Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
25 mars 2008

Am stram gram...

... pic et pic et colegram...

Scchhhlack ! la grande faucheuse est passée. Un de moins.

Ça devient un rituel dans la famille, à intervalle régulier. Un par an. Cette fois c'était mon cousin. Il est parti des suites d'une "longue maladie"...  plutôt rapide. Six mois. Une maladie... ça c'est drôle, parce que son métier c'était justement de les soigner, les maladies. Il soignait celles des autres et hop, c'est lui qui s'est fait cueillir sans l'avoir vue venir.

Il y a quelque chose de curieux aux enterrements : c'est là qu'on découvre mieux qui vient de mourir. Dans le dernier hommage que lui rendent ses collègues, ses amis, sa famille... on découvre quelqu'un que finalement on ne connaissait pas vraiment. Quelle était sa vie ? Dans quoi s'impliquait-il ? Qui étaient tous ces gens qui pleuraient sa disparition ? Combien de centaines de liens avait pu tisser l'aimable médecin d'un petit bourg, impliqué dans la vie associative, accueillant, ouvert aux autres ? Chacun a vanté, et dans une émotion non feinte, les valeurs humaines de celui qui ne pouvait plus les écouter. Un modèle d'enthousiasme et de générosité, attentif aux autres en toutes circonstances. Un des rares qui, dans ma famille, s'est inquiété de ce que je vivais lorsque j'étais dans la tourmente de la séparation.

Dans le recueillement silencieux de l'église je pensais au modèle que pouvait être cet homme, pour moi qui souvent ne sais comment aller au devant de l'autre... Je pensais aussi à l'importance de la relation tant qu'on est vivant. Montrer que l'autre est important, qu'on l'apprécie, qu'on l'aime. À chaque décès j'en prends un peu plus conscience et j'agis en conséquence. Un peu plus près, un peu plus démonstratif.

J'entendais aussi le prêtre parler de Dieu ceci, Dieu cela, de vie  éternelle et de passage de l'autre côté. Ces boniments me semblent tellement artificiels et convenus... et pourtant je ressentais bien que, parmi tous les présents il s'installait le souvenir vivant du défunt. Il était bien "là"... alors que c'est sa disparition qui nous réunissait.

Quand je repense aux disparus qui m'habitent, je garde toujours une image très vivante d'eux. Généralement un moment de joie, avec un grand sourire sur leur visage. Et je ne fais pas vraiment de différence, dans cette représentation, d'avec ceux qui vivent.

Commentaires
P
Telle... merci.<br /> <br /> Coumarine, oui, je me demande d'où vient cette pudeur. Celle de trop se dévoiler en étant "trop proche" ?<br /> <br /> Isis, mieux vaut le dire avant de regretter de ne l'avoir pas dit à temps. Oui, c'est important de le dire, de le montrer, de le laisser entendre. Tout comme il nous est important qu'on nous le dise.
Répondre
I
je partage ta façon de faire vivre ceux que j'aimais et qui sont partis<br /> <br /> et je dis aux gens que j'aime..que je les aime..<br /> hier à ma mère, 86 ans<br /> <br /> et pourtant, elle n'est pas facile..même franchement odieuse parfois<br /> <br /> n'empeche que je me dis que c'est maintenant que c'est important de le lui dire, que je l'aime
Répondre
C
moi aussi je suis émue par ton billet, Pierre<br /> Il me dit surtout de "profiter" des gens quand ils sont là...<br /> De leur dire ce qu'on garde parfois caché au fond de soi. Finalement l'amour tout simple s'exprime difficilement, il y a tant de pudeur...
Répondre
T
Pierre... comme ce que tu écris me touche. Moi non plus je ne fais pas de différence entre les vivants et les morts et combien de fois m'est-il arrivé de penser "tiens, je le dirai à grand-mère" ou "ça fera plaisir à tante"... avant de me rappeler que non, vraiment non. Ils vivent en nous, ça oui.<br /> <br /> Je t'embrasse.
Répondre