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Alter et ego (Carnet)
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8 décembre 2009

Réellement imaginaire

Je pensais que me confronter au regard d'autrui par le biais de l'écriture publique m'éloignerait d'une propension à croire en mes rêves et la réalité de mes représentations. Objectif en partie atteint puisque la rencontre de l'altérité m'a fait prendre conscience d'autres représentations, donc d'une pluralité de réalités. Aujourd'hui, devenu plus lucide, je dois cependant constater que c'est une autre forme d'imaginaire qui a pris place, sans totalement anéantir la précédente. Non seulement j'écris bien souvent en imaginant ce que certains lecteurs pourront penser, mais je réalise aussi à quel point ce que j'écris engendre comme imaginaire. Toute forme de relation, et l'écrit-lecture en est une, se bâtit sur de l'imaginaire. La communication elle-même est affaire d'imaginaire. En portant attention à l'expression des autres, notamment par écrit, j'ai bénéficié de regards croisés qui m'ont beaucoup appris à ce sujet et permis d'extrapoler.

D'où, aujourd'hui, une certaine perplexité. Entre un imaginaire qui, sans confrontation à l'autre, fonctionnerait sans limites, et la rencontre parfois fort complexe des imaginaires dans les relations humaines, j'en viens à réévaluer une de mes croyances : communiquer n'est pas forcément un chemin de reliance. Lorsque les imaginaires ne correspondent pas, ne s'entendent pas, communiquer peut aussi séparer, éloigner.

Il semble que j'aie à accepter que, quoi que nous fassions pour nous "comprendre", nous restons tous dans une large part d'imaginaire et de fantasmes. La pensée elle-même, pure abstraction, est l'imaginaire absolu. Dès lors, tenter d'exprimer ses pensées ne fait qu'ouvrir un imaginaire à d'autres imaginaires. Avec d'infinies possibilités de divergence...

Seul serait reflet du réel le rapport de faits, sans interprétation ni aucune trace d'affects.

Mais peut-on être en relation sans affect ?

IMGP7353
Commentaires
M
Voilà un sujet qui mériterait à lui seul des centaines et des centaines de lignes!<br /> Mais je vais m'efforcer, (rassurez vous) de n'en poser que quelques dizaines ...<br /> <br /> Beaucoup de points sont évoqués dans cet article et pour ne pas justement que ma pensée dévie ou soit influencée par la lecture des commentaires je n'en prendrai connaissance qu'après avoir posté ma réponse ...<br /> <br /> « la rencontre de l'altérité m'a fait prendre conscience d'autres représentations, donc d'une pluralité de réalités. »<br /> <br /> L’écriture comme la parole sont des outils bien pratiques, mais parfois, un peu comme une « larme » à double tranchant, l'intention du départ peut avoir des conséquences que l'on ne soupçonnait même pas <br /> mais c'est le risque dés lors que l'on rentre en communication avec l'autre:<br /> <br /> Dans quelle mesure la chose projetée va-t-elle renvoyer plus ou moins déformée notre pensée initiale ?<br /> <br /> Comment notre propre réalité, va-t-elle ressortir confrontée à celle de l'autre… ?<br /> <br /> Là toute la question ...il nous faut prendre en compte alors que celui à qui je m'adresse va recevoir mon message avec ses propres codes<br /> <br /> »La communication elle-même est affaire d'imaginaire » <br /> je ne crois pas qu’ imaginaire soit le terme approprié dans ce cas de communication qui a pour but de rentrer en relation avec l’autre pour dialoguer <br /> <br /> L’imaginaire j’en parlerai après, intervient certes dans l’écriture, mais plus que nulle part ailleurs, l’imaginaire intervient dans le langage poétique ( je dirai même qu’il doit intervenir comme une nécessité pour une bonne approche du langage poétique) <br /> <br /> Dans le cas qui nous préoccupe pour l’instant( la communication avec l’autre )<br /> Je dirai que la compréhension de cette communication est affaire .de vécu. <br /> <br /> « la rencontre de l'altérité m'a fait prendre conscience d'autres représentations, donc d'une pluralité de réalités. »<br /> <br /> * :Il nous faut alors ne jamais oublier, même dans ces secondes essentielles, que Celui qui va me lire, vient d’ailleurs, que ses envies, ses goûts, ses pensées et ses actes ont été façonnés par un long vécu, peuplé de choses personnelles et que c’est tout cela qui va lui servir de regard pour appréhender les mots qu’il lira …<br /> <br /> Une citation résume parfaitement cela :<br /> <br /> "Entre Ce que je pense, Ce que je veux dire, Ce que je crois dire, Ce que je dis, Ce que vous avez envie d'entendre, Ce que vous entendez, Ce que vous comprenez... il y a dix possibilités qu'on ait des difficultés à communiquer. Mais essayons quand même...<br /> [Bernard Werber] [+]<br /> Extrait de l' Encyclopédie du savoir relatif et absolu "<br /> <br /> *Au delà de ça, <br /> Vous dites.. »Lorsque les imaginaires ne correspondent pas, ne s'entendent pas, communiquer peut aussi séparer, éloigner<br /> (Lame et larme à double tranchant )<br /> <br /> parce que la richesse de notre langue est infinie. <br /> Parfois, Si l’on ne prend pas la peine d’expliquer ce que l’on veut dire, les mots quelquefois nous trahissent …<br /> <br /> Prenons cette phrase:<br /> <br /> "je suis ce que je suis"<br /> <br /> Selon comment l’on appréhende cette phrase, elle peut signifier l’exact contraire de ce que je désire faire passer .<br /> <br /> Je suis ce que je suis …<br /> <br /> Phrase anguleuse et mots couperets,<br /> Alors que je ne suis que courbes et acceptations<br /> <br /> Je suis ce que je suis...<br /> <br /> Pour comprendre cette phrase il faut la décliner,<br /> Il faut la conjuguer sur l’infini des autres,<br /> <br /> Ils sont ce qu’ils suivent,<br /> Nous sommes ce que nous suivons…<br /> <br /> Voilà le sens que je voulais donner à cette phrase<br /> <br /> Je suis ce que je suis…<br /> Je suis ce que je rêve sur des chemins d’errances<br /> <br /> Mais<br /> <br /> Entre ce que je voudrais et ce que je suis..<br /> Un monde Parallèle qui me mène vers le rêve, vers l’infini, vers l’enfoui<br /> <br /> Entre ce que je voudrais et ce que je suis ..<br /> un chemin une voie,<br /> <br /> Je suis ce que vous êtes<br /> Et vous êtes ce que je suis…<br /> <br /> je suis cet autre ce double ce reflet dans le miroir qui vous accompagne sur les chemins du rêve …<br /> <br /> Voilà, si je prends la peine d’expliquer ma direction à l’autre, il va bien sur regarder la phrase avec la notice explicative que j’aurai pris soin de lui fournir et il va donc comprendre ce que je tentais de lui dire …<br /> ---<br /> je vais aller plus loin dans mon propos et sortir du contexte du votre, mais un échange sert aussi à cela, à élargir le débat même si je prends le risque en l’élargissant trop d’être hors sujet <br /> <br /> *une seule forme d'écriture à mon sens n'obéit pas à ses règles là et ne doit surtout pas être codifiée..<br /> C'est la poésie...et c'est pour cela que je l'aime tant ..<br /> <br /> Parce que La poésie ne se plie pas à des règles et à des codes semblables, <br /> oui un imaginaire qui, comme vous dites, fonctionne sans limite,<br /> Et je crois qu'il doit en être ainsi avec la poésie ..<br /> <br /> En poésie comme en amour…<br /> On aime et on écrit pour que rien ne cesse jamais<br /> Ou pour que le temps s’arrête …toujours…<br /> <br /> Lorsque le mot est sur le point de s’écrire ou de se dire il s’efface pour laisser place à l’imaginaire qui le cueille,<br /> <br /> Il s’efface pour accueillir le regard qui l’enlace<br /> <br /> On écrit la poésie pour que rien ne cesse jamais ….<br /> Ou pour que le temps s’arrête …Toujours…<br /> <br /> <br /> La richesse de notre langue est infinie,<br /> <br /> Justement (et coïncidence) sous un autre article, nous avions évoqué cet autre aspect du langage plus poétique en jouant sur le sens des mots <br /> ( « écrire ce qui tait, et sans mot dire se quitter »… vous vous rappelez ?)<br /> En poésie On peut (et même on doit) jouer avec les mots,<br /> Danser sur les phrases et les détourner de leur sens initial.<br /> <br /> Je vous disais sous cet autre cet autre article dans lequel nous avons joué avec les mots<br /> <br /> La richesse d’un poème c’est d’inviter l’autre à voyager dans cet infini là<br /> Et la richesse d’une lecture c’est de l’interpréter pour voyager encore plus loin que l’infini lui-même…<br /> Alors…<br /> La magie de l’imaginaire ouvre la porte à tous les possibles<br /> Et du mélange de l’un et de l’autre<br /> Naît : l’échange.<br /> <br /> Un exemple :<br /> <br /> Si je commence un poème par ceci :<br /> <br /> Dans un lambeau de nuit, la lune se balance,<br /> Accrochant à son fil, le bruit de tes silences,<br /> Dans un lambeau de lune, la nuit dans son silence,<br /> Me raccroche à ton fil où ma vie se balance…<br /> <br /> Si on lit ces quatre lignes avec ce qu’il y a de rationnel en nous, cela ne veut pas dire grand-chose ;<br /> <br /> mais si on laisse les métaphores prendre possession du texte et si notre imaginaire accompagne les métaphores dans cette possession là alors on ouvre grand la porte à tous les possibles .<br /> <br /> La poésie suggère, elle effleure...<br /> Esquisse et dessine un monde...<br /> <br /> Elle nous fait aborder tous les sens possible d’un mot et nous en apporte l’essence<br /> <br /> Elle est cette chose que l'on ne voit mais qui relie les heures entre elles<br /> Elle est sans corps mais sa présence nous habite<br /> Elle est ce que la raison regarde mais que le coeur inhale<br /> Elle est d’une appartenance qui nous lie<br /> <br /> Et c’est pour ces raisons que j’aime tant la poésie<br /> Baudelaire disait vous pouvez vivre trois jours sans pain – sans poésie jamais<br /> <br /> Alors comment vraiment la décrire ?<br /> Bien au-delà de la communication avec l’autre,<br /> <br /> je pense que si l’a poésie devait avoir un espace, un lieu à elle, rien qu’à elle, je crois que ce serait une île.<br /> <br /> Une île blanche aux volets bleus.<br /> <br /> Une île où les malheureux de tout bord viendraient s’échouer le temps de re goûter à la sève d’un regard à peupler d’horizons nouveaux,<br /> <br /> Une île où les malheureux de tout bord viendraient s’échouer le temps de croire encore à une main qui dessine les rêves qu’ils feront demain.<br /> <br /> .enfin,<br /> Si l’a poésie devait avoir une âme elle prendrait celle d’un ange et laisserait ainsi sa plume aller, aux ailes qui la porte …<br /> ... <br /> -----<br /> <br /> Baudelaire disait Vous pouvez vivre trois jours sans pain; – sans poésie, jamais....<br /> Et je rajouterai <br /> Que ma plume se casse, le jour où je n'aurai plus la poésie pour la faire vivre et vibrer <br /> ----<br /> J’ai conscience que la troisième partie de mon commentaire est hors du sujet initial,<br /> Mais que voulez vous quand on aime on ne compte pas …<br /> Et je l’aime tant cette fichue poésie qu’elle me fait souvent dépasser les limites qu’au départ je m’étais fixées …..
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J
Yogi, je te dirais la même chose que Pierre, et si je me glisse dans l'analogie de ta peur de ce camion, personnellement même si je suis très bien dans mon jardin, même si j'y suis en sécurité, j'ai tout de même très envie d'aller faire un tour dans le magnifique jardin public de ma ville. Cette peur ne va pas m'en empêcher! Je vais "m'armer" de courage, je vais prendre la route, MAIS, avec plus de prudence, et beaucoup plus de vigilance...l'expérience que je viens d'avoir face à ce camion qui a failli m'écraser m'a conduit à celà...attention! vigilance! mais heureusement liberté! C'est en tout cas, comme cela que je ressens cette image...
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P
Yogi, si tu te sens bien en ayant fait ce choix je ne vois rien à y redire. C'est ta vie et tu la mènes comme tu l'entends...
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Y
Plein d'analogies peuvent venir à l'esprit en effet, tout dépend du point de vue. Par exemple un jour je suis sorti de chez moi pour explorer le vaste monde, mais sur la route un camion m'a frôlé de près et j'ai pris peur. Depuis je reste dans mon jardin : ce n'est pas une limitation de ma liberté mais juste mon appréciation du risque encouru.
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P
« A moi aussi d'aller au delà de l'émotion et de m'empêcher d'interpréter, pour avoir des chance de comprendre. ». C'est tout à fait ça, Cabrita :o)<br /> <br /> Calamityjane, on ne va pas forcément souffrir en suivant ses émotions... si on ne fonce pas tête baissée.<br /> Une analogie me vient : je sais que conduire vite présente des risques et, n'ayant pas envie de les courir, je me prive d'une certaine intensité d'adrénaline en conduisant à une vitesse à laquelle je me sens "maître de mon véhicule". Certes en allant plus vite sans savoir si j'en ai vraiment les capacités je vivrais des émotions plus fortes, mais le jeu en vaut il la chandelle ? Je peux voir cette limitation volontaire comme une moindre liberté, ou au contraire comme un moyen de conserver celle de choisir à chaque instant le sens que je donne à ma vie. Quitte à rouler plus vite quand je m'en sentirais capable ;o)
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C
"l'amour a de multiples formes et on peut préférer éviter celles qui conduisent vers des risques de douleurs excessives", je trouve cette phrase très juste mais pourtant elle me gêne, elle me fait un peu peur...même. Parce qu'en fait, c'est penser qu'on va forcément souffrir à suivre ses émotions, ses sentiments...cela ne réduit il pas l'intensité de la relation qu'on veut parfois établir, à se contrôler souvent ? amoindrir la liberté de vivre aussi...
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C
Pierre, très intéressant ton texte, en plein dans le mil. C'est en parlant avec les gens auxquels on est le plus sensible, qu'on entend le moins ce qui est dit et qu'on a tendance à "broder" autour Le message que l'on reçoit n'est pas celui qui était envoyé. <br /> C'est comme ça que je comprends une phrase de Nietzsche : "C'est entre les choses les plus semblables que mentent les plus beaux mirages ; car les abîmes les plus étroits sont plus les difficiles à franchir.<br /> Pourtant c'est justement ceux qui nous émeuvent ou nous font réagir qui nous apportent le plus nous rendent vivants. Éviter de ressentir quel ennuie...Depuis quelques temps j'ai compris que ce que je ressens à l'écoute m'appartient, viens de moi, (mon vécu), l'autre ne sait pas forcement ce que cela provoque en moi. A moi de montrer ou non mes émotions. A moi aussi d'aller au delà de l'émotion et de m'empêcher d'interpréter, pour avoir des chance de comprendre. <br /> Toujours des sujets de réflexions qui me touchent, merci à toi.
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P
Oui Yogi, quand je parle du contrôle des situation génératrices d'émotions indésirables, je suis bien dans un évitement. Le risque de me trouver confronté à des émotions qui pourraient m'être difficiles à vivre existe toujours, mais je le réduis considérablement. Tout comme le risque d'avoir un accident en conduisant à vitesse modérée existe.<br /> <br /> Renoncer à l'amour, certainement pas, mais l'amour a de multiples formes et on peut préférer éviter celles qui conduisent vers des risques de douleurs excessives.
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Y
Mmhh ... "s'abstenir de regarder des films de violence" c'est éviter l'émotion, ce n'est pas la maîtriser ; la fois où ensuite on tombe par surprise sur une scène de violence au détour d'une comédie, on est cuit.<br /> <br /> De même, il ne faut pas renoncer à l'amour parce qu'un jour un chagrin d'amour nous a mené au bord du suicide. Du moins, c'est mon avis.
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P
J'aime bien quand vous vous répondez sans que j'intervienne :o)<br /> <br /> Juste quelques mots de précision : l'idée de « contrôler ses émotions », en rapport avec l'idée de ne pas se laisser submerger par elles, ne se joue pas au niveau d'une censure. C'est plutôt, il me semble, une façon d'être vigilant en fonction de ce qu'on connaît de soi en se protégeant d'affects trop intenses. Inutile de se mettre dans des situations qui permettraient à ces affects de se manifester. Autrement dit : on ne contrôle pas les ressentis mais les situations dans lesquelles ils pourraient se manifester. On évite de se mettre "en danger affectif".<br /> <br /> Par analogie, c'est comme s'abstenir de regarder des films de violence si on s'y sait sensible.
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