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Alter et ego (Carnet)
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1 juin 2009

Célibat... à taire ?

Parmi ce qui contribue à me réinterroger sur la signification subjective des mots (indispensable quand on s'intéresse à la communication interpersonnelle...), il y a la notion de célibat. Je me suis rendu compte que ce terme, apparemment simple et propre sur lui, pouvait porter à confusion. Le Larousse le définit ainsi : « état d'une personne non mariée ». Ouais... ben au sens littéral ça fait beaucoup de célibataires !

Très longtemps j'ai été marié, ce qui présentait l'avantage de m'octroyer un statut relationnel relativement précis. Les circonstances et les hasards de la vie m'ont cependant fait lentement et inéluctablement glisser vers des vocables beaucoup plus flous. D'abord, en partageant une amitié amoureuse, j'ai vécu une double relation. Mais ce genre de choses ne se dit pas... Ce n'est que la conséquence qui a pu être nommée : je suis devenu "séparé". Terme qui laisse pas mal de lattitudes intérprétatives quant à la disponibilité relationnelle... Mais ça me convenait bien puisque dans ma tête j'étais encore très relié... euh... aux deux femmes. Enfin... surtout à l'une. Au fil du temps, puisque la séparation conjugale a duré quelques années avant que je devienne officiellement divorcé, je me suis progressivement délié, me présentant comme « vivant seul ». Dans l'absolu c'était juste. Dans la réalité ça l'était moins : mes pensées restaient encore largement occupées par des espérances un peu folles. Il aura fallu une rupture bien nette et sans bavures pour me rentrer dans le crâne que j'étais désormais sentimentalement "seul". Je crois que c'est à partir de ce moment-là que je me suis peu à peu présenté comme célibataire [lorsque nécessaire, hein ! C'était quand même pas ma carte de visite !] Et si je n'employais pas forcément ce mot, au moins le laissais-je comprendre. En même temps, pas fou, cela montrait ma disponibilité envers toute éventualité. Et plus si affinités...

Au début je n'aimais pas trop l'idée du célibat qui me rappellait le "vieux garçon", dont je ne me sens pas particulièrement proche. Je n'ai rien contre ce style de vie, mais bon... il ne me sied guère. Il n'aura échappé a aucun de mes lecteurs de longue date que je suis plutôt orienté vers les relations, de préférences féminines, systématiquement intimistes, forcément plurielles, et éventuellement sexuelles.

Mais justement, c'est là que se situe la problématique : si je me dis célibataire, il semble entendu que non seulement je vis seul, mais qu'en outre je suis seul. Affectivement seul. Or ça je ne le dit jamais, ni même ne le sous-entend. Mais allez savoir ce que les autres ont envie d'entendre...

Ça peut devenir compliqué quand une femme avec qui j'ai entamé une relation courtoise, devenant plus intime, a pris pour acquis que célibat = coeur à prendre et réalise subitement que... ben non, pas forcément. Quand la relation prend une tournure... disons... intimo-désirante, je me vois obligé de préciser mon style de vie : non-exclusif. Là, en général, sa secoue un peu. En quelques jours la femme désirante susmentionnée, déjà plus ou moins sentimentalement investie, s'immobilise, puis marque un mouvement de recul. Dépitée je la sens encaisser le coup, puis le contrecoup, me lancer quelques remarques acides, prendre de la distance... avant de revenir avec une certaine prudence. La relation, forcément, tangue avec la houle générée. Et moi je m'accroche au bastingage...

J'en suis donc venu à me dire que je ne devais plus me présenter comme célibataire, et ne surtout pas laisser croire que je le suis selon le sens courant !

Le problème c'est qu'il n'existe pas vraiment de mot pour définir ce que je me sens être actuellement. Je passe sur les "coureur de jupons" et autres sobriquets péjoratifs ou machistes, ne me retrouvant pas du tout dans une stratégie de conquètes multiples et éphémères. J'éviterai le terme de "libertin" : « qui est de moeurs très libres; qui mène une vie dissolue » (Larousse). Je n'emploierai pas celui de polyamoureux puisque l'état amoureux n'est ni nécessaire ni suffisant. Françoise Simpère propose bien le terme de lutinage (et lutin, lutine)... C'est mignon mais je ne m'y retrouve pas. D'autant moins que selon la définition du Larousse, lutiner consiste à « harceler une femme de taquineries galantes ». Reste un des termes qui m'a longtemps paru le plus adéquat et conforme à ce que je me sentais être : polyfidèle, inventé (?) par la même Françoise Simpère. J'aime bien l'idée de fidélités plurielles. Sauf que... la vie semble me prouver qu'en matière de fidélité (au sens de confiance, pas celui d'exclusivité sexuelle), rien n'implique que cela garantisse une relation durable. N'attendant plus cette fidélité relationnelle de l'autre, qui était autrefois un préalable indispensable, je préfère ne plus utiliser ce mot. Ça n'aurait pas de sens. Pour ma part je pense encore pouvoir rester fidèle à un lien même sans que la relation ne soit active, faute de partenariat...

Solitaire me semble trop austère, tandis que sa version light "solo" n'est guère employée. Et puis de toutes façons je ne me sens pas solitaire, bien que j'affectionne souvent une certaine solitude.

Certes, pour simplifier mon dilemme je pourrais tout simplement dire que « je vis seul mais ne suis pas seul ». Sauf que cela sous-entend que je ne serais pas disponible... Or les circonstances me portent, depuis quelques années, vers cette liberté de vivre des relations diversement impliquées, de l'amitié à l'intimité, dans des registres sentimentaux variables et aléatoires. Je ne suis donc pas seul... mais libre ! Libre de me lier. Comme tout le monde, quoi ! Alors bon, est-ce vraiment important de s'arrêter sur la nature exacte de ces relations ? Faut-il vraiment préciser à quel degré les sentiments sont présents et si oui ou non il y a partage d'intimité sexuelle ? Ouais, je sais : exclusivité de rigueur. Pffff...

J'ai gardé pour la fin le joli terme de "libraimant", pour qui j'ai une affection particulière. Il me semble suffisamment éloquent pour donner à la fois une idée de son sens et susciter une demande de précision. J'aime l'association légèrement contradictoire de libre et d'aimant, qui ressemble à amant tout en contenant aimer... sans pour autant rester contraint dans le cadre à la fois étroit et immense de ce mot hypersacralisé. Malheureusement le mot libraimance ne s'est jamais vraiment répandu...

Je ne suis pas certain d'être impartial en persistant à l'utiliser puisque j'ai été très lié à son inventeuse, participante active de ma conversion... mais tant pis : le mot me plaît et je l'adopte !
[Du moins tant que je suis dans cette logique de pluralité, dont rien ne me dit qu'elle est définitive.]

« Bonjour vous... moi c'est Pierre, libraimant... Vous habitez chez votre mari vos parents ? »

Pierre l'Idéaliste
Libraimant

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rougenoir

Drôle de zèbre que cet insecte
qui se prend pour une coccinelle !

Commentaires
P
Hé hé, j'aime bien cette idée de "célibat engagé", Ségolène ;o)<br /> <br /> Bonjour et bienvenue Incertaine. Besoin de me définir ? Oui, c'est vrai. C'est une manière de savoir qui je suis et ce que je désire (ou pas). Me définir, et le faire devant des regards-témoins, me pousse à une certaine clarté, donc à une lucidité. C'est le grand avantage de l'écriture de soi en public...
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I
De blog en blog, j'arrive chez toi. Les quelques textes que je viens de lire me donnent envie de poursuivre ma visite, de découvrir ta manière de concevoir les relations affectives. Je suis admirative de tout ce travail sur soi, cette recherche, ce goût de l'exactitude et de l'honnêteté.<br /> Ce qui me marque, dans une première lecture, c'est ton besoin de te définir...
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S
c'est un petit sourire, un clin d'oeil, adressé...<br /> il faut que tu montes ce parti :))
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N
Je suis Nadine et je m'adressais à Camille... désolée !
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N
Merci de tes précisions Nadine...<br /> Quand tu parles "d'aménagements", il est sans doute possible d'en mettre en place au niveau "logistique"<br /> Mais quant au fait de partager une intimité sexuelle avec deux personnes à la fois, même si c'est possible, et que je ne porte aucun jugement sur ce genre de pratique, je doute pouvoir le faire, par respect pour celui que j'aime "moins".<br /> <br /> Je crains de ne pas avoir été claire ???...
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C
je me permets de préciser qu'aimer plusieurs personnes 'en même temps' signifient qu'il m'est possible d'entretenir 'simultanément' des relations *intimes*, sexuelles avec ces personnes *aimées*<br /> <br /> par contre, il peut y avoir 'une pause' ds les relations qd on tombe amoureux ou qu'une personne aimée tombe amoureuse.....pour ma part, je n'ai jamais fait trop durer les 'pauses' vis à vis de ceux que j'aime alors que je peux être sans nouvelle pdt un long moment qd un des hommes de ma vie commence une nouvelle relation ;-)....on apprend bcp de ces situations 'particulières' ;-)<br /> <br /> quant à la *fidélité*, contrairement à l'idée que cette fidélité se doit d'être vécue ds "l'exclusivité sexuelle", elle l'est, pour moi, ds *la présence, même ds l'absence* que je donne à chacun de mes amours et au fait qu'ils peuvent compter sur moi(présence,notamment à mon mari depuis plus de trente ans malgré ou *grâce* à notre non-exclusivité sexuelle....ce qui n'est pas allé de soi 'aisément'et qui a demandé moult aménagements!)<br /> <br /> ds une société où l'habitude est de consommer puis de jeter, oui je préfère la durée à l'exclusivité ....mais je suis une campagnarde pure souche: ceci explique peut-être cela ;-)
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A
Libraimant.. j'aime bien l'expression et ce qu'elle peut contenir !
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P
À te lire, Léon, aimer serait incompatible avec la liberté ? Je suis d'accord, si on parle de "tomber amoureux". La passion amoureuse est une aliénation. Éblouissante et intensément vivante, certes, mais aliénation quand même.<br /> <br /> Mais tu auras noté que pas une fois dans mon texte je ne parle d'un désir de "tomber amoureux"...<br /> <br /> Alainx ce n'est pas à toi que j'appprendrai que l'amour à un pôle contraire... Il suffit que l'amour soit contrarié, déçu, et c'est cette autre pôle qui "repousse" l'autre soit-disant "aimé" (ou le rend "repoussant"). <br /> <br /> En me tenant à l'écart du coté passionnel et exclusif de l'amour je ne crois pas être "repoussant", mais je proose de maintenir une distance d'équilibre.<br /> <br /> Je ne suis maître (et encore...) que de MON jeu, et pour moitié seulement du jeu commun. Je décide des modalités relationnelles qui ME conviennent et la recherche d'équilibre peut se faire à partir de cette base. Je laisse mes partenaires agir de même... et on voit ce qui est possible. Chacun est responsable de sa part et personne n'impose rien à l'autre. C'est ça ma conception de la liberté relationnelle.<br /> <br /> Pour ce qui est de la fidélité et de l'engagement... ouais, en général ces deux termes en masquent un autre, rarement explicitement formulé : exclusivité sexuelle. D'ailleurs, bien souvent, la fidélité et l'engagement volent allègrement en éclat quand cette exclusivité n'est pas respectée.<br /> <br /> Camille... je n'ai rien à rajouter ;o)<br /> <br /> Charlotte tu as raison de préciser "aimé", c'est à dire réciprocité de l'amour qui, sans cela, n'est pas une relation.<br /> <br /> Nadine, je ne crois pas qu'on perde totalement la raison en étant amoureux, mais bon... la passion mène généralent à un état existentiel un peu déconnecté de la réalité du monde. Raison et passion peuvent mener vers des choix absolument contradictoires, et par là même torturants.<br /> <br /> Pour ce qui est d'aimer plusieurs personnes à la fois, avec relation intimes, je crois que c'est une affaire personnelle : certains le vivent, d'autres ne peuvent le concevoir.<br /> <br /> Pour ce qui est de la fidélité je la vois avant tout relationnelle, pas sexuelle. Pour moi la sexualité n'est qu'une partie de la relation.<br /> <br /> Lukéria, j'aime bien ton approche :o) Effectivement la libraimance telle que je la conçois n'implique pas pluralité. C'est une éventualité, pas un objectif. Les circonstances font qu'actuellement ma "liberté" a fait que j'ai été approché de façon plurielle et que, pour les raisons que j'énonce, je n'ai pas refusé sous prétexte que j'étais déjà dans une relation "libre"...<br /> <br /> Comme tu dis l'amour devrait rester liberté, mais la réalité est tout autre.<br /> <br /> Merci à tous d'avoir fait part de vos impressions :o)
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L
Je trouve ce terme de libraimance particulièrement beau, mais je ne vois pas bien en quoi il contiendrait une notion de pluralité ? Le summum de cette libraimance ne serait-il pas dans une relation d'amour à deux où chacun aurait parcouru un tel chemin qu'il pourrait se sentir totalement libre dans cette relation ? L'amour est ouverture, alors je me demande pourquoi certains pour ne pas dire beaucoup éprouvent cette sensation d'être enfermés ?
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N
Je vous envie d'être aussi clairs dans vos énoncés !!... et vos pratiques !...<br /> <br /> Je dois avoir une fausse idée de la passion (ou pas d'idée du tout ??) mais je sais reconnaître mon état amoureux. <br /> Néanmoins je ne parviens pas à perdre la raison... ça se soigne ?? ;-)<br /> Je comprends ce que veut dire Camille, on peut être amoureux et aimer d'autres personnes... mais d'une autre façon, c'est à dire SANS la relation intime.<br /> Où situez vous la fidélité si c'est sans exclusivité (intime)... j'admettrais la pause si c'est en ma faveur, je pense que je supporterais beaucoup moins bien d'être "mise en pause" et que la "durée" aussi belle soit elle, en prendrait un coup !<br /> ;)
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