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Alter et ego (Carnet)
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6 juin 2008

Gymnastique relationnelle

Je travaille avec une collègue qui, de tout à fait sympathique et soucieuse d'autrui, peut subitement devenir agressive et cassante. Habituellement à l'écoute des personnes, il lui arrive aussi d'être dénigrante, blessante. Ces changements sont étroitement liés à son degré de contrariété, lui-même très influencé par son humeur versatile.

Après quelques malentendus et sérieuses mises au point j'ai à peu près trouvé comment me situer avec elle : je ne m'offusque plus outre mesure de ses manifestations d'irritation et me tiens à distance respectable. Ce qui consiste, en temps de crise, à ne plus engager de conversation, ne plus exprimer de signes d'affection, ne plus rien évoquer de personnel. Bref, m'en tenir au strict registre professionnel. Hier encore je l'ai remise à sa place quand elle a déchargé sur moi une agressivité totalement déplacée dont je n'avais pas à être le récipiendaire. Car c'est bien là que se situe le problème : elle s'en prend au premier venu, qui risque fort de prendre pour lui quelque chose qui ne le concerne pas. Certains le vivent très mal.

Consciente de son excès ma collègue est revenue vers moi quelques heures plus tard, me demandant de ne surtout pas rentrer dans son jeu à ces moments-là. C'est à dire de ne pas chercher à discuter avec elle, ne surtout pas la contredire, ne pas tenter de l'apaiser ou d'être à son écoute lorsqu'elle profère ses calembredaines : elle est incapable de ne pas renchérir.

Je ne suis pas le seul à faire les frais de ses sautes d'humeur et ce soir c'est auprès d'un de mes autres collègues qu'elle a présenté ses excuses. Cette capacité à reconnaître, non pas des "torts", mais que son attitude peut porter préjudice est une qualité que j'apprécie tout particulièrement. Pour tout dire, c'est cette capacité qui fait que je peux continuer à bien m'entendre avec elle... lorsqu'elle est en de bonnes dispositions. Sinon il y a longtemps que je me serais définitivement éloigné d'elle. Nous passons donc, selon les jours, et parfois les semaines, d'une sympathique convivialité à une froide distance.

Lucide sur elle-même cette femme sait que présenter des excuses n'aurait aucun sens si c'est pour récidiver plus tard. Il n'empêche qu'elle exprime, d'une façon ou d'une autre, qu'elle est bien consciente des effets de son attitude. Redevenue calme, elle est soucieuse d'autrui. Ce n'est pas une demande d'absolution déguisée puisqu'elle se remet réellement en question, s'énervant contre elle-même, dépitée, déprimée de se voir ainsi. J'ai rarement rencontré une personne aussi contradictoire en elle-même, consciente de l'être, et l'exprimant avec sincérité. Son orgueil et ses certitudes arrogantes ne durent que le temps nécessaire à "entendre" ce qui va à l'encontre de ses désirs.

Pour moi cette capacité à la remise en question m'ouvre à beaucoup d'indulgence... bien que je me refuse à endurer ce qui me serait trop lourd. De ce fait côtoyer ce genre de personnalité n'est pas de tout repos. Je dois être attentif à ce que je ressens pour ne pas me laisser emporter dans une spirale conflictuelle. Cette présence instable, l'humeur fluctuante, ne rendent pas les rapports aisés. Je dois reconnaître qu'il me faut souvent prendre sur moi pour ne pas subir une pression stressante et rester "zen" face à ces poussées éruptives.

J'y trouve quand même des avantages : du mouvement, de l'imprévu... et un apprentissage de la souplesse relationnelle !


                            
Commentaires
P
Ouhla, Matinou, je ne "reproche" rien à personne. Je fais part de ce qui me dérange, ou que je ne comprends pas chez d'autres. Je ne prétends donc pas "avoir la bonne attitude". <br /> Je ne me retrouve pas dans la description que vous faites de vos collègues "méprisantes, harcelantes et tyranniques". Si l'impression que je donne est celle de quelqu'un qui voudrait "imposer" son point de vue, c'est que je ne m'exprime pas suffisamment clairement. J'ai bien conscience que toute relation implique deux personnes, qui apportent chacune leur vision du monde. La mienne ne vaut pas mieux que celle de qui est en face de moi, et si cet autre me dérange... c'est aussi en moi que je cherche à voir les raisons de ressenti.<br /> <br /> Vous parlez de la confiance, qui vous importe. Je pense que c'est bien là que se situe tout ce qui fera la qualité d'une relation. Le reste a peu d'importance. La confiance, ça passe par le respect de l'autre, quel qu'il soit, quelle que soit son attitude, qu'il soit brutal ou souple, rapide ou lent, énergique ou lymphatique. Et personne n'a à exiger de l'autre qu'il s'adapte à ce soi.<br /> <br /> Je ne vois donc pas de divergence majeure entre nous. Vous n'êtes nullement "grillée" :o)
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M
Bonjour , décidement dans les portraits que vous tracez je retrouve bien des traits de mon fichu caractère ! Alors bien sûr , au délà du désagréable , de se voir reprocher ce que nous sommes , ce que je suis , passée la phase de me dire il faut que j'améliore , tempéré l'épisode déprime , je ne peux m'empêcher de me questionner sur votre seuil de tolérance , sur votre assurance à détenir la bonne attitude . Et s'il n'est pas simple de nous cotoyer , nous caractères hauts en couleurs souvent le fruit de meurtrissures , d'humiliations , issus parfois d'educations castratrices , de non reconnaissance , pouvez vous imaginer que se confronter à vous avec vos certitudes passives de detenir la vérité , d'avoir la bonne hatitude déclenche un malaise ? Je travaille avec des collègues "zen" , calmes et tranquilles aux interventions posées mais qui ne manquent pas de se montrer méprisantes, harcelantes , tyranniques à vouloir imposer leur bien faire , à retourner un désaccord comme une violence parce qu'il y a opposition , ils peuvent l'air de rien mine de rien engendrer de l'agressivité.Ils ont cet art de cataloguer les personnalités dérangeantes en omettant d'apprécier leurs qualités , une manière de ne pas se refaire mettre en cause derrière la douceur apparente . En relisant ce que vous ecrivez , je pense que les personnes au caractère excessif ont bien tort de s'excuser parce que vous n'avez aucune reconnaissance pour ce qu'ils sont . Et pour moi qu'importe ce qu'est la personne , c'est la qualité et le contenu de l'echange , la passion et l'enthousiasme , la culture et la confiance , la tolérance à accepter ce que les gens sont, pourvu qu'ils ne soient pas méchants .Je fréquente des personnes calment qui peuvent me pointer mes excès non pour les juger mais pour m'aider à les corriger , je connais des excessifs et nous partageons nos defauts , nos dialogues sont enlevés et s'apaisent sans rancune . Voilà les choses sont dites mais loin d'être fermées , je pense que c'est en se parlant en se comprenant mutuellement qu'il est possible de vivre et de travailler ensemble , de s'accepter et de s'enrichir les uns les autres et c'est, je pense cette démarche qui nous fera meilleur et non pas en voulant à tout prix que l'autre soit ce que nous voudrions qu'il soit . <br /> Matinou <br /> ps : je reconnais que j'hésite à poster mon commentaire (rire) je suis grillée là .... et pourtant ...
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C
Les excuses, pour ces personnes à tempéramment excessifs, sont d'une facilité déconcertante.Les mots dans ce cas sont trop faciles et ne me suffisent plus... C'est la raison pour laquelle personnellement je ne les accepte plus. En fait les seules excuses que je peux accepter sont celles du comportement.
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P
Tu pointes sur le point important, Christine : le risque de se soumettre aux humeurs de personnalités difficiles, qui ont tendance à imposer leur façon d'être à tous... si on les laisse faire (à nous de nous interroger aussi sur notre capacité à accepter ça). Une solution est de les éviter (pas toujours possible aisément...), une autre est de rester soi, sans se laisser influencer et en marquant son "territoire" par le refus de se soumettre à ce diktat.<br /> Il y a bien sûr tous les cas de figure et la tolérance dépend de la fréquence et de l'intensité de ces crises. Personnellement j'accepte toujours les excuses du moment qu'elles sont sincères et que je ressens une bonne volonté. Pour moi ça fait partie de l'aide que je peux apporter à des personnes qui peuvent souffrir elles-même de leur attitude. Par contre, pas question d'accepter des excuses-alibi pour mieux recommencer ! Pas question non plus d'accepter des comportements si je ne perçois aucune volonté de les changer. Dans ces cas je prend effectivement de la distance et ne fais plus d'efforts pour aller vers qui n'en fait pas.<br /> Ceci dit tu as raison : en acceptant trop facilement les excuses je peux laisser croire que ce qui s'est passé n'était pas vraiment grave. Pour la personne dont je parle, je ne me prive pas de dire ce que j'ai ressenti, ne le minimisant pas. Après... à elle de voir ce qu'elle en fait.
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C
Personnellement, je n'accepte que rarement de me soumettre devant de telles personnalités notamment depuis mon divorce (mon ex était un peu de ce bois là). Personnellement j'essaie d'être diplomate et d'accepter certaines dérives de personnalité mais exceptionnellement. Lorsque cela devient habituel je le rejette en bloc jusqu'à ne plus faire cas de la personne en question. Je n'accepte plus les excuses et ne fait plus aucun effort. Bon ok, sauf de ma fille cadette qui a beaucoup pris de son père... mais on reste en famille. Pour le reste je fais le vide de ce genre de personnalité même professionnellement et quelquefois cela les oblige à mesurer leur comportement en revenant elles-mêmes vers moi... <br /> N'accepte pas de te soumettre et tu lui rendras service car la peur de te perdre devant ses excuses inacceptées fera qu'elle changera de comportement vis à vis de toi...peut-être... ;o)
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