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Alter et ego (Carnet)
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9 mai 2009

Quand le voile du secret s'amincit

Mon père vient de m'apprendre, au cours d'un échange téléphonique, qu'il connaissait l'adresse de ce blog. Bigre ! En fait il a commencé par me demander quand il pourrait avoir accès à mes "mémoires", supposément déposées à l'Association Pour l'Autobiographie. J'en ai été un peu surpris puisque lui même dit n'être que peu porté à la psychologie, qui l'ennuie assez vite. Je lui ai alors expliqué que je n'avais encore rien déposé [il serait d'ailleurs temps que je m'en préoccupe, suite à ce que j'écrivais dans mon précédent billet..]. J'ai ajouté que mes écrits n'étant pas des mémoires, ni une autobiographie, mais un journal à lire en temps réel, ils ne se prêtent pas vraiment à une lecture globale. Je sais que certaines lectrices ont entrepris cette lecture intégrale mais je suis presque admiratif de la performance !

Pas forcément rétif à une lecture par mes proches, j'ai cependant expliqué à mon père que je préférais établir une version spécifique, adaptée à une lecture moins impliquante. Je pense d'ailleurs depuis longtemps à cette possibilité. J'ai envie d'établir des passerelles entre mes vies. C'est là qu'il a fini par me dire qu'il avait lu quelques pages du blog. Celle écrite le jour de mon divorce, notamment.

Ouais... rien d'insurmontable. D'ailleurs j'assume bien tout ce que j'ai écrit. Si je redoute la lecture... c'est plutôt en supposant qu'elle pourrait être perturbante pour des lecteurs trop proches. Je ne suis pas partisan d'un trop grand dévoilement intime. Il me semble que, pour des raisons qu'un psychanalyste expliquerait mieux que moi, cette confusion est à éviter. Mais bon... je n'ai pas suffisamment approfondi le sujet pour me prononcer définitivement.

Quoi qu'il en soit ça commence à faire beaucoup de monde qui peut accéder à mes écrits : mes enfants connaissent le nom du blog, ma mère en a lu quelques pages avant que mon père lui rappelle que je ne le désirais pas, et maintenant c'est lui qui m'avoue avoir percé mon "secret"... en cherchant "Pierre l'idéaliste" sur Google, suite à un mail reçu depuis ma boite dédiée.

Sans compter les quelques amies lectrices avec qui je partage ou ai partagé une intimité sentimentale et celles, plus nombreuses, avec qui je partage une intimité de confidences. Et encore... pas plus tard qu'hier j'ai communiqué à ma collègue Artémis mon texte intitulé Le temps de la liberté ! Bref... la limite qui sépare mon intimité exposée et mon individualité est devenue relativement fine.

Mais... n'est-ce pas, finalement, ce que, sans le savoir vraiment, je recherche ?

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Grandir en déployant l'intérieur vers la lumière

Commentaires
P
Très juste Valclair : les paradoxes font avancer bien plus que les certitudes calées d'un côté ou de l'autre.<br /> <br /> Comme toi je crois que j'aurais beaucoup redoute une lecture par mon père. Probablement parce que je me distingue beaucoup de lui dans ce que je donne de moi ? Crainte d'être jugé, certainement.<br /> <br /> Comme tu dis Camille, le père représente symboliquement une sorte de pilier de référence. S'en distinguer n'est pas simple et cela ramène à des problématiques de l'enfance insuffisamment résolues.<br /> <br /> Pour ma part je maintiens mes relations de façon discrète. Je n'aime pas trop mélanger les histoires. Davantage par respect de la sensibilité (supposée!) de l'autre que par souci de cacher des pans de ma vie. Mais je n'évoque pas mes relations intimes avec ma famille ou le voisinage, par exemple. Par crainte de jugement, incompréhension, etc.<br /> <br /> Je suis toujours réjoui d'apprendre que billets et commentaires sont utiles à ceux qui me lise. Merci de le dire :o)
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C
vous m'intéressez tous les deux! ô combien!<br /> <br /> vos réponses continuent de me faire penser 'psychanalyse'! sourires!<br /> <br /> ah, la relation au père! que l'on soit homme ou femme, elle *marque* bcp mais 'on' parle plus souvent de la relation à la mère, ne trouvez-vous pas?<br /> <br /> 'on' a souvent peur d'un 'jugement'....et c'est souvent celui du père que l'on craint....est-ce parce que le père représente la 'loi'?<br /> <br /> bien sûr, pierre, qu'on ne raconte pas tout *l'intime* sur le net, pas plus, pas moins que ds la vie 'en général', me semble-t-il<br /> <br /> mais entre 'cacher' et ne pas 'tout dire', y a bcp de nuances, de *possibles* ;-)<br /> <br /> pour ma part, j'ai choisi: je dis à mes proches (et moins proches aussi ;-)) *l'essentiel* de ce que je vis, suis sans donner tous les détails....ainsi, personne ne s'étonne de me rencontrer avec un autre homme que mon mari, par exemple....et je ne crains pas que ça lui soit rapporté (à mon mari) puisque chacun sait qu'il sait ;-)....heu, je remarque en écrivant ça que mon mari a tendance, lui, à garder ses rencontres 'un peu plus secrètes' (même si je le sais 'ds l'absolu')....idem pour nombre des hommes de ma vie! diantre! serait-ce 'masculin' cette façon de faire? <br /> <br /> par ailleurs, il faut faire face au 'jugement', souvent 'voilé' de l'entourage (famille mais aussi voisins etc....à la campagne, il n'y a pas d'anonymat ;-))<br /> <br /> pour moi, seul le regard de mes filles m'importe vraiment mais sans que je modifie 'qui je suis' pour autant car je pense témoigner ainsi de la pluralité humaine<br /> <br /> il me semble qu'elles sont plus ouvertes que la moyenne à tout ce qui est *différent* car elles l'ont vécu avec leurs parents....et de la même façon, j'ai senti mes parents (et mes beaux-parents) s'ouvrir petit à petit à la différence ds toutes ses dimensions....c'est ténu, mais c'est là<br /> <br /> voilà pourquoi je vous lis avec attention ds vos cheminements car ça me permet souvent de *valider* le mien ;-)<br /> <br /> bisous à tous les deux
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V
En fait Camille je crois qu'on est en effet en plein dans les paradoxes (je dis on parce que je me sens très proche de Pierre en ces matières) et qu'on aime nos paradoxes parce qu'ils nous font avancer, nous font aller là où on pense qu'on n'a pas envie d'aller peut-être parce que ça nous fait peur mais où en fait on a justement très envie d'aller. C'est d'ailleurs un peu ce que dit Pierre dans sa dernière phrase.<br /> <br /> Cela dit j'ai frémi en lisant ce billet. Sur le mot "père". Car pour moi s'il y a une personne dont je ne voudrai pas qu'il tombe sur mes écrits c'est bien mon père. Bon, il n'y a pas de risque, il a beau être encore très vert, il ne s'est jamais mis à l'ordinateur et n'a pas l'intention d'y venir.<br /> Et tout de suite après je me dis: tiens pourquoi un tel haut le coeur à cette idée d'une lecture par mon père? Je n'ai jamais été en relation conflictuelle avec lui. Il n'y a rien dans mon blog qui puisse lui être désagréable, au contraire il y a plutôt des marques d'admiration. Alors? La peur qu'il ne comprenne pas? La peur d'un jugement ? Oui je crois que c'est ça: la vieille peur d'un jugement! lui qui ne m'a jamais ouvertement jugé!<br /> Ouh là, c'est que tu me fais carburer là Pierre, par ricochets!
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P
Pas impossible que je rejoigne "le camp des dévoilés", Alainx... mais qui sait si je n'investirai pas un autre lieu pour me préserver un espace de libre expression ?<br /> <br /> Comme si j'étais prêt à dévoiler des parts de moi, autrefois "intimes", mais qui n'ont plus lieu de le rester maintenant que j'ose les afficher.<br /> <br /> Je me demande si on n'affiche pas de son intimité que la part que l'on a envie, inconsciemment, de rendre "extime".<br /> <br /> Car pour répondre à ta question, Camille, je ne dévoile que ce que j'ai envie de dévoiler. Mon univers intime reste immense, et très largement inconnu de moi-même.<br /> <br /> Concilier *l'acceptation* d'être lu (il y a du désir aussi, mais c'est dans un autre champ) par des INCONNUS (même s'ils deviennent progessivement connus...) et les réticences à être lu par des PROCHES est très simple : les liens sont de nature fort différentes. Cela me ramène à ma remarque : je ne suis pas partisan d'un trop grand dévoilement intime... avec des proches (ce que j'ai omis de de préciser).<br /> <br /> C'est bien évidemment le paradoxe de l'intimité exposée en public. Secret pour les proches, ouvert aux autres.<br /> <br /> Comme tu le soulignes, ici il n'y a pas le décalage temporel qui faisait qu'on trouvait l'intimité de quelqu'un seulement après sa mort. D'ailleurs ces traces écrites sont souvent tellement *proches* qu'il faut attendre une génération pour que ce soit lu. Les enfants refusent souvent de lire l'intimité parentale, voire détruisent journal et correspondance intime... privant ainsi de cette inestimable source de compréhension les générations suivantes. C'est dire la force des tabous sur l'intime ! On retrouve encore ce que je cherche à mettre en évidence : il peut être préférable de ne pas connaître de trop près l'intimité des proches. Maintenir une part de secret.<br /> <br /> C'est d'ailleurs ce qui se passe avec mes écrits publics dès lors que j'entre en contact affectif *proche* : je renonce à écrire certaines choses qui pourraient les impliquer et deviens très prudent lorsque je déroge à cette règle. Pour ceux qui ne l'auraient pas saisi (tu n'en fais pas partie Camille), il est évident que je tais une grande part de ce dont je pourrais parler et qui donnerait un autre éclairage à ce dont je parle. Je choisis moi aussi mes champs de liberté d'eexpression selon la personne à qui je m'adresse et si je le fais en public ou en privé.<br /> <br /> Et tu as raison, on se dévoile toujours d'une façon ou d'une autre, y compris en choisissant de ne pas se dévoiler ! Quant au fait de faire résonner quelque chose d'intime chez chaque lecteur, quel qu'en soit le domaine, j'en suis convaincu :o)<br /> <br /> C'est une des plus fortes motivations qui m'ait poussé à écrire en ligne.
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C
....me laissent *songeuse***<br /> <br /> bcp de paradoxes.....à la fois, envie d'être lu, même au delà de la mort ET ne pas être lu par les proches<br /> <br /> comment peut-on concilier les deux?<br /> <br /> ds la mesure où les écrits sont en ligne, il y a peu de *chance* pour que ça reste secret, surtout qd on souhaite être lu par le plus grand nombre...heu,si?<br /> <br /> il me semble avoir souvent évoqué, par le passé, cette incompatibilité entre 'secret et internet'....tout comme il me paraît très délicat de 'cloisonner' sa vie....<br /> <br /> autrefois, qd une personne tenait un journal sur un cahier ds *le secret de sa chambre* et le cachait au fond d'une malle de vieux vêtements au grenier.......cela restait tellement secret, qu'on le retrouvait souvent bien après sa mort<br /> <br /> les écrits étaient bel et bien là mais ne *risquaient* pas d'être 'dévoilés'...*avant l'heures* <br /> <br /> je ne crois pas vraiment au désir du *secret* qd on écrit via le net....bien au contraire ;-)<br /> <br /> ex: qd je choisis de poster un com' plutôt que d'écrire un mail à l'auteur, c'est que j'ai envie que d'autres que toi, puissent le lire (et je le perçois ainsi pour les autres com')....sinon, je m'abstiens ou écrit effectivement 'en privé';-)<br /> <br /> oui, je crois que la psychanalyse pourrait t'expliquer *à toi* pourquoi tu agis ainsi ;-).....de même, je souris qd tu écris: "<br /> Je ne suis pas partisan d'un trop grand dévoilement intime" car, pour moi, écrire, c'est se dévoiler....et il est bien difficile de 'mesurer' la 'dimension' de l'intime ainsi *confié* à *tous*....<br /> <br /> que les écrivants soient sincères ou qu'ils inventent, peu importe, ça *révèle* leur *être intime*, me semble-t-il<br /> <br /> voilà pourquoi, les blogs m'intéressent tant! ils me ramènent TJS à MON intime ;-)<br /> <br /> passionnant!<br /> bisous, pierre
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A
Un psychanaliste confirmerait sans doute ta dernière phrase ! ...<br /> Tu ne vas plus tarder à rejoindre le *camp des dévoilés* ! ...
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