Amplitude du mouvement et temps d'évolution

D'une nature plutôt posée, j'aime être destabilisé. J'aime être surpris, ébranlé, voire un peu brusqué. De même j'apprécie la contradiction lorsqu'elle n'est pas opposition stérile. En bref j'aime ce qui me dé-range. Ça me pousse à remettre en question ce que je crois. Ça me permet de repousser mes limites en en réinterrogeant le bien fondé.

J'aime donc, dans ma vie, ce qui bouge, évolue, change. L'immobilisme installé me semblerait être comme une non-vie. Mais... j'ai aussi besoin de temps. L'important n'étant pas pour moi de bouger beaucoup, ni rapidement, mais continument. Je suis dans des évolutions lentes, voire très lentes. Il me faut parfois « le temps des arbres », pour reprendre une formule qui me plaît.

Ces dernières années j'ai incontestablement mis du mouvement dans mon existence, par ailleurs si calme et sereine. Mon orientation vers les relations plurielles, qui en est une des plus évidentes manifestations, est une façon d'évoluer en continu dans mon rapport à l'autre, notamment par la découverte de ce qui se joue dans les tréfonds de l'être. Pour cela il me faut aller chercher du côté des limites. Les miennes et celles d'autrui. Il y a une certaine prise de risque, qui correspond à "tenter la chance" d'aller plus loin en s'affranchissant de barrières mentales.

Les rencontres influentes de mon existence ont toujours été celles qui m'ont bousculé. J'ai alors dû faire face à des évolutions nécessaires dans mon mode de pensée, qui m'apparaissait soudainement désuet. Je me suis trouvé confronté à la différence, dans la limite de ce que je pouvais accepter à ce moment-là. Cette notion de « capacité du moment » est très importante et conditionne toujours la suite de chaque rencontre.

Amplitude du mouvement et temps d'évolution se combinent et peuvent me permettre d'aller très loin... ou rapidement bloquer si le temps n'est pas suffisamment pris en compte.

Avec Kyrann je me sais être dans une de ces rencontres marquantes. Elle m'a tout de suite fortement déstabilisé, bousculé, dérangé... pour ma plus grande satisfaction. En réagissant à sa manière, en cherchant à me faire sortir d'un cadre un peu trop "sérieux", elle a réussi à me faire évoluer très rapidement. J'étais suffisamment prêt pour que cela opère et sa présence à servi de déclic. Cependant la rapidité du processus m'a très vite mis face à mes limites : l'amplitude du mouvement dépend du temps accordé.

Or Kyrann va vite. Très vite. Parfois trop vite pour moi. Dès lors je bloque. Je ne peux/veux pas la suivre. Ces coups de frein ne me semblent pas préjudiciables puisque je sais qu'avec du temps et de la patience je peux aller plus loin. À l'opposé je sais aussi que de forcer les choses ne mène à rien. Personne ne me mènera au delà de ce que je peux accepter à un moment donné. Insister ne ferait que susciter une résistance ferme pouvant aller jusqu'au refus clair et net. Insister encore me mènerait immanquablement vers la colère. Je me connais suffisamment pour savoir jusqu'où je peux aller en restant "confortable". Pour moi la rapidité passe après le bien-être. Je me fous de la vitesse de changement, ce qui compte est que je me sente bien dans ma vie au moment où je la vis.

C'est ce que j'ai vécu il y a quelques semaines, profitant avec Kyrann de bons et joyeux moments de partage. Quelque chose de simple, fluide, sans trop de complications, alternant avec ces secousses qui me font changer. J'ai beaucoup aimé les temps que nous avons partagé et mon désir est évidemment de poursuivre dans ce sens, dans la mesure du possible.

Mais Kyrann ne se sent pas avoir le temps, pour des raisons qui lui appartiennent. Elle a envie de vivre maintenant ce qui lui semble urgent à saisir. Fort bien, c'est une façon d'être que j'accepte... tant que je peux suivre ! Notre problème est qu'il y a télescopage entre ses désirs de changer de vie très vite et le temps qui m'est nécessaire pour évoluer, éventuellement, dans le sens de ce qu'elle souhaiterait. Or actuellement je ne suis pas prêt à aller dans ce sens. Mes réflexions et écrits, induits par ses attentes, nous l'ont démontré...

Cela dit je ne sais pas de quoi l'avenir sera fait et je ne me ferme à aucune éventualité. C'est ma façon de concevoir l'existence. C'est pourquoi j'aurais préféré que nous nous laissions le temps...

(...)

Oeuvre du temps, quelque part dans le Vercors

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Comments

[Lukeria]

On en revient toujours à vivre pleinement l'instant présent... sans attentes ! C'est quand j'ai été capable de le vivre ainsi que j'ai atteint les sommets.