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Alter et ego (Carnet)
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30 novembre 2008

L'origine d'une colère

Vendredi soir j'étais chez ma psy [oui, je vois une psy, qui me permet d'aller titiller du côté de ce que je laisserais de côté sans m'en aperçevoir]. Je lui ai raconté, en gros, le résultat de mes dernières semaines de cogitation intime. Cette colère qui est apparue, que je cultive sans la laisser proliférer ni envahir le jardin de mes pensées pacifistes.

Ma psy m'a aidé à préciser le sens des liens qui, indiscutablement, réunissent le passé lointain de mon enfance et celui plus récent d'un amour tumultueux. Ce n'est pas nouveau. Il y a bien longtemps que j'avais perçu ce lien étrange.

Pas si étrange en fait, puisque dans les deux cas il est question de relations affectives, et même d'amour.

Mon père était un homme autoritaire, facilement irascible dès que quelque chose le contrariait. J'ai dès l'origine admis ce postulat absurde : il avait forcément raison. Et jamais tort. Si quelque chose n'allait pas, ça venait forcément des autres. De ma mère, de mon frère, de moi. Forcément. Nous étions responsables des colères de mon père. Crises de fureur redoutables et disproportionnées.

Fort de cet exemple ma représentation de la colère est celle d'une violence incontrôlable, terrorisante. Très tôt je me suis soumis, suradapté afin d'éviter au maximum l'apparition de ces tempêtes. Je suis devenu un garçon bien poli, obéissant et très sage. Quelques épisodes édifiants sont racontés dans les Ricochets des blogueurs.

Ma propre révolte contre cette injustice d'une autorité abusive et liberticide, je l'ai étouffée. J'ai nié ma colère. Je ne me souviens pas de l'avoir extériorisée avant l'âge de vingt ans, lors d'un voyage aux États-Unis. Las Vegas ne s'en souvient probablement pas, mais dans ma famille, « le jour où Pierre s'est mis en colère » est resté dans les annales. J'ai cloué le bec à mon père en gueulant encore plus fort que lui, lâchant tout ce que j'avais contenu depuis des années. Il en était resté sidéré, se plaçant pitoyablement comme victime d'ingratitude, lui qui pensait « faire tout pour nous faire plaisir ».

Il n'avait pas tort... mais cela ne lui donnait pas le droit d'avoir une attitude dictatoriale.

Maintenant je sais que mon père est un grand angoissé, quelqu'un qui cachait sous le masque de l'autorité son manque d'assurance. L'autoritarisme, force des faibles, peut faire illusion aussi longtemps que celui qui s'y soumet ne découvre pas la faille qu'elle cache. Après ce n'est qu'une question de temps : la stature du modèle ne peut qu'inexorablement se déliter. Jusqu'à retrouver une place normale, humaine, fragile. Et finalement aimable dans son humble vérité...

Voilà vingt-sept ans que l'image statufiée de mon père se délite, malgré l'importance considérable des représentations tatouées sur mon esprit d'enfant. J'ai appris à l'aimer pour ce qu'il est, et plus encore par ses faiblesses.

Jeune adolescent je me souviens avoir souhaité sa mort. Je ne l'aimais pas. Il me détruisait à force d'humiliation, de rabaissement. Il n'avait pas la capacité de comprendre mon monde, émotionnel et rêveur, ni même de s'y intéresser. Lui seul avait raison... et moi je me sentais nul. Ne vallant rien.

Ma psy m'a demandé si je me sentais coupable de ces désirs de mort. Non, je ne crois pas. Mon père était vraiment malfaisant avec moi. Involontairement, bien sûr, et croyant agir pour mon bien, mais malfaisant quand même. Nuisible. Le détester c'était me sauver. Aujourd'hui je porte encore les stigmates de ses attitudes dénigrantes. Je me demande si toute ma vie ne sera pas consacrée à "réparer" cette destruction précoce... en même temps qu'elle m'aura donné l'occasion d'une exploration poussée de ses répercussions. Mon désir "d'aider" les autres à mieux communiquer, à mieux être en relation, à mieux se responsabiliser, découle directement de ce traumatisme.

Je crois que mon père a, dès l'origine, faussé ma perception de la réalité et de la "normalité". Ce que je percevais de lui était aberrant, absurde, dénué de sens et de logique. Un jour il était tendre et le lendemain il pouvait être violent pour des broutilles. Imprévisible. Ce que je vivais dépassait mon entendement. C'était incompréhensible.

Et pourtant je sentais bien qu'il nous aimait... qu'il m'aimait. À sa façon.

Je crois que ma colère d'aujourd'hui vient de là : l'absurdité des injonctions, l'impossibilité d'y répondre, l'injustice de ses réactions. Il a fait de moi un être très longtemps soumis, égaré en l'absence de directives fiables, apeuré et hésitant face à chaque décision à prendre. Les séquelles sont importantes.

Mon frère, au contraire de moi, est devenu rebelle et fonceur. Toute sa vie il a joué avec le risque, l'esbrouffe, la démesure. Façon d'exister différemment de ce père en sortant de son ombre, tout en écrasant, comme lui, son entourage "faible". Mon frère est aussi gros que je suis mince. Aussi exubérant que je suis discret. Aussi rétif à la rétrospection que je peux m'y retrouver. Il fonce autant que je suis lent. Ayant opté pour des tratégies de survie opposées, nous sommes quasiment des étrangers l'un pour l'autre. Et pourtant si semblables, selon nos enfants...

Quand j'y pense, le sentiment de gâchis est terrible.

Aujourd'hui mon père a peur de la mort. Elle semble le hanter. En même temps il continue de fuir son intériorité, incapable de parler de ses émotions. Dès que les sujets de conversation que je peux avoir avec ma mère deviennent un peu personnels, ou "psychologiques", il s'en va. Parfois il écoute, attentif mais sans dire un seul mot. Je crois que tout cela l'impressionne, lui qui n'a pas la capacité d'accéder à cette expression intime. Il n'empêche pas d'en parler en sa présence, signe qu'il respecte et s'y intéresse, mais il ne peut pas y prendre part.

Ma colère vient de cette retenue... que je ne peux qu'accepter.

Colère inexprimable contre cet homme du passé, à la fois proche et lointain, qui m'a dominé et avec qui je n'ai jamais vraiment pu parler. Parce qu'il (se) fuit et que je ne veux pas imposer la parole, par crainte de le fragiliser.

Colère inexprimable contre mon frère, qui a cassé mes tentatives de rétablissement d'un dialogue confiant, interdisant de fait une réunification.

Colère inexprimable en face d'une confidente devenue totalement hermétique. Situation aberrante, longtemps incompréhensible, réactualisant absurdement les traumatismes du passé.

Colère contre moi-même, énorme, de n'avoir pas su faire autrement que me soumettre, par crainte d'une démesure dans la violence et le rejet. Colère de n'avoir pas su prendre ma place plus tôt, de n'avoir pas osé affirmer mes limites, mes refus, mes forces. De ne pas m'être suffisamment fait confiance. Colère d'avoir eu peur de la colère. Indulgence aussi, vis à vis de l'enfant que j'étais, de l'ado fragilisé, de l'adulte inexpérimenté...

Tout cela est confus et complexe, source d'ambivalence. Il me faut du temps pour clarifier encore.

Aujourd'hui j'ai un regard indulgent et prudemment bienveillant envers mon père et mon frère. Je mesure leur sensibilité dissimulée, leur fragilité protégée. Il en va de même avec l'amoureuse enfuie. En même temps je garde le souvenir de ce que j'ai dû combattre pour restaurer l'image de moi qu'ils ont chacun, en leur temps, contribué à destructurer. Peu à peu je me (re)trouve, je parviens à exister à mes yeux, sans me référer aux leurs. J'existe par moi-même.

Ma façon d'aimer en est grandement influencée. Elle est devenue très autonome et fortement solitaire.

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Commentaires
C
Bonjour Walipache. Je ne sais pas si quelqu'un pourra vous répondre, tant cela fait appel à des ressentis personnels liés à un parcours de vie. Il me semble que vous seule pouvez trouver l'origine de cette colère… en vous appuyant sur votre psy, qui pourra vous aider à faire émerger cette conscience en vous.
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W
Bonjour,<br /> <br /> Je post un commentaire même si ma situation est différente mais c'est au cas ou quelqu'un aurait eu un problème similaire...<br /> <br /> En fait je suis depuis un mois très fatiguée, besoin de dormir beaucoup, manger beaucoup, le sport on oublie, très irritable et j'ai en fait une colère en moi, quelque chose que je ne maitrise pas ou mal, mais j'ai beaucoup de mal à maitriser cette colère car je ne sais pas quelle en est son origine.<br /> <br /> Je ne suis pas bien, j'ai un vrai mal-être mais je ne sais pas d'ou il vient.<br /> <br /> En en parlant à mon psy, ce dernier me demandait si cela ne pouvait pas être du à ce "mois" particulier et c'est vrai que les années précédents à cette période je me retrouvais toujours en situation de précarité (fin de CDD approchant, étude qui ne correpsondait plus à mon gout), mais pensez-vous que seul cet élément puisse me faire avoir une telle colère étant donné que je suis cette année en CDI et que professionnellement tout va bien ?<br /> <br /> SI quelqu'un a déja vécu une situation similaire, n'héssitez pas à me répondre.
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P
Lsingulière, j'ai la conviction que la prise de conscience des risques de reproduction était le meilleur moyen d'en réduire la portée. Certes quelque chose en nous est "faussé", mais de le savoir permet une vigilance qui permet de "détordre" notre façon d'être.<br /> <br /> Aude, je crains que ce genre de père soit assez fréquent, hélas. A se demander si la tyrannie n'est pas le signe d'une grande fragilité intérieure. Quand on parvient à sortir de son emprise, le regard change et peut devenir compassionnel. Avec du temps...
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A
Ca alors, on a eu le même père on dirait...<br /> Le mien sous ses dehors de tyran nerveux était fragile, stressé, et a été mal aimé enfant et aussi tyrannisé...<br /> Aujourd'hui, il est pré-retraité et dépressif.<br /> Il m'a fallu devenir adulte pour voir ses failles et le plaindre au lieu de le craindre.<br /> Et lui pardonner.
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L
C'est douloureux pour moi de lire cette vérité, ma vérité. J'ai toujours l'impression diffuse d'être dans une autre dimension que le commun des mortels tant ma perception du monde est faussée par ma relation avec ma mère et aujourd'hui ma seule angoisse est de ne pas reproduire ça avec mes propres filles !
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K
Sans blague...
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P
Merci Léon... J'ai compris ce que tu voulais dire. J'aime énormément ce texte, qui m'émeut à chaque fois que je le lis.<br /> <br /> J'aime cette phrase, particulièrement éloquente : « Mais j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde. »<br /> <br /> Celle-ci me parle beaucoup, aussi : « Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. » Je crois pouvoir dire que c'est un des piliers de ma philosophie personnelle.<br /> <br /> Kalynn, on n'a pas toujours conscience que l'on agit par crainte de l'avenir ;o)
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K
Toutes mes excuses Camille ! C’est vrai que tu as écris « moi aussi, je le vivais bien », tu écris donc au passé. Je croyais avoir lu que tu le vivais bien, encore maintenant, malgré la compréhension de ce qui t’a fait réagi de cette façon (pour te protéger).<br /> <br /> Pierre, je sais que tu penses au présent quand tu décris tes cogitations et ressentis. Je sais que ça changera peut-être un jour... comme peut-être pas... et que seul l’avenir le dira.<br /> Je n’ai pas dit que ce fonctionnement était définitif chez toi... moi aussi, je parle au présent.<br /> <br /> « C'est quand on pense à l'avenir que les craintes apparaissent, l'inquiétude, la souffrance... »<br /> Ben non... en ce qui me concerne, c’est bien le présent qui me fait souffrir. Le futur, je n’y pense pas vraiment. J’ai quelques inquiétudes, c’est vrai. Mais ce n’est pas ce qui me plombe.
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L
"un seul être nous suffit pour exister au monde" pour expliciter je vais demander l'aide d'un saint(rires): <br /> "Tu vois, là-bas, les champs de blé? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé... <br /> Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince : <br /> -S'il te plaît... apprivoise-moi! dit-il. <br /> -Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître. <br /> -On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi![...] <br /> <br /> Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure du départ fut proche : <br /> -Ah! dit le renard... je pleurerai. <br /> -C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise... <br /> -Bien sûr, dit le renard. <br /> -Mais tu vas pleurer! dit le petit prince. <br /> -Bien sûr, dit le renard. <br /> -Alors tu n'y gagnes rien! <br /> -J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé. <br /> Puis il ajouta : <br /> -Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d'un secret. <br /> Le petit prince s'en fut revoir les roses. <br /> -Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisées et vous n'avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres. Mais j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde. <br /> Et les roses étaient gênées. <br /> -Vous êtes belles mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c'est elle que j'ai écouté se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c'est ma rose. <br /> Et il revint vers le renard : <br /> -Adieu, dit-il... <br /> -Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux. <br /> -L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir. <br /> -C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. <br /> -C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... fit le petit prince, afin de se souvenir. <br /> -Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose... <br /> -Je suis responsable de ma rose... répéta le petit prince, afin de se souvenir." <br /> Antoine de Saint Exupery <br /> <br /> voilà, il suffit de ta rose...et se sera ton unique être.. ce qui n'empêche pas d'apprivoiser un renard aussi...il sera ton unique ami...
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P
Ah ben je vois que les conversations se poursuivent en mon absence... Tant mieux !<br /> <br /> Oui oui, il y a beaucoup de choses intéressantes ici et camille l'impertinente pose des questions très pertinentes. Ça fait partie de ce que j'apprécie chez elle.<br /> <br /> Tu as bien remarqué le "maintenant", Camille, qui est bien dans l'idée du moment. Je crois ne plus parler de quoi que ce soit comme étant définitif ou acquis, mais seulement en fonction de ce que je pense à un moment donné. L'avenir recèle bien trop d'incertitudes...<br /> <br /> Comme toi je sais que ce que je vis actuellement avec une certaine effervescence pourrait bien perdre de sason pétillant un jour. Ces échanges que j'ai actuellement, et notamment grâce à ma présence sur internet, perdront probablement de leur intensité un jour, me laissant devant une "solitude" que je ne ressens pas en ce moment. Mais bon... je verrai bien. Pour l'heure je vis les choses d'une façon qui me plaît. Demain est un autre jour...<br /> <br /> Si ultérieurement je ne trouve plus suffisamment de satisfaction dans les échanges de pensées et le plaisir des rencontres... ben je ferai autre chose ! J'ai largement de quoi m'occuper en me faisant plaisir dans mon coin de campagne ou en investissant des actions collectives diverses.<br /> <br /> Oui, comme toi je me suis adapté aux circonstances avec/sans les relations qui m'étaient importantes. Mais ne fait-on pas que ça, dans l'existence ? Résister étant souvent vain, ne reste que l'acceptation de ce qui est. Je n'ai pas voulu garder de tristesse par rapport à la déception dont je parle. Je trouve juste que c'est dommage, mais comme cela ne dépend plus de moi... ben j'accepte ce qui est (ce qui n'empêche pas quelque colères, qui font partie du processus d'acceptation).<br /> <br /> Je comprends très bien ta colère face à l'injustice que tu ressens. La mienne est similaire quoique ne s'exerçant pas dans le même sens. Et c'est probablement parce que je ne veux pas accumuler les déceptions ni multiplier les ressentis injustes que je me mets "hors-jeu" vis à vis des relations amoureuses. Ce n'est même pas un choix, mais un constat d'adaptation.<br /> <br /> En te lisant je pensais à ces personnes qu'on appelle "passeurs", parce qu'ils aident les autres à grandir... mais ne bénéficient pas directement de ce qu'ils ont donné. Il y a peut-être les passeurs qui auraient aimé faire durer ce qui existe, et ceux qui estiment avoir fait assez (ou ignorent ce à quoi ils ont contribué) et coupent les ponts.<br /> <br /> Pour ce qui est des échanges par internet, bien sûr que mon écriture aurait été différente, et n'aurait probablement pas duré, si personne n'avais jamais envoyé de retour de lecture. Mais de la même façon que j'aurais cessé de parler si personne n'avait jamais répondu à mes paroles. L'échange est indispensable pour évoluer et prendre sa place d'humain. Cela dit je suis persuadé que les échanges par internet ont quelque chose de différent, beaucoup plus porté par la part d'imaginaire. Avec avantages et inconvénients...<br /> <br /> Pour ce qui est de répondre plus rapidement en public qu'en privé, c'est très juste ce que tu dis. Je crois que ça s'explique de plusieurs façons : temps et audience. Écrire demande du temps et la formule "commentaire" permet, il me semble, des réponses plus courtes (parce que vues par un public varié). Et pour ce qui est de l'audience... ben en répondant sur le blog je fais une réponse collective, donc j'optimise mon temps. Mouais, enfin je sais pas trop, mais il y a de ça. Ce qui n'excuse en rien le délai de réponse aux mails ;o)<br /> <br /> Léon, ton intervention me fait penser à cette phrase, lue il y a peu chez Coumarine : « Ce que je t'ai donné, je le sais<br /> Ce que tu as reçu, je l'ignore. » (Antonio Porchia). Je l'avais trouvé très juste !<br /> Par contre, quand je lis « qu'un seul être nous suffit pour exister au monde », je me dis que je dois louper quelque chose dans le sens de la phrase... parce que je ne ressens pas du tout les choses comme ça.<br /> <br /> Kalynn, je reprends ce que j'ai répondu à Camille : j'aime ma solitude (relative...) MAINTENANT, mais rien ne me dit que c'est une satisfaction définitive. Disons que je profite de cet état pour explorer cette façon de vivre, et que je ne suis pas pressé d'en sortir... ni décidé à y rester.<br /> <br /> Pour ce qui est de la liberté, j'ai appris qu'elle était d'autant plus "vivable" qu'elle était circonscrite. Donc pourquoi pas un mur sur lequel s'appuyer pour aller plus loin dans d'autres directions ? Ce serait enfermant seulement si c'était un choix DEFINITIF :o)<br /> <br /> Cette notion de "l'ici et maintenant" (et son corollaire : l'impermanence) est très importante pour expliquer le plaisir qu'on peut ressentir à vivre au moment présent. C'est quand on pense à l'avenir que les craintes apparaissent, l'inquiétude, la souffrance...
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