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Alter et ego (Carnet)
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2 janvier 2008

Eclectisme et contrastes

Fin des vacances, ce matin. Il fait beau mais froid. Caché par la montagne le soleil n'est pas encore levé et le sol, les arbres, sont couverts de givre. Un regard vers le ruisseau, duquel monte un voile de vapeur, et je me prépare. J'enfile mon pantalon sécurisé, mes bottes renforcées, mes gants protecteurs. Je vérifie qu'il y ait du carburant dans le réservoir. J'ajuste mon casque orange, ma visière, et je démarre. VroaaaAAAaaa VroooaAAAaaa ! Ceux qui ont reconnu une moto ont perdu : c'est une tronçonneuse [une moto ça fait Vroumm]. Je descends vers la rivière et je commence à couper les arbres en surnombre qui pourraient gêner l'écoulement des eaux. À côté mes acolytes s'activent et évacuent les branches.

"Entretien de l'espace naturel", c'est une partie de mon travail du moment. Fort éloigné des sujets que j'aborde dans mes écrits, n'est-ce pas ? Pas le temps de penser, d'analyser, ni de psychanalyser, question de sécurité. Surtout lorsqu'on est plusieurs. Je suis concentré sur ce que je fais et sur le bon déroulement du chantier. D'un oeil vigilant je veille à ceux dont je suis responsable. J'aime bien ce genre de travail, pour le moment, qui, dès que la journée est terminée, me laisse libre de mes méditations. Mais parfois je songe, l'espace d'un instant, à la différence qu'il y a entre cet emploi et ce qui anime mes pensées le reste du temps. Contraste...

Depuis quelques temps, quand on me demande ma profession je ne sais plus quoi répondre. Entre mon métier "officiel" de producteur du monde agricole [restons vague...], qui est actuellement en suspens, et mon métier "alimentaire" d'encadrant salarié, que j'exerce depuis trois mois mais dont j'ignore s'il se prolongera au delà de février, c'est assez confus. Mais le plus rigolo, c'est quand je parle de ce vers quoi je me réoriente. Alors là, c'est carrément le grand écart, voire le grand écarquillement des yeux. Par exemple ce soir, en sortant du travail dans ma tenue habituelle je suis allé voir un organisme pour obtenir des renseignements. Avec mes chaussures de sécurité, ma veste multipoches sans manches et mon gros pull de bûcheron parsemé de copeaux, quand j'ai dit que je m'orientais vers la relation d'écoute et d'accompagnement relationnel... j'ai vu monter quelques points d'interrogation au dessus de la tête de la dame. J'ai rigolé interieurement en lui montrant que je comprenais bien les raisons de sa perplexité, vu mon accoutrement d'homme des bois.

Maintenant je suis habitué à ce genre de réaction surprise, à l'instant précis où l'étiquette du bonhomme ne correspond plus à ce qu'il dit. Quelques regards incrédules, semblant me demander si je plaisantais, ont parfois accueilli mes révélations. Ça m'amuse. L'éclectisme de mon parcours a un côté cocasse qui ne me déplaît pas. J'avoue ne pas rechigner à contribuer au brouillage des étiquettes...

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L'homme des bois

Commentaires
P
Alainx et Mouette, vos commentaires pointent finement sur une partie de mon "problème" de reconversion : j'aimerai pouvoir garder aussi mon côté "homme des bois" (pas seulement la tronçonneuse). Cela m'apporte un équilibre, un ancrage différent dans la réalité du monde, et aussi un ressourcement. Je puise une partie de mon inspiration dans une nature dont il me semble important de suivre certains principes de vie en commun, de co-dépendance, et de lenteur évolutive. Il y a pas mal de similitudes entre les relations humaines et les rapports naturels...
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M
En quoi est-ce un contraste d'être manuel ET intelectuel ??? C'est tellement restrictif d'être tout l'un ou tout l'autre. Si tu te retrouve vraiment à l'écoute des autres ne laisse pas tomber ta tronçonneuse... couper quelques arbres te permettra surement de ne pas rammener chez toi les problèmes des autres parfois si durs à entendre. <br /> On a oublié aujourd'hui d'agir avec toutes nos capacité... <br /> <br /> On nous avait pourtant prévenu : "cultive ton jardin...", Mens sana in corpore sano..."...
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A
Ah !!<br /> Je dois dire que cette entrée m'a fait rire !!<br /> Le côté relation d'écoute, la tronçonneuse à la main : "m'en vais vous aider à décortiquer vos problèmes ! Zallez voir ça ! ... On va trancher dans le vif !"<br /> <br /> Cela dit, j'aime bien ton côté hommes des bois. Je ne sais pas pourquoi, cela me désolerai que tu abandonnes ton activité " agricole" (arboricole devrais-je dire).<br /> Comme le sentiment confus que cela créerait une sorte de déséquilibre dans l'univers.<br /> (Si, si, je suis très sérieux...)
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P
Oh, mais tu ne crois pas si bien dire, Valclair : on est venu me chercher pour que je me présente aux éléctions municipales de ma commune ! Ainsi je pourrai être citoyen le soir et devenir un homme accompli ;o)<br /> <br /> Telle... vu sous cet angle, je me demande si je vais arrêter ;o)
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T
Arrête Pierre de te prendre pour L'Homme des bois, des milliers de Lady Chatterley vont te sauter dessus !
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V
Mais non ce n'est pas cocasse même si c'est inhabituel.<br /> Je trouve que c'est une richesse formidable d'associer y compris professionnellement des activités à forte implication manuelle et des activités à forte implication intellectuelle et relationnelle. ça va contre la division stricte du travail qu'impose le plus souvent la société. ça me rappelle un des textes bréviaires qu'on lisait quand j'étais jeune (très), "l'ABC du communisme" de Boukharine dans la petite collection Maspéro, où le modèle rêvé c'était que chacun soit producteur manuel le matin, producteur intellectuel l'après-midi, citoyen le soir
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