Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
25 mai 2007

L'autre vie

On sait bien, dès qu'on pratique la "vie d'internet" qu'on ne peut plus la qualifier de "virtuelle", terme impropre venu de je ne sais où mais inadapté à des ressentis bien réels, des échanges bien réels, un enrichissement bien réel. Et qui mènent parfois des rencontres bien réelles. Ainsi le terme de "vraie vie" qui serait censé parler de celle du monde "normal" montre bien son inadaptation. Les deux modes de relation sont tout autant réels l'un que l'autre. D'ailleurs, je crois qu'on serait bien en peine de dire où nous sommes le plus authentique...

Alors vous, comment appellez-vous les deux mondes ?

Dans un commentaire, j'ai lu le terme de "vie charnelle". Une amie utilise celui de "vie terrestre". Pour ma part j'ai opté pour "vie sensorielle", mais je l'emploie peu. C'est pourtant la présence ou l'absence des cinq sens qui fait toute la différence...
Quant à l'autre, ce "nouveau monde", ou "deuxième monde", je l'appelle tout simplement "monde d'internet". Éloquent à défaut d'être élégant...

Et ne me dites pas que c'est la même vie : on voit bien qu'on a souvent besoin de faire la différence, parce que, justement, ces modes relationnels sont différents... quoique réellement opérants.

Aloooooors, quels termes employez-vous, hmmmm ?

Commentaires
P
J'y reviens, en songeant à ce que tu a décris de ton histoire : n'y a t'il pas de ta part une volonté d'oublier ? <br /> Est-ce qu'on ne peut pas ressentir la même impression d'oubli après une fin de relation, indépendamment du monde internet ? <br /> Est-ce internet qui a été la raison de cette fuite des souvenirs, ou la fin d'une histoire ?<br /> <br /> Je crois que nous disposons d'un grand pouvoir (inconscient ?) sur les souvenirs. On oublie ou retient selon le sens de nos désirs profonds. D'ailleurs on peut "oublier" complètement et voir tout d'un coup rejaillir des souvenirs, parce que le moment est venu. Je pense à des traumatismes d'enfance, par exemple, totalement occultés pendant des années et revenant à l'âge adulte. Inversement on peut garder à vie en mémoire des instants "insignifiants" (mais à qui nous donnons beaucoup de sens), totalement oubliés par ceux qui les ont vécus.<br /> <br /> Merci pour ces réfléxions fort intéressantes :o)
Répondre
P
J'ai aussi fait ce constat du peu de souvenirs de ce qui se passe dans des échanges derrière l'écran par rapport à ceux, très marquants, de la réalité des rencontres. Mais je pourrais dire la même chose pour une grande partie de ma vie : c'est l'exceptionnel qui s'ancre dans les souvenirs, et notamment lorsqu'il y a changement de lieu, rupture d'avec les habitudes.<br /> <br /> Je crois, comme tu le soulignes, que l'absence de contact réels peut parfois pousser à "restaurer les souvenirs" en relisant les seules traces dont on dispose. Parce qu'il n'y a pas de support visuel, olfactif, auditif, tactile... ces fameux sens dont internet nous prive. La mémoire ne dispose pas des repères habituels, qui sont autant de "supports" aux réminiscences.<br /> <br /> Comme toi je suis toujours surpris par la différence d'intensité, et le changement produit dans des relations, dès qu'il y a rencontre. C'est évidemment encore plus fort dans le cas de relation amoureuse...<br /> <br /> Et c'est bien ce qui, avec le temps, restera en mémoire. Oui, la "vraie vie", probablement...<br /> <br /> Mais ça me fait penser à autre chose : la "vraie vie" est-elle celle qui se vit dans l'instant (les émotions sont bien réelles) ou celle qui s'imprime dans les souvenirs ? Dans l'instant où tu ressentais, ne vivais-tu pas une satisfaction intérieure puissante ? Et dans quelle mesure n'imprime t-on pas dans nos mémoires des souvenirs en leur donnant le sens qui nous convient, oubliant certains détails et en magnifiant d'autres ? Les souvenirs sont ils "vrais" ?<br /> <br /> C'est en cela que la distinction entre "vraie vie" et "vrais ressentis" devient difficile à percevoir...
Répondre
M
Tu as dit que le rendement est dérisoire. Je le crois aussi. <br /> <br /> La vérité ? Je ne prétends pas la détenir, loin de là. Mais mon premier indice, ce sont mes souvenirs. Alors que je conserve un souvenir très précis (cuisant même !) des moments partagés, j'ai peu de souvenir des échanges virtuels. Il me fallait parfois relire mes archives (que je conservais comme de précieuses reliques) pour me rappeler les événements virtuels. Au point même qu'en me relisant, je ne me reconnaissais pas. La preuve de la volatilité de la grande majorité de mes états d'âmes.<br /> <br /> Je ne regrette pas cette relation, loin de là, qui n'aurait pas existé sans l'ordinateur, mais je retiens quand même que sa valeur repose sur les moments en 3-D. Le reste, surtout depuis la destruction de tous nos échanges, sombre déjà dans l'oubli.
Répondre
P
J'ai passé beaucoup de temps dans des échanges les plus divers sur internet, et pourtant je n'ai pas cette impression d'avoir "perdu mon temps". Certes j'y ai passé beaucoup de temps et le "rendement" est peut-être dérisoire, mais les résultats sont là : j'ai beaucoup avancé dans ma tête grâce à ces échanges et je ne vois pas ce qui aurait pu les remplacer.<br /> <br /> Par contre, oui, "on se roule dedans" et ça ne fait pas forcément du bien. Sauf... si ça permet de prendre conscience de cette forme d'auto-apitoiement. Et là, on peut alors en tirer quelque chose de positif. D'ailleurs, c'est bien ce que tu décris. Je pense qu'il faut parfois mariner dans son jus pour comprendre pourquoi on le fait.<br /> <br /> Je ne suis pas homme de regrets. Jamais je me dirais que j'ai perdu des années de ma vie. Je peux en passer à me perdre, peut-être, mais pour mieux me retrouver ensuite. Ça fait partie du processus. Et de toutes façons je ne crois pas qu'on puisse éviter les passages obligés. A postériori c'est facile de dire qu'on aurait pu faire autrement... et culpabilisant si on regarde avec le regard d'après. N'aurais-tu pas d'indulgence avec toi ?<br /> <br /> Ceci dit... je commence à avoir suffisamment de recul pour voir les effets négatifs de la communication par internet. Le problème c'est que je ne sais pas trop comment les dissocier des effets positifs...<br /> <br /> Quant à tout couper, j'y ai souvent pensé. J'y retrouverais une "vraie vie", mais je crains fort qu'elle ne m'apporte pas ce que je trouve dans la communication de l'intime, aussi imparfaite soit-elle en étant privée de face à face.<br /> <br /> Tout est dans le dosage...<br /> <br /> <br /> En fait, quand je suis devant mon écran, je me dis que j'y trouve vraiment de bonnes choses. Et quand j'en suis loin, je me dis que la vraie vie est ailleurs. Alors, elle est où la vérité ?
Répondre
M
C'était un essai. En fait, je n'en suis qu'au début aussi de cette réflexion. Mais c'est dur. Si je me fais simple spectateur de ces années, ce que je vois, c'est une femme hagarde penchée devant un écran, et non pas une femme qui a vécu une histoire d'amour sincère, intense et enlevante. Ça me fait mal de penser que si j'avais mis le temps consacré à lui écrire,lui expliquer, exposer mes états d'âme par emails et par blog à faire exploser ma carrière, à développer mes amitiés, à décorer ma maison, et bien j'en serais à un autre point aujourd'hui.<br /> <br /> J'ai encore des états d'âme, des vagues à l'âme, mais prendre le temps de les décrire, les analyser permet de les cristalliser, de les concrétiser. Est-ce positif ? Je ne suis pas certaine. Souvent, un vague à l'âme dure le temps qu'il passe et le lendemain, il est oublié. Alors que le décrire, c'est attendre une réponse, une approbation. Quand j'écris "Je suis triste", j'attends une consolation, qui, si elle ne vient pas, entraîne une autre tristesse. <br /> <br /> Ainsi... "on se roule dedans", au lieu de passer à autre chose. Tu me suis ? Je suis triste, suite à silence inexpliqué, si je ferme la machine, au lieu de vérifier si la réponse vient, et que je grimpe une montagne, je reviens énergisée, oxygénée et dans un tout autre état d'esprit. Si j'avais attendu, la tristesse se transforme en désespoir et me paralyse.<br /> <br /> Je suis en processus de lucidité. Mais je dois le faire une tranche à la fois, car ça me ferait trop mal de penser que j'ai perdu trois ans de ma vie, que cette histoire d'amour n'en était pas vraiment une. Que le concret, les contacts physiques n'ont été qu'un infime poucentage de notre relation et que le reste n'était que chimères. J'ai encore une partie de moi qui crie "Non non, ce n'était pas faux". Mais ça l'était.. et par auto-dérision, je pense à toute ces envolées poético-érotiques que je lui ai envoyées, attiffée comme la dernière des mégères ! :)))))
Répondre
P
Waow ! Il est très fort ce commentaire, Michèle ! Je me demande si ce n'est pas que j'attendais de lire, comme une confirmation.<br /> <br /> Il va bien dans le sens de ce que je pressens et redoute avec de plus en plus d'acuité. Je me sais parfaitement ambivalent avec cette machine qui m'aide à avancer dans la vie autant qu'elle m'empêche de la vivre.<br /> <br /> J'aime bien le « du moins je le croyais », car l'illusion (?) peut faire effet longtemps. Je sens bien que je m'y laisse prendre, sans bien savoir jusqu'où...<br /> <br /> Dans ce commentaire, j'ai l'impression de lire la conclusion à laquelle, tôt ou tard, j'arriverai.<br /> <br /> Merci, vraiment merci pour ce coup de pouce.<br /> <br /> Je laisse mariner et j'y reviendrai très certainement.
Répondre
M
J'ai déjà eu une vie assez intense par le biais d'Internet. Du moins je le croyais. Je m'y suis fait des amis, des amants, j'ai débattu, défendu et participé. <br /> <br /> Puis après avoir vécu, comme toi Pierre, quelques chagrins, dont un énorme fait encore mal, parce que les relations, c'est un tout, pas juste des mots, des phrases bien écrites, des pensées justement exprimées mais bien un ensemble de facteurs très terre à terre, j'ai pris mes distances, et l'ordinateur est devenue une machine. Au même titre qu'un téléviseur. Un simple loisir ou une distraction et non plus un outil relationnel.<br /> <br /> Ainsi, un peu cyniquement, je me dit que j'ai pleuré mes amours virtuels de la même façon qu'une bonne femme qui pleure en écoutant un soap, parce que Johnny a trompé Bridget avec Christina. Ce n'était pas vrai. Ce qui se passait par email n'avait aucun lien avec ce qui se vivait dans le réel, en 3D.<br /> <br /> La machine demeure quand même un outil de communication, pour faire des rencontres qui ensuite se concrétisent ou s'éteignent. Mais plus jamais elle ne sera le moteur d'une relation.<br /> <br /> Parce que lire Pierre, comme je le fais depuis des années ne sera jamais la même chose que l'écouter, et lui écrire jamais comme lui parler.<br /> <br /> Ainsi, il n'y a pas deux mondes. Il n'y a que la vie, la vraie, et la machine n'est qu'un outil parmi d'autres.
Répondre
P
Anne, je comprends bien ce désir d'être "entière" plutôt qu'une façade. Je trouve courageuse ta démarche de dévoilement de l'âme.
Répondre
A
Je me rends compte que j'ai évolué face au net. Il y a un avant et un maintenant/après.<br /> <br /> Avant, c'était clair, simple, conventionnel : Nan' sur le net (c'est comme ça que j'appelais ce monde) et Nanou en live (c'est comme ça que j'appelais l'IRL - bouark tout pareil). Tout n'était que façade. Moi qui voulais me servir du net et des blogs pour laisser une autre partie de moi, je me suis rendue compte que je scindais mon irréalité en deux. Mes extrêmes. Que rien n'était moi finalement. Ou que c'était trop moi. Et je me noyais dans des rapports superficiels et éphémères qui ne m'ont apporté que douleur à long terme.<br /> <br /> Et puis il y a eu une gestation, une prise de conscience plutôt lente (ce sont les meilleures paraît il) et "entiere" est né. Mon nouveau blog. Mon moi profond. Celui que je n'étale que rarement les yeux dans les yeux, et que pourtant je fais de plus en plus souvent. Celui que je n'ai plus honte de dire.<br /> <br /> Pour moi, le net maintenant, ce sera l'âme, et le "monde réel" les yeux. Joli miroir où finalement les deux se retrouvent.
Répondre
C
Finalement, nous entrons dans le monde de JL Borges lorsqu'il explique les coutumes de cette tribue qui coupait les mains et les pieds de leur roi, lui crevait les yeux pour qu'il puisse devenir un vrai sage enfermé dans sa hutte et passant sa vie à réfléchir... Oui, je sais, c'est affreux et pourtant ;-))).
Répondre