Sosie
Ce matin, alors que je me rendais à la Mairie, sur la petite route ensoleillée de ma verte campagne, j'ai vu, au loin, une silhouette étonnamment familière. Instantanément reconnue, elle marchait vers moi avec un sac sur le dos. En quelques secondes, alors que je me rapprochais, les ressemblances se précisaient. Rien pour contrecarrer l'image mentale qui me venait de tellement loin, dans le déchaînement hurlant d'un galop de pensées. Jusqu'au dernier moment, lorsque j'ai dépassé cette femme dont le visage était barré par des lunettes noires, tout pouvait me laisser croire qu'il s'agissait d'elle. Elle était là !
Sauf que c'était impossible. Non, vraiment, elle ne pouvait pas être là. Il ne pouvait pas s'agir d'elle. Tellement absolument impossible que je n'ai même pas ralenti pour constater l'évidence de l'illusion : un sosie.
Il n'empêche que, de retour chez moi... je n'ai pu m'empêcher de chercher du regard un sac à dos posé devant ma porte. Totalement impossible... mais quand même.
Hier, drôle de coïncidence, c'est le sillage de son parfum que j'avais croisé durant une micro-seconde...
Que déduire de ces jaillissements inopinés ? Évidemment que la mémoire est indélébile, que le temps n'efface rien, absolument rien. En fait la mémoire est intemporelle. L'oubli n'existe que tant que la mémoire n'est pas conviée. Lorsqu'il s'agit d'évènements marquants l'empreinte est définitive. Ineffaçable.
Raison de plus pour éradiquer les mauvais souvenirs et sourire à ceux qui rendent heureux...