Réminiscences voyagères
Samedi matin je suis parti avant l'aube pour un long trajet vers un des bouts du monde. Tandis que le jour se levait, ma voiture n'ayant plus d'autoradio, j'ai laissé mes pensées baguenauder : c'est quoi aimer ? c'est quoi des sentiments ? c'est quoi une relation ? Réflexions flottantes et sans but précis, interrompues lorsque je traversais des paysages dont, faute de pouvoir arriver à destination dans un délai raisonnable, je ne pouvais profiter autant qu'ils le méritaient.
J'ai quand même fait quelques haltes, en pensant vous faire partager un peu de ce que je voyais. C'est le cas pour cette petite chapelle, repérée depuis longtemps durant des trajets antérieurs, pendant les quelques secondes qui la font apparaître au détour d'un virage. Ceux qui optent pour les routes sinueuses au lieu des autoroutes la reconnaîtront peut-être.
Un peu plus loin, un pont à la massive finesse offrait une esthétique que la lumière renforçait.
J'aime bien les "vieilles pierres", en particulier celles qui sont peu connues, donc échappant à la phagocytation touristique qui leur ôte leur âme.
Le lieu où je me rendais, à lui seul, avait de quoi satisfaire mon goût pour les espaces sauvages...
C'est dans ce cadre que j'ai eu la chance de pouvoir observer une activité peu commune : marquer de rouge le dos d'une reine. Non, ce n'est pas un truc de pervers, ni antimonarchique : il s'agit de repérer plus facilement dans des ruches ces infatigables pondeuses parmi des nuées d'ouvrières. Voici en exclusivité quelques images prises au péril de ma peau...
Sous ces accoutrement de cosmonautes vous aurez bien sûr reconnu, observateurs comme vous êtes, ma fille. Par contre, avez vous remarqué sa posture ? Assise, c'est déjà pas courant pour s'occuper d'abeilles. Mais une jambe en l'air... terminée par une main ! En fait il s'agit d'un gant destiné à protéger le pied qui dépasse de son plâtre, lui-même protégeant une gracile jambe brisée après un saut malencontreux. C'est d'ailleurs son rapatriement qui m'a donné l'occasion de faire ce voyage inopiné chez ma soeur, qui accueillait deux de mes grands enfants.
J'ai profité de mon séjour là-bas pour faire quelques clichés d'un lieu insolite, quasi westernien... à cinquante mètres de la maison.
Tout ceci est déjà loin, avec le retour au travail de ce matin...
Et ce soir mes cogitations m'ont repris [avant que je ne tente de faire diversion avec mes images de paysages] : c'est quoi une relation ? ça tient comment quand on ne se voit pas ? qu'est-ce qui se joue dans le silence ? qu'est-ce qui se réactive, entre désirs et craintes ? Réminiscences d'un passé qui se réactualise à chaque fois...