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Alter et ego (Carnet)
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29 avril 2007

Sur la ligne de crête

Il y a deux jours, tournant dans mon lit, j'étais dans une vague insomnie : « Il faut absolument que je réduise ma consommation d'internet ! J'y passe trop de temps, je m'y perds. Qu'est-ce que je cherche ?  Qu'est-ce que j'attends ? ».

Hum... en fait je sais très bien ce que je cherche...

Je suis dans une dynamique contradictoire : d'une part prendre de la distance avec internet, m'éloigner de cette tentatrice invention du diable, retrouver une liberté, ne m'obliger à rien, ne me sentir redevable de rien... et d'autre part une tendance à vouloir approfondir et multiplier les contacts. D'une certaine façon, je vais vers ce dont je m'éloigne. Cherchez la logique...

En même temps je n'ai pas toujours un suivi correct des correspondances écrites, parce que je cherche davantage les échanges directs. Sauf que je suis géographiquement éloigné alors qu'internet met le monde sous mes yeux tout en restant très pratique pour avoir des contacts sans trop me mouiller... Pfff... je me disperse et j'en deviens négligent. En fait je suis bien dans la contradiction susmentionnée : rester à distance, libre dans les liens, ne m'obliger à rien, etc...

Bref, c'est comme si je cherchais à être en relation sans me lier...

J'ai l'impression de "tester" la résistance de certaines relations naissantes [disons... un certain type de relations...]. J'observe ce qui se passe selon que je bouge ou reste immobile. Un peu comme un animal sauvage qui aurait envie d'être apprivoisé, mais redouterait de se faire capturer. Envie de caresses, mais pas de laisse. J'approche... et peux aussi bien me figer dès qu'on manifeste une attention. Mais je reste en observation, pas loin...

Je souris tout seul en écrivant cela, parce que c'est exactement le genre d'attitude qui a pu m'inquiéter autrefois. Hum... aurais-je quelque peu changé ?

Il va sans dire que j'évoque là exclusivement des relations féminines et ce qui peut en découler dans mes fantasmes...
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Cela m'amène à élargir mon propos vers le texte de Valclair, qui évoque les amitiés amoureuses. Sujet qui m'a beaucoup préoccupé jadis, lorsque j'expérimentais cette formule aussi simple à décrire que compliquée à vivre.

Valclair différencie ce qu'il appelle "amitié sexuelle" et "amitié amoureuse", selon le degré d'implication sentimentale et affective. Il évoque aussi ce point d'équilibre digne d'un funambule qui consisterait à rester juste en deça de l'accomplissement amoureux... sans y céder totalement. En quelque sorte un état limite, sans basculement de l'autre côté.

Je me permets de recycler le commentaire que j'ai laissé chez lui :
« Tu décris un équilibre subtil entre différents éléments d'attraction : affinités intellectuelles, amitié, tendresse, désir, sexualité, sentiments...
Il me semble
[j'aurais dû écrire "j'affirme"] qu'il faut avoir une solide conscience de soi de la part de chacun des partenaires de ce genre de rencontre pour que cet équilibre convienne aux deux. Si ce que tu appelles amitié sexuelle me semble relativement "simple" à mettre en place, du moment qu'elle est « parfaitement délimitée », en revanche l'amitié amoureuse pourrait être bien plus complexe. Parce que le domaine des sentiments n'est, par nature, pas vraiment délimité. Cela peut toucher à quelque chose de très sensible en soi ou en l'autre, précisément à cause de ce « pincement de l'absence » et surtout de ce point de basculement qui peut faire demeurer dans la suspension de l'inaccompli... ou s'orienter vers un accomplissement et tout ce qui peut en découler. ». 

Plus loin, Traou écrit : « Pour ma part, je pencherais pour l'hypothèse d'un état amoureux ou qui y ressemble, parce qu'il est inaccompli... J'ai le souvenir personnel d'une très belle amitié amoureuse et précieuse qui s'est dissoute dans l'accomplissement. Nous étions fait pour rester en équilibre, pas pour basculer de l'autre côté. ».

[Je ne cacherai pas que cela a une troublante résonnance avec mon propre parcours...]

Qu'est-ce donc que cet "acomplissement amoureux" dont il est question ? Pour ma part je le vois comme cette forme d'abandon dans un "nous", forme d'aliénation douce et volontaire (souvent cohabitante) dans laquelle finit par s'anéantir le désir, ou au contraire se dynamisent des différences qui mèneront à une déchirure douloureuse. Vision binaire et très probablement simplificatrice, j'en conviens. D'où la tentation, pour se préserver de ces écueils, d'être au plus près de l'accomplissement sans basculer de l'autre côté. Rester sur la ligne de crête ou se rejoignent désir et liberté. Savante alchimie, pierre philosophale recherchée par tant d'amoureux d'une vie qui palpite.

Je suis intimement persuadé que marcher sur cette ligne de crête est une excellente manière de se sentir vivant durablement pour ceux pour qui ont l'exigence d'avoir une vie en vibration permanente. Pour autant... je me demande si cette situation est aisément tenable. Les tentatives ont été nombreuses et les échecs presque autant, je suppose. Sauf dans le cas de relations plurielles, lorsqu'une vie de couple traditionnelle est agrémentée d'une ou plusieurs relations parallèles. Il semble que ce soit encore la formule la plus agréable à vivre, quoique la clandestinité pose d'autres problèmes...

Dans les autres cas, je crois que les conditions exigées entre les deux partenaires de cette "amitié amoureuse" sont d'avoir une parfaite harmonie. C'est à dire qu'aucun des deux ne soit frustré par cet état permanent d'équilibre fait de temps de partage et de séparations. Alternance de joies et de pincements du manque. Présence et absence. Absolue non-possession. Je crois qu'il faut avoir une solide construction psychologique de chacun pour accepter sereinement cette fluctuance et cette liberté de l'autre. Car c'est bien sûr la condition sine qua non de cet équilibre : chacun est libre. Aucune régularité, pas de vie de couple rassurante, pas de retour automatique chaque soir. Seul le désir réciproque suscite les rencontres. La base est bien l'amitié, pour laquelle il ne viendrait à l'idée de personne d'attendre quelque chose de l'autre.

Mais l'amitié est synonyme de totale indépendance, alors que l'amour est interdépendance. Rester sur le fil du rasoir imprécisément flou qui sépare ces deux sentiments, pourtant si proches, relève de la gageure. Un sacré défi ! D'autant plus délicat à tenir que chacun évolue dans son être et ses désirs...

A mes yeux, ce qui sépare amour et amitié, outre la sexualité (et c'est déjà énorme), c'est le désir de l'autre. En amitié amoureuse, il ne s'agit pas seulement du désir sexuel (on serait alors dans le registre de l'amitié sexuelle), mais bien le désir de vivre quelque chose ensemble dans une dimension très particulière, qui est celle du rapprochement intime.

Mais alors, qu'est-ce qui fait que deux amis intimes, qui désirent pourtant que leur amitié perdure, ne sont pas "amoureux" ? C'est probablement parce que la question d'un accomplissement amoureux ne se pose pas...

Accomplissement amoureux... Je me souviens que les rares fois où nous avions évoqué avec ma partenaire l'éventualité de ce basculement cela éveillait en moi une incroyable intensité émotionnelle, du fait même que c'était quasiment impossible... mais pas inimaginable. Je me souviens de ces instants sans mots, que je ressentais comme exceptionnellement forts. Il y avait bien cette suspension éminemment fragile, hésitation muette qui était pour moi prodigieuse source d'inventivité.

Las... c'est peut-être dans l'intensité de ce feu suspendu dans le vide que s'est consumé l'insaisissable.


Tout bien réfléchi, je ne sais pas si je pourrais définir ce que signifie pour moi "être amoureux" lorsqu'il s'agit d'une amitié. Je crois que c'est au couple ainsi formé de trouver un équilibre satisfaisant les deux partenaires, ce qui n'est certainement pas le plus simple...

Je suis certain que d'avoir insuffisamment verbalisé ce flou a généré en moi beaucoup d'interrogations torturantes lorsque je le vivais au présent. Émotionnellement je ne savais pas de quel côté me situer. Mon inconscient avait tendance à être beaucoup plus tranchant que mon désir d'ouverture, purement intellectuel. Mal aguerri sur ces questions, manquant d'expérience en la matière autant que de confiance en moi, n'ayant pas encore vraiment défini mes besoins et désirs, j'ai eu de grandes difficultés à suivre la voie pour laquelle j'avais opté.

Cependant ce vécu, loin de me ramener sagement vers un désir de relation classique et plus rassurante, me pousse à approcher l'alchimie délicate, le défi de l'entre-deux. J'ai goûté à la liberté que je cherchais et ne veux surtout pas la perdre. J'ai eu la révélation du désir et je ne veux pas y renoncer. En même temps l'isolement sentimental, quoique présentant un évident confort de simplicité, me prive de ces émotions vibrantes que procure le rapprochement intime de cet autre que moi. Femme, différente, séduisante par cette part d'inconnu. Et puis soyons honnête... cette solitude me prive de contacts charnels qui sont parmi les plus agréables plaisirs de l'existence [la frustration hormonale printanière me guette...].

Ma préférence actuelle irait vers l'amitié sexuelle, l'affinité non amoureuse sans trop d'implication, quoique je ne suis pas persuadé d'y trouver réelle satisfaction dans la dimension sensuelle... Saurais-je dissocier le corps et l'esprit ? N'ai-je pas trop d'exigences ? Mouais... si je redoute de m'approcher de tout ça,  je crois que c'est surtout parce que je sens confusément que je risque d'y perdre ma liberté récemment conquise. Ou de devoir la défendre. Ou que je me protège de tout risque d'attachement. Pour le moment ces craintes surpassent mon désir de rencontres. Bref : je n'en ai pas encore vraiment envie...

Je vais au contact, mais prudemment. J'observe le résultat de mes timides tentatives d'animal sauvage. Je veille.

En voulant absolument préserver ma liberté je n'ai sans doute pas choisi une voie très ouverte, mais je n'en vois pas d'autre qui me convienne pour le moment. Je préfère encore rien que quelque chose d'insatisfaisant. Et puis finalement je me sens plutôt bien en compagnie de moi...

Mouais... c'est pas pour autant que c'est une bonne chose... Et si c'était la peur d'oser expérimenter ?

Et si cette putain d'écriture n'était qu'un palliatif de l'action ? Est-ce que ça me fait avancer, d'écrire, ou ça m'en donne l'illusion ?

Et si je me coupais d'internet ?

Et si j'arrêtais de me poser des questions ?

Commentaires
P
SolAnge, exemple très proche à l'appui, j'affirme qu'une amitié sexualisée peut résister. Tout dépend des circonstances, des désirs de chacun, de la clarté de la situation, de l'investissement affectif...<br /> <br /> Assurément je ne crois pas que ça puisse fonctionner avec des caractères entiers. Je crois qu'il faut avoir une aptitude au compromis, aux évolutions douces.<br /> <br /> Certes il peut y avoir des remous, et un certain temps de réadaptation, mais si la volonté commune des partenaires est là, il n'y a pas de raison pour que tout explose. La volonté y est pour beaucoup (même si ça ne suffit pas forcément).<br /> <br /> Par contre, dans le cas d'une amitié ancienne, stable, "asexuée", qui serait bouleversée par ce changement de tonalité qui porte vers le désir... je n'affirmerais rien. Il y a tant de variations dans ce qu'on appelle "amitié", comme tu le sous-entend avec ces "plus chers amis". Il est des amitiés qui sont d'emblée situées dans une atmosphère de séduction diffuse et la possibilité de sexualité rend la chose presque "évidente" le jour où cela se produit.<br /> <br /> En tout cas je partage ton avis sur le questionnement avant de tenter l'aventure, qui n'est certes pas sans risques.
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S
Mon cher Pierre,<br /> <br /> Pour avoir vécu moi il y a pas mal d'années, puis plus récemment,l'amitié sexuelle (voire l'amitié amoureuse)... je suis plus affirmative que toi sur la notion de "risque" de fin d'une telle histoire.... Ce n'est pas que ça 'risque' de finir.... c'est que ça 'finit' tôt ou tard et plutôt tôt que tard d'ailleurs!... Parce que le partage d'une sexualité 'parasite' à mon humble avis l'amitié.... et encore plus quand on a conclu un accord tacite ou explicite de 'non-débordement' des limites d'un certain partage, d'une certaine intimité, d'un certain lien/attachement....<br /> <br /> Alors, pour moi, la seule question à se poser le jour où on est tenté par cette aventure, c'est... "est-ce que cette relation d'amitié j'y tiens énormément, est-ce que je pourrais vivre bien sans elle??".... <br /> <br /> Dans le cas où on est prêt à perdre cette amitié et que l'envie de rapprochement physique/amoureux prend le dessus, est vécu comme incontournable, alors c'est bien d'y céder, à cette envie.... Dans le cas contraire, je conseille de s'abstenir.... <br /> <br /> C'est en tous cas le principe que je m'appliquerai à moi-même désormais.... "ne jamais coucher avec mes plus chers amis"!!!!.... avec les autres... moins important!...<br /> <br /> Bisous Pierre<br /> <br /> SolAnge
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P
Assez d'accord avec toi, Hélène. <br /> <br /> Cependant cette "petite voix" il faut lui préparer le terrain : brancher les micros capables de l'entendre, établir les connections. Parfois il y a beaucoup de parasites générés par des règles morales, des "valeurs", des principes, des "ça ne se fait pas"...<br /> <br /> D'où l'intérêt d'un travail de réflexion sur soi, de remise en question de ce qu'on croit, de ce qui est asséné comme "vérité" par tout un conditonnement. Revenir en contact avec le moi profond, l'épurer. C'est tout un travail !<br /> <br /> L'intuition est bien souvent baillonnée. Par soi, mais aussi par l'entourage qui peut se sentir "mis en danger" par les questionnements sur de confortables certitudes. Et parfois ça résiste fort pour ramener la brebis qui s'égare vers le droit chemin...<br /> <br /> Ceci dit l'entourage à parfois raison.
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H
Oups...<br /> Quand on n'y va pas c'est la même chose, on sait au fond de soi que ce n'est pas "ça" ou pas le moment.<br /> Difficile de trouver le subtil équilibre entre l'intuition et le coup de pied au coup que l'on devrait se mettre de temps en temps!
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H
On sait bien que, quand on a une histoire à vivre on ne décide plus rien, la petite voix nous dit qu'il faut y aller c'est tout. La raison et la rélexion n'y changent rien, c'est après que l'on sait pourquoi il fallait y aller.
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P
Oooh, un commentaire de Valclair ;o)<br /> <br /> Oui, bien des points seraient discutables, parce qu'ils touchent autant à l'universel qu'au singulier. Nos parcours personnels, nos réflexions propres, les solutions que nous avons mises en place par rapport à un socle culturel commun foisonnent de différences et ressemblances.<br /> <br /> Est-ce que cela mène à des discussion un peu stériles, comme le laisse entendre alainx ? Certes il vaut mieux passer à l'action, mais comment le faire à l'aveuglette ? Je crois qu'il faut à la fois penser et agir, réfléchir et expérimenter. Puis tirer des conclusions et s'améliorer.<br /> <br /> Nous sommes dans le registre de l'émotif ET dans des concepts : vivre ET penser. Le tout est de ne pas rester dans le confort de la seule intellectualisation...<br /> <br /> Il n'empêche que cette saine émulation de la pensée collective nous fait tous avancer, pour peu qu'on le désire. C'est cet état d'esprit que j'aime beaucoup dans les échanges sur internet. Ensuite chacun applique ses avancées dans son propre parcours, ou pas...<br /> <br /> Ces échanges que nous avons sont enrichissants, à condition que nous en fassions quelque chose.
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V
Evidemment cette entrée m'a intéressée ++ . Comme Pivoine je dirais que je l'imprimerais bien et noterais ici d'accord, là moins, là ça se discute mais bon je crois aussi qu'il faut ne pas TROP discuter(sourire)<br /> <br /> Ce qui me ramène à ce que tu as écrit en tout petit "et si cette putain d'écriture n'était qu'un palliatif à l'action". Je me suis souvent interrogé là-dessus bien avant d'être en ligne, dans mes nombreux carnets ou journaux intimes ça m'a souvent traversé cette idée de "l'écriture écran" qui sans doute m'a détourné de laction comme par ailleurs d'aller voir un psy...<br /> <br /> Donc je ne vais pas aller en finesse dans l'analyse. Juste dire ce sur quoi profondément il me semble que nous nous rejoignons, cette idée de ne pas vouloir mettre à toute force "amitié et amour dans des cases séparées", parfois ce sont des cases séparées, parfois pas d'où la force de ce concept d'entre deux, ce concept "d'amitiés amoureuses" avec toutes les déclinaisons diverses possibles, dans l'accomplissement sexuel ou pas.<br /> <br /> Car j'aime bien aussi ton idée que ce qui fait l'aspect amoureux c'est la présence du désir qu'il soit sexuel ou qu'il soit l'envie de vivre "quelquechose ensemble dans la dimension particulière qui est celle du rapprochement intime" sans forcément de connotation sexuelle <br /> <br /> Je crois aussi qu'il est impossible de rentrer trop dans la catégorisation des diverses nuances de ce kaléidoscope des amitiés amoureuses précisément parce qu'il pas de rupture nette entre les diverses dimensions et que tout change, sans cesse, chez l'un, chez l'autre, dans la relation. Les concepts ne sont là que pour éclairer, donner un cadre, la vie, et c'est heureux, déborde les concepts.
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P
Aaaah, j'aime bien vos commentaires :o)<br /> <br /> Effectivement, alainx, l'amitié sexuelle n'est pas un concept nouveau. Ce qui change (peut-être ?) c'est qu'on en parle ouvertement.<br /> <br /> Mais si on en parle, c'est que ce n'est pas simple de vivre cela simplement ! Dans la tête de la plupart d'entre nous amitié et amour sont dans des cases bien séparées, quasiment étanches, et les enjeux en sont très différents. Vouloir s'affranchir de cette scission est loin d'être évident et une simple prise de conscience intellectuelle ne suffit pas.<br /> <br /> D'ailleurs il n'y a qu'a voir les résistances que cela suscite...<br /> <br /> Je ne sais pas ce qu'il en est pour les autres, mais si moi j'en parle assez régulièrement c'est parce que je sais bien que ce ne m'est pas évidence. Tenter de me mettre au clair c'est une façon d'éviter de me ramasser. Certes c'est aussi une façon de différer, parce que ça me fait aussi peur (souffrir, et surtout faire souffrir) que ça m'attire (impression de liberté, d'autonomie). La seule façon de savoir est d'expérimenter, sans trop se fier aux "on dit"... tout en étant attentif aux expériences des uns ou des autres. Pour ma part le passage à l'acte, seule façon de savoir ne peut se faire à la légère. Parce que dans tout ça il y a pas mal de choses sensibles qui peuvent être soumises à des processus destructurants. Je n'ai pas envie de "jouer" avec ça, ni pour moi ni pour celles avec qui je pourrais le vivre.<br /> <br /> Pour ce qui est de la non durabilité de ce genre d'aventure, oui, peut-être (mais peut-être pas...), mais j'ai envie de dire « et alors ?». On vit ce qui est à vivre, et puis si ça s'éteint chacun part vivre autre chose. La vie est perpétuelle évolution. Il ne faut pas avoir peur du changement...<br /> <br /> (posture intellectuelle de ma part, là encore...) <br /> <br /> Pivoine, oui, je "joue" avec l'idée de m'éloigner, et ce n'est pas anodin. Ne serait-ce pas un acte symboliquement fort, pour moi, de tout plaquer ? Cette idée me trotte dans la tête, et elle pourrait avoir un intérêt. Mais il est vrai que j'y perdrais aussi beaucoup... donc pour le moment je reste ;o)<br /> <br /> Ceci dit je pourrais fort bien disparaître et renaître ailleurs, sous une autre forme, et ainsi continuer à échanger sans tout ce passif que je traîne avec moi. Un peu comme dans une relation, en fait...<br /> <br /> Rupture ou continuation ? les deux ont un intérêt...<br /> <br /> Le souhait de ne plus se prendre de gamelles... oui, tant que ce n'est pas le choix du repli. Si je prends des gamelles, c'est que j'avais trop d'attentes. Voila pourquoi je réduis mes attentes : pas de durée, pas de sentiments forts. Juste des affinités à prendre au jour le jour. Ne jamais croire que quelque chose est acquis (oui, on le répète tous un peu partout). Ne pas croire qu'un jour la vie sera belle : ce ne seront que des étincelles, et à prendre comme telles.<br /> <br /> Bon, là encore je théorise... à vivre c'est plus difficile de résister à l'attrait du miracle incarné, hé hé...<br /> <br /> D'accord avec toi : nos expériences et nos conclusions sont probablement toutes différentes. C'est ça qui est fascinant : il n'y a pas de recette universelle.<br /> <br /> Il n'est pas question de ne pas donner, bien sûr, mais de ne rien attendre de ce don. Le don c'est de l'instantané. Vouloir "garantir" le don mutuel sur la durée c'est s'engager sur la voie de l'attente, donc de la déception.<br /> <br /> D'accord aussi avec ta conclusion, ce qui n'empêche pas d'y penser hors-contexte ;o)
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P
Ceci dit, je ne crois pas que l'amitié est un rempart qui fait que chacun éprouve un sentiment pour l'autre sans donner ni attendre quoi que ce soit. On SAIT qu'il ne faut pas toujours baser l'échange là-dessus. En effet, mieux vaut éprouver sans attendre ni espérer, mais cela devient plus difficile d'aimer sans donner, l'amitié peut demander et offrir autant, mais différemment que l'amour. L'amitié peut être aussi intense que l'amour, et l'amour (ou la relation) plus tiède, apparemment plus tiède, où l'on n'échange pas tellement plus que le plaisir d'être ensemble ou celui de se sentir en harmonie. <br /> <br /> D'autant plus lorsqu'on se trouve entre homme et femme, je suis même assez sceptique en ce qui concerne l'amitié homme/femme, ma preuve à moi, c'est que l'un ou l'autre homme pour qui j'éprouverais de l'amitié n'en éprouve pas forcément pour moi - or, il ne s'agirait que d'amitié - et là, je me désolidarise donc complètement et donc, l'amitié n'existe pas. Elle n'existe plus ou elle n'existe pas encore. <br /> <br /> Et en effet, j'attendrais (ici je parle pour toi), paisiblement de voir si une relation se noue ave quelqu'une en particulier - je crois que tant qu'il n'y a pas de relation privilégiée, en parler serait un peu comme de disserter sur le sexe des anges. <br /> <br /> Je crois qu'en matière d'humain et d'humanité, il faut être dans une situation donnée pour savoir ce que cela va devenir... Et là, vraiment, tout est possible.
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P
Oui, Pierre, je souris en lisant que tu vas vers ce dont tu t'éloignes (Internet), dont tu t'éloignerais plutôt. Je dirais que tu vas vers ce dont tu voudrais bien t'éloigner, mais bon, pas tout à fait, quand même. Donc, plutôt, il me semble que là, et depuis quelque temps, tu aimes bien jouer avec l'idée que tu pourrais t'éloigner de. Je réponds simplement, pourquoi se priver d'un plaisir? Je ne connais pas beaucoup d'endroits (réels, genre cafés psy ou cafés philo), où l'on peut discuter de ce genre de sujet, avec des personnes (ou des beaux esprits ;-) avec lesquels on se sent des affinités. <br /> <br /> Ceci dit, j'y suis allée aussi de ma petite réflexion sur l'amitié amoureuse, et à relire l'entrée de Val, puis à découvrir la tienne, et éventuellement, d'autres lignes encore sur la question, je constate que nous approchons tous un thème avec nos sensibilités différentes. Si ce n'est que je relève une constante, le fait qu'on reconnaisse qu'un équilibre est nécessaire et indispensable dans toute relation. <br /> <br /> Mais cela, devions-nous tant couper nos cheveux en quatre (c'en fait pas mal) pour le savoir? <br /> <br /> Je crois aussi qu'à nos âges (eh-eh), nous avons vécu quelques expériences bien malheureuses (et heureuses bien sûr), et je pense que ça influe sur les choix ou non choix (le choix d'en rester là). Ne plus se prendre de gamelles surtout, en amitié comme en amour, comme dans cette chose entre les deux qu'on appelle amitié amoureuse. <br /> <br /> Et pourtant, se prendre des gamelles, c'est vivre. Et il faut autant vivre sa vie que la rêver (ou l'écrire). Même si pour certains, il est indispensable d'écrire aussi. <br /> <br /> En réalité, une entrée pareille devrait s'imprimer, on devrait souligner des choses au crayon, dire, oui, mais là, je ne suis pas d'accord et en débattre mieux que dans un espace de commentaire. <br /> <br /> Cependant, je crois que nous n'arriverons à aucune conclusion, si ce n'est une conclusion ouverte à d'autres développements.
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