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Alter et ego (Carnet)
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12 décembre 2008

Un monde de silence

De nouveau relié au monde ! Aux pensées et paroles des autres, aux sons, à la vie...
Je retrouve en même temps la possibilité de m'exprimer.

Employée au début du siècle dernier l'expression "la fée électricité" a aujourd'hui un côté suranné et naïf. Mais il suffit d'être privé des confortables bienfaits que procure cette invention géniale pour mesurer la révolution qu'elle a pu représenter dans la vie quotidienne d'alors.

La courte expérience que je viens de vivre est riche d'enseignements. De façon assez inattendue, ce n'est pas l'absence de lumière qui m'a surpris, mais l'absence de son. Comme dirait Cabrel : « c'est le silence qu'on remarque le plus ».

Impressionnant silence. Les ténèbres de l'ouie. Le vide, l'absence. Vivre à la lueur des bougies n'a rien eu de désagréable, quoique cela demande une certaine organisation pour chaque déplacement dans la maison. Mais vivre aux seuls sons que je produisais avait quelque chose de très... vide. Me revient le film « 2001 odyssée de l'espace », dans lequel un homme se retrouve absolument seul dans le silence d'un espace trop grand pour lui. Le silence restreint l'espace à la dimension des pensées de l'individu, comme la nuit marque l'apparition de l'imaginaire.

Dans ce silence total, sans autre vie que celle que j'insufflais, j'ai mesuré l'ampleur de la solitude. Un repas partagé aux chandelles c'est amusant, rétro ou romantique... mais seul c'est... étriqué. Aucun son, sauf celui de ma fourchette, de mes pas. Il n'y avait que le vacillement des bougies et le ronronnement du poële pour apporter un peu de vie indépendamment de la mienne !

J'ai songé à la solitude des célibataires d'autrefois. L'enfermement mental que cela pouvait représenter, quoique je suppose que des occupations adaptées permettaient d'y remédier. C'est l'aspect insolite de la situation qui m'a pris au dépourvu, hier soir.

J'ai compris à quel point les temps partagés pouvaient être importants pour vivre, échanger. Ensemble, éloigner le silence et l'obscurité, les remplir de vie. Aujourd'hui son et lumière envahissent largement l'existence de la plupart d'entre nous. Cette vie artificialisée à quelque chose de... virtuel. L'analogie avec ce qu'on peut comparer d'internet et de la supposée "vraie vie" s'en trouve largement relativisée.

Cette comparaison n'est pas anecdotique : je crois que l'individualisme tient beaucoup de cette artificialisation. La création d'une vie artificielle, qu'elle se développe sur internet ou grâce aux artefacts des sons et des images reproduits, nous a beaucoup éloignés de la réalité brute. Celle d'un monde inquiétant, austère, où la solidarité était vitale. Non seulement pour s'entraider ou se défendre, mais aussi pour partager la vie. Pour ne pas devenir fous de solitude.

Je me rends bien compte que si j'apprécie de vivre seul c'est parce que je sais que cette solitude est choisie. Je dispose de l'inestimable liberté d'être en contact avec le monde, dans le registre qui me plaira, au moment où je le voudrais. Ou presque...

Être coupé du monde indépendamment de ma volonté, avec une quasi impossibilité de communiquer (les relais téléphoniques sont restés opérationnels dans mon secteur...) m'a fait prendre conscience de la fragilité de cette réalité.

troncs_neige

Commentaires
P
Sagesse du silence et silence qui rend fou, dans un registre relationnel cette dualité m'a longtemps hanté...
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N
Le silence renvoie vers l'intérieur. Classique réverbération. On devient sage dans le silence. Et fou, aussi.
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P
je ne me voulais pas amer, ni résigné mais c est vrai que l evolution ne peut se faire que par l action. C est vrai que le fait d aller vers les autres permet le changement. Mais ce que je voulais dire c est que malgré les efforts qu on peut fournir on ne peut empecher le fait que l on peut se trouver seul et que cela fait peur quand on est face à soi même et à ses choix et ce quelques soit les epoques
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P
C'est vrai Nicole, la solidarité n'est pas toujours question de bienveillance. Autrefois comme aujourd'hui. Elle peut être "utilitaire", voire intéressée en pensant en bénéficier en cas de besoin...<br /> <br /> Pour le reste, je crois qu'avoir une place au coin du feu était largement préférable à un isolement qui, aujourd'hui, est difficilement imaginable pour la plupart d'entre nous.<br /> <br /> Pia pia, le commentaire est amer et désabusé...<br /> Effectivement il y a plusieurs formes de solitude, et on peut très bien la ressentir en étant entouré. Je décrivais une solitude "animale", face au silence et à l'obscurité, qui ne peut se ressentir qu'en étant physiquement seul. L'affectif n'entrait pas en ligne de compte dans ma petite expérience involontaire.<br /> <br /> Mais je comprends ce dont il est question et la chanson de Barbara décrit bien le parcours de cette femme sensible, il me semble. <br /> <br /> Oui, le sens du monde peut faire flipper. Les amours mortes peuvent aussi creuser des tombeaux à ciel ouvert dans des vies...<br /> <br /> Et pourtant personne ne sera jamais mieux placé que nous-même pour continuer à aller de l'avant vers ce en quoi nous croyons. On est toujours fondamentalement seul dans l'existence... raison de plus pour aller vers les autres et se serrer les coudes. Illusion salvatrice dont tout avenir dépend. Si on baisse les bras, si on sombre, alors on se résigne et nous ne participons plus au changement que nous pouvons espérer.
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P
Nul besoin de se retrouver dans le noir pour se sentir seul, on peut sentir cette solitude partout et lorsqu on l ecoute elle peut nous tetaniser.<br /> Je ne suis pas isolée dans ma vie je veux dire que je suis entourrée de personnes importantes, je suis libre, independante et joyeuse mais en ce moment je me sens seule et à coté de la vie et pourtant j ai tout pour être heureuse mais ce que je vois du monde me fait flipper et Barbara l a bien compris...<br /> <br /> Je l'ai trouvée devant ma porte,<br /> Un soir, que je rentrais chez moi.<br /> Partout, elle me fait escorte.<br /> Elle est revenue, elle est là,<br /> La renifleuse des amours mortes.<br /> Elle m'a suivie, pas à pas.<br /> La garce, que le Diable l'emporte <br /> Elle est revenue, elle est là<br /> <br /> Avec sa gueule de carême<br /> Avec ses larges yeux cernés,<br /> Elle nous fait le cœur à la traîne,<br /> Elle nous fait le cœur à pleurer,<br /> Elle nous fait des mains blêmes<br /> Et de longues nuits désolées.<br /> La garce Elle nous ferait même<br /> L'hiver au plein cœur de l'été.<br /> <br /> Dans ta triste robe de moire<br /> Avec tes cheveux mal peignés,<br /> T'as la mine du désespoir,<br /> Tu n'es pas belle à regarder.<br /> Allez, va t-en porter ailleurs<br /> Ta triste gueule de l'ennui.<br /> Je n'ai pas le goût du malheur.<br /> Va t-en voir ailleurs si j'y suis <br /> <br /> Je veux encore rouler des hanches,<br /> Je veux me saouler de printemps,<br /> Je veux m'en payer, des nuits blanches,<br /> A cœur qui bat, à cœur battant.<br /> Avant que sonne l'heure blême<br /> Et jusqu'à mon souffle dernier,<br /> Je veux encore dire "je t'aime"<br /> Et vouloir mourir d'aimer.<br /> <br /> Elle a dit : "Ouvre-moi ta porte.<br /> Je t'avais suivie pas à pas.<br /> Je sais que tes amours sont mortes.<br /> Je suis revenue, me voilà.<br /> Ils t'ont récité leurs poèmes,<br /> Tes beaux messieurs, tes beaux enfants,<br /> Tes faux Rimbaud, tes faux Verlaine.<br /> Eh bien, c'est fini, maintenant."<br /> <br /> Depuis, elle me fait des nuits blanches.<br /> Elle s'est pendue à mon cou,<br /> Elle s'est enroulée à mes genoux.<br /> Partout, elle me fait escorte<br /> Et elle me suit, pas à pas.<br /> Elle m'attend devant ma porte.<br /> Elle est revenue, elle est là,<br /> La solitude, la solitude...
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N
Bonjour,<br /> la nécessaire solidarité ne s'accompagnait pas toujours de bienveillance, elle était condition de survie. <br /> Les célibataires vivaient parfois de manière solitaire et il y avait un voisin pour s'interroger si les volets restaient fermés, par contre de nombreux célibataires ou veufs continuaient (terminaient) leurs vies comme parents pauvres au sein de familles élargies lorsque leurs propres parents étaient décédés et la ferme attriuée à un membre de la fratrie. Contre une place près de la cheminée, il gardait les enfants en bas âge ou assurait l'entrertien des outils. Leur vie etait-elle si enviable ?<br /> <br /> Bien sur,dans les campagnes, il y avait les grands rassemblements lorsque les travaux agricoles l'exigeaient ou lors des veillées et alors le violoneux ou le chanteur était toujours de la fête. Il ne connaissait pas le plaisir de la lecture ni le ronronnement du réfrigérateur. La vie était rude, parfois violente, et l'Eglise fournissait l'espoir d'un monde meilleur, après .... Nous avons érigé en valeur l'esprit critique et le respect de l'individu.
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P
La vie « sans personne à la maison » n'est pas difficile, Marine. C'est un autre rythme, une autre façon d'organiser sa journée (je suis au contact des autres toute la journée). C'est un temps de *présence avec soi* qui n'est pas moins intéressant que les temps de partage qui ne sont parfois que la juxtaposition de deux monologues...<br /> <br /> Alainx, merci pour ce partage d'un passé si proche/lointain. Dans la campagne rurale ces liens de solidarité existent encore mais se diluent, se perdent avec l'arrivée des "néo-ruraux", venus de la ville. C'est regrettable.<br /> <br /> En ce qui concerne le silence je l'apprécie aussi. La plupart du temps je vis dans le silence, surtout si je lis ou écris. Mais j'aime quand même avoir quelques contacts avec le monde, et la radio ou la musique accompagnent mes repas.<br /> <br /> Quant à l'autosatisfaction individuelle, je crois qu'elle correspond aux périodes de surabondance et de "bien-être", fût-il relatif...
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A
Ton texte est très intéressant. Figure-toi que j'ai pensé à toi, me demandant si tu étais victime de ces intempéries.<br /> Je suis étonné de ce que tu soulignes du silence, moi qui suis plutôt à sa recherche (par exemple, je ne supporte une musique de fond chez moi, comme c'était le cas auparavant). Mais je comprends mieux dans la mesure où c'est subi. La radio éteinte, on peut toujours la rallumer...<br /> <br /> Tu nous ramènes à l'essentiel brut du monde tel qu'il est. La nature n'est pas a priori bonne et généreuse pour l'homme. Et comme dit la sagesse millénaire : il n'est pas bon que l'homme soit seul.<br /> Le développement des richesses, du confort, les technologies avancées, fait certainement perdre une réalité profonde de l'homme : celle de la solidarité collective au profit d'un individualisme où l'on croit y trouver plus de bonheur et de satisfaction.<br /> <br /> Mes parents sont allés prendre leur retraite au fond d'un village d'Ardèche perdu. Un vrai village. Pas un de ces villages squatté par les citadins qui en ont fait des résidences secondaires. Lorsque j'allais quelques jours chez eux, j'étais toujours étonné que les voisins viennent frapper à la porte : " je descends à la ville, vous n'avez besoin de rien ?" (La *ville* : c'était le petit bourg avec sa supérette 3 km plus bas...). On avait besoin de rien, mais en faisait la causette...<br /> Dans ma vie citadine il ne me viendrait pas à l'idée d'aller frapper ainsi à la porte de mon voisin... À moins bien sûr que je sache qu'il est malade ou en difficulté, mais ça, ce n'est pas l'ordinaire des jours...<br /> <br /> L'hiver, quand il y avait beaucoup de neige. Chacun dégageait à la pelle et faisait la moitié du chemin vers la maison voisine. Quand ils se rencontraient au milieu du chemin dégagé, on buvait un coup de blanc !
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M
chez vous aussi, il neige ... <br /> C'est vrai que les célibataires devaient se sentir bien seuls, déjà que les mariés allaient voir ailleurs ...<br /> Enfin. Je ne sais pas vraiment ce que cela fait que d'être entièrement seul, n'entendre que ses propres bruits et ne voir que son propre corps. Ça doit être si vide. Ne pas parler à quelqu'un, ne pas raconter sa journée en rentrant du travail, toutes ces petites choses du quotidien qui nous réconfortent après une rude journée, c'est banal, mais s'en est presque vital...<br /> <br /> Enfin c'est mon avis. Vous appréciez cette solitude, j'avoue que j'aime aussi me retrouver seule avec moi-même le temps d'une ballade dans les champs ou dans la forêt, mais la vie à la maison sans personne, ça doit être dur.
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