Risquer la différence
Il m'arrive de me demander si, parfois, je ne m'égare pas en cherchant à expérimenter différentes voies plus ou moins éloignées de ce qui me serait confortable. Désireux de bousculer un peu mes limites, j'essaie toutefois de ne pas aller au delà de ce qui me serait admissible sans me dissoudre. Du moins autant que je peux en avoir conscience...
Il y a donc une "prise de risque", que je m'efforce d'évaluer correctement.
N'ayant que partiellement délimité les nouveaux contours de ce que je pense être, je tâtonne encore et suis susceptible de revirements. En même temps je suis certain que mes expérimentations me permettent d'aller plus loin que je n'aurais imaginé. C'est donc à double niveau que j'évolue : à la fois vers quelque chose de plus éloigné et de plus centré. Au loin est l'inconnu, avec ses richesses et ses dangers. En mon centre se trouvent mes certitudes viscérales, celles auxquelles je sais pouvoir me raccrocher en dernier ressort. Elles sont mon socle et mes piliers. L'extérieur demeure expérimental, tentatives en attente d'une éventuelle validation.
Dans cette démarche je n'avance pas seul : c'est avec les autres et par les autres, que je me connais. Parfois en tentant d'emprunter leur route, de les suivre là où, finalement, je saurai que ce n'est pas pour moi. Mais il y a la même part de risque pour autrui à tenter de suivre ma route incertaine...
Aller vers l'autre différent c'est aussi apprendre à dire oui et à dire non. Me positionner. M'affirmer comme différent de lui. Singulier. Je ne peux le faire qu'en étant en contact, en relation, et d'autant plus que cet autre sera différent de moi. Ce n'est pas dans la ressemblance que je m'affirme, mais bien dans la différence.