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Alter et ego (Carnet)
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21 novembre 2009

L'énergie de la sérénité

C'est quand même bizarre... je raconte ma vie en public et vous êtes nombreux à suivre mes états d'âme. Habituellement discret, peu loquace, l'écrit me transforme en homme bavard sur lui-même. Spectacle infime d'un gars qui prend la vie un peu trop au sérieux... alors qu'il ne l'est pas, sérieux. Enfin si, quand même, mais pas tant que ça.

Mais.. qui suis-je vraiment ? La question a t-elle un sens alors que je me vois changeant, différent selon les situations et les personnes que je rencontre ? Être soi ne consiste t-il pas simplement à l'être dans l'instant ? Chercher à me connaître alors que je suis, par la nature même de la vie, variable, en mouvement, toujours en évolution... cela a t-il un sens ?

Qui suis-je ? Le saurais-je jamais ?

Ces questions me viennent parce que, selon les personnes que je cotoie, dans la vie et sur internet, je constate qu'on me perçoit tantôt comme un homme serein [voire sage...] tantôt comme une personne compliquée qui se "prend la tête" au lieu de vivre simplement [!!!]. Le grand écart de ces appréciations dépend des registres d'expression, des domaines abordés, et surtout du caractère des personnes qui les énoncent.

Mais moi, je me sens comment ?

Eh bien je me sens plutôt serein, et heureux de l'être, dans une vie qui, globalement, me convient ! C'est bien ça le plus important, non ? J'ai choisi de prendre un chemin qui me mène vers un apaisement généralisé et rien que ça contribue déjà à m'approcher de mon objectif. Bon... il est certain que j'y travaille. Je reconnais avoir consacré, cumulée sur des années, une énergie inouïe pour aller vers cette sérénité. Ouais... ça peut paraître paradoxal si la sérénité est vue comme étant une forme pérenne d'insouciance inactive... Mais ce n'est pas mon cas : je sais que ma sérénité n'est pas acquise et qu'il me faut "travailler" à son maintien tout autant que résister à pas mal de sollicitations qui pourraient m'en éloigner.

Ce que je suis, en réalité, tient de deux états contraires : serein et cogitant.

Le concept de sérénité m'était lointain auparavant, mais je le vivais déjà un peu sans le savoir. Je n'ai donc eu qu'à suivre une inclination naturelle en libérant quelques freins. Le travail a été efficace et a porté ses fruits, pour ceux qui m'étaient accessibles. D'autres, inatteignables, restent objet de convoitise. Je pensais pouvoir m'accomoder de cette frustration jusqu'à ce que, très récemment, je ressente physiquement un épuisement que je n'avais pas vraiment identifié jusque-là. Il était directement lié à ce autour de quoi j'écris et réfléchis, quête de réponses concentrée dans une quintessence : c'est quoi l'amour, c'est quoi l'amitié, c'est quoi le lien ?

Si ce n'est pas clair dans mes pensées, ça ne peut pas l'être lorsque j'ai à choisir. Alors souvent j'hésite... Mais j'ai constaté depuis longtemps que lorsque j'hésite entre des alternatives contradictoires je dépense une énergie considérable en patinage immobile. L'envie d'aller dans un sens et dans l'autre, alternativement, simultanément, m'épuisent... pour un résultat quasiment invisible à court terme. Ce n'est qu'à longue échéance que je peux constater les effets éclairants de cette confrontation interne. J'y gagne en assurance, en confiance en moi et c'est primordial. Mais coûteux...

Je crois que, bien souvent, la raison de mes hésitations et le temps qui m'est nécessaire pour me décider viennent de mon souci de l'autre. Je cherche un compromis satisfaisant entre mes besoins personnels et les siens, connus ou imaginés. Selon que je pense d'abord à l'autre ou d'abord à moi, le résultat peut être radicalement différent. Il y a donc une confrontation entre l'alter et l'ego. Négociation interne qui nécessite un temps de maturation. Accepter la différence d'autrui me demande de travailler sur mes limites, m'ouvrir à une autre façon d'être, tandis que ne penser qu'à moi serait assez simple et rapidement tranché...

Mais ce n'est pas ma façon de faire !

A une époque où tout doit se décider vite, je me sens souvent en décalage. Quand on me demande de me déterminer rapidement je me vois dans l'incapacité de le faire de façon sensée et équilibrée. Ce qui fait que, géralement, je laisse l'autre choisir... avec l'éventuelle insatisfaction que je peux ressentir. Cela a pu me coûter extrêmement cher. D'ailleurs le travail dont je parle découle largement de cette facture...

Je crois que vitesse et sérénité s'accordent assez mal. Je me sens infiniment mieux dans la lenteur que dans la précipitation. Je ne suis pressé que lorsque j'ai peur, cherchant au plus vite à être rassuré. Voila pourquoi désormais je m'épargne la peur en restant "à distance" de ce qui pourrait m'inquiéter. Ma sérénité s'accomode très mal de la pression.

Par rapport aux relations à connotation sentimentale et affective il n'aura échappé à personne que j'ai développé des peurs tenaces. Elles contrarient mon accès à une sérénité plus ample et sont l'objet d'un travail intérieur soutenu. J'y consacre encore une énergie importante, notamment par le biais des écrits que je vous propose en partage, tout en me réjouissant des effets bénéfiques qui en découlent. S'il m'arrive parfois d'être las de tant d'énergie consacrée à un cheminement dont je constate qu'il ne passera pas là où j'aurais aimé, je crois cependant qu'à la longue je verrai tous les avantages des détours involontaires auxquels j'aurais été contraint.

Aller vers la sérénité est un travail de longue haleine mais je crois qu'il en vaut vraiment la peine.

IMGP7246

Lente maturation d'automne

Commentaires
P
C'est beau ça...........
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P
Pati... tu veux dire qu'il a pu m'arriver d'être bavard sur moi-même oralement ? Voire même devant un auditoire nombreux ? C'est vrai que, question discrétion, c'est pas ce qui se fait de mieux ;o)
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P
a tout mieux résumé... c'est plus clair comme ça, ma phrase sibylline ;)))
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P
"Habituellement discret, peu loquace, l'écrit me transforme en homme bavard sur lui-même"<br /> <br /> j'ai bien aimé (comme d'hab) ton développement Pierre. <br /> mais excuse-moi, quand j'ai lu cette petite phrase, y a eu comme un p'tit coup de flash back, sur une fin d'après-midi, du côté de la Sorbonne ;)))<br /> <br /> merci de ce sourire du soir, Pierre :)<br /> <br /> pour le reste, Josiane (que je salue au passage!) a tout mieux mieux que je ne saurais le faire :)
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F
Parfois on se sent "vide"...mais ce vide est plein...<br /> Bonne soirée...
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L
Moi non plus, je ne voudrais pas retourner dans ma vie d'avant... Je suis heureuse du chemin parcouru, malgré les écueils et les souffrances. Je suis entièrement d'accord avec toi pour dire que l'on trouve la sérénité dans la lenteur. Parce qu'elle permet de vivre en pleine conscience. Et puis il y a aussi ces nécessaires plages de solitude, que certains redoutent, car il est important de pouvoir se centrer sur soi, en se coupant de toutes les sollicitations. Il y a une semaine, un soir où j'étais seule, je me suis "offert" ainsi trois heures de très grande sérénité, je me suis allongée, j'ai mis de la musique, et balayant toute pensée, j'ai laissé la musique m'envahir, je l'ai sentie en vagues dans tout mon corps, j'étais infiniment bien. Je crois qu'il faut s'accorder de tels moments où en faisant le vide, on se sent tout à coup si plein. Et ne pas hésiter à répéter de tels moments, parce qu'on y gagne en sérénité.
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P
Je souhaite à chaque personne qui vient me lire d'être dans la sérénité, Josiane, mais tu as raison : il est peu probable que ce soit toujours le cas. Je ne pense pas que mes écrits "parlent" aux personnes vraiment sereines, mais bien plus probablement aux personnes qui y tendent.<br /> <br /> Je pense que lorsque j'aurai une sérénité mieux installée je n'écrirai plus de la même façon.<br /> <br /> Calamityjane tu penches pour un cheminement permanent, faisant allusion à l'image évocatrice du sentier de montagne. Je vois aussi les choses de cette façon, tout en me disant qu'avec l'habitude de cheminer vient aussi une certaine forme de sérénité confiante : on sait que ça grimpe mais on sait aussi que c'est la seule solution pour connaître le paysage traversé.<br /> <br /> Oui, impossible de faire marche arrière : on ne peut oublier ce que l'on a découvert.<br /> <br /> J'aime bien l'idée « d'autre vie avant », c'est aussi comme ça que je le ressens. Et vraiment je n'aurais pas envie d'y retourner ;o)
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C
Quoiqu'on en pense, cette recherche de soi, sur soi demande une telle énergie, oui, une énergie de tous les instants, même si on fait des pauses ^^, par expérience, je sais que c'est parfois épuisant et on ne peut comprendre qu'en le vivant . Du soir au matin, on cherche, on "se" cherche...inconsciemment quelquefois. J'ai fait cette expérience il y a qqs années...et puis est venu le temps de se "repauser", juste pour trouver un semblant de paix, une sérénité? Je voudrais bien dire cela Pierre, mais sincèrement je n'en suis pas si sûre, car ce chemin qu'on emprunte est long, parfois il semble être large et facile, d'autres fois, c'est un petit chemin de montagne, tortueux à souhait, où c'est abrupt...et où il est impossible de faire marche arrière, enfin pour moi ;), le retour est impossible, trop de recherche intense, de questions posées, de réponses trouvées parfois, alors je fais avec...j'avance, je m'arrête sur le rebord, j'observe, je souffle comme lors d'une ascension et puis je crois voir le sommet entre deux nuages et je repars à la con"quête" d'un avenir plein d'espoir. Oui, c'est fatiguant mais comme je le disais, je ne peux pas faire abstraction de cette reflexion mise en route il y a quelques années. D'ailleurs, parfois, je me demande si ce n'était pas une autre vie de moi... ;)...La sérénité est une chose simple et compliquée à obtenir, c'est sérieux mais aussi pas tant que ça ;)
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J
Pierre serein et cogitant! Pas mal comme description!<br /> <br /> Et n'est-ce-pas "quelque part" ce qui pourrait qualifier beaucoup d'entre nous qui venons lire et commenter tes états d'âme en fonction des nôtres!<br /> <br /> Car si nous avions atteint une sérénité inébranlable serions-nous ici? La sérénité est cet état vers lequel on tend, et quand on y a gôuté on ne voudrait pas qu'elle s'échappe. Oui beaucoup de travail pour y parvenir et énormément de vigilance pour la garder! Mais que c'est bon!<br /> <br /> L'attachement à la sérénité n'est-t-il d'ailleurs pas une solution parmi tant d'autres pour parvenir au détachement dont nous avons tant parlé?<br /> Bisous et bon WE
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