Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
14 juin 2009

Harem

Ma collègue Artémis m'a invité chez elle, aujourd'hui. Oh, pas que moi ! Elle a invité tous les collègues de travail. Et son compagnon aussi sera là. Autant dire que notre proximité sera toute relative. Les conjoints de mes collègues sont invités. L'un d'entre eux, Fred, m'a demandé si je viendrais accompagné, provoquant l'exclamation hilare d'un troisième : « il va venir avec son harem ! ».

La légende du harem dure depuis que Fred m'a vu accompagné de sept femmes... lors d'un colloque où j'étais présent sous deux étiquettes : en tant que professionnel de l'insertion et en tant que futur écoutant relationnel. J'avais choisi d'être avec mes collègues de formation plutôt qu'avec lui. Depuis il ne manque pas une occasion de faire allusion à mon supposé harem.

Cela dit Fred n'a pas vraiment tort puisque je ne suis plus l'homme d'une seule femme. Mais ça, afin d'éviter tout malentendu, je n'en fais pas étalage...

Les remarques du joyeux drille ne sont certainement pas anodines pour Artémis. Nous avons un discret regard complice lors des saillies de notre hilare collègue : « s'il savait ! ». Du coup Fred passe un peu pour un con...

Artémis est une de celles avec qui je vis une relation d'intimité et, quoique étant elle même en couple, accepte mal que je ne lui réserve pas une exclusivité. Pour ma part je vais la cotoyer aujourd'hui avec son compagnon et, a priori, ça ne me pose aucun problème. Je vis tout cela très simplement, saisissant les possibilités du moment.

Pour la petite histoire Artémis m'avait expressément demandé, très sérieusement et droit dans les yeux, que je l'informe des moments où je serais "absent" pour elle. À la fois pour ne pas se sentir "de trop" en me sachant "ailleurs", mais aussi pour savoir comment elle réagirait, entre mental et tripes, face à cette réalité de ma libraimance. J'ai longuement hésité devant cette exigence de transparence, qui me pose un certain nombre d'interrogations autour du contrôle des pensées de l'autre mais, devant sa détermination, j'ai bien voulu accéder à sa demande. Après tout je préfère vivre dans la sincérité et les choix responsables ont toute ma faveur.

Le verdict ne s'est pas fait attendre : il y a deux jours, dès que je l'ai informée d'une prochaine "absence" elle m'a dit que c'était fini entre nous. Qu'elle ne se sentait pas capable de vivre ainsi. Ce risque avait été prévu et, tout comme elle, je savais à quoi m'attendre.

Nous sommes donc euh... officieusement redevenus strictement collègues. Après tout nous fonctionnons ainsi devant tout le monde et cette façade ne sera pas difficile à conserver. Pour le reste... nous verrons bien. Je prends tout cela avec philosophie, quoique je ressente des affects contrastés. J'avais construit ce lien en anticipant sa fin et me sens tout à fait capable de vivre assez sereinement les flux et reflux sentimentaux. Tout cela est très vivant, riche de sensations et découvertes.

J'ajouterai qu'Artémis est en pleine ambivalence entre son refus d'accepter ma non-exclusivité et l'intensité de ses sentiments, ce qui signifie que les choses n'en resteront probablement pas là...

Vous comprendrez aisément en lisant cela que mon silence en écriture n'indique pas que ma vie est devenue morne. En comparaison le plus palpitant des romans me semblerait d'un ennuyeux !

Commentaires
J
Billet (du jour) au bilan plutôt réjouissant... reste à améliorer celui le précédant :)<br /> <br /> "Waow ?" !? Tu sembles en douter... Du peu que j'ai pu lire ici, il émane une sorte d'énergie vibrante humainement conductible, un peu comme en musique... Wiki te dira mieux :) "Sur un instrument de musique à cordes, les cordes sympathiques sont des cordes libres, sur lesquelles on n'exerce aucune action, mais qui entrent en vibrations par simple résonance — par sympathie — avec les notes jouées de même hauteur (fréquence). Ce sont des oscillateurs couplés. etc..." ce qui te rend attachant et sympathique :)<br /> <br /> Bonne fin d'année, Pierre à faible empreinte carbone. Bise (je peux ?) filtre à particules :)
Répondre
J
Ailleurs mais bien présent :) tout en gardant votre naturel, co(ul)eur (à coeur) Pierre :) même si parfois vos libertés peuvent faire des "jaloux"... moi (un peu) la première, des dernières :D <br /> <br /> Merci d'avoir répondu, je suis touchée. Bonne continuation ici ou autre part, dorénavant je vais continuer de vous lire, en silence :) Belle journée !
Répondre
J
Suis morte de rire, cela a le mérite d'être franc :D<br /> <br /> M'en vais cuisiner, mon mari ne va pas tarder à rentrer :)<br /> <br /> Bonne soirée, coloré(e) Pierre :)
Répondre
D
« No zob at job ! » : voilà qui est facile à mémoriser, et c'est bien drôle :-)<br /> Quant à lire ceci : "Mais, bien que du genre prudent, ma tendance à la curiosité et à l'expérimentation ont été plus fortes que mes réticences.", alors je me dis aussi, ahhhhh, le frisson d'un interdit même que l'on se pose à soi-même... Je crois que je serais au moins tenté de cette manière-là.<br /> Et à bien y repenser, le boulot est souvent un sérieux espace de fantasme. Me reviennent quelques désirs dont je garderai la frustration en regret ;-)
Répondre
P
Véro, bienvenue sur ce site que je vous vois parcourir grâce aux commentaires que vous laissez :o)<br /> <br /> Il y aurait beaucoup à dire sur le regard que des femmes portent sur d'autres femmes ou sur "les hommes" en général. Il suffit parfois de peu pour que réaparaissent des idées stéréoptypées, des a priori, et finalement une perpétuation de ce qui semble vouloir être pourfendu.<br /> <br /> Parmi les femmes que j'ai rencontré depuis quelques années bien peu correspondent à une image standard. Je les constate beaucoup plus libres et émancipées, capable de se déterminer, que ne semblent le penser certaines de leurs congénères. Je ne vois pas les femmes comme plus fragiles que les hommes : c'est une question d'individualités bien plus que de genre sexué.<br /> <br /> Certaines femmes ne se sentent pas respéctées dans leur identité parce que d'autres qu'elles vivent les choses autrement avec des hommes...<br /> <br /> Qu'une femme déjà engagée attende d'un homme qu'il la préfère est effectivement surprenant. Mais en matière de relations affectives ce qui se conçoit par la pensée n'est pas forcément en accord avec ce qui se vit de l'intérieur. C'est, je pense, ce qu'à vérifié Artémis. Je crois que cela demande un travail personnel important pour réaliser cet accord tête/ventre.<br /> <br /> Je pense que les exigences que l'on impose sont la trace de tout ce que nous n'avons pas su élaborer en nous. Il y a alors une attente envers l'autre, alors que c'est en soi que les choses peuvent et doivent être changées. Oui, l'amour est une excellente "école" relationnelle, qui peut nous apprendre beaucoup sur nous-même. Le véritable amour est quelque chose qui ne va pas de soi et qui demande beaucoup de travail personnel. Donc, oui, qui se mérite.
Répondre
V
Je découvre votre blog et je suis littéralement tombée sous le charme de votre écriture et de la profondeur de vos analyses.<br /> <br /> Votre billet "harem" m'a fait sourire, notamment les nombreux jugements et commentaires féminins. Je suis une femme et je ne vous ai pourtant pas du tout perçu comme le "nouveau casanova" mais plutôt comme quelqu'un d'authentique dans ses sentiments, qui agit et écrit dans le respect de sa liberté profonde. Ce sont les expériences du passé qui aident à construire l'avenir...<br /> <br /> Je m'interroge (sans juger bien sûr) sur le fait qu'une femme qui a déjà un compagnon _donc n'est a priori pas totalement libre_ puisse souhaiter, voire exiger de l'autre une totale exclusivité...<br /> <br /> Il est ardu d'aimer dans la liberté, c'est à dire d'être entièrement soi-même, de faire des choix et d'en assumer les conséquences.<br /> <br /> On ne peut pas maîtriser la durée de l'amour, mais l'amour nous apprend énormément sur nous. Lorsque l'on commence à devenir exigeant envers l'autre en lui imposant nos propres choix, nos propres projections est-on véritablement toujours dans l'amour et le sentiment ou plutôt dans le ressentiment? On rêve tous d'un amour idéal et inconditionnel. Je finis parfois par me demander si le grand amour est quelque chose qui se mérite.
Répondre
P
Yogi : on ne se refait pas ;o)<br /> <br /> Shanti, enchanté que ce billet vous ait amusée. C'était la tonalité que je lui avais donnée.<br /> <br /> Oui, il y aurait aussi à dire sur la belle Artémis, qui "trompe" son compagnon en vivant quelque chose de fort avec moi, homme libre. Mais elle ne l'écrit pas sur un blog...
Répondre
S
Ma premiére visite ici je pense, au fil des blogs et des commentaires que je lis. Le post m'a amusé ^_^, je l'ai lu comme une petite histoire courte, sans avoir de jugement à porter. Et en survolant les commentaires, je me dis que c'est votre vie, libre à vous de la menez comme vous l'entendez. Le partage de votre expérience est riche sur la compréhension du comportement humain. Et finalement, je trouve parfois pas trop sympa les mots que l'on se permet de vous adresser au propos de l'affront fait à la belle Arthémis !! Sans un mot ni aucune compassion pour son affreux cocu de mari. Mais que fait Moliére !!!
Répondre
Y
"ma tendance à la curiosité et à l'expérimentation ont été plus fortes" : le retour de l'entomologiste :-) !
Répondre
P
Julie, tu me demandes « crois-tu qu'il serait possible que l'évitement de la souffrance affective ou d'une dépendance émotionnelle, puisse entraîner une autre souffrance ou une autre dépendance, imperceptible dans un premier temps mais décelable, ressenties plus tard? »<br /> <br /> Eh bien c'est une question que je me pose aussi ! Je crois qu'éviter la souffrance immédiate, qui est une mesure de sauvegarde, peut mener à reporter à plus tard, ou à déplacer, diffuser la douleur. Un peu comme si la souffrance était inévitable, incompressible.<br /> <br /> Certes j'ai trouvé une façon de me protéger de la souffrance au présent, et du coup je vis heureux. Mais... « à quel prix ? », m'a demandé ma psy...<br /> <br /> Ce prix est notamment celui de l'énergie que j'ai consacrée à la compréhension de ce qui me faisait souffrir. Mais il n'est pas exclu que je souffre aussi, sans vraiment le conscientiser, de renoncements qui, à long termes, atteindraient quelque chose de l'élan vital.<br /> <br /> Ouais... je me pose la question...<br /> <br /> Siestacorta j'ai effectivement constaté, il y a quelques semaines, que tu sévissais sur polyamour.info ;o)<br /> Pour le moment je ne me suis pas vraiment trouvé dans ce que j'y ai lu, mais j'y retournerai.<br /> <br /> Filo filo, l'image de Casanova garde un aspect dérangeant et je ne suis pas surpris d'y être peu ou prou assimilé. Mais je reconnais avoir moi aussi joué de cette comparaison, probablement parce qu'elle me semble être aux antipodes de ce que je suis... tout en me réjouissant d'aller chatouiller ce côté sulfureux.<br /> <br /> D&D, je me suis longuement posé la question avant d'accepter la douce mais persistante pression de ma collègue avec qui, par ailleurs, je m'entendais bien et partageais une curiosité pour les réflexions philosophico-spirituelles. Une de mes amies m'avait fait part de ses principes avec une formule qui m'a plu : « No zob at job ! ». Mais, bien que du genre prudent, ma tendance à la curiosité et à l'expérimentation ont été plus fortes que mes réticences.
Répondre