br /> <br /> Courage à toi.
Répondre
C
Toutes mes félicitations à notre nouveau prof ;-).
Répondre
P
Comme vous dites il y a bien une énergie "donnée" pour capter l'attention et "sentir" l'ambiance de la classe. Mais je crois que dans mon cas s'y ajoutait non seulement le stress du "premier jour", mais aussi la concentration face à des tâches dont je ne maîtrisais pas les automatismes. Beaucoup de choses étaient nouvelles, dont les plus simples comme trouver les salles où j'allais faire cours, ou encore m'adapter à des niveaux scolaires dont je n'avais qu'une idée approximative !<br /> <br /> Ça ira mieux mardi ;o)
Répondre
P
pardon, illettrisme ! (C'est contagieux!)
Répondre
P
Génial! Ca a l'air de s'être bien passé. Comme tout prof qui est passé par là, j'ai souri en lisant le passage sur la fatigue. T'imagines-tu que pendant une journée entière tu as donné? C'est pompant. Mais comment dire, c'est une bonne fatigue (c'est une fatigue impressionnante, mais heureuse). Avec la pratique, on apprend effectivement à doser, mais au total, cela reste un travail très "brûlant" (où l'on brûle son énergie). (Des petites classes jusqu'aux adultes).<br /> <br /> En effet, tout ça a l'air d'aller très bien - si le contact est bon dès le départ, c'est fantastique.<br /> <br /> Pour l'élève qui ne peut pas écrire à 16 ans, hélas... Illetrisme, analphabétisme, c'est un vrai problème de société. <br /> <br /> Bonne chance pour la suite !
Répondre
A
J'ai une certaine expérience d'animations de stages en entreprise. Evidemment ce sont des adultes généralement motivés et réactifs (trop parfois !!)<br /> Que tu sortes épuisé de cette première fois ne m'étonne pas du tout ! C'est très mangeur d'énergies un tel public ! <br /> Et c'est exact comme dit Samantdi, une vraie prestation d'acteur en scène ! Mais une pièce dure 2 haures ! Une journée d'enseignement c'est bien plus !<br /> Et une semaine de stage intensif à animer.... Je dormais tout le WE !! :))
Répondre
S
"Cependant je pense que j'ai pas mal pompé sur mes réserves, parce qu'en rentrant chez moi j'étais épuisé. Complètement vidé, je me suis endormi à peine arrivé."<br /> <br /> Voilà une des découvertes que font tous les gens qui enseignent : c'est un métier de comédien, et parfois on sort de scène épuisé... C'est pour cela qu'il faut adopter un rythme où alternent: action puis moment calme pour le prof, les élèves étant au travail, en groupe ou seuls et actifs. <br /> <br /> C'est important, ça vient peu à peu.... Bonne semaine !<br /> <br /> ;)
Répondre
P
Forestine, t'inquiète pas, ce n'est pas la première fois que je m'interroge à voix haute quant à mon écriture. Mais souvent il suffit que j'en parle pour que ça se décoince, hé hé...<br /> <br /> Il y a une question d'adaptation, d'évolution, qui se fait parfois par à-coups. Voila des années que j'écris en ligne, et l'impression de tourner en rond me dérange, parfois. Je cherche à agir plutôt qu'à dire ce que je pense... quoique l'expression de ma pensée contribue à me faire agir. D'où des petits questionnements autour de l'opportunité de l'écriture, parfois.<br /> <br /> Ce que tu dis de l'amour (de l'autre) est en plein centre de ce qui se joue actuellement dans ma façon de voir le monde. Mais curieusement, il me semble assez difficile d'en parler. Parce que seuls les actes comptent.
Répondre