Happé
Sitôt revenu de mon voyage-mission-expérience j'ai été happé par le train de la vie. Formation, travail, réunions, échanges et tentative [modeste] de rattrapage de l'absence. Dans ces conditions il m'est difficile de prolonger les effets du dépaysement... Et pourtant je ne suis pas revenu à la même place ! Ou alors peut-être ne suis-je pas revenu le même ? En tout cas quelque chose à changé. Quelque chose est différent.
Je fais ce constat à chaque voyage impliquant mon être, c'est à dire lorsque je ne suis pas seulement observateur passif mais acteur de quelque expérience forte.
En y pensant je me disais tout à l'heure que ce voyage, pour inattendu qu'il fût, n'avait rien eu de vraiment surprenant. Je crois que j'étais prêt à partir. Je pourrais presque dire que je l'attendais ! Il y avait comme une évidence face à la mobilité. Une liberté d'attaches. C'est bon de sentir cela...
Je crois que j'ai aussi mieux pris conscience de ce phénomène bizarre qu'est l'écoulement relatif du temps. Constater que le temps de l'ici et de l'ailleurs se dissocient dans le mouvement. Un peu comme dans un avion, quand on se sent presque immobile au dessus d'un paysage qui défile lentement : des milliers d'existence invisibles, imperceptibles vues d'aussi loin, restent dans leur temps quotidien alors qu'en vivant autre chose le temps semble se dilater. Je me suis entendu dire « j'ai l'impression d'être parti depuis si longtemps... ». Et au retour j'ai pensé la même chose...
Je sais avoir besoin de temps pour trouver mes marques ou intégrer un nouveau cadre de vie. C'est ma façon d'être et je ne cherche pas à la changer. J'accepte pourtant volontiers les accélérations brutales, telles que décider en quelques minutes de partir dans les trois jours à 12.000 km. Laisser tout en plan, bousculer ce que j'avais vaguement prévu et saisir la chance de vivre quelque chose que je sais extra-ordinaire. C'est dans cette liberté qu'est la vie.
Alors après ça la décélération, le retour "sur terre", dans la vie réelle, me demande un temps de réajustement. Un peu comme le décalage horaire, mais à une autre échelle. Il me faut revenir dans le bain des contraintes et des obligations... mais j'y vais lentement. Je tente de faire durer les impressions, les souvenirs, faire s'interpénétrer en douceur les deux mondes. Continuer à laisser infuser ce qui m'a traversé et qui est une chance de changement, d'évolution.
Voila. J'en suis là. Faute de temps j'écris peu, mais peut-être est-ce aussi parce que le temps n'est pas à cérébraliser. Pas encore.
Et puis j'avais envie de partager avec vous un peu de ce que j'ai vu et vécu, grâce aux photos. Je crois que j'ai bien souvent gardé cette idée en tête lorsque j'appuyais sur le déclencheur. C'est une autre façon de vivre le voyage, que je crois plus entière. Moins solitaire.
Premier album : Isla de Saboga
Nb : Je n'ai pas réussi à trouver une formule de présentation qui me satisfasse vraiment. A défaut j'ai opté pour les albums photo de Canalblog. Si quelqu'un connaît un système plus performant (diaporamas plus grands, fond personnalisable, présentation soignée, etc...), je serai probablement preneur.
La plage des pêcheurs, sous le village de Saboga