Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
30 janvier 2007

Au gré du plaisir

Il m'arrive régulièrement de me dire que je passe beaucoup trop de temps dans le monde d'internet. Surtout lorsque mon temps est compté... Parfois j'ai des envies d'arrêter tout d'un coup, seule façon de me désaccoutumer et retrouver ainsi une liberté. Ne plus écrire, ne plus lire, retourner dans la "vraie vie". Oublier ce monde parallèle dévoreur de temps.

Et puis... faire quoi ? Où trouverais-je autant de diversité et de richesse humaine ? J'ai tellement reçu de ces mots écrits par des "vrais gens", connus ou inconnus. Pas des écrivains, pas des gens-qui-savent : seulement et simplement des frères et soeurs humains qui se racontent. J'ai tellement avancé sur mon chemin de vie grâce à ces échanges directs ou indirects que je suis devenu autre... Où en serais-je si je n'avais pas découvert ce moyen de partage de pensées et émotions ? Combien de dimensions manqueraient à cet être nouveau que je deviens ?

Certes, ce genre de relations ne suffira jamais à remplir une vie, et peut-être un jour estimerai-je en avoir suffisamment appris. Mais pour le moment je ne vois pas où j'aurais pu trouver autant de réponses à mes questionnements existentiels, ni source aussi stimulante pour les faire cheminer.

Je crois que cela correspond à une période de grande remise en question de mon existence. Il me semble pourtant en voir de plus en plus distinctement certains contours. Bien des questions ont trouvé leur réponse. Ou du moins une réponse qui à de quoi me satisfaire pour longtemps. D'autres sont apparues, mais ne représentent plus la même impériosité. J'aurais envie d'approfondir... mais le temps me manque pour le faire. Je n'en ressens pas de frustration. Souvent j'écris quelque chose, mais je n'achève pas. Cela reste inabouti, incomplet, suspendu, sans que je n'investisse l'énergie nécessaire pour le diffuser.

Je suis de moins en moins dans un besoin d'écrire, mais plutôt dans un plaisir de le faire. Et si le plaisir se dissipe, je ne me force pas.

Oui, c'est ça : c'est mon plaisir qui me guide.

Commentaires
P
Christine, je pense qu'on a toujours besoin d'une "distance de protection". Quand on est loin, on est "protégé" de la présence physique et on peut donc plus facilement dévoiler une intimité mentale.
Répondre
C
C'est étrange mais plus on communique de loin et plus l'intime est présent...
Répondre
P
Très juste Christine, il s'agit bien du même monde. Et en même temps, le fait que la communication soit différente change beaucoup de choses. <br /> <br /> D'où cette tentative de comparer les deux, peut-être pour mieux comprendre comment fonctionne chacune de ces dynamiques relationnelles. Non pas pour dire que l'un serait mieux que l'autre, mais en quoi cela joue sur les relations aved autrui. Comme tu le soulignes le rapport à l'intime est différent, et c'est ça qui est intéressant. Comparer les deux "mondes" me permet de mieux comprendre ce qu'est l'intime, et quels en sont les contours selon le mode de communication. Intimité des idées, des sens, de la présence... tout cela joue sur la "distance" entre les êtres. Or j'aime chercher ce qui rapproche...
Répondre
C
Il n'y a pas deux mondes, mais un seul avec des formes de communications différentes. L'oral, qui reste assez distant comme pour palier à la proximité de l'autre, de son regard. Cet autre si proche qu'il pourrait entrer dans notre cercle intime. On pourrait le toucher alors on met une petite barrière. L'écrit, ah l'écrit qui est plus intime mais où l'éloignement des corps permet des confidences plus personnelles et le téléphone, magique aussi car il nous oblige à nous exprimer en dehors de tout autre moyen de communication. Les personnes sont les mêmes mais avec des outils différents, elles agissent différemment. <br /> N'oublions pas la gestuelle par laquelle passe 80% de la communication, sans elle, il faut bien compenser. On peut dire une chose et notre regard dira autre chose.<br /> Je suis un peu brouillon dans mes explications ;-)
Répondre
P
Pivoine, le mot qui me vient est "intensité". Ces échanges sont fréquemment plus intenses et approfondis que ceux qu'on peut avoir de visu. D'où parfois une impression de quelque chose de... comment dire... "artificiel". Absolument authentique dans le fond, mais "faux" parce que ne correspondant pas à ce qu'est la vie normale (oups... est-ce clair ?). C'est ce qui, pour moi, crée cette fascination dont tu parles, d'autant plus magnétique qu'on se donne le temps de se laisser emporter.<br /> Oui, on rencontre des doubles, partiels ou assez complets, et ce n'en est que plus fascinant. On se "reconnaît" dans l'autre bien plus fréquemment que dans la vie "normale", où les échanges de portée intime sont moins facilement accessibles.<br /> <br /> Cela peut aboutir à ce que tu dis, Sylvia: la "dévirtualisation", avec passage à un mode de relation beaucoup plus concret. On quitte alors le média internet pour avoir des rapports directs, déjà ancrés dans la profondeur des êtres. Et ces rapports là se situent d'emblée dans un registre très personnel.<br /> Pour ma part la plupart des mes amitiés actuelles sont nées de ces échanges initiés sur internet. J'ai trouvé là une écoute, une confiance, des partages de confidences que je parviens que rarement à obtenir avec des rencontres plus traditionnelles. En fait c'est toute une construction du rapport qui est différent.<br /> <br /> Je crois que c'est via le net que j'ai pris conscience de cette part humaine, tout en sachant bien qu'elle exprime davantage des intentions que des actes: il est plus facile d'émettre des idées que d'agir conformément à celles-ci. Mais ces intentions sont importantes et indiquent le fond de la personnalité.<br /> <br /> Comme toi je me contente maintenant de vivre les choses comme elles viennent, confiant dans ce qui est, tout en sachant que ce qui existe à un moment donné ne durera que tant que cela convient. Car c'est aussi une des réalités du net : on y est plus authentique dans les dynamiques relationnelles.<br /> <br /> En fait les deux mondes sont complémentaires...
Répondre
S
Je suis d’accord avec toi pour dire que les échanges et les relations sur le net ne suffiront jamais à remplir une vie sauf, comme c’est parfois le cas, mais cela demeure quand même des cas d’exception somme toute assez rares, quand ces relations se modifient, traversent le miroir et s’implantent dans le très concret et le très réel. Mais alors ce ne sont déjà plus des relations sur le net qui, lui, n’aura servi que de lien initial à ces relations.<br /> <br /> Je suis très sensible, cependant, à la description que tu fais des types de liens ou des rapports que le net permet d’établir. Tu as raison de parler de richesse humaine et de diversité. J’ajouterais la profondeur de certains échanges et rapports, et aussi la délicatesse et l’intime parfois des questions abordées. Pour ma part, j’y ai abordé là, et j’ai reçu des confidences sur des sujets dont on ne parle pas souvent, sinon jamais, dans la vie réelle, même avec les gens qui nous sont proches. J’y ai trouvé une très grande solidarité humaine, qui me fait encore plus aimer l’humain. Il peut parfois y avoir confrontation d’idées et de valeurs, mais toujours enrichissement à partir de l’exposé d’un point de vue qui se différencierait du nôtre. <br /> <br /> Pour ma part, je n’ai pas de plan à long terme précis à l’égard de la part du net dans ma vie, pas plus d’ailleurs qu’en ce qui regarde mes amitiés et mes liens personnels dans la vie quotidienne très concrète. Je me contente de vivre tout cela avec bonheur et je me sens très enrichie de leurs apports différents mais bien réels dans ma vie. À bien y penser, j’ai besoin de tout cela.
Répondre
P
Oui, derrière les écrans, il y a de vraies personnes, en chair et en os, avec un coeur et du sang et une sensibilité. <br /> Qui s'émeuvent à lire ou à écrire toutes ces pages. D'où la fascination, peut-être. <br /> Et dans ce monde d'Internet, il arrive même que l'on rencontre son double ou son frère, ou sa soeur spirituelle. Etrange, non ? <br /> La vie réelle est là pour inscrire les choses dans la durée. <br /> Et les écrivains... On serait étonné, parfois, quand écrivain et blogueur écrivant se rencontrent...
Répondre