Traces et archives
Il y a quelques jours Samantdi lançait à ses lecteurs : « est-ce que ça vous prend, à vous aussi, l'envie de faire disparaître vos archives ? ». Ce soir c'est Julie, alias juju, qui annonce la fermeture prochaine de son blog. Ses archives ont d'ores et déjà disparu.
Depuis mes presque neuf ans de présence dans le monde des écrivants en ligne j'en ai vu disparaître des sites, des archives, des noms... C'est tout à fait dans le sens de la vie mais ça ne m'empêche pas de ressentir un petit pincement lorsque je le constate.
Jusqu'à maintenant j'ai fait le choix contraire : je laisse tout en ligne et je n'ai pas prévu de disparaître un jour [mais qui connaît l'avenir ?]. Je m'inscris dans la durée, la perpétuation, la conservation.
Ne me demandez pas pourquoi : je n'en sais rien...
S'il advenait que je me lasse d'écrire il me semble que je conserverais intacts mes espaces d'écriture. Et là je sais davantage pourquoi : c'est parce qu'un jour j'ai été happé par les mots archivés d'une inconnue que je me suis lancé dans la grande aventure de l'écriture en ligne. Aventure qui m'a progressivement mené à réorienter ma vie et à être ce que je suis aujourd'hui. Certes, si je n'avais jamais croisé les traces de cette trajectoire ma vie aurait suivi un autre cours, qui aurait peut-être mené à un résultat semblable... ou totalement différent. Je ne le saurai jamais et c'est sans autre importance que de mettre en évidence l'importance des infimes variations ouvrant à d'infinies possibilités.
Mais l'importance potentielle que peuvent prendre ces possibilités vaut à mes yeux de les maintenir existantes. Je les vois comme des portes, des passages où peuvent se produire des rencontres. Ouvertures propices aux hasards, éventualités de synchronicités que j'ai envie de maintenir le plus longtemps possible.
Je comprends toutefois le désir de changement, d'effacement de traces, de disparition. Je mentirais si je disais n'y avoir jamais pensé...
Juju écrit : « Il y a dans ce monde des blogs quelque chose d'effrayant. C'est de voir comme finalement nous y sommes à nus et tellement plus vrais souvent que dans la "vraie vie" »
Oui, c'est un peu effrayant de se sentir plus vrai que ce qu'on est. Absurde ! Parfois je me demande ce qui me pousse à rester dans cette aberration autobiographique... si ce n'est le désir de laisser accessible le témoignage singulier d'un individu qui se cherche.