Être plutôt que dire
C'est très curieux : assez subitement je n'écris presque plus. Je n'en ressens plus le besoin... et j'en suis étonné. Ma vie continue d'être aussi remplie qu'auparavant, si ce n'est davantage, mais je n'ai rien à en dire. Je ne pense même plus à ce que je pourrais en dire !
Détaché des mots. Du moins pour le moment.
Je reviens de deux jours de congrés professionnel directement en prise avec la réalité du monde social et je n'ai rien à en dire. Ni du riche contenu, ni des à-côtés, alors que j'ai fait le voyage avec des collègues dont l'une avec qui s'invente une relation incertaine. Rien non plus sur l'évolution d'autres relations affectives dont je m'étais ouvert ici. Je suis devenu très discret avec ce genre de sujet...
Par contre j'ai passé des heures à trier, puis choisir, les photos de mon voyage que j'avais envie de partager !
Ah tiens, ce voyage, justement... ne serait-il pas pour quelque chose dans ma mutation mutique ? Ne m'a t'il pas permis d'aller plus loin qu'un déplacement géographique temporaire ? Je crois bien que si...
Il se pourrait que quelque traumatisme ait reçu, par cette démarche, non pas une impossible réparation mais une sorte de... transmutation. En découle une libération accrue.
Sans vouloir être prétentieux il me semble que je m'éloigne de mon égo. D'où cette distance qui prend place avec une part de moi qui ne m'intéresse plus guère. Et pourtant je sais que je peux encore partager quelque chose de mes pensées, de mes expériences de vie. Oui... mais sans trop parler de moi.
Comment partager du soi, sans que ce soit de l'égo ? Pas si facile...
Être plutôt que dire. Mais être, ça ne se dit pas.
Je me demande aussi... et si j'étais maintenant suffisamment bien dans ma vie pour ne plus être dans le souci constant d'y être mieux ?