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Alter et ego (Carnet)
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19 février 2007

La violence dorée de l'enfance

Sans trop me poser de questions j'ai suivi l'invitation à faire des ricochets groupés. La démarche m'a plu d'emblée, alors que je ne participe pas aux divers exercices d'écriture proposés ici et là. Cet intérêt ne doit certainement rien au hasard...

Sagement j'ai commencé à raconter mes premières années de vie. Rien de bien impliquant, faute de souvenirs directs. Mais je sens bien que cette évocation du passé lointain me fait gamberger. Quelque chose s'est mis en marche dans ma tête. Je pense déjà à ce qui va se présenter bientôt, avec l'évocation de la petite enfance, puis de l'adolescence...

Comment vais-je aborder ces années-là ? De quoi vais-je parler ? Rester dans les petites anecdotes gentillettes et superficielles ou bien sonder un peu plus profondément ? J'ai déjà largement exploré mon enfance en thérapie et je sais à peu près ce qui s'y trouve. Selon le regard choisi elle a été douce et favorisée... ou bien déchirée par la violence subie. Les deux à la fois, bien sûr, indissociablement liées. Que vais-je faire émerger ? L'ombre ou la lumière ? Ou les deux simultanément ?

De cette enfance entre douleur et douceur je garde les traces. J'en porte le poids invisible autant que les trésors. Ma vie actuelle est encore largement contaminée par ce passé à double face, inhaïssable, bien plus perturbateur de personnalité que je ne l'avais imaginé. J'en reste handicapé, écartelé, tout fissuré de l'intérieur et trop lucide pour l'oublier.

C'est peut-être pour me distraire de cette violence, ou bien en relativiser les effets à long terme, que j'essaye aussi de faire l'exercice des ricochets à l'envers, en remontant le temps. Mais dans ce sens antichronologique c'est la fraîcheur des souvenirs qui est un obstacle. Surabondance d'impressions. Je ne veux pas revenir sur mon passé récent, trop chamboulé. Trop lié au présent. Trop sensible. Je suis encore trop proche de la charnière infléchissant ma vie pour en parler sereinement.

Ironiquement, ces perturbations actuelles sont très probablement une conséquence tardive de la violence dorée de mon enfance. Un écho, ou un effet de miroir. Quelle que soit l'extrémité par laquelle je lance mes ricochets, ils me reviennent en pleine figure.

Commentaires
P
Pivoine, je crois l'avantage de cet exercice c'est que chacun peut s'en approprier les règles :o)<br /> Thérapeutique... si on a envie d'aller dans ce registre. Ou ludique, anecdotique, sérieux, exhaustif, si on préfère. <br /> D'ailleurs le choix de du registre est déjà indicatif de ce qu'on a envie/besoin d'extérioriser.<br /> <br /> Oui, tout à fait d'accord avec toi: tant de vies "extrordinaires" parmi nos vies ordinaires !
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P
Je ne sais pas si je suivrais un chemin aléatoire. C'est un peu ça la contrainte. Rebondir, année par année. Ca veut dire des années pleines et des années vides. Il faut un certain courage pour se lancer, mais je crois que ça vaut la peine. Est-que c'est vraiment thérapeutique ? On peut donner mille éclairages (enfin, 1000, j'exagère ;-) à une année de vie; privilégier l'un ou l'autre aspect. <br /> <br /> ***<br /> <br /> FInalement, l'autre jour, je me disais: nous avons tous des vies incroyables: nous, nos parents, nos grands-parents, nos voisins, les gens qu'on croise dans la rue, l'épicier du coin, des vies... Plus palpitantes parfois que des romans.<br /> <br /> La seule différence entre la majeure partie du monde et nous, bloggeurs, c'est que nous racontons nos vies. Dans un anonymat plus ou moins... protégé.<br /> <br /> A Dieu vat !
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P
Pati, les ricochets c'est une fois par semaine, ce qui laisse le temps de souffler entre chaque rebond ;o)<br /> En fait si "l'appel" est suffisamment fort, les doigts se mettent irrépréssiblement à démanger. Ensuite... faut voir si le désir d'écrire domine la crainte de ce qu'on va ramener à la surface.<br /> <br /> Bonjour Meerkat. Pour ce qui est de la contrainte, chacun fait comme il veut. On peut très bien suivre un ordre aléatoire, ou aller vers les années les plus évocatrices. Par contre, pour la logique de lecture, j'aime bien les textes qui se suivent chronologiquement. C'est aussi ce qui me retient de partir à rebrousse-poil en même temps : les deux chemins seraient superposés.<br /> <br /> C'est vrai que ça déclenche quelques cogitations ces ricochets ;o)
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M
Bonjour Pierre, et aussi Ségolène, Erin, Pati, que les ricochets font réfléchir. Moi aussi je m'interroge.<br /> J'ai lancé le premier mais je suis à présent en arrêt et je ne sais pas si je vais continuer.<br /> J'ai démarré mon blog poussée par l'envie de renouer avec mes origines et de vivifier ma part d'enfance, de saluer et faire vivre la petite fille qui est en moi. Donc j'aborde déjà ces thèmes. Mais je ressens aussi surtout la contrainte de la démarche par années. J'ai l'impression que j'aime bien me laisser porter par les souvenirs qui tout d'un coup tapent à ma porte plutôt que d'avoir une démarche organisée dans le temps. Mais,je ne sais pas, c'est très ambivalent.<br /> En tout cas, je suis réconfortée de trouver de l'écho, de voir certains se poser des questions sur cette belle idée, sur leurs façons de l'appréhender.<br /> Merci à vous.
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P
ah voilà donc ces fameux ricochets :)<br /> <br /> vi, j'avais lu ta note il y a quelques jours, Pierre. et Ségo m'en a reparlé samedi.<br /> suis tentée aussi. mais je me vois mal tenir les ricochets et mon récit chez moi, de front.<br /> <br /> à voir, donc.<br /> <br /> et si ségo se dégonfle, ben... sais pas? elle est où la valve pour la regonfler ? ;))
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P
Erin, je ne crois pas qu'on se mette à faire des ricochets par hasard... Et si la question se pose d'aller en profondeur, c'est qu'on sent bien qu'il y a quelque chose à exhumer. Oui, pour tourner une page, fermer un livre... bref: avancer. Ça ne peut qu'être positif :o)<br /> <br /> Même si ça secoue un peu...
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E
Je comprends ce que veut dire Ségolène pour l'avoir ressenti également. Je comprends aussi ton propos. Tout est affaire de personnalité, de regard que l'on porte sur le "soi" que l'on a été, et sur celui qu'on est actuellement...<br /> <br /> Tout dépend aussi de ce que l'on en attend... Si c'est pour arriver à tourner une page, des pages... Si c'est une autre thérapie...<br /> <br /> En ce qui me concerne, je sais que je vais avoir des problèmes d'écriture sur certaines années, qu'elles soient celles d'enfance ou plus récentes... Peut être même que j'esquiverais alors, la profondeur au profit de l'anecdotique... Peut être n'irais-je même pas au bout de ma démarche...<br /> J'ai choisi d'aller dans les 2 sens simultanément... afin de me laisser aller au plus superficiel dans un premier temps... et d'avoir acquis une certaine force morale pour revenir sur les années difficiles...<br /> <br /> Je sais également, que certaines personnes pourront y lire des règlements de comptes... Mais pour moi, l'important c'est d'être prête à assumer ces retours de ricochets en pleine face...<br /> <br /> Cette décision, je l'ai murement réfléchi, et c'est parce que ma vie prend un tour nouveau que j'ai décidé de m'y atteler... Alors oui, faire face aux souvenirs pour mieux gérer le présent... Et être plus libre, libérée même, pour l'avenir...<br /> <br /> A toi Pierre, comme à Ségolène, je souhaite des ricochets positifs...
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P
Ségolène, je pense qu'il faut bien avoir conscience qu'aller farfouiller dans l'enfance peut réveiller quelques souvenirs endormis...<br /> <br /> Tout dépend de la façon dont a été vécue cette enfance et les traces qu'elle à laissé au présent. Tout dépend aussi de la situation que l'on vit au présent, si on est en paix ou en période de mutation. En lisant les autres participants j'ai l'impression que chacun ne ressent pas l'exercice rétrospectif avec la même intensité. <br /> <br /> Dans mon cas les résonnances avec le vécu de ces dernières années est très fort. Je n'ai pas peur quoique je sens que ça risque de me secouer. Je vois cela comme un passage, une façon de traverser ce mur. De toutes façons il faut bien que je le regarde en face, ce passé, si je veux m'en détacher. Couper tous ces fils qui me retiennent et entravent mon avancée...<br /> <br /> Et puis qui sait, ce sera peut-être aussi une façon de me reconcilier avec les bons côtés de l'enfance :o)<br /> <br /> C'est à chacun de voir jusqu'où aller dans l'introspection, en profondeur ou en surface. Démarche vraiment personnelle, à faire si on la sent supportable. Mais démarche probablement salutaire...
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S
Je suis extrêmement sensible à ce billet Pierre...moi...qui hésite toujours à lancer mon premier caillou...bien que tout à fait séduite par le projet...<br /> Pour en avoir parlé intimement avec Valclair notamment, je retrouve dans ce que tu dis beaucoup d'échos aux questions que je me pose, sur l'amorce de la démarche, ses enjeux, et ses risques de " retours sur ricochets "...<br /> en "pleine figure " comme tu le dis...<br /> Peur que la dimension jeu et plaisir, voire rédactionnelle, ne s'efface au profit d'un travail franchement plus thérapeutique.<br /> Te lire me confirme la necessité de sérier la démarche notamment en terme d'objectif personnel pour tenter de déterminer ensuite une pratique adaptée ( chronologie ? anonymat ?...)qui puisse servir d'amortisseur...<br /> Te lire me fout la trouille :))<br /> Je vais finir par me dégonfler ;))
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