Flânerie parisienne
Demain c'est le printemps ! Mouais... mais aujourd'hui c'est l'hiver ! Vent glacial, paysage tout blanc, 10 cm de neige sur les bourgeons qui s'épanouissaient un peu trop tôt, figés brutalement dans leur élan débridé. C'était prévisible...
Hier j'étais complètement épuisé. Je n'ai pas écrit. J'avais sans doute besoin de me poser, de laisser décanter ce qui s'est passé durant ce week-end. Sensations fortes, rencontres, discussions. Face à face avec un auditoire... Pour le semi-sauvage que je suis, ça fait beaucoup à la fois. J'aime beaucoup, et en même temps ça me fait "vibrer" fort, toutes ces émotions
Peut-être étais-je un peu fatigué par mes déambulations de la veille, aussi. J'ai marché tout l'après-midi dans Paris. A la découverte, au hasard. Le matin c'est sous la pluie et le vent que j'avais traversé un marché coloré et chargé de fragrances exotiques. Itinéraire me menant du lieu où j'étais aimablement accueilli pour la nuit à celui ou l'on m'avait très gentiment proposé de prendre un brunch. Transition d'un quartier quasi villageois à une des anciennes rues de la capitale.
C'est de là, après une très longue, chaleureuse, et confortante conversation, que j'ai commencé mon périple. J'ai commencé par le jardin du Luxembourg, presque vide. Un groupe de filles, en uniforme traditionnel scout, avait établi ses quartiers pour quelque grand jeu sous les arbres aux feuilles hésitantes. Plus loin c'est une bande de jeunes italiens qui arrivaient pour un pique-nique frisquet.
Je me suis dirigé vers le Panthéon, à l'imposante architecture classique. Puis j'ai découvert, contiguë, la rue de la Montagne Ste Geneviève, qui a de toutes autres proportions. Encore un quartier qui ressemble à celui d'un petit bourg aux rues sinueuses.
Filant vers la Seine, en contrebas, je me trouve sur le Boulevard St Germain. Ce n'est qu'en débouchant sur le quai que j'ai eu la surprise de voir la cathédrale Notre Dame, côté jardin. C'est ça qui est fascinant, à Paris : se trouver subitement, au détour d'une rue, devant monument archi-connu, reconnu.
J'ai alors fait le tour, pour aller sur le Parvis. Il était envahi par une foule cosmopolite. Entretemps le soleil était apparu et réchauffait agréablement l'air vif. Puisque j'étais devant, je suis entré dans la cathédrale. Bof... pas vraiment propice à la méditation. Foule dehors, foule dedans. Je me suis assis dans la travée principale pour me réchauffer un peu, constatant à quel point je ne ressentais rien en un tel lieu. Probablement à cause de la foule. Et puis... honnêtement, je n'ai rien trouvé de bien intéressant à l'intérieur de cette Cathédrale, excepté ses dimensions. Quand je pense aux églises de Venise et à leurs tableaux... Par contre l'extérieur est assez remarquable, hormis cette façade assez massive.
J'ai repris mon itinerrance, fendant la foule des badauds. Me voila place de l'Hôtel de ville, quartier que je connais un peu mieux. Puis Beaubourg, avec ses animations. Jongleur de feu sur un monocycle surélevé. Un peintre qui, les yeux bandés, en se plaçant à l'arrière de sa toile, dessine un approximatif portrait de Che Guevara. Belle performance...
Je ne m'attarde pas. Je file sans trop me préoccuper de l'itinéraire. Je ne connais que mon objectif. Je vois des noms de rues connus. Parfois ceux du jeu de Monopoly... Puis Place de la République, dont j'entrends parler lorsqu'il y a des manifs. De là je décide d'aller vers le Canal St Martin, qui dans mon imaginaire est un lieu de promenade. Ce n'est que devant les dizaines de tentes que je me souviens de ce qui s'y passe depuis l'hiver. Le vaste camp de SDF, en plein vent, me donne une impression de malaise : qu'est-ce que je fais là ? En même temps je me dis « et si un jour c'est moi qui me trouvais dans ce genre de situation ? ». Ma réflexion n'est pas totalement insensée...
Pour l'heure je n'en suis pas là. Je regarde manoeuvrer un pont pivotant qui laisse passer un bateau à touristes. Le haut-parleur m'apprend que c'est sur cette écluse, juste avant le tunnel, que commence le film Amélie Poulain, quand elle fait des ricochets. Des ricochets ? Tiens tiens... Je continue mon parcours. Les quartiers se succèdent, tous différents. Tantôt larges avenues bordés d'immeubles cossus, tantôt rues banales aux bâtiments sans âme. Ça monte, ça descend. Paris est une ville de collines. Je monte, je monte... et j'arrive à mon but : le Parc des Buttes Chaumont. Un jardin dont j'ai entendu parler depuis très longtemps. L'endroit est assez dépaysant. En plein coeur de Paris, un espace boisé au relief marqué. Vallons, forêts, falaises... et à quelques centaines de mètres, des immeubles.
Je ne reste pas très longtemps, ma longue marche ayant largement entamé le temps qu'il me reste avant le départ du train de retour. Toujours limite dans ma gestion du temps, je néglige les délais d'attente du métro, celui des correspondances... et j'arrive à la gare une minute avant le départ du train ! Course folle, bousculant au passage les gens pas pressés, j'arrive sur le quai au moment où le départ est siflé. Je saute par la première porte, essouflé... mais j'ai eu mon train !
Pour le compte-rendu de la table ronde, objet de mon voyage, la suite (c'est à dire ce qui précède) au prochain épisode...