Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
22 octobre 2009

Verrouillé

Verrouillé, c'est le terme que j'ai employé spontanément pour parler de mon "ouverture" aux élans amoureux. J'ai tenté de préciser à celle qui m'écoutait que ce n'était pas forcément une fermeture définitive, qu'il restait toute possibilité de voir changer cet état de fait... Tssss, la psy n'a pas été dupe : « Vous avez dit "verrouillé"... ? ». Ouais, c'est vrai, je sens bien que quelque chose est encore verrouillé.

Ça ne m'inquiète pas outre mesure, ni ne me dérange. Je le prends tel quel, sans ressentir de manque dans mon existence : c'est ainsi pour le moment. D'un autre côté les quelques femmes avec qui s'est noué un rapport intime depuis les années qui ont suivi ma grande désillusion ont toutes manifesté, assez rapidement, leur besoin de me voir investir plus intensément le domaine des sentiments. À chaque fois j'ai tenté de préciser ma position, de décrire ce que j'appréciais dans la relation vécue, ce que j'avais envie de partager, tout en ne cachant rien de ce que je n'investissais plus : le champ amoureux. Généralement j'en suis venu à expliquer brièvement l'origine de ma fermeture et ma hantise de la dépendance affective. Systématiquement, passé un épisode de déception bien compréhensible, s'est ajusté l'investissement affectif de mes partenaires. Pour la plupart cela a abouti à la fin de l'approche séductive... mais, jusque là, sans rupture de la relation. Il y a eu transformation de la dynamique, avec recentrage vers une sorte d'essentiel : la rencontre de deux personnalités qui ont quelque chose à partager et s'éclairent mutuellement. Un peu comme si chaque relation, débarrassée d'attentes inassouvissables, finissait par trouver une voie de compromis satisfaisant. Prend alors place quelque chose de fondé sur l'authenticité de chacun, qui pourrait mener vers... l'amitié. Une confiance réciproque et un respect des désirs de l'autre, ajustés à ce que chacun peut offrir.

Ces amitiés restent particulières parce qu'étayées non seulement par un partage de pensées et d'affection, mais aussi par l'empreinte des corps. J'aime beaucoup cette dimension qui relie intimement en laissant une trace sensible dans les profondeurs de l'être. Il semble cependant que le passage d'un rapport de séduction à une relation d'amitié interdise souvent au désir de garder la place qu'il avait. Il faut du temps pour retrouver un nouvel équilibre relationnel. Je ne suis pas sûr que pour chacune de mes partenaires la dimension sensuelle, et a fortiori sexuelle, puisse se rétablir hors du désir initial, lui-même ayant été porté par leur sentiment amoureux. Il y a là, profondément ancrée dans notre culture, une nette dissociation qui semble exclure l'un de l'autre.

Je vois donc se réinstaller au sein de ces relations, au moins temporairement, une part d'incertitude quant à la distance à tenir. Comme une nouvelle phase d'approche après un nécessaire éloignement...

Qu'importe : à mes yeux l'amitié durable est plus précieuse que le fugace désir. S'il faut sacrifier l'un pour conserver l'autre je sais ce que je choisis.

IMGP5055b

Groupe de Belugas - Estuaire du Saguenay dans le Saint Laurent

Commentaires
P
Ton intervention me plaît beaucoup, Calamityjane, et, évidemment, ne me choque nullement :o)
Répondre
C
Au risque de paraître choquante, j'ai des amis, des vrais sur lesquels je compte et bien il m'arrive de les désirer sexuellement et même d'assouvir mes envies avec eux...je ne vois pas où est l'histoire de "bonne" moralité, pourquoi ce serait incompatible avec le respect de l'autre dans une réelle amitié, dans les affinités intellectuels ou autres qu'on peut partager avec quelqu'un. C'est ce que je vis, ce que je ressens à un moment donné ou pas. L'autre ressent, a envie ou pas et tout va bien, si chacun se respecte mutuellement et communique sans interprétation délirante. La perfection et la vision des choses est différente pour chacun de nous, c'est ainsi...
Répondre
P
Oh mais tu ne m'as pas offusqué, Josiane. Seulement je ne peux accepter le terme de "parfait", parce que je ne crois pas que ce le soit. Par contre je peux entendre que toi tu y voies une "perfection", c'est à dire que ça résonne fort en toi tu n'aies rien à ajouter :)<br /> <br /> Éventuellement je peux aussi me demander pourquoi je réfute l'idée de perfection alors que je tente toujours de me rapprocher d'un inatteigable idéal...
Répondre
J
Je trouve votre échange Pierre et Alain très intéressant et vous décrivez chacun ce vous connaissez à travers ce que vous vivez. Il te semble Alain que l'amour et l'amitié ne soient pas compatibles mais peut-être tout simplement parce que tu ne l'as pas vécu et que tu ne t'es pas retrouvé dans une situation t'y confrontant: tu vis avec ta compagne et tu as des amies. Mais quand l'amour amoureux se trouve en "danger" est-ce que l'amitié n'est pas là pour sauver l'amour? Comme je l'ai déjà dit c'est peut-être une grande utopie de ma part de le penser et de me rapprocher de cela mais c'est en ce moment ce que je vis. J'ai moi aussi des amis avec lesquels je ne pourrai pas envisager une relation sexuelle, j'ai eu des relations sexuelles avec des hommes avec lesquels j'ai des relations d'amitié. L'un n'empêche pas forcément l'autre. Et puis il y a suite à certaines situations une évolution qui se met d'elle même en route vers ce rapprochement de l'amour et de l'amitié. Je ne l'ai pas décidé ou plus exactement nous ne l'avons pas décidé mais cela devenait une nécessité pour conserver la complicité, le désir , l'amour. Je vous parle de quelque chose que je vis et je ne sais pas à l'heure actuelle comment ça évoluera. Aujourd'hui, c'est comme ça...<br /> Désolée Pierre de t'avoir offusqué en employant le mot "parfaitement" qui je le reconnais est un peu trop fort mais tu sais moi je fais partie des gens qui ne savent pas écrire et donc je n'emploie pas forcément les bons mots pour m'exprimer, mais je sais que la perfection ne fait pas partie de ce monde ni dans la communication ni ailleurs... Je voulais simplement te dire que ce que tu exprimes résonne en moi. Je comprends ce que tu désires et je suis vraisemblablement en train d'avoir le même questionnement que toi. Voilà c'est pas plus compliqué que ça! C'est "la nouvelle phase d'approche après un nécessaire éloignement" qui est plus difficile à mettre en place! Bisous, à plus et merci encore pour l'effort à réfléchir que tu m'obliges à pratiquer!
Répondre
P
Je ne sais pas en quoi c'est « curieux », Alainx, ni en quoi ce serait un « besoin fusionnel » que de tenter de s'émanciper d'une conception normative du désir et de l'amitié. Bien sûr que ce sont deux réalités distinctes, mais en quoi seraient-elles incompatibles ? Au contraire de ce que tu prétends je crois que je me situe dans une démarche "fissionnelle". <br /> <br /> Chacun de nous vit selon ce qui lui convient, parfois en ayant besoin de séparer absolument l'amitié et le désir, comme tu le fais, parfois en les réunissant. Je ne crois pas qu'une façon de vivre soit meilleure qu'une autre. En tout cas je n'en ai pas eu la preuve jusque-là...<br /> <br /> <br /> J'ai aussi des amies qui ne sont pas amantes, ce qui donne effectivement des relations différentes, mais ni mieux ni moins bien. Et j'apprécie justement cette diversité dans les relations. Pourquoi se priver des richesses que nous offre l'existence ? Pourquoi rester confiné dans une seule voie ?
Répondre
A
C'est curieux ce besoin fusionnel de vouloir fondre ensemble et amalgamer amour et amitié...<br /> Comme si ce n'était pas deux réalités distinctes.<br /> J'ai quelques amitiés féminines de longue date. Cette profonde intimité de l'amitié m'a toujours semblé absolument incompatibles avec une intimité sexuelle. Et d'ailleurs je n'ai jamais eu un quelconque désir de les mettre dans mon lit ou d'aller dans le leur...<br /> Rien à voir avec une quelconque morale qui m'obligerait.<br /> J'ai eu des amantes. J'ai des amies. C'est très distinct en moi cela. Et cette différence fait toute la richesse de ces relations-là.
Répondre
P
Je me demande, Soleggiata, si coeur et raison sont vraiment déterminants. Pour ma part je crois que c'est quelque chose de plus viscéral qui fait faire des choix, coeur et raison n'étant alors que des "explications" face à quelque chose qui ne... s'explique pas en venant du plus profondément inscrit en soi, en grande partie inconscient. Le coeur et la raison sont bien sûr sous cette infuence. Autrement dit je pense que c'est plutôt "le ventre" qui aura le dernier mot.<br /> <br /> Charlotte, si « le sexe peut foutre le bordel dans une amitié » c'est bien parce que quelque chose de plus profond entre en action. Une amitié saine, entre des personnes bien construites et solides intérieurement, ne sera sans doute pas détruite par un partage devenant plus intime avec le corps. Au contraire, je pense que pouvoir atteindre cette complétude sans que l'amitié n'explose est signe d'une grande maturité affective.<br /> <br /> Chritine, être ami et amant, n'est-ce pas ce que beaucoup d'entre nous souhaitent vivre ? Avoir suffisamment confiance en soi et en l'autre pour que ces deux formes de relation s'équilibrent, se complètent et se nourissent. Mais sexualité et sentiments sont tellement imbriqués, et les sentiments tellement chargés d'attentes et de "besoins"... Oui, il y a bien nécessité d'être sevré de la dépendance amoureuse !<br /> <br /> Josiane, je ne peux pas te laisser dire que je saurais « parfaitement exprimer » ce que je souhaite :o)<br /> En matière de communication la perfection n'existe pas, loin de là. C'est toujours une tentative, une aventure, que de se lancer vers l'autre dans l'expression de ce qui se vit en soi. Un peu comme mes photos de voyages ne donnent qu'un aperçu très fragmentaire de ce que j'en garde en moi, mes mots ne traduisent que des fragments de ce que je suis. Et j'ignore presque tout de l'autre à qui je tente de décrire ce paysage intérieur.<br /> Pour ce qui est de la distinction entre amour et amitié, je ne me hasarderai plus à tenter de la définir à mes yeux. Je ne saurais non plus dire ce qui serait "vrai" dans ces élans de confiance vers l'autre, si ce n'est qu'ils confinent à l'inatteignable. L'amour "vrai", comme l'amitié "vraie" tendraient vers l'inconditionnalité... ce en quoi je ne crois pas, au sens absolu. Les désillusions que j'ai eues à ce sujet sont avant tout envers moi : je ne suis pas capable d'amour "vrai". Je peux aimer (amour et/ou amitié), certes, et j'essaie bien sûr de tendre vers l'authenticité et la fiabilité, mais je dois faire avec l'imperfection dont je suis fait. Je ne peux qu'accepter mes limites, mes failles, mes faiblesses... et donc de ne pouvoir atteindre une bien improbable "perfection".<br /> <br /> « je suis si bien quand j'aime et que je suis aimée » et euh... si mal quand tu ne te sens pas aimée ? Car c'est évidemment le risque. Tant que les limites dont je parle ne sont pas atteintes, l'amour peut faire illusion, mais dès qu'on s'approche des limites, les égos se réveillent avec tout ce qu'ils trainent de besoins, de souffrances, de désirs et de frustrations. <br /> <br /> « Le plus difficile, bien sûr c'est d'être les deux sur la même longueur d'ondes! La compréhension devient indispensable! ». Et comment comprendre l'autre si on ne s'est pas compris soi-même auparavant ? D'où l'importance de connaître nos limites, et de les accepter. D'accepter d'être faillible. Accepter de ne pas être capable de ce qu'on attend de l'autre. Pas facile...<br /> <br /> Oui, je crois qu'il y a beaucoup d'utopie à vouloir vivre amour et amitié... mais ce n'est pas une raison pour y renoncer ;o)<br /> <br /> S'en rapprocher est déjà un bel objectif.
Répondre
J
Belle détermination décrite par tes mots qui résonnent en moi! Tu sais parfaitement exprimer ce que tu souhaites et ainsi chacun et chacune peut y trouver une part de sa propre histoire.Personnellement, j'y retrouve la désillusion suivie d'une reconstruction en partant sur d'autres bases. L'amitié, la vraie, la sincère, l'authentique est pour moi une base solide.Et puis, quand à cette amitié vient se joindre l'amour, le véritable amour, il n'y a plus aucun problème, l'acte d'amour devient la cerise sur le gâteau tout en restant dans l'amitié. A ce moment là, le sexe ne peut pas venir foutre le bordel Charlotte!Oui, Christine je suis à ce moment là comme ton léger papillon qui s'envole et revient...et je suis si bien quand j'aime et que je suis aimée. J'ai besoin de ressentir cet amour au sein de l'amitié. Je l'appelle comme le dit Pierre "une amitié particulière". Et contrairement à ce que les autres pourraient penser, je n'ai jamais été aussi fidèle (si on parle de fidélité au niveau du sexe) qu'aujourd'hui. Aucune envie d'aller voir ailleurs si c'est mieux, car pour moi, c'est là où je suis que je suis le mieux, bien que je vive seule...le désir est toujours là, l'amitié est toujours là, l'amour est toujours là. Le plus difficile, bien sûr c'est d'être les deux sur la même longueur d'ondes! La compréhension devient indispensable! "Un peu comme si chaque relation, débarrassée d'attentes inassouvissables, finissait par trouver uen voie de compromis satisfaisants." Oui! Pierre, c'est tout à fait cela! Je ressens bien ta détermination, tu sais ce que tu choisis de sacrifier. Il faut en effet savoir ce que l'on veut, le dire à l'autre, être clair, que les choses soient bien claires pour tous les deux! Et c'est pas tous les jours facile!!! car l'amour est beaucoup plus exigeant que l'amitié, je parle de l'amour amoureux quand on vit ensemble, la vie de couple classique, celle justement à travers laquelle on a été blessé et de ce fait qu'on veut vivre différemment et ainsi on voit dans ce nouveau type de relation une amitié particulière et éternelle. Mais peut-être est-ce une grande utopie de ma part, de vouloir vivre l'amour de cette manière là? Bon WE à tous!
Répondre
C
Comme un léger papillon qui s'envole et revient au gré du vent ;)
Répondre
D
Tout pareil que Christine !!...sauf que si je me pose...je suis pas un papillon !!!<br /> ;))
Répondre