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Alter et ego (Carnet)
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24 février 2007

Voyage dans le temps

Cet après-midi je suis allé faire un tour dans le passé.

Non, pas ce qui s'est passé il y a quelques années. Ni même dans mon enfance. Non, un passé bien plus lointain.

Pas davantage du côté de l'histoire de mes parents ou grand parents. Non, à cette échelle de temps il n'y a eu aucun changement entre eux et moi.

Je suis allé à la découverte de l'histoire du paysage. Qu'est-ce qui a façonné le paysage dans lequel je vis ? En voila une idée, hein. Tout ça parce que je devais rédiger un petit texte présentant le site où je réside, afin de participer à une opération patrimoniale. De liens en liens je suis tombé sur un site passionnant. Pour ceux que ça passionne, évidemment...

Dans ma région, ce qui a façonné le paysage, ce sont les glaciers. Bon... ça fait quand même une dizaine de milliers d'années qu'ils se sont retirés. Mais les marques de leurs avancées sont encore nettement visibles. J'avoue que ça me fascine un peu... J'imagine le paysage tel qu'il pouvait être, recouvert par 1000 mètres de glace. Dans mon secteur c'est assez intéressant parce que c'est une des limites maximales d'extension. Les moraines frontales, ces amas de cailloux poussés par la langue glaciaire, sont restés tels quels, seulement recouverts par les forêts et l'activité humaine. Des vallées mortes, sans rivières actuelles, correspondent aux lit des torrents qui dévalaient de ces langues glaciaires. J'ai ainsi appris à mieux "lire" le paysage que je connais bien, mais dont je n'avais pas remarqué toutes les cicatrices éloquentes laissées par ces fleuves de glace.

Mais ma curiosité est insatiable... avant les glaciers, qu'y avait-il ? A quoi correspond ce sous-sol constitué de galets pris dans une sorte de béton de sable durci ? On m'avait parlé du fond d'une ancienne mer...

En fait j'habite sur le delta d'un ancien fleuve qui se jetait bien dans une mer, apparue au début du surgissement des Alpes. Pas très loin il y a des couches de dépots de sables. Paysage radicalement différent. Ici tout est inscrit dans les roches, les falaises.


A quoi ça sert de s'intéresser à ça ? Peut-être à relativiser l'échelle du temps et de la vie, resituer notre minuscule place d'humains. Peut-être à assouvir cette curiosité éternelle: d'où venons-nous ? Où allons-nous ?

A quoi ça sert de sonder un passé aussi lointain ? Pourquoi des gens passent des années de leur vie à étudier ce genre de choses "inutiles" ? Pourquoi ce besoin de savoir ? D'aller toujours plus loin, dans le temps et l'espace ? Dans la connaissance ?

Quand on dit que seul compte l'ici et maintenant, tient-on compte de cette curiosité intrinsèque à l'homme ? La vie aurait t-elle la même saveur en n'étant que dans l'ici et maintenant ? Sans passé, sans avenir, quel est le sens de la vie ?


Oui, je me pose de drôles de questions de temps en temps...

Commentaires
P
Forestine ;o)<br /> <br /> Pour tout ce (et celles) que j'apprécie je cherche à connaître ce qui est caché, ce qui se dérobe au regard, ce qui ne se laisse découvrir qu'avec temps et patience. C'est ma façon de me sentir "relié" au monde et de "faire corps" avec...<br /> <br /> D'où mon désir de com-prendre le passé et les cicatrices laissées.<br /> <br /> J'adore cette ambiguité que tu as décelée ;o)
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F
Je ne sais pas si tu regardes les corps comme la montagne, mais en tout cas, ta réponse est d'une ambiguité délicieuse.
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P
* J'aime bien observer aussi ce temps "récent" dont tu parles, Nuages. Lorsqu'on peut encore comparer un paysage à quelques siècles d'écart, d'après des gravures ou peintures, en retrouvant quelques éléments architecturaux. Le déroulement du temps me fascine...<br /> <br /> * SolAnge... des glaciers à l'amour, la comparaison est audacieuse ;o) Mais je vois bien le sens de l'analogie. Tes mots me laissent songeur... Oui, l'idée "d'engagement" dans un couple, qu'il soit ou non marié (quoique...) construit certainement autre chose que le simple partage de plaisir dans l'instant. Ceci dit... est-ce seulement du couple que l'on construit sur la longue durée ? N'est-ce pas, aussi, toujours ce besoin fondamental de ne pas se sentir seul qui trouverait là un lien "rassurant" ? Hum... voila qui pourrait me porter fort loin en considérations si je développais un peu ce que tu soulèves-là...<br /> <br /> « Vivre dans l'instant ce n'est pas beaucoup se mouiller », dis-tu... « Audace » de l'investissement dans la relation amoureuse, qui n'oublie pas le passé et prépare l'avenir... Oui oui, tout ça m'intéresse, tu t'en doutes. Aurais-je l'audace d'approfondir et d'exposer ma réfléxion ici ou là ? Hé hé... on verra.<br /> <br /> * Marie, j'ai la chance d'habiter dans une région où la géologie est très diversifiée. Il est vrai qu'en région montagneuse la géologie "s'affiche" est est très "parlante".<br /> <br /> * Ah mais, Forestine, regarder en l'air le visage des montagnes n'empêche pas de regarder dessous, quand on est suffisamment intimes ;o)<br /> Ces paysages de relief sont mon quotidien, mon espace, mon horizon depuis ma naissance. Je ne me suis jamais lassé de regarder les sommets, et bien souvent de les gravir. Mais précisément, en étant aussi "intime" avec les montagnes, le besoin de les connaître un peu plus se fait vite sentir. Identifier les vallées et les massifs, connaître leur nature géologique, nommer un à un leurs sommets: en bref, « reconnaître » ces montagnes; leurs creux et leurs bosses.<br /> L'intimité plus approfondie c'est de connaître aussi leur histoire, ce qui les a modelées, par quelles "épreuves" elles sont passées pour être ce qu'elles sont. Tu vois, par exemple quand on va au pied d'un glacier actuel et qu'on voit avec quelle force cette glace rabote et polit des roches dures... ça fait prendre conscience de l'importance du temps et des efforts infimes et continus. L'observation de la montagne, et de la nature en général, est une excellente source d'apprentissage de la vie.<br /> <br /> Et puis ça fertilise l'imagination : hier je suis passé sur les lieux dont j'ai découvert dimanche la raison des "cicatrices". Wow, je "voyais" l'emprise et la trace de ces langues de glace il y a 10.000 ans, en superposant mentalement les images de glaciers actuels que j'ai approché de près. Fascinant d'imaginer ce genre de paysages, comme dessinés dans le paysage actuel (mais difficile à partager comme sentation, hé hé...)
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F
C'est drôle que tu t'intéresses ainsi au dessous de la surface - non non, ce n'est pas un écho coquin aux invitations de SolAnge ;-)<br /> Lorsque je suis dans les Alpes (pas très souvent mais ça arrive régulièrement), je regarde plutôt en l'air, les sommets en décrochement qui cachent une marche encore plus haute à franchir, ou les parois grises et sévères qui se dressent droites et menaçantes au-dessus de ma tête.<br /> Je me sens minuscule aussi, et en danger. Quelle chance de survie aurais-je seule la nuit, l'hiver etc..? <br /> Ton texte est très beau à lire, et rassurant d'une certaine manière. Apprendre à repérer les marques du passé, déchiffrer le paysage, c'est une manière de s'y reconnaître, à tous les sens du terme.
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M
Voilà qui est fort intéressant (la géologie) ça me rappelle la seconde au lycée, je parle sérieusement, et je suis bien plus près de[s] "nuages" que des Alpes.
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S
"Quand on dit que seul compte l'ici et maintenant, tient-on compte de cette curiosité intrinsèque à l'homme ? La vie aurait t-elle la même saveur en n'étant que dans l'ici et maintenant ? Sans passé, sans avenir, quel est le sens de la vie ?"<br /> <br /> Oui Pierre, c'est vrai aussi pour la relation amoureuse ce que tu dis là, il me semble.... il y a quelques minutes (synchronicité, quand tu nous tiens!), j'écrivais ceci sur un site que tu connais bien....<br /> <br /> "Il y a dans le mariage, y compris civil, des dimensions de « solidarité », d’entraide, de persévérance au-delà des vagues ponctuelles, d’envie de construction, de bâtir des projets, d’envie d’officialiser son amour vis-à-vis de ceux qui nous sont chers, de donner une « recon-naissance » à l’Autre de place privilégié aux yeux du monde, de Dieu quand on y croit, etc, que l’on ne retrouve pas, ou moins, dans le couple « libre », je trouve….. uni par le seul « plaisir » de se retrouver !....<br /> <br /> ....<br /> <br /> La vérité est dans l’instant…? <br /> ...<br /> C’est bien quand le passage à l’instant suivant ne mène pas à la totale amnésie de celui qui précède, je trouve…. Vivre seulement dans l’instant, ce n’est pas beaucoup « se mouiller » , je trouve…. Et j’ai du mal à envisager la relation amoureuse sans une bonne dose d’*audace*…. Et s’investir pour l’épanouissement constant d’une relation, c’est ‘audacieux’ et ce n’est pas qu’au présent…."<br /> <br /> Je te fais des gros bisous, et te laisse méditer entre "glaciers" et "amour"!<br /> <br /> SolAnge
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N
Je comprends tout à fait ton intérêt pour ces paysages d'un autre temps. Moi, je vis en ville, à Bruxelles, dans une de ses communes, Ixelles, qui est centrale et anciennement urbanisée. J'habite face à un étang bordé de marronniers. J'ai déjà vu des bouquins qui montraient le paysage de ma commune ne fût-ce qu'il y a cinq siècles. La chaussée d'Ixelles, que je parcours souvent, descend les flancs de la vallée, que j'imagine couverts de prairies et de vergers. La place Flagey, toute proche, était elle aussi un étang, aujourd'hui remblayé (mais on vient d'y construire un grand bassin d'orage souterrain...). "Mon" étang existait déjà, un peu différent, il n'était que l'un des étangs de la vallée. Plus loin, dans ce qui était la campagne brabançonne, l'abbaye de la Cambre, qui existe toujours, était bien isolée dans le paysage.
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