Vivre les livres
Je ne lis que très rarement des romans. Je préfère les ouvrages d'inspiration psycho-socio-philosophiques. J'y trouve une nourriture dont j'ai besoin pour avancer dans la connaissance de l'humain. Non que les romans ne le permettent pas, mais... personnellement j'y trouve moins matière à réflexion.
Bah... et puis toutes ces petites histoires de vie que transmettent les blogs ne sont-elles pas des simili-romans ?
Ce qui me surprend, c'est qu'ayant parfois lu et relu certains ouvrages qui m'ont permis d'avoir une meilleure conscience des choses, je découvre encore une profondeur inexplorée à la relecture. Comme si j'avais entretemps acquis une plus grande capacité de compréhension.
Ainsi la lecture me fait progresser dans mes réflexions, qui à leur tour me permettent d'améliorer la compréhension du texte initial. N'est-ce pas fabuleux ?
Certains ouvrages-sources m'abreuvent à chaque fois que les parcours. Probablement parce que j'en oublie une partie, que je retrouve en m'y plongeant de nouveau.
Ces lectures appellent à l'humilité : ce que je découvre "tout seul" des rapports humains, ou de la connaissance de soi, a déjà été écrit par d'autres. La lecture m'a préparé à comprendre, mais ma compréhension ne reste qu'un fragment de ce que d'autres ont déjà décrit. D'une certaine façon c'est rassurant : je m'aperçois que je suis sur le bon chemin. De l'autre c'est... stimulant, parce que je vois tout ce qu'il me reste à saisir de l'inconnu.
Mais je me pose une question : faut-il vivre les choses pour vraiment les comprendre ? Pourrait-on faire l'économie de l'apprentissage les mains dans le cambouis ?
N'est-ce pas parce que je l'ai vécu que j'ai finalement compris, et intégré, ce que décrivent des auteurs ? La lecture ne ferait que préparer le terrain, mais sans pouvoir éviter le passage par l'expérience personnelle. Tout au plus cela permettrait de réagir plus vite, de bénéficier de quelques radeaux de sauvetage, d'être moins submergé par l'incompréhension ? Ce serait déjà pas si mal...