Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
21 mai 2007

Synergie

De-ci, de-là, les participants de la rencontre de neuf blogeurs et blogueuses (sans oublier quelques enfants...) continuent d'en parler plusieurs jours après.

Voila qui me fait m'interroger sur l'effet diffusant de l'écriture joint à la synergie constituée par la narration en groupe. Autant de grands mots qui, plus simplement, signifient : est-ce que le fait d'en parler en groupe ne contribuerait pas à l'imprégner encore plus fortement ?

La question n'est pas nouvelle puisque depuis longtemps je sais que l'écriture sur internet renforce les effets du vécu. Prendre le temps de poser quoi que ce soit en mots, les mettre en ligne, éventuellement reçevoir des commentaires et y répondre, fait que le ressenti personnel est décuplé par ce partage. À la limite écrire  « j'ai cassé un verre ce matin » deviendrait un évènement. Si je précise que ledit verre provenait du service de mariage de mon arrière grand-mère, j'y ajoute un aspect émotionnel, que je peux encore renforcer en exprimant la très grande tristesse ressentie puisque c'était le dernier vestige que je possédais. Bref... d'un verre cassé je peux, soit ne conserver en moi que le ressenti du moment, qui s'oubliera plus ou moins rapidement, soit lui donner un impact marquant, le partager, et ainsi alimenter un récit de vie qui imprégnera en partie ceux qui me lisent. Et pour peu que pareille mésaventure de verre cassé soit arrivée à un lecteur, cela pourra créer une sorte de complicité...

Bref : plus on parle d'un évènement et plus on le fait exister. Le risque de la surmédiatisation guette le blogueur...

Mais allons plus loin : si aucun des blogueurs concernés n'avait évoqué la réunion sur son blog, nous nous serions contentés des échanges de mails spontanés des uns et des autres, exprimant remerciements, satisfaction, et émotions. Chacun de nous aurait ainsi "absorbé" le souvenir de cette rencontre, le laissant se faire emporter dans le mouvement de nos vies dispersées. Et vous, lecteurs, n'en auraient rien su ! On aurait pu garder ça égoïstement rien que pour nous... [nananèreuu].

Au contraire, en racontant nos ressentis respectifs sur nos espaces d'écriture, nous avons ouvert la possibilité aux autres de continuer à partager la satisfaction tout en y invitant nos lecteurs. De cette synergie de récits, différant selon nos personnalités, de l'évidente satisfaction de tous, apparaît quelque chose de fort. Ce n'est pas une déformation de la réalité, mais le fait de le partager qui en marque plus profondément l'empreinte. On vit plus fortement les choses dans le partage que dans l'individualité.

Ce n'est d'ailleurs pas surprenant : le plaisir, le bonheur, s'amplifient tout naturellement dans le partage. On le voit dans les grands rassemblements autour de projets, d'idées, ou de valeurs communes. On le vit aussi entre amis, en famille, en couple.

En solitaire les satisfactions manquent parfois du souffle d'une respiration commune...

C'est en cela que j'aime beaucoup "l'esprit" de ces affinités qui apparaissent sur internet, que ce soit en duo ou en groupes plus élargis. Pour les écrivants de l'intime, ou dans le registre des ressentis, il y a là une excellente occasion de rencontres et de partages approfondis. Et tant de découvertes à faire...

Commentaires
P
Pour ce qui est de se mettre sur la gueule au bout d'un certain temps, je n'ai pas de doutes à ce sujet, Ségolène ;o)<br /> <br /> C'est bien parce que la rencontre est "exceptionnelle", s'inscrit dans un temps limité, qu'elle est forte et marquante.<br /> <br /> Au quotidien toute relation devient perd une part de son intensité dans la routine des habitudes.<br /> <br /> Quant aux raisons qui nous font "partager" notre ressenti par l'écriture, elle même accentuant la réalité comme le ferait une loupe ou un microscope, oui, elles sont certainement complexes et multiples. Une façon de comprendre de quoi nous sommes faits ?
Répondre
P
Fatigants ces gens-là :)) Looooooooooooooooolllll. J'vous lis, même si ça dure quelques secondes et que je replonge ensuite dans la bloque de mon fistoooooon..........
Répondre
S
Effectivement...Au delà de la force et de la profondeur de ce moment, cette persistance de " l'événement " interroge...<br /> Je vois pour ma part plusieurs facteurs à cette émulation dont tu parles.<br /> L'écrit bien sûr, dans son rôle déterminant, mais aussi comme tu le dis l'effet de groupe. <br /> ...qui fait naître un " impérieux " besoin d'identification et de sentiment d'appartenance...<br /> Y paraît que passé un certain temps, aprés, on se met sur la gueule :)<br /> <br /> je vois aussi dans cette " prolongation " la necessité pour chacun de " digérer " ses émotions. Il y a comme un historique qui se dégage de ces ressentis ( force du moment, pincement de la séparation, prise de conscience, difficulté à se recentrer, et tri )<br /> A moins d'écrire tous les jours, il ne peut pas être fait état de cette large palette de sentiments. Aussi le compte rendu est un instantanné qui coupe " l'événement " de sa réalité dans le temps...et notammnent avec sa necessaire prise de distance devant les émotions laissées en vrac.<br /> En ce sens aussi nos mails n'auraient peut être pas suffi à rendre compte de nos émotions, l'écriture est venue en relais dans la necessité que nous avons éprouvée de prolonger ce moment ensemble et de revenir à cette source de chaleur humaine...Alors volonté de partage vraiment ?<br /> C'est sûrement bien plus complexe encore...<br /> Mais c'est vrai aussi qu'on est des exacerbés à fleur de peau et que tout cela nous ressemble :)<br /> Sont fatigants ces gens là :))
Répondre
V
C'est très vrai Pierre ce que tu dis sur ce que rajoute le fait d'écrire (et bien sûr encore plus le fait que plusieurs écrivent);<br /> Je l'ai constaté souvent, en dehors même du relationnel que nous évoquons ici. Parler d'un film, d'un livre, décrire un paysage le fait exister à mes yeux différemment, il se marque plus fortement dans mon souvenir. Même chose d'ailleurs avec les photos que l'on prend. <br /> Mais avec l'effet pervers éventuel de déformer: il m'arrive parfois de ne plus être très sûr de me souvenir de la chose elle-même ou de ce que j'en ai dit, du paysage lui-même ou des photos que j'ai regardé ensuite. <br /> Mais c'est normal au fond. Le souvenir ce n'est pas le réel mais un jeu d'échos, les nôtres et aussi en l'occurrence ceux des autres.
Répondre
P
J'aime beaucoup ce que tu soulignes, ex-nihilo.<br /> <br /> Ce choix de la liberté de rencontrer qui je désire fait que les moments de partage n'existent plus sur un seul chemin habituel, mais sur plusieurs croisées de chemins étroits et changeants, aléatoires.<br /> <br /> Je comprends parfaitement qu'il soit difficile de renoncer au plaisir de pouvoir partager avec une personne aimée, et que cela demande quelques sacrifices, compromissions, ou tout autre moyen permettant de sauver ce qui est important. Il m'a été très douloureux de renoncer au partage de moments heureux avec celle avec qui je partageais mes joies et peines depuis plus de vingt ans...<br /> <br /> Ceci dit j'ai maintenant établi un nouvel équilibre de vie et y trouve satisfaction :o)<br /> <br /> Marie, et Nan', oui, c'est ça : en parler pour partager et peut-être stimuler le désir de franchir le pas pour d'autres...
Répondre
N
Et puis si ça peut en convaincre d'autres de passer le cap ;o)<br /> <br /> Je baigne toujours, de là-haut sur mon petit nuage, entretenu par les diverses entrées et les divers commentaires que je lis de blog en blog.<br /> <br /> Instants magiques.<br /> <br /> Encore !
Répondre
M
ex nihilo m'enlèvent les mots du clavier ...<br /> elle est bien là cette ambivalence : vivre à deux et vivre pleinement chacun ses désirs ? il faut que le chemin soit effectivement très large alors ...<br /> <br /> en ce qui concerne votre fameuse rencontre, c'est vrai que le fait d'avoir pu lire l'avant et l'après de cette journée chez vous tous a sûrement amplifié l'événement.<br /> je me suis régalée à lire votre effervescence, votre plaisir à chacun !<br /> presque l'impression d'y être :))<br /> merci pour ce partage !
Répondre
E
Il m'est arrivé d'envier ta liberté, celle qui te permet d'aller vers l'autre sans avoir à te justifier, de choisir tes rencontres, d'aller jusqu'au bout du chemin que tu as décidé d'emprunter un matin, quitte à cheminer dans le noir la nuit tombée.<br /> <br /> Mais comme tu le laisses entendre, les satisfactions solitaires manquent parfois de souffle :-)<br /> <br /> Ce qui me fait dire - et parfois écrire - que partager sa vie avec quelqu'un n'interdit pas de se dépasser. Mais empêche parfois, quand le chemin est trop étroit, de le dépasser.
Répondre