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Alter et ego (Carnet)
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16 novembre 2009

Résolutions relationnelles

« On ne se voit plus beaucoup. J'ai peur qu'on se perde », m'a t-elle dit. Ah ben alors, en voila une idée ! Mais on ne se perd pas comme ça ! J'ai tenté de la rassurer en lui disant que de ne pas trouver, en ce moment, le temps de se voir ne changeait rien à ce qui existe. Mais je parlais pour moi, alors qu'elle a peut-être peur... d'elle.

Peut-on se perdre à cause du temps qui espace les rencontres ? Oui, peut-être... Mais si on se perd... n'est-ce pas le signe qu'on ne ressent plus une envie relationnelle commune ? C'est la loi de l'évolution naturelle...

Position fataliste, hein ? Oui, ça m'arrive. De plus en plus. C'est bizarre d'ailleurs...

Pourtant je comprends bien ce qu'elle exprime. Je comprends son inquiétude pour en avoir beaucoup souffert, en d'autres temps. Jusqu'à la torture mentale, lorsque je me voyais seul face à ces interrogations cruelles, ne retrouvant la paix que par la réassurance d'une présence attentive. Terrible dépendance des signes d'attention (d'amour ?) de l'autre. Inquiétude envers un avenir redouté, nourrie par des traumatismes passés contaminant le présent...

Pouah ! quelle horreur ! Plus jamais ça !

Mais justement : je ne n'investis plus mes relations sentimentales ainsi. Je n'ai plus peur de les perdre. Attitude temporaire ou mutation profonde ? Je l'ignore. Pour le moment [depuis cinq ans] c'est comme ça. Indifférence ? Sûrement pas ! C'est même tout le contraire...

Si je sais bien comment j'en suis arrivé à cette stratégie autoprotectrice, en revanche je n'y suis pas encore vraiment habitué. Je m'interroge encore sur les orientations prises. Par rapport à ma durée de vie, longtemps inscrite dans une alliance de couple engagé "pour la vie", elles sont encore relativement récentes. Mes repères ont changé, certaines de mes valeurs ont été modifiées et d'autres se sont volatilisées. J'ai besoin de stabiliser tout ça. D'où mes réflexions récurrentes et intarissables autour de ces sujets ô combien passionnants.

Alors régulièrement j'écris des bilans de mes prises de conscience et résolutions, les infligeant proposant à mes lecteurs. Je n'invente évidemment rien, ne faisant que mettre mes propres mots sur ce que tant d'autres ont déjà décrit, mais je crois que l'écrire m'aide à préciser ce que je découvre, me permet de me définir et renforce la prise de conscience...

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Lorsque je dévoile en confidences mon passé récent, décris un peu où j'en suis de ma vie, présente ma façon de vivre les relations, j'observe qu'une inflexion marquée tient lieu de frontière entre avant et après. Je m'en suis rendu compte en présentant mon arbre psychogénéalogique (génogramme), surpris par mon geste explicite traçant un trait radical lorsque j'évoquais ma vie relationnelle actuelle. À partir d'un évènement précis je n'ai plus regardé la vie de la même façon. Il y a eu un choc et un réveil traumatique. C'est comme si j'avais ouvert les yeux sous l'effet d'une intense douleur. Déchirure et nouvelle naissance sous un éclairage cru. « Bienvenue dans le monde réel ! ». Depuis cette époque je constate que, dans mes relations aux autres, je ne me suis plus lié comme auparavant. Il y a une nette différence dans mon rapport avec les personnes connues avant, sous un mode de fonctionnement qui reste globalement opérationnel encore aujourd'hui, et les liens établis après sur de toutes autres bases. Ce qui fait qu'actuellement les deux modes relationnels coexistent. Je ne parviens qu'imparfaitement, et très lentement, à modifier mon implication dans les relations d'avant qui le nécessitent...

Par contre pour tout ce qui est récent j'ai fait en sorte d'éviter de me trouver propulsé dans des situations dont je connais les conséquences néfastes sur mon bien-être.

« On ne construit pas son bonheur, on détruit ce qui y fait obstacle »
(Christian Buron)

Désormais je m'efforce de ne rien attendre dans mon rapport affectif et sentimental à autrui : moins j'aurai d'attentes et moins je me verrai dépendre de les voir satisfaites. J'évite ainsi bien des déceptions et frustrations, coûteuses en énergie. J'ai *seulement* besoin de me sentir libre pour me sentir en confiance, bien dans la relation. Libre d'être moi-même, c'est à dire accepté pour ce que je suis. Ce qui m'oblige aussi à accepter l'autre tel qu'il/elle est... Globalement j'ai appris à prendre les relations telles qu'elles se présentent et accepte assez aisément de les voir évoluer selon des aléas que je ne maîtrise pas. Bien que pas toujours simple à vivre puisque je reste sensible à l'affectif, la plupart du temps c'est beaucoup moins coûteux en énergie interne...

Je suis dans une logique d'économie d'énergie !

La contrepartie c'est que je ne "tiens" rien dans ces nouvelles relations et que je m'y implique peu. Souples et libres, elles pourraient s'étioler et disparaître si ce que j'apporte (ce que je suis) n'est plus considéré comme suffisant. J'aime assez cette incertitude : elle renvoie chacun à sa part de responsabilité dans le maintien du lien !

Je crois que l'acceptation de cette impermanence dans les relations fait partie de ce qu'on appelle le "lâcher prise" : rien ne dure à l'identique. Rien ne peut-être figé durablement. Rien n'est jamais acquis. Sauf la mort ! La mort réelle, physique, la seule qui soit irréversible.

À ce propos, apprendre à distinguer le réel, les faits, de l'interprétation subjective qui en est souvent donnée sous le vocable trompeur de réalité, insidieusement transformée par l'imaginaire, aura été une indispensable base de reconstruction.

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Mon premier travail de rénovation post-traumatique a consisté à cultiver le présent, seul temps réellement vivant et vécu. J'ai compris que me projeter vers le futur suscitait en moi des craintes, pour ne pas dire de profondes angoisses par rapport à l'idée de perte, justement. Angoisses largement inconscientes, bien sûr.
Ne pouvant pas faire abstraction totale du futur puisque c'est une perspective qui me permet d'avancer et de me fixer des objectifs, je pouvais néanmoins m'en abstraire dans la dimension émotionnelle qui m'angoissait: l'affectif.

Pour cela il me fallait impitoyablement éradiquer l'espérance, cette herbe folle qui repousse avec obstination en faisant rêver aux lendemains heureux.

Ça parait beau l'espérance, mais c'est aussi vain que la prière : s'en contenter ne mène à rien, s'en servir comme levier peut mener à de graves désillusions. L'espérance est un piège, un néant [ouais, je sais, j'exagère]. Je m'interdis donc [euh... sans vraiment y parvenir] d'espérer : je vis ce qui est là, immédiatement accessible. Tout au plus puis-je souhaiter, désirer, vouloir. À partir de là ce dont j'ai envie, ce vers quoi je veux aller, c'est à moi de le conquérir. Avec comme moteur quelque chose de plus fort que la passive espérance : une sorte de foi. Non pas une foi rattachée à une religion, mais une foi en ce qui à mes yeux est essentiel et que j'appellerais le mieux-être de l'humanité en marche. Quelque chose qui consiste à croire délibérément qu'il y a un sens à donner à l'existence. Un sens qui, d'une somme de mieux-être individuels va vers le mieux-être collectif. Je n'espère pas qu'il y aurait un sens : je choisis d'aller dans ce sens. J'oriente mes actes dans cette direction... qui est loin d'être clairement balisée. Et puis ça aussi ça demande de l'énergie, ce qui me pousse à choisir dans quoi je l'investis.

Prendre conscience que l'action était la seule façon d'obtenir ce que je voulais m'a permis, à l'inverse, de prendre conscience de mes limites : je ne peux pas agir sur les désirs de l'autre. Je ne peux qu'accepter cette limite de mon pouvoir. Pour cette raison je ne peux pas "aider" l'autre qui ne le demande pas. Prendre de la distance, pour ne pas "coller" à l'autre dans ses fluctuations, pour ne pas me laisser entraîner dans ses attentes ni ses épisodes sombres, m'est sans aucun doute le plus difficile apprentissage. Mais il est indispensable ! Trop souvent le mal-être de l'autre, auquel je suis sensible, m'atteint et me fait sombrer dans mon propre mal-être de sauveur impuissant. D'une certaine façon mes désirs de partage et de rencontre dépendent du désir réciproque de l'autre. C'est une forme de dépendance... dont je n'ai plus voulu être esclave. J'ai donc ressenti la nécessité de favoriser le détachement. Au sens de « se sentir libre dans le lien ».

Incidemment ce détachement préserve aussi l'autre de mes errements : n'attendant rien du lien je ne considère pas non plus que quoi que ce soit me soit dû. Chacun reste responsable de son bien-être. je suis responsable de ce que je ressens. Je suis responsable des orientations que je donne à ma vie. Et l'autre est responsable de ses choix, de ses ressentis. Utile pour ne pas rester dans une position de victime...

Ma responsabilité et ma liberté sont indissolublement liées.

Tout cela fonctionne plutôt bien maintenant, hormis en ce qui concerne quelques relations d'avant vis à vis desquelles je dois encore travailler sur mon implication. Au stade où j'en suis de mon cheminement je me rends compte que je dois aller farfouiller du côté de cet avant pour voir comment m'en détacher davantage.

Un mot m'a servi de déclic en lisant un commentaire ici : nostalgie. J'ai compris que j'avais besoin de quitter ces terres infertiles. Si le passé m'a nourri, s'il fructifie toujours en moi, il est cependant révolu et je ne retrouverai pas ce que j'y ai vécu. Pas davantage dans les bonheurs que dans les malheurs. Parce que revenir en arrière est impossible, je ne repasserai jamais par le même endroit. Alors plutôt que de regretter un passé qui s'éloigne inexorablement et ne reviendra pas je peux n'en garder que les enseignements : me souvenir de ce qui a été bon et ne l'a pas été. En extrapoler ce que je ne veux plus vivre et oeuvrer pour ce que je voudrais voir se renouveller. Non pas à l'identique, mais en fonction de ce que je suis maintenant, avec ce que je vis au présent. Puiser dans le passé ce qui me permet de mieux vivre au présent.

La nostalgie, culte du passé, est sans autre issue heureuse que le détachement. Être heureux de ce que j'ai vécu et, en même temps, accepter que ce ne soit plus est le seul chemin de libération.

Dans mon travail de défrichage reste à élaguer le puissant arbre de la loyauté et ses ramifications : la fidélité, la confiance, la fiabilité, l'honnêteté, la droiture, la sincérité, la franchise, etc. Tout ce qui favorise la véritable rencontre des êtres ou les sépare dans le sentiment amer de la trahison ou de l'abandon.

J'en suis là, en ce moment, à m'interroger sur ma loyauté [autre terme cité dans un commentaire et qui m'a servi de déclic]. À qui, à quoi suis-je loyal ? Non pas seulement au présent mais en filiation directe d'un passé inconscient. Qu'est-ce qui fait que j'attache autant d'importance à diverses formes de fidélité ? Qu'est-ce qui à fait que je ne veuille pas "abandonner" ? Mes loyautés inconscientes ne me conduisent-elles pas à trahir dans d'autres domaines ?

Le champ des questions qui s'ouvrent et vaste et va probablement me demander un long temps de maturation.

* * *

J'ajouterai finalement une règle de conduite toute simple qu'il me faudra bien m'approprier : quand je me pose des questions sur l'autre, plutôt que de laisser mon imagination supposer des réponses il est préférable de les lui demander.

Commentaires
P
Il y a un espace, Josiane : aller jusqu'où on se sent capable sans se mettre en danger. C'est à dire aider à sa mesure.<br /> <br /> Pour ce qui est de l'homme accompli je me demande si savoir qu'on ne l'est pas ne fait pas partie de l'accomplissement...<br /> <br /> nadine, je pense aussi qu'on comprend mieux chez l'autre ce qu'on a déjà vécu en soi. Parce que ce n'est alors pas la raison qui parle, mais les émotions qui se souviennent.<br /> <br /> Soleggiata, tu reviens quand tu veux :o)
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S
Te re-lire... afin de bien assimiler ... <br /> Une nécessité,car je sens , une fois encore, que <br /> tes mots font écho... Besoin de laisser "poser" et revenir avec un oeil différent... <br /> A tout à l'heure, demain ou plus tard encore<br /> <br /> Merci de coucher toute cette réflexion, ce constat,ces conclusions... <br /> Un chemin qui est le tien,mais vécu avec tellement de recul , il devient une grande richesse pour chacun de nous<br /> Bonne journée Pierre...<br /> Patricia
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N
Josiane,... malade de son ego<br /> Ceux qui ne le sont pas, sont à mon sens plus dangereux que les autres. <br /> Pour comprendre et accepter les autres, il faut avoir déjà pris conscience et ressenti la douleur physique ou morale à l'intérieur de soi. <br /> Les gens qui avancent sans se remettre en question, ne sont pas malades de leur ego, mais ne sont pas attentifs aux autres, et je serais plus tentée de penser qu'eux sont des égocentriques, pas du tout nombrilistes, mais pas du tout altruistes non plus.<br /> Je dirais également que ce que tu cites comme faiblesses de l'homme, me semble être l'essence même de ce qui constitue l'homme.<br /> Pour moi l'homme n'est qu'imperfection, mais c'est parce qu'il est un Homme , pas un Dieu (si Dieu existe).
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J
Pierre, n'y-a-t-il pas un espace entre "d'abord penser à moi, toujours!" et le "syndrôme du sauveur"! Je ne sais suffisamment pas nager (au sens propre comme au sens figuré!)pour me jeter à l'eau et sauver quelqu'un de la noyade, ce serait une mauvaise réaction qui effectivement pourrait m'entraîner à moi aussi vers la noyade...mais n'y-a-il pas une action qui consisterait à tendre la perche ou à appeler les secours? Je pense qu'il y a un juste milieu à trouver! Je ne peux donc pas et de ce fait, oui je ne veux pas le regarder s'enfoncer sans rien tenter de faire pour essayer de le sauver, de le ramener à mettre les pieds sur terre...à part ça, je prends un réel plaisir à lire vos échanges, c'est passionnant! Tout y est dit! Merci Pierre pour ouvrir le débat vers l'Amour, la liberté, le non-conditionnement, et surtout la vie, car dans tout ce que chacun écrit il y a un souffle de vie, il y a "quelque chose" que chacun essaye à sa manière de mettre en mots pour que ça aille mieux, pour y voir plus clair, pour essayer de guérir de notre condition humaine. (j'ai bien dit essayer...) Car comme un sage l'a si bien dit: "il considérait que l'Homme, c'était l'homme accompli, l'homme unifié, l'homme libéré des émotions, du mental, de l'égoïsme et non pas l'homme encore tâtonnant, encore prisonnier de ses peurs, de ses désirs, de ses lâchetés, de ses passions et de son isolement parmi les autres, conflictuel, rancunier, douloureux, emporté, incapable de s'aimer et d'aimer les autres coupé de l'infini. Ce dernier n'est qu'un germe d'homme, une potentialité d'homme. Mais ce germe et cette potentialité sont en tout homme." Et si je suis ici en train d'écrire et de lire c'est que je suis cette femme inaccomplie, encore malade de mon ego, de l'égocentrisme et que je cherche à aller vers quelque chose de meilleur...comme je pense vous tous ici...Bisous et à plus
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P
Super ! ;o)<br /> <br /> L'image de la laisse date du temps où j'étais marié : j'étais "libre" de faire ce que je voulais... dans la limite de ce qu'acceptait mon épouse. C'était logique, mais depuis que j'ai senti cette "laisse" je n'en veux plus et tout ce qui m'est "interdit" par l'autre m'est intolérable. Je ne dis pas que c'est raisonnable mais c'est comme ça que je le ressens actuellement. Absolument subjectif, vous avez raison.<br /> <br /> Ce que j'appelle "laisse" c'est tout ce que l'autre tente de m'imposer, c'est à dire ne correspondant pas à un désir de ma part. Il peut effectivement s'agir d'un désir de partage qui n'est pas réciproque.<br /> <br /> Les émotions ne sont pas le contraire de la raison, mais un niveau différent de conscience. Quant à la raison, oui, elle tente de prendre le contrôle des émotions... afin que ce ne soient pas les émotions qui nous contrôlent. Je parle là des émotions "archaÏques", telles que le désir et la peur.<br /> Je préfère effectivement éviter les émotions extrêmes, parce que j'y suis trop sensible.<br /> <br /> Pour ce qui est de la froideur de la machine, vous exprimez là une crainte mais je ne me sens absolument pas proche d'une machine :o)<br /> <br /> Quant à la vie municipale, vous semblez la voir sous un drôle d'angle ! Je ne m'y suis pas engagé pour être "en représentation" (je le suis suffisamment sur ce blog...) mais pour mettre mes compétences au service de la collectivité et tenter d'agir selon des valeurs qui m'importent.<br /> <br /> Yogi, merci pour les précisions : c'est beaucoup plus claire comme ça et nettement plus intéressant ! :o)<br /> <br /> Tu soulignes l'éventualité d'une attitude réactive... et tu as raison. Mais je ne sais pas qui j'aurais été sans ce qui a déclenché tout ça et ne peux que constater ce que je suis avec. La seule chose évidente c'est que ça me fait "travailler" (du bocal !). Démarche hasardeuse, certainement : exloration, aventure, découverte.<br /> <br /> J'aime bien ta remarque pleine de lucidité : oui, on parle toujours de soi, ou du moins "à travers soi".<br /> <br /> La « terrible contrainte de l'écriture publique » : aliénation libératrice ou libération aliénante... souvent je m'interroge.<br /> <br /> Quant à l'hommage, plutôt qu'ériger un monument aux morts, ça devrait se terminer en hymne à la vie. Question de temps...
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Y
En tous cas, construire sa vie comme un monument en hommage à un amour perdu ... je connais cette tentation.<br /> <br /> Sans oublier l'ombre - plane-t-elle toujours ? - de la possible lecture muette de celle par qui tout est arrivé ... terrible contrainte de l'écriture publique ... boucle de rétro-action ... comment ne pas craindre que tout cela ne soit qu'un long, un formidable, un douloureux cri d'amour à elle adressé ? Toi seul peux le savoir.
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Y
Qu'est-ce qui "ne s'arrange pas" ? Attention, avis éminemment subjectif ! Ce qui ne s'arrange pas c'est peut-être cette dissonance à mes yeux entre le chemin que tu veux suivre et les valeurs que tu affiches ... <br /> <br /> L'accord avec soi-même ? J'ai parfois l'impression de te voir en fait célébrer "négativement" l'amour fusionnel, qui t'a tant comblé puisqu'il t'a tant fait souffrir, et le célébrer maintenant en consacrant ta vie à le fuir après l'avoir consacrée à le poursuivre. J'y vois une différence importante avec F.Simpère et la "polyfidélité" dont tu te réclames parfois : pour elle, il semble que ce soit bien cette multiplicité l'idéal, qui correspond à son "moi" profond et qui la satisfait. Alors qu'on pourrait penser que "l'idéal" pour toi se situe justement dans cette relation que tu fuis (cf quand tu dis "je pourrai quand même vivre le meilleur s'il se présente"), et que tu n'ambitionnes de changer ton "moi profond", de changer d'idéal, qu'en réaction à la souffrance endurée, ce qui me paraît une démarche hasardeuse. Mais bon, peut-être suis-je complètement à côté de la plaque ... Qui suis-je pour prétendre savoir le premier mot de tout cela ? Parlé-je de toi ou de moi ?
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S
Pierre,<br /> <br /> Sugoi veut dire ''super'' en japonais ;o)!! voila<br /> <br /> « se sentir libre dans le lien » = vivre le moment présent sans trop me soucier de savoir si ça durera et sans me sentir "attaché" par une laisse.<br /> etre ''attache par une laisse ''? votre sensation ce n'est qu'une sensation et c'est la votre. Cela est vraiment tres subjectif <br /> mais votre compagne/amie comment peut elle ressentir votre ''sensation'' d'apres vous ? car dans une relation on est deux !! donc deux emotions a gerer !!! et non pas une! pour vous cette laisse c'est quoi ? un investissement/partage qui vous est demande ?<br /> <br /> ''Ça ne signifie pas qu'il n'y a pas d'implication émotionnelle, mais que ce ne sont pas les émotions qui prennent (perdent !) le contrôle.''<br /> voila une phrase qui me semble un peu paradoxale les emotions etant justement le contraire de la raison - le controle = la raison ... ne pas s'investir, etre super cartesien au detriment de vivre les hauts et les bas de la vie. Vous preferez donc une mediane qui reste dans des valeurs toujours tres proches donc, est ce que je me trompe ? <br /> <br /> Je me situe à une distance qui n'empêche pas les affects, les sentiments, mais empêche que ceux-ci puissent se transformer trop facilement en souffrance en cas de manque, de frustration, etc...<br /> Mais n'est ce pas le propre de l'homme de vivre plus ou moins intensement ces affects qui sont notre humanite propre? Cette gestion de la vie, par la distance aux gens, me semble se rapprocher de la froideur de la machine qui ne vit pas les sentiments et ne crains pas de souffrir du manque de la frustation etc ...<br /> <br /> Pierre vous etes lie a la vie minicipale d'une commune je crois ; donc quelque part vous etes en 'representation'? vus aimez donc etre sur le devant de la scene ? Vous aimez etre aime, non ? mais sans etre trop implique dans la relation. toujours la notion de controle qui est mise en avant ?<br /> Je pense que je m'immiscer regulierement. C'est vraiment interessant ce qui se passe ici !<br /> bonne soiree a tous<br /> sugoisugoi
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P
« chacun réagit à partir de son propre vécu, », dit Josiane. Oui, toujours bien garder en mémoire que nous colorons nos échanges de notree subjectivités. Nous interprétons et projetons selon notre vision du monde...<br /> <br /> Josiene, tu dis : « Est-ce-qu'on peut regarder quelqu'un se noyer sans essayer d'aller à son secours? ». La première chose à faire est de s'assurer qu'on se sent en capacité de maintenir l'autre hors de l'eau sans qu'il nous entraine dans son naufrage. D'abord penser à soi, toujours ! Attention au syndrôme du sauveur...<br /> <br /> S'interroger sur des mots tels que « je ne PEUX pas le laisser se débattre ». Si tu peux (tu en as la capacité)... mais tu ne VEUX pas. Parce que c'est « plus fort que toi », je suppose. Reste à savoir pourquoi quelque chose "t'oblige" en quelque sorte, à réagir ainsi.<br /> <br /> Incertaine, merci de rappeller la distinction entre "bien être interieur" et nombrilisme. C'est quand même curieux de voir comme prendre soin de soi est connoté péjorativement !<br /> <br /> Ça me fait du bien aussi de lire que tu fais la nuance entre "détachement" (non-dépendance, non-soumission, ou autre terme plus judicieux) et indifférence. Je trouve qu'on manque tellement de nuances dans les formulations et entre des concepts qui présentent des similitudes mais sont pourtant de nature foncièrement différente.<br /> <br /> Merci aussi d'avoir bien compris que je parlais dans "l'ici et maintenant" et pas de façon définitive et absolue. Rien ne dit, effectivement, que je n'aurai pas changé d'idées dans quelques mois ou années.<br /> <br /> Pour ce qui est de l'espérance vue comme tu la présentes j'y souscris. Je me sens être porté par une grande espérance, qui soutient cette "foi" en une amélioration du bien-être humain. Mais c'est une espérance qui me dépasse, qui dépasse très largement le cadre de ma simple existence. Voila pourquoi j'essaie de ne pas laisser guider ma vie par de petites espérance... égoïstes ;o)<br /> <br /> Kyrann, j'ai une vague idée du sens des termes que j'ai cité, mais je préfère me fier aux précisions que pourraient apporter ceux qui les ont émises, histoire de bien être en phase :o)<br /> <br /> Je comprends fort bien que ma façon d'être en relation puisse faire souffir puisque c'est précisément pour éviter ce genre de souffrance que j'en suis arrivé à ce fameux "détachement"...<br /> <br /> Je ne me réjouis pas de générer cela et me suis déjà ouvert de mes états d'âme à ce sujet. Mais c'est là qu'intervient la notion de responsabilité de chacun : je peux être attentif aux ressentis de l'autre, tenter de réduire ce qui est désagréable, mais je ne peux pas supprimer quelque chose sur lequel je n'ai pas de pouvoir. On peut appeller ça indifférence, égoïsme, ou tout autre qualificatif négatif, moi j'y vois une recherche de conciliation qui tient compte des désirs et besoins de chacun. J'accepte bien évidemment que mon attitude, si elle déplaît, puisse entraîner un détachement à mon égard. C'est le prix à payer. Le prix de l'authenticité.<br /> <br /> Que cette note attriste ne me fait pas percevoir un jugement : c'est un sentiment.<br /> <br /> Je crois que j'exprime assez clairement, voire très explicitement où j'en suis dans ma façon de vivre les relations. C'est même l'objet de nombreuses discussion puisque ça interpelle ou pose question. Ensuite, qu'on ne parvienne pas à me faire changer d'avis je comprends que ça puisse frustrer, mais je ne crois pas avoir à l'assumer...<br /> <br /> Quoi qu'il en soit les éloignements que ça peut occasionner confirment, malheureusement, que j'ai raison de me "protéger" de l'attachement. J'ai bien conscience que les deux dynamiques s'auto-alimentent.<br /> <br /> Ne t'en fais pas, je ne crois pas prendre pour des attaques ce qui n'en est pas :o)<br /> <br /> <br /> Sugoisugoi, merci d'oser t'exprimer et bienvenue :o) (ça veut dire quoi ton pseudo ?)<br /> <br /> Je ne peux pas répondre à la place d'un autre, mais dans mes mots à moi « se sentir libre dans le lien » = vivre le moment présent sans trop me soucier de savoir si ça durera et sans me sentir "attaché" par une laisse.<br /> <br /> « rester (plutôt que "prendre") à la distance » = ne pas trop "coller" à l'autre, ne pas fusionner, comme je l'ai expliqué dans mon billet ou un commentaire. Ça ne signifie pas qu'il n'y a pas d'implication émotionnelle, mais que ce ne sont pas les émotions qui prennent (perdent !) le contrôle. Je me situe à une distance qui n'empêche pas les affects, les sentiments, mais empêche que ceux-ci puissent se transformet trop facilement en souffrance en cas de manque, de frustration, etc...<br /> <br /> Eradiquer l'espérance passive va exactement dans le même sens. je ne me sens pas du tout "mort", mais au contraire pleinement vivant et acteur de ma vie. Et je cherche à ne pas me perdre dans l'imaginaire, les projections, pour bien rester en contact avec le réel : ce qui se vit dans le présent.<br /> <br /> Pourquoi vouloir éviter le pire ? Ben... parce que ce n'est pas vraiment agréable à vivre ! Alors s'il faut se priver de RÊVER au meilleur pour éviter le pire quand il s'écrase contre le mur de la réalité... je choisis cette solution. Ce qui n'empêchera que je puisse vivre le meilleur s'il se présente, s'il est là, accessible.
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S
Je lis je lis depuis des semaines ce blog et j'interviens ... car je n'y tiens plus. ;o)<br /> Pierre, votre detachement je le vis par l'intermediaire de quelqu'un qui me semble vu d'ici indifferent, froid, distant ... Vos mots sont les siens. J'essaie de comprendre mais rien n'est clair. <br /> 'se sentir libre dans le lien'= ne pas vivre pleinement le moment present de peur de vivre potentiellement moins libre ?<br /> 'prendre de la distance' = elever un mur ? se mettre a distance ? donc ne pas s'impliquer emotionnellement -? <br /> eradiquer l'esperance ? mais n'est ce pas deja etre mort, vivre sans un sentiment une emotion essentielle ? n'est ce ps se couper du monde du REEL ??<br /> Non, les relations ne sont pas un long fleuve tranquille; elles apportent le meilleur et le pire. C'est dans l'ordre des choses de notre vie. Pourquoi vouloir tenter d'etouffer tout cela ?<br /> <br /> je me pose dix mille questions ...
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