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Alter et ego (Carnet)
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25 avril 2007

Chaude campagne

Les commentaires post-1er tour de la campagne éléctorale vont bon train dans la blogosphère. Je lis avec un intérêt certain, mais ne me sens... comment dire... pas vraiment concerné. Je n'ai pas d'opinion vraiment définie, hormis pour ce dont je ne veux pas. Mais pour le reste...

Par exemple, la question de l'intérêt d'un clivage gauche droite nettement marqué ne m'excite guère, moi qui suis plutôt adepte des compromis et consensus et partisan d'une ouverture aux idées de l'autre.

Je ne peux m'empêcher de voir les choses à une autre échelle, tant géographique que temporelle. Ce microcosme franco-français me semble tellement dérisoire. Les idées qui me paraissent essentielles semblent tellement oubliées que j'en suis consterné, bien que désabusé depuis longtemps.

Quoique réaliste, je reste un utopiste : je sais que le monde ne changera pas, mais je continuerai à essayer de le changer. Ou du moins à agir, à mon échelle, dans le sens qui me semble être le bon.

Il y a beaucoup d'urgences, et beaucoup de raisons de manifester son mécontentement, voire sa colère ou sa révolte. C'est tout à fait justifié. Mais il y a aussi un certain nombre de revendications qui tiennent du confort individualiste. J'aime pas trop...

Par exemple, ma profession me fait cotoyer des employeurs, chefs de toutes petites entreprises... dont je comprends les incompréhension lorsqu'ils évoquent l'attitude de certains de leurs employés. Mais je cotoie aussi des employés, et comprend les récriminations à l'égard de leur patron. Personne n'a 100% raison, ni 100% tort. Or c'est un peu le discours qui prévaut de chaque côté...

Je regarde aussi cette société de consommation qui aliène tout ce petit monde, pour qui l'existence semble se résumer à avoir toujours plus... Plus d'argent, plus de biens, plus d'existence grâce à la possession de quoi que ce soit, pouvoir ou biens matériels. L'avoir plutôt que l'être.

Je fais partie de ceux qui considèrent que ce monde est fini (dans les deux sens du terme). Alors les débats en cours, pour moi ils sont à côté de la plaque. L'urgence n'est pas là... Pas que là (parce que bien sûr elle est aussi là...).

Aujourd'hui j'étais en visite technique, avec mes élèves, dans la région méditérranéenne. Nous y avons rencontré un patron qui cherche à améliorer des coûts de productivité pour résister à la concurrence étrangère. Ses produits sont d'une qualité... qui convient à ses acheteurs, recherchant le plus bas prix possible. Le résultat est assez médiocre, mais qu'importe. Course au bas prix davantage qu'au profit, souvent dans le seul but de faire exister une entreprise, investir pour rester compétitif, et payer le personnel. Un métier comme un autre qui répond à une demande. Il n'est pas à blâmer ce patron, qui ne roule pas sur l'or. Comme bien d'autres il aura du mal à trouver du personnel qualifié, parce que ce métier est considéré comme peu attractif : trop fatigant...  On peut comprendre qu'un métier pénible n'attire pas les jeunes. Ils ne sont pas à blâmer non plus. Quant aux employés, peu payés parce que les marges de productions sont insuffisantes, ils n'ont pas de raisons de s'investir au delà du minimum. On ne peut pas les blâmer non plus...

Ils n'ont pas de chance, il ne s'agit pas d'un secteur dit "porteur" à l'époque d'une surconsommation des ménages qui dépensent sans compter dans une supposée amélioration constante de leurs biens matériels, aspirés dans le système sans s'en rendre compte.

Certes, tout cela est préoccupant...

Mais un peu plus tard, au cours d'une autre visite, quelque chose m'a beaucoup plus sensibilisé : « ici nous essayons les plantes qui devront résister au changement climatique en cours ». Oui, dans le sud de la France on se prépare à avoir le climat de la Grèce, ou du sud de l'Espagne. D'ailleurs la nature ne s'y trompe pas puisque des insectes qui n'existaient pas en France "migrent" peu à peu depuis les pays plus chauds et ravagent des plantes. Ils s'adaptent, à cause des étés plus chauds et résistent aux hivers, devenus plus doux. On ne sait pas encore comment se protéger de ces insectes, qui n'ont pas ici de prédateurs naturels.

On ne sait pas non plus comment les plantes actuelles vont pouvoir s'adapter à une évolution rapide du climat, avec les effets redoutés de sécheresses répétées et précoces. En ce début de printemps, avec des chaleurs quasi-estivales qui durent depuis presque trois semaines sans une goutte de pluie, les agriculteurs irrriguent déjà certaines cultures... En avril !

Tout autour, des champs de coquelicot... en avril ! Plus au nord, ce sont les acacias qui sont en fleurs, en avril ! La végétation à au moins un mois d'avance. Cela au sortir de l'hiver le plus doux depuis 1950, date depuis laquelle les stations météo établissent des relevés fiables en France. Cet hiver ayant d'ailleurs suivi un automne « exceptionnellement chaud, jamais observé au cours de la période 1950-2006 et sans doute même jamais vécu depuis plusieurs siècles ». Situation confirmée en Suisse, et au niveau mondial.

Mais c'est pas grave, on s'en fout...
En attendant de voir ce qui se passe, continuons à consommer et à réclamer notre droit à bouffer la planète en vitesse accélérée. Nos enfants auront bien le temps de voir ce qui se passera plus tard. Et les pauvres des pays défavorisés, qui seront les plus touchés, on s'en fout encore plus : on ne les voit pas, on ne les entends pas, on ne les connaît pas.

Consommons sans compter, ni y penser !




Commentaires
P
Euh... finalement je pense que c'est un peu des deux... hé hé. Ne bougera en haut que ce qui sera attendu et demandé d'en bas. Mais ne bougera en bas que ce qui sera affirmé par une politique volontariste venue d'en haut. Non ?<br /> <br /> Les politiques ne décident pas seuls, mais bien en fonction de la pression citoyenne. Ou d'autres forme de pression, d'ailleurs, comme celle des industriels, peu enclins à voir leurs profits entamés. Sauf... si leur image de marque est rejetée par les consommateurs ("consomm'acteurs"). Les grandes causes dont tu parles sont, il me semble, soumises à la même logique : pas de pression de la rue (ou des champs...) pour que ça change = aucune motivation politique. La médiatisation joue un rôle important dans la prise de conscience des individus, or tout ce qui se joue dans la lenteur, qui est lointain, ou compliqué à expliquer est mal médiatisé.<br /> <br /> De plus, pour ce qui concerne le rapport des hommes et de leur planète, les responsabilités sont réparties et diluées, les conséquences loitaines et imprécises, les efforts à fournir sérieux et contraignants. C'est pas rigolo et pas vraiment électoraliste tout ça... Voila pourquoi je fais partie de ceux qui pensent que ça doit venir d'en bas... et d'en haut (oups, quelle pirouette!).<br /> <br /> Il ne s'agit pas de "petits gestes écologiques", effectivement dérisoires, mais d'un autre rapport au monde et à la consommation destructrice de ressources naturelles. Ça passe par les industriels ET par les individus (qui sont généralement les clients finaux des industriels). La vigilance doit bien venir des consommateurs pour contraindre les industriels à changer leurs méthodes de production. En refusant d'acheter des produits destructeurs de planète tu disposes d'un pouvoir aussi efficace que ton bulletin de vote.<br /> <br /> Ouais, je sais, tant que la majorité des gens ne bouge pas ça ne sert pas à grand chose...<br /> <br /> Raison de plus pour en parler, s'informer, se poser des questions sur chacun de nos gestes. Et y'a du boulot...
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S
Ah, voilà le fond de notre divergence : "La lutte contre le réchauffement ne viendra pas "d'en haut", mais bien de la somme de comportements individuels et de la pression venue "d'en bas". Des idées alternatives il y en a plein (autres qu'éteindre l'eau quand on se lave les dents...), mais elles commencent toutes par une prise de conscience de chacun de nos gestes"<br /> <br /> Je ne crois pas. Si aucune volonté politique globale n'intervient, pas de changement significatif. Or, sur d'autres sujets aussi importants, dont "le Darfour" pourrait être pris comme symbole (le massacre des inocents) nulle volonté commune, chacun tire à hue et à dia. Idem pour lutter contre la faim sur notre planète, pour éradiquer le paludisme (1ère cause de mortalité dans le monde)... <br /> <br /> C'est ce qui me fait dire qu'aucun gouvernement n'a l'envie de mettre en oeuvre les conditions qui aboutiraient à un meilleur rapport des hommes avec leur planète. <br /> <br /> Les petites gestes écologiques, pourquoi pas pour ceux qui sont motivés, mais face aux industries qui polluent, aux tonnes de matériaux non dégradables, ça me paraît dérisoire, honnêtement.
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P
Ah mais non Samantdi... pas question de dire que c'était mieux avant (ni de revenir à la bougie et aux peaux de bêtes, d'ailleurs...). Mais pas question non plus de continuer sans se préoccuper des conséquences d'une irréaliste croissance exponentielle. L'objectif c'est de bénéficier des savoirs et des avancées technologiques pour utiliser intelligemment les ressources.<br /> <br /> Pour ce qui est de l'homme, effectivement on peut dire que sa disparition importe peu. Mais dans la même logique, le Darfour importe peu... C'est là que je ne comprends pas bien ton raisonnement.<br /> <br /> Mais bon, va pour la disparition de l'humain, si tel est son destin. Par contre quand on nous annonce que « De 20 à 30% des espèces végétales et animales connaîtront un risque croissant d'extinction si les augmentations de la température mondiale dépassent 1,5 à 2,5°C" par rapport à 1990 », ça me semble assez préoccupant, et éthiquement difficilement defendable. Et en plus, l'homme ne fait pas partie de ces espèces menacées...<br /> <br /> Se battre à sa petite échelle est bien la première chose que chacun peut faire: « penser global, agir local », dit un slogan en vogue. La lutte contre le réchauffement ne viendra pas "d'en haut", mais bien de la somme de comportements individuels et de la pression venue "d'en bas". Des idées alternatives il y en a plein (autres qu'éteindre l'eau quand on se lave les dents...), mais elles commencent toutes par une prise de conscience de chacun de nos gestes.<br /> <br /> Bon... je sens qu'il va falloir que j'écrive un truc à ce sujet ;o)<br /> <br /> Hélène... je ne te cacherai pas que je songe à m'impliquer davantage qu'en parler de temps en temps sur ce blog...
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H
Heureusement que le sujet ne te concerne pas, sinon tu pouurais te présenter!<br /> Excellente analyse à mon avis.
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S
Il y a assez peu de temps que l'homme maîtrise son environnement : il est passé d'une situation où il était dominé par les éléments naturels (perte des récoltes, marais insalubres, maladies qui le décimaient...) à une situation où on nous dit que désormais il a mis en danger cet environnement. Ce qui m'agace, c'est qu'on puisse penser que "c'était mieux avant" parce que je ne le crois pas du tout.<br /> <br /> Quant à dire que l'homme pourrait disparaître par sa faute, personnellement, cela ne me paraît pas de la désespérance mais un simple constat. L'homme est une espèce sur la terre, une espèce comme une autre, présente depuis peu de temps, qui a été capable du pire comme du meilleur. Comme elle l'a fait jusqu'à maintenant, l'espèce humaine privilégiera les puissants, les plus résistants, les plus belliqueux.<br /> <br /> Cela ne veut pas dire que je ne me bats pas à ma petite échelle, je le fais, justement, mais ce combat n'a de sens pour moi que dans la proximité. Une idée comme "combattre le réchauffement de la planète" ne veut pas dire grand-chose pour moi.<br /> <br /> Mais si des solutions alternatives et pratiques sont mises en oeuvre, je les adopterai ou du moins j'essaierai !<br /> <br /> ;-)
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P
Ah oui, Samantdi, je me souviens que nous ne partagions pas le même point de vue sur ce sujet ;o)<br /> <br /> Ça ne m'empêche pas de dormir non plus. Tu as raison, c'est effectivement le même genre de problématique que ce qui se passe un peu partout dans le monde, dans une indifférence quasi-générale (je parle des actes, pas de nos ressentis inertes). Il y a toujours eu des inégalités dans le monde, des zones défavorisées, des famines, des oppressions et autres joyeusetés.<br /> <br /> Je crois que ce qui me touche c'est que nous entrevoyons un possible cataclysme GENERAL, et que même là ça ne nous fait pas réagir ! Comme si l'humain lui-même n'avait pas d'estime vis à vis de lui-même. Et ça, ça me sidère...<br /> <br /> Une sorte de suicide qui montre le peu de respect vis à vis de nous-mêmes, donc a fortiori des autres.<br /> <br /> Je ne suis pas d'accord avec toi pour considérer ces "larmes de crocodile" comme de l'hypocrisie. D'ailleurs il ne s'agit pas tellement de larmes, mais plutôt d'un mélange de révolte et de déception. Ouais... peut-être que ma naïveté et mon utopisme ne sont pas encore cassés.<br /> <br /> Je trouve ça tellement con de saboter notre environnement qui fonctionne "naturellement". Détruire à cette échelle et dire "on s'en fout, de toutes façons l'humanité peut disparaitre", c'est du registre de la déséspérance à mes yeux. Et je crois que ça m'atteint assez fortement. Ça touche ma réprésentation de ce que pourrait être l'humanité.<br /> <br /> L'homme ne se détruira pas, il est bien trop adaptable, mais il peut rendre son monde "invivable" alors qu'il aurait pu en faire autre chose. Je trouve ça très très con... mais tout à fait humain ;o)<br /> <br /> Et là je suis réaliste : le propre de l'homme semble bien être de tout asservir. Tout suit donc une logique imparable.<br /> <br /> En regardant ces éléctions on s'enthousiasme (un peu...) à vouloir changer la société, mais on néglige ce qui englobe cette société sur le long terme. Le changement par les pays riches... il dépend largement de la pression exercée par leurs citoyens. Si on s'en fout, c'est sûr que rien ne changera...<br /> <br /> Mais bon, on n'en n'est pas à la première utopie qui ne parvient pas à exister face au pouvoir de l'inertie et aux intérêts bien compris de quelques uns.
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S
"Mais c'est pas grave, on s'en fout... " pour ma part, sans dire que je m'en fous, je dois dire que ça ne m'empêche pas de dormir. <br /> <br /> Si l'humanité est assez folle pour avoir créé les conditions de sa destruction, tant pis pour elle, tant pis pour nous. Nous sommes sur la même planète mais il y a déjà tellement de différences entre nous, que nous supportons très bien, dans l'indifférence quasi-complète. Les massacres au Darfour ne nous empêchent pas de manger, de rire et de faire l'amour, les prisonniers de Guantanamo ne nous coupent pas davantage l'appétit, ni les enfants soldats du Libéria, pas plus que ceux qui travaillent dans des mines, pas plus que tous ceux qui jamais n'iront à l'école.<br /> <br /> Pourquoi tout d'un coup se prendre la tête sur le réchauffement climatique ? Parce qu'on a trop chaud et que ça nous touche, pour une fois. C'est quand même une belle hypocrisie, ces larmes de crocodile, non ?<br /> <br /> L'homme parviendra peut-être à se détruire mais la Terre subsistera, on disparaîtra peut-être comme les grands dinosaures mais d'autres formes de vie, peut-être plus sympathiques, feront leur apparition. Faut-il s'en chagriner ? <br /> <br /> Crois-tu vraiment que les pays riches changeront leurs façons de vivre ?
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