Au gré du plaisir
Il m'arrive régulièrement de me dire que je passe beaucoup trop de temps dans le monde d'internet. Surtout lorsque mon temps est compté... Parfois j'ai des envies d'arrêter tout d'un coup, seule façon de me désaccoutumer et retrouver ainsi une liberté. Ne plus écrire, ne plus lire, retourner dans la "vraie vie". Oublier ce monde parallèle dévoreur de temps.
Et puis... faire quoi ? Où trouverais-je autant de diversité et de richesse humaine ? J'ai tellement reçu de ces mots écrits par des "vrais gens", connus ou inconnus. Pas des écrivains, pas des gens-qui-savent : seulement et simplement des frères et soeurs humains qui se racontent. J'ai tellement avancé sur mon chemin de vie grâce à ces échanges directs ou indirects que je suis devenu autre... Où en serais-je si je n'avais pas découvert ce moyen de partage de pensées et émotions ? Combien de dimensions manqueraient à cet être nouveau que je deviens ?
Certes, ce genre de relations ne suffira jamais à remplir une vie, et peut-être un jour estimerai-je en avoir suffisamment appris. Mais pour le moment je ne vois pas où j'aurais pu trouver autant de réponses à mes questionnements existentiels, ni source aussi stimulante pour les faire cheminer.
Je crois que cela correspond à une période de grande remise en question de mon existence. Il me semble pourtant en voir de plus en plus distinctement certains contours. Bien des questions ont trouvé leur réponse. Ou du moins une réponse qui à de quoi me satisfaire pour longtemps. D'autres sont apparues, mais ne représentent plus la même impériosité. J'aurais envie d'approfondir... mais le temps me manque pour le faire. Je n'en ressens pas de frustration. Souvent j'écris quelque chose, mais je n'achève pas. Cela reste inabouti, incomplet, suspendu, sans que je n'investisse l'énergie nécessaire pour le diffuser.
Je suis de moins en moins dans un besoin d'écrire, mais plutôt dans un plaisir de le faire. Et si le plaisir se dissipe, je ne me force pas.
Oui, c'est ça : c'est mon plaisir qui me guide.