Voyages et rencontres dans le blogomonde
Dans trois semaines je vais me rendre à Paris. J'irai principalement pour participer à la table ronde organisée par l'Apa autour du thème "Intime, privé, public". Sujet qui m'intéresse quelque peu, comme vous aurez pu le constater...
Un des orateurs sera l'ami Valclair. Il prendra ainsi la place que j'ai eu la chance de me voir confiée il y a deux ans pour le thème "Internet et moi". Je suppose que je retrouverai là-bas quelques membres d'une informelle blogobulle, tout aussi curieux de leur pratique que moi. Ce pourrait être l'occasion d'une nouvelle rencontre entre écrivants et/ou lecteurs et, bien que rien n'ait vraiment été organisé, je me plais à imaginer que nous serons plusieurs à nous retrouver à l'issue de la journée...
Ce n'est évidemment pas la première fois que je me rends dans la capitale pour y rencontrer des écrivants du net. La peur anticipée que je décrivais le 8 janvier 2003 n'existe heureusement plus et m'a encouragé à faire le déplacement, à de nombreuses reprises, avec comme seul objectif la rencontre. J'en suis toujours revenu enrichi de partages, d'émotions, de rires et de complicités. Je garde le souvenir précieux et prégnant de chacun de ces voyages-rencontre qui ont permis d'incarner un visage, une présence, une voix, sur des idées et des mots que je lisais depuis longtemps. Ou que je découvrais pour l'occasion. Souvent des liens privilégiés se sont noués par la suite, car ce passage au réel peut changer bien des choses. Chacune des rencontres aura été un grand plaisir même si sur le moment ma sensibilité émotionnelle, saturée de sensations, a pu me maintenir dans un certain mutisme observateur.
Je ne saurais plus compter ces déplacements dans la capitale, mais je me souviens très bien de qui j'ai rencontré, qui était présent, et où cela s'est passé.
Avant d'écrire en ligne j'avais déjà fait quelques voyages vers des personnes rencontrées via internet, sous les premières formes de communication à distance que je pratiquais. Le plaisir de la découverte de ce que je nommais alors "relations virtuelles" avait été similaire, parfois intensifié lorsqu'il concernait des désirs d'une nature plus sensuelle.
Parfois ce sont les autres qui ont fait le trajet vers moi, découvrant l'homme que je suis dans son espace de vie et me permettant de mettre à l'épreuve ma capacité à accueillir...
Dans un registre résolument romantique, et pour tout dire totalement magique, il y a aussi eu cette rencontre tant espérée, révée, désirée, qui eut lieu en bord de Méditerranée. La rencontre de tous les possibles. Elle allait engager un profond bouleversement dans le regard que je portais sur ma vie, bien davantage que j'en avais conscience...
Engagement réitéré six mois plus tard lorsque, à mon tour, j'ai traversé l'atlantique vers un pays couvert de neige et de glaces hivernales. C'était il y a exactement cinq ans, en février. J'étais accueilli là-bas pour dix jours qui allaient grandement influer sur mon parcours de vie. D'abord parce que j'avais eu l'audace de ce voyage dont je savais les conséquences probables sur ma vie de couple et, de fait, sur la famille qui en était issue. Ensuite parce que là-bas j'avais senti sourdre la puissante certitude que j'avais eu raison de suivre cette aspiration à me surpasser. À choisir de vivre selon mes désirs les plus vitaux, malgré mes peurs. A franchir les limites qui me contenaient. Quel qu'en soit le prix à payer j'avais ressenti avec la plus profonde conviction que j'avais fait le bon choix : celui de la vie. Là-bas je m'étais senti plus heureux et vivant que ce que je n'aurais jamais pu l'être en restant sagement dans ma vie d'avant, aussi agréable et douce qu'elle fut. Simplement parce que j'avais opté pour la liberté. En toute conscience ! Je garde le souvenir émerveillé et ému, inarrachable, de cette dizaine de jours de farniente amoureux consacré à une découverte mutuelle.
C'est durant le trajet qui me menait vers cet idéal vécu que j'ai pressenti que ma liberté consistait aussi à accepter d'être seul. Pour la première fois je voyageais très loin en solitaire, sans pouvoir partager mes impressions. Et plutôt que d'en ressentir de la frustration c'est le plaisir de l'indépendance, de la liberté de mes mouvements, le délicieux vertige du « tout est possible » qui m'a saisi. Pour la deuxième fois de mon existence j'avais eu l'audace de suivre un désir "fou". Acte déterminant teinté de maladresse et d'inexpérience, certes, mais acte fondateur : un nouveau monde s'ouvrait devant moi.
Plus récemment il y a eu un autre grand voyage, directement issus de l'écriture en ligne. Cette inénarrable mission spéciale qui m'a été confiée sous le tropical soleil du Panama. J'en suis revenu [il y a à peine/déjà plus d'un mois !] quelque peu différent. Non seulement en moi, mais aussi dans le regard des autres, sans que je ne sache précisément de quelle façon. Je crois que j'y ai gagné en assurance, en confiance en moi. En sentiment de liberté, aussi. Quelque chose s'est passé en même temps que j'effectuais ce séjour lointain. J'y ai rencontré une autre culture, un autre rythme de vie, une indépendance. Je crois que là-bas je me suis un peu plus détaché. J'y ai aussi et surtout rencontré un couple, qui m'a offert de partager une part de son fonctionnement, au coeur des aspirations intimes de chacun.
Rencontres et voyages sont les compléments émotionnels et sensoriels qui, régulièrement, ancrent et fondent mon écriture dans la réalité. Sans cela elle resterait abstraite, intellectuelle. Virtuelle...
Je suis certain que mon parcours de vie a été profondément influencé par la combinaison de l'écriture et des rencontres qui en ont découlé. Je le dis souvent : internet à changé ma vie.
Éclairage vespéral sur Paris, au retour du Panama