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Alter et ego (Carnet)
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7 septembre 2008

Le prix de la paix

J'étais en Drôme provençale, ce week-end, pour un rassemblement familial prévu de longue date. Ma mère fêtait un changement de dizaine d'années et avait réuni l'ensemble de sa descendance. Seule Charlotte [ndb : mon ex-compagne de vie] avait décliné l'invitation (elle préfère ne conserver des liens avec chacun qu'en échanges restreints). L'ambiance était chaleureuse et joviale. La génération des petits enfants, dont une bonne part sont de jeunes adultes, apporte toujours fantaisie et humour débridé, iconoclaste, largement apprécié par leurs géniteurs. Les rires ont éclaté souvent et les multiples conversations ont permis à chacun d'entretenir ces si précieux liens originels.

J'étais présent et attentif dans cette joyeuse troupe, souvent plus observateur que participant. Je ne suis pas un homme qui s'épanouit en groupe. Mais j'aime m'y joindre !

Pourtant mes pensées étaient absorbées, cette fois. Il me fallait une certaine concentration pour m'en extraire, incapable que j'étais de me laisser porter par l'insouciance dès que je n'étais pas "pris" dans les échanges.

En fait, j'ai beaucoup cogité...

J'étais parti vendredi dans un état de déroute affectivo-émotionnelle tel que je n'en avais plus connu depuis longtemps. Dépassé par une conjonction de situations en face desquelles je me suis senti incapable de répondre comme il était attendu, j'ai ressenti physiquement une nausée. Crainte de renouveller des situations de malaise et de mal-être dont je sais à quel point elles ont influé sur mon parcours. Ces hauts le coeur surviennent lorsque je me trouve devant des choix personnels dont je sais qu'aucun ne résoudra sans douleur ce qui pose problème. Je ne peux que faire de mon mieux et, dans ces circonstances, agir à l'instinct. Penser d'abord à sauvegarder mon propre équilibre psychique.

Quelle que soit ma volonté de faire au mieux en pensant à autrui, il y a des moments où le seul bon choix est de penser à moi d'abord. Si je ne le fais pas... personne ne le fera pour moi.

Mais cette façon de procéder entre en conflit avec mes convictions, mes valeurs-repères, mélangeant angoisse de faire mal et certitude que c'est le seul choix que je puisse effectuer. Lorsque mes choix impliquent d'autres personnes à qui je tiens, et que je sais qu'en pensant à moi je vais les blesser, parfois profondément, je sens un vertige me prendre. C'est ce qui me fait vaciller en me donnant ces hauts le coeur. Entre l'autre et moi, entre la relation et moi... c'est toujours moi que je sais devoir choisir. Il n'est alors plus question d'être "gentil", mais "vrai". Cette apparente simplicité peut-être difficile à mettre en place, parce que douloureuse. L'énergie nécessaire pour rester, malgré tout, dans une relative sérénité devient alors considérable. Maintenant j'y parviens, mais au prix d'une concentration des pensées qui m'absorbe beaucoup. Rester calme, en état de paix intérieure, et suffisamment "détaché" des choses importantes ne va pas de soi...

Voila... j'ai beaucoup pensé aux souffrances vécues par les femmes qui, à différentes étapes de ma vie, se sont attachées à moi. Qui ont cru en moi, m'ont aimé, et que, malgré mon amour pour elles, je n'ai pas su satisfaire. J'ai eu mal en y pensant, tout en sachant que j'ai toujours fait au mieux de ce qui m'était possible à ce moment-là... Lorsque des incompatibilités sont apparues, si je n'ai pas su les désamorcer... c'est parce que je n'en avais pas les capacités ! Parce que, tout simplement, je ne suis pas tout-puissant et que l'autre a sa propre dynamique évolutive. Il aura fallu, toujours, passer par l'expérience pour le "comprendre"... Comprendre autant les demandes de l'autre que mes limites à ce moment-là. Il y a quelque chose de terriblement désolant à ne comprendre qu'après... et en même temps un formidable espoir de pouvoir faire mieux à partir de ça.

Je sais que ce que j'énonce est une évidence pour quiconque s'est un peu confronté au même genre d'épreuves, mais ces derniers jours je crois avoir passé un cap dans la connaissance de moi-même et d'autrui. J'avais envie d'en garder une trace...

Ne serait-ce que pour mieux m'en imprégner [des piqûres de rappel seront sans doute nécesssaires].

À part ça, aujourd'hui les hautes lumières de Provence étaient particulièrement belles. Ce qui n'a fait qu'ajouter au plaisir inestimable de faire partie d'une famille unie et en paix...

210_1071

Le paysage devant lequel s'est déroulé ce week-end...

Commentaires
A
"J'étais présent et attentif dans cette joyeuse troupe, souvent plus observateur que participant. Je ne suis pas un homme qui s'épanouit en groupe."<br /> <br /> J'ai tout lu.. mais pour l'instant présent je retiens cette phrase. Je la mets au féminin et c'est tout moi !
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L
oui je "comprends" mieux Pierre car ton analyse est clair Un jour viendra où cela s'éclairera sans besoin d'analyse j'en suis persuadé et nous perdrons le plaisir de lire ce "journal tenu par un malade mental doublé d'un abruti qui ne comprend rien à rien" mais qui est si attachant par sa lucidité
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P
ChrisRun et Léon, cette nécessité de "comprendre" pour moi vient peut-être du fait qu'on m'a demandé beaucoup d'apprendre beaucoup de choses que je ne comprenais pas. Et l'image de « celui qui ne veut pas comprendre » m'a longtemps renvoyé vers quelque chose de très négatif. Comme si j'étais stupide...<br /> <br /> Alors maintenant j'essaie de comprendre ce qui m'intéresse, de façon à bien connaître mon sujet. J'aurais pu dire « à bien maîtriser mon sujet », ce qui met en évidence ce que vous suggérez : un désir de contrôle, pour ne pas être pris en défaut. Ce qui, bien évidemment, n'encourage pas la spontanéité la plus débridée...
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L
ah oui ce texte cité par ChrisRun c'est "Antigone" d'Anouilh...<br /> c'est intéressant pour moi : ma mère me lisait ce texte quand j'avais 7-8 ans et elle pleurait et je ne comprenais pas pourquoi elle pleurait.<br /> Aujourd'hui dans "comprendre", je vois: Vivre vivre et ressentir sans vouloir savoir à tout prix pourquoi("disséquer" comme dit ChrisRun).Cela à quelque chose à voir je pense ,Pierre, avec la spontanéité peut être
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C
Le texte que j'ai cité c'est Antigone d'Anouilh !<br /> et justement elle veut pas comprendre...<br /> toi tu décortiques tout, tu dissèques<br /> quand je trouve un nouveau texte de toi, je sais que je vais m'appliquer pour comprendre où tu veux en venir<br /> tu vas penser que je suis pas très douée<br /> sans doute<br /> mais j'aime te lire pourtant<br /> je trouve de moins en moins de parallèle entre ton histoire de rencontre et la mienne<br /> dix mille kilomètres nous séparent mais nos échanges sont quotidiens par mail, par texto, par tél ou sur msn<br /> sans que des paroles "d'avenir" soient jamais prononcées<br /> mais le manque est là et bien là<br /> nous avons chacun des élans de tendresse vers l'autre...<br /> c'est très bizarre cette situation<br /> bises<br /> Chris
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P
Tu es très claire Juju :o)<br /> En gros je souscris à ce que tu dis, et pourtant j'aurais une vision plus optimiste : je crois que tout ce qu'on apprend d'une relation est utile pour les autres. Oui, on fera de nouveau des erreurs, parfois en ayant cru comprendre... Oui, chaque relation est un cas particulier parce que chaque personn est singulière. Il n'empêche qu'il existe de grands principes, universels, et que ce sont ceux-là qu'on peut apprendre au cours de différentes expériences relationnelles. Ne serait-ce que, comme tu le dis, parce qu'on se connaît mieux soi-même. Et ça, c'est déjà une des plus importantes clés pour "réussir" une relation.<br /> <br /> ChrisRun, j'ai l'impression que dans le texte que tu cites il est plutôt question d'APPRENDRE (en l'occurence : apprendre sans comprendre !), camouflé sous le vocable de "comprendre". Moi j'ai envie de comprendre (donc d'apprendre !). Ou au moins avoir l'impression que je comprends un peu mieux les choses au fil du temps...<br /> <br /> Alainx, je crois que j'apprends à être "vrai", parce que je comprends qu'être "gentil" joue dans des registres affectifs d'origine infantile. Un adulte n'a pas à être "gentil".
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A
"Il n'est alors plus question d'être "gentil", mais "vrai". Cette apparente simplicité peut-être difficile à mettre en place, parce que douloureuse."<br /> <br /> Je pense que bien des choses sont dites dans cette phrase particulièrement lumineuse...<br /> <br /> Être "vrai" n'est jamais simple.... (Comme tu dis la simplicité de cette attitude n'est qu'APPARENTE...).<br /> Être "gentil" et souvent un très bon refuge...<br /> <br /> Pourtant, "être vrai" est une attitude qui libère, mais on paye toujours le prix de cette liberté à conquérir.<br /> <br /> C'est souvent après-coup que l'on se dit que l'on a été idiot d'être "gentil" si longtemps...<br /> <br /> (Enfin... C'est un peu ma modeste expérience...)
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C
bonjour<br /> ce matin, te lire Pierre me fait penser à ce texte que j'aime depuis mon adolescence :<br /> "Comprendre... Vous n'avez que ce mot-là à la bouche, tous, depuis que je suis toute petite. Il fallait comprendre qu'on ne peut pas toucher à l'eau, à la belle eau fuyante et froide parce que cela mouille les dalles, à la terre parce que cela tache les robes. Il fallait comprendre qu'on ne doit pas manger tout à la fois, donner tout ce qu'on a dans ses poches au mendiant qu'on rencontre, courir, courir dans le vent jusqu'à ce qu'on tombe par terre et boire quand on a trop chaud et se baigner quand il est trop tôt ou trop tard, mais pas juste quand on en a envie ! Comprendre. Toujours comprendre. Moi, je ne veux pas comprendre. Je comprendrai quand je serai vieille. (Elle achève doucement.) Si je deviens vieille. Pas maintenant."<br /> douces bises<br /> Chris de la Réunion
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J
"Il y a quelque chose de terriblement désolant à ne comprendre qu'après..."<br /> <br /> C'est ce que je voulais dire un jour, quand j'ai émis le sentiment que l'amour est comme un éternel recommencement(ce qu'on sait avec l'un ne sera pas gage de réussite avec l'autre et tout ce qu'on veux "maitriser" ou éviter ne donnera pas plus de "réussite" à une nouvelle relation,je résume hein?!) et qu'apprendre ou comprendre d'une relation "ne sert à rien" pour une autre souvent, dans le sens où ce que l'on croit maitriser finalement se transforme parfois en une autre série de quiproquos, d'incompréhensions, de douleurs et de questionnements que l'on fini par comprendre...après.Sourire... Pour autant apprendre pour s'améliorer...ça c'est essentiel.Apprendre, comprendre de soi "dans la relation en général" pour ne plus se perdre, se frustrer et envenimer le rapport à l'autre...qui toujours est imprévisible et nous rends imprévisible dans une certaine mesure finalement!<br /> Bon, comme d'habitude...j'ai le sentiment d'être parfaitement incompréhensible! bizzz
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S
Bon, ben du coup, j'ai envoyé un mail ;-)
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