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Alter et ego (Carnet)
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29 octobre 2008

Traces et archives

Il y a quelques jours Samantdi lançait à ses lecteurs : « est-ce que ça vous prend, à vous aussi, l'envie de faire disparaître vos archives ? ». Ce soir c'est Julie, alias juju, qui annonce la fermeture prochaine de son blog. Ses archives ont d'ores et déjà disparu.

Depuis mes presque neuf ans de présence dans le monde des écrivants en ligne j'en ai vu disparaître des sites, des archives, des noms... C'est tout à fait dans le sens de la vie mais ça ne m'empêche pas de ressentir un petit pincement lorsque je le constate.

Jusqu'à maintenant j'ai fait le choix contraire : je laisse tout en ligne et je n'ai pas prévu de disparaître un jour [mais qui connaît l'avenir ?]. Je m'inscris dans la durée, la perpétuation, la conservation.

Ne me demandez pas pourquoi : je n'en sais rien...

S'il advenait que je me lasse d'écrire il me semble que je conserverais intacts mes espaces d'écriture. Et là je sais davantage pourquoi : c'est parce qu'un jour j'ai été happé par les mots archivés d'une inconnue que je me suis lancé dans la grande aventure de l'écriture en ligne. Aventure qui m'a progressivement mené à réorienter ma vie et à être ce que je suis aujourd'hui. Certes, si je n'avais jamais croisé les traces de cette trajectoire ma vie aurait suivi un autre cours, qui aurait peut-être mené à un résultat semblable... ou totalement différent. Je ne le saurai jamais et c'est sans autre importance que de mettre en évidence l'importance des infimes variations ouvrant à d'infinies possibilités.

Mais l'importance potentielle que peuvent prendre ces possibilités vaut à mes yeux de les maintenir existantes. Je les vois comme des portes, des passages où peuvent se produire des rencontres. Ouvertures propices aux hasards, éventualités de synchronicités que j'ai envie de maintenir le plus longtemps possible.

Je comprends toutefois le désir de changement, d'effacement de traces, de disparition. Je mentirais si je disais n'y avoir jamais pensé...

Juju écrit : « Il y a dans ce monde des blogs quelque chose d'effrayant. C'est de voir comme finalement nous y sommes à nus et tellement plus vrais souvent que dans la "vraie vie" »

Oui, c'est un peu effrayant de se sentir plus vrai que ce qu'on est. Absurde ! Parfois je me demande ce qui me pousse à rester dans cette aberration autobiographique... si ce n'est le désir de laisser accessible le témoignage singulier d'un individu qui se cherche.

Commentaires
P
Pas de problème Pati : je n'ai aucune objection à ce que s'échangent ici des propos ouverts à tous et, pour tout dire, j'apprécie que cela se produise ;o)
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P
jeanne, tu es la bienvenue dans mon antre :)<br /> <br /> les textes dont je parle sont anciens, mais consultables sous les rubriques qui commencent par "notes"<br /> <br /> désolée d'utiliser ainsi ton espace, Pierre :))
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V
Mais non AlainX c'est un fantasme de penser que tout est gardé. Les robots sont incapables d'enregistrer et de conserver toutes les traces. D'énormes robots moulinent effectivement mais conservent des traces partielles et partiellement aléatoires de la toile mouvante.<br /> <br /> C'est bien pourquoi des institutions comme la BNF font des collectes ciblées , en complément des collectes générales robotisées, pour conserver alors intégralement certains sites. Mais je crains fort Juju que ton site n'ai pas été collecté bien que tu sois en lien chez Pierre ou chez moi.<br /> <br /> Tout ça c'est vrai pose de façon plus générale la question de droit rivaux, le droit à la mémoire et le droit à l'oubli, qui sont légitimes l'un comme l'autre. Mes propres tropismes comme ceux de Pierre sont conservateurs mais je comprends aussi ceux qui préférent l'effacement et l'éphémère.
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J
"j'ai bizarrement encore besoin de m'assurer qu'on peut se relever de (presque) tout."<br /> <br /> pati, cette phrase me donne l'envie d'aller vous lire. Dans la quête de l'antidote à l'éducation qui me fut inculquée : " le deuil originel à vivre tout au long de la vie comme une impossible réparation".
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L
oui magnifique tout cela ! merci Pierre de permettre cette rencontre des pensées sur le monde et la vie
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P
je n'ai pas du tout envie d'effacer les notes posées sur mon blog. ni effacer celui-ci.<br /> <br /> parce que moi aussi, j'ai voulu transmettre. et c'est pour ça que mon blog a été rendu public et l'est resté.<br /> <br /> et puis surtout parce que même si ces écrits datent, ils restent une part de ce que j'étais et de ce que je suis. et que j'assume cela. <br /> <br /> et j'espère bien l'assumer toujours, même bien plus tard ! ;))<br /> <br /> en fait, je me dis parfois que ces mots m'aideront à rester fixée au centre de moi-même. à ne pas m'éloigner de trop de la route que je me suis choisi. qu'ils me serviront d'ancre, si jamais je dérive.<br /> <br /> et puis, je suis une grande nostalgique. j'aime me replonger dans certains écrits, pour ce qu'ils révèlent des émotions que j'ai vécu.<br /> <br /> j'ai bizarrement encore besoin de m'assurer qu'on peut se relever de (presque) tout.<br /> <br /> belle note, Pierre, et de très intéressants commentaires. :))
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P
Merci à vous tous pour la diversité et la qualité de vos interventions. J'aime beaucoup ce qui est dit ! :o)<br /> <br /> Nos différences apparaissent bien entre ceux qui tiennent à gardent les traces "matérielles" et ceux qui préfèrent s'en couper, les effacer. Les motivations individuelles qui y conduisent m'intéressent et en disent long sur nos façons de vivre avec nos souvenirs.<br /> <br /> Jeanne... j'ai envie de te dire de bien réfléchir avant tout acte irréversible : st si, au lieu de détruire, tu mettais tout cela hors de ta portée ? En donnant à garder, par exemple, ces photos. Elles pourraient être importantes pour ta petite fille, un jour. Que toi tu aies besoin de t'en couper n'implique pas forcément que tout le monde soit privé de cette trace de votre vie commune. A ce propos je pense à Samantdi, du blog "Vie commune", qui regrettait un jour de n'avoir que très peu de photos de son père. J'ai tendance à penser que notre mémoire ne nous appartient pas totalement : elle appartient aussi à nos descendants.<br /> <br /> Pour des lettres c'est un peu différent, quoique là encore cela puisse apporter beaucoup à cette descendance pour comprendre, appréhender, ses origines.<br /> <br /> En tout cas, Jeanne, tu n'écris pas mais quand tu le fais... c'est bien intéressant :o) <br /> <br /> Julie... comme le signale Alainx nos écrits sont en partie sauvegardés. Je ne sais pas si l'INA se charge de cette collecte, et encore moins si c'est au quotidien, en revanche je sais que la BNF procède à des collectes régulières (tous les six mois environ) d'une PARTIE du web français. Et notamment en suivant une arborescence des liens entre sites. Mon blog fait partie de cette arborescence, ainsi que d'autres de la blogobulle que je fréquente ayant un lien pointé vers ton site, juju. Il est donc fort possible qu'une copie de ton site existe à la BNF... Tout ne serait alors pas perdu.<br /> <br /> Quilaquina, pour ma part je m'inscris dans un processus de mémoire qui va au-delà de la mienne : je lègue à mes enfants, petits-enfants, et quiconque s'y intéressera, des traces de ce qui aura été ma vie. J'aime cette idée de transmission, de "racines", dont j'ai eu la chance de bénéficier dans une partie de ma famille. Je pense notamment à des photos, des textes, des dessins, des films...<br /> <br /> De même j'ai beaucoup mieux compris une part des origines de mon épouse en lisant le journal de son arrière-grand-père.<br /> <br /> Julie deux ailes, la nostalgie fait évidemment partie de ce qui accompagne les remontées d'émotions quand on retrouve les traces d'un présent devenu passé...<br /> <br /> Moi aussi je reste attaché (mot chargé de sens...) aux belles histoires d'amour que j'ai vécu. En faire disparaître les traces équivaudrait pour moi à les nier, comme à la rayer de mon existence. Loin de les effacer de mes souvenirs, il me semble que je les transformerais en fantômes : sans traces réelle, sans consistance. Même si je ne relis que très rarement des bribes de mon passé, je sais qu'il m'est accessible dans le détail, et surtout avec une "vérité" différente que ce que ma mamoire transforme. Reste à savoir si ce qui importe est une relative véracité ou comment celle-ci a été transformée et incorporée au présent. <br /> <br /> Ce que met en évidence Jeanne : « Effacer les traces matérielles ce n'est pas effacer les traces en nous, c'est laisser la liberté à notre corps, à notre mémoire de conserver ce qui est utile, ce qui est essentiel pour notre construction présente et future. Qu'est ce qui est le plus réel : les photos ou le souvenir que nous en avons ? »<br /> <br /> Et nous voila revenant sur la difficulté de cerner ce qu'est la réalité... Le faire ici, dans le monde dit "virtuel", ne manque pas d'ironie :o)<br /> <br /> Telle, ce que tu dis me décroche un large sourire : hier soir je pensais justement au principe du blog d'une page, effaçant à chaque fois la précédente !!!<br /> <br /> La encore, la réalité est-elle dans l'instant présent ou dans une continuité, succession d'instants qui dessinent une trajectoire ? Finalement ne sont-ce pas les deux "philosophies" qui se répondent dans cette suite de commentaires ?
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T
Souvent, je rêve d'un blog d'une page seulement, où chaque nouveau billet détruirait le précédent et où je pourrais quant à moi garder les archives pour les relire un jour. Je suis tétanisée quand quelqu'un commente soudain un très vieux billet ou y fait allusion, comme s'il ne s'agissait plus tout à fait de moi. <br /> <br /> Il y a de l'éphémère dans nos billets, et pourtant, cet éphémère dessine une continuité, pour les autres ou, quand on est très lucide, pour soi.<br /> <br /> Bises.
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J
Effacer les traces matérielles ce n'est pas effacer les traces en nous, c'est laisser la liberté à notre corps, à notre mémoire de conserver ce qui est utile, ce qui est essentiel pour notre construction présente et future. Qu'est ce qui est le plus réel : les photos ou le souvenir que nous en avons ?<br /> Bon, d'accord je n'ai jamais écrit sur mes émotions, les mots ne sont pas mes amis et me trahissent, alors, peut-être cette différence-là est elle un fossé infranchissable entre nos conceptions. Et surtout je ne suis pas entrain de donner un conseil sur ce que d'autres devraient faire.<br /> <br /> De la même manière, je ne me souviens pas toujours d'une lecture , par contre je garde le souvenir de ce que j'ai ressenti et des retentissements que cette lecture a provoqué en moi.<br /> <br /> Jeanne, handicapée des mots.
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J
J'écris sur mon blog depuis 3 ans, j'ai engrangé sur la toile bonheur, souffrance, passion, égarements, la liste est longue...<br /> J'ai grandi, évolué, trébuché et chaque note a fait état de mon histoire. Certains épisodes ont été douloureux, certains bonheurs lorsque je les relis, le sont un peu aussi. Le goût des regrets sans doute, la nostalgie aussi d'une passion vécue et terminée.<br /> Mais quoiqu'il en soit, jamais je ne pourrai effacer ce qui un jour est sorti de mes tripes, ce qui est né aussi de mon amour pour un homme que j'ai aimé passionnément. Par contre pour me protéger d'une douleur qui me taquine encore lorsque j'ai sous les yeux certains passages de mon amour, j'ai changé le statut de mes notes et passé certaines en mode brouillon. Petite protection contre le chagrin que j'ai décidé de ne pas ruminer sans fin.<br /> <br /> Je pense de toute façon que quoique l'on fasse, effacer des écrits ne sert à rien, notre mémoire est vive, notre corps aussi a ses marques et puis tu vois, je me dis qu'un jour lorsque je serai une vieille femme ridée, je serai heureuse de relire ma passion de jeunesse. Chaque rencontre heureuse ou malheureuse nous forme et nous transforme et c'est très bien ainsi.<br /> <br /> Mais encore une fois aucune règle à ériger, chacun fait comme il peut avec sa vie.
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