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Alter et ego (Carnet)
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25 mai 2008

Diversité relationnelle et papillonnage

Une lectrice m'écrit : « vous dites ne plus vouloir faire partie de ces couples classiques, que vous annoncez la couleur dés que vous rencontrez quelqu'un, la diversité relationnelle vous est devenue vitale.

Qu'est ce que ce comportement vous apporte ? Je me pose cette question car je côtoie beaucoup d'hommes, j'aime l'humain en général, et l'humain m'intéresse beaucoup. Je discute des fois avec des hommes, en couple mais besoin d'aller voir ailleurs, pourquoi ? Je pensais qu'on allait voir ailleurs lorsqu'on est plus comblé dans sa vie de couple mais si tout va bien, pourquoi ? est ce juste une question de sexe ? ou de déceptions passées ? Au fond, quelqu'un qui papillonne ne cache peut être t il pas une souffrance ? Un mal être.

Je comprends si vous ne voulez pas répondre, mais j'ose quand même......juste pour m'aider à mieux comprendre sans jugement. »

C'est bien volontiers que je réponds, mais autant le faire publiquement puisque je sais que ma démarche peut surprendre.

Qu'est-ce que ce comportement m'apporte ?
La pluralité, la richesse de la diversité, la confrontation à la différence, l'autonomie affective, un sentiment de liberté, la responsabilité de ce que je vis et ressens. Ceci dit, pour le moment je vis en solitaire, la diversité relationnelle s'étendant surtout dans les registres professionnels et des amitiés intimes.

Pourquoi aller voir ailleurs si on est comblé dans sa vie de couple ?
Je ne crois pas qu'on aille voir ailleurs si on se sent comblé. C'est parce qu'on ne l'est pas qu'on va chercher ailleurs... ou même que l'on trouve sans chercher ! Mais la question en elle-même biaise la réponse en sous-entendant qu'être comblé en couple serait un état stable. Croire qu'on puisse être comblé est un leurre. On peut se sentir comblé, se sentir en état d'harmonie et d'équilibre, tant que rien ne vient nous faire prendre conscience qu'on ne l'est pas. À partir de ce moment-là on ne l'est plus et on le sait. Supposer que l'autre nous apporte et continuera à nous apporter tout ce dont on a besoin est un mythe. En fait un couple est en autosuffisance tant que ce qui s'y vit apporte suffisamment à chaque partenaire pour qu'il fasse abstraction ce qui lui manque. Ou s'en accommode... Ça peut durer longtemps, et parfois toute une vie. Mais il se peut aussi que divers évènements fassent prendre conscience qu'il manque quelque chose d'important, d'essentiel, que l'autre ne peut apporter. Et là, ça peut devenir vital, psychiquement parlant, de chercher à le combler.
Dans mon cas personnel je me sentais heureux en couple, dans une famille unie, et selon les critères de la plupart des gens j'étais "comblé". Mais la vie s'est chargée de m'ouvrir les yeux et j'ai vu que c'était loin d'être le cas. Je n'ai fait que suivre le chemin qui s'ouvrait devant moi, tout en me posant d'infinies questions afin de bien aller vers ce qui me convenait.

Est-ce juste une question de sexe ?
Non, mais c'est cette seule question qui pose problème ! Chacun laissera l'autre relativement libre de trouver son équilibre hors du couple, à une restriction près : l'intimité. C'est à dire la sexualité et les sentiments amoureux. La plupart des gens partent du principe que sexualité et sentiments ne doivent se vivre qu'au sein d'une relation unique, censée combler tous les besoins de cet ordre. Je ne sais pas s'il y a une règle qui serait universelle mais ne trouvant pas satisfaction dans ce modèle j'ai choisi d'expérimenter une voie qui me semble mieux correspondre à mes besoins. Ce n'était pas qu'une question de sexe, loin de là, mais cette dimension était quand même essentielle et aura été un des moteurs nécessaires pour m'affranchir du carcan moral qui m'enserrait.

Est-ce une question de déceptions passées ?
Beaucoup d'éléments peuvent intervenir dans les choix de vie de chacun. Les déceptions peuvent en faire partie, mais pas systématiquement. Je pense que les déceptions peuvent conduire à un refus de l'attachement, par peur de la souffrance. Cela conduira à un comportement "papillonnant". Mais ce ne sont pas des déceptions passées qui remettront subitement en cause l'équilibre d'un couple stable. Dans mon cas il ne s'agissait pas de déceptions passées, mais d'une frustration latente. Je n'avais pas suffisamment fait de rencontres amoureuses dans ma vie pour me satisfaire d'une seule.

Au fond, quelqu'un qui papillonne ne cache peut être t il pas une souffrance ? Un mal être ?
Papillonner, c'est à dire passer d'une fleur à l'autre sans jamais se fixer, est un certain type de comportement. Cela ne correspond pas à la diversité relationnelle qui m'est chère. Je pense que papillonner peut provenir d'une peur de la souffrance en évitant l'attachement, par anticipation de la souffrance qui viendrait de la rupture. Mais se fixer dans une relation unique peut cacher des peurs du même ordre ! En revanche la diversité relationnelle correspond à des attachements pluriels (polyfidélité). C'est donc le comportement inverse du papillonnage. J'y vois un signe d'équilibre intérieur, de bien-être, de non-dépendance, et c'est dans cette tendance que je vis désormais parce qu'elle me convient. Par contre, ce qui peut générer beaucoup de mal-être, ce sont les réactions de rejet que cela induit de la part des personnes qui n'acceptent pas cette façon d'être... Je n'y étais pas suffisamment préparé et j'en avais largement sous-estimé les effets. Maintenant c'est différent puisque je le sais.

Mais cela me permet de préciser quelque chose : je ne crois pas qu'on puisse éviter la souffrance. Que l'on papillonne, que l'on vive en couple stable ou en solitaire il y a des frustrations. Elles font plus ou moins souffrir. Accepter cette réalité permet de chercher la voie de la moindre souffrance, tout simplement, sans refuser de la traverser lorsque c'est inévitable.

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