Effets de cour
En pleine circonspection autour de l'écriture en ligne, je continue la méta-écriture (c'est à dire écrire sur ce que j'écris, observer ma pratique de l'écriture). Non parce que je n'aurais rien d'autre à raconter, mais parce qu'actuellement c'est la seule chose qui me cause un léger malaise.
Dans un commentaire Pivoine à parlé d'une « cour de lectrices » qui serait à mes pieds, pointant le fait que certaines activités sont assez sexuées. L'écriture intimiste en fait partie. Il est vrai que j'ai souvent davantage de commentaires de femmes, et que leur pluralité est plus grande que celle de la poignée d'hommes qui se manifestent. Je suppose que la proportion de lecteurs ressemble à celle des commentateurs...
J'apprécie les commentaires masculins, ils apportent un autre regard, celui du "même que moi". Ils se situent dans un registre légèrement différent de celui des femmes, et sont généralement assez courts. J'apprécie aussi les commentaires féminins qui, outre leur différence d'avec le masculin, touchent probablement quelque chose du registre de la séduction : il ne m'est pas désagréable de sentir ces présences féminines, dussè-je me contenter la plupart du temps de n'en voir que le pseudo. Léger trouble en constatant que mes écrits plaisent à celles dont les écrits me plaisent [nan, y'aura pas de noms !]. Il y a probablement là une part subrepticement fantasmatique, sobre mais appréciable. Ceci dit je ne pense pas que cela influe sur mon écriture, qui ne cherche pas à plaire aux femmes en particulier. Il m'importe qu'elle me plaise d'abord, et j'essaie de la rendre plaisante aussi au lectorat, de façon non sexuée.
Quant à l'effet de "cour", même si je perçois bien l'humour de Pivoine, je ne le ressens pas ainsi. Je pense qu'il y a avant tout de la sincérité, et pas d'allégeance...
Quoique... en y réfléchissant bien... est-ce que le fait que les commentaires sont publics ne présenterait pas le risque infime d'être écrits pour "faire partie du cercle" de telle ou telle personnalité appréciée et reconnue ? Pas directement pour ça... mais aussi pour ça. Ce n'est pas exclu. Moi-même n'aurais-je pas parfois suivi ce travers ? Mais là encore ce genre de démarche est davantage égotiste que sexuée.
Pour résumer, si l'écriture de soi en ligne est en partie sexuée, je crois qu'elle est bien davantage outil d'expression-communication que de séduction.
D'ailleurs, je crains fort que les deux ne soient incompatibles en un même lieu public !