Je viens de relire ce que j'ai écrit hier. Je fais deux constats : d'abord que j'y trouve des idées intéressantes [si vous me permettez cet immodeste autosatisfecit], ensuite que j'y vois aussi répétitions, lourdeurs, et beaucoup d'aspects factuels qui, a priori, ne me semble pas présenter d'intérêt majeur.
J'en déduis que l'écriture automatique, c'est à dire celle qui ne prend pas le temps de se penser, de se filtrer, de se censurer, porte des potentialités. Mais elle gagne à être retravaillée ensuite.
Cette façon de faire diffère de mes habitudes, acquises au cours de mes années de pratique de l'écriture en ligne. En effet je pense systématiquement au regard du lecteur lorsque je rédige, ce qui ralentit considérablement la fluidité du débit scriptural lorsque j'aborde des sujets qui me semblent "délicats". Je me prive donc [et vous de même...] de bien des jaillissements spontanés, de loin les plus prometteurs de nouveauté, d'originalité, d'inattendu. Or s'il y a bien des idées qui gagnent à être bousculées, ce sont celles qui sont en marge, qui dérangent un peu.
En fait je n'ose pas trop déranger... Ni moi, ni vous [selon l'idée que je me fais de "vous"]. Je n'ose pas non plus susciter la polémique, le malaise, la gêne...
Disons plutôt que j'assume mal les conséquences et remous... mais qu'au fond de moi j'aime bien déranger, voire faire un peu de provocation, dans le sens de pro vocare : encourager l'expression, susciter le débat. Je suis un provocateur inhibé. Un provocateur respectueux des sensibilités. C'est assez contradictoire...
En conclusion, je crois que je gagnerais à changer ma méthode de publication : d'abord écrire en suivant l'inspiration, sans penser à une publication in extenso. Garder pour moi cette version "brute". Ensuite modifier pour obtenir quelque chose de "présentable" et, surtout, assumé. Autrement dit : distinguer l'expression de la publication. Ce qui diffère du "pacte d'authenticité" auquel je souhaitais m'astreindre... mais qui à l'usage se révèle, évidemment, inatteignable.
Euh... vous pourriez me dire pourquoi j'ai mis autant de temps à prendre conscience de ça ?
en même temps, je le comprends au nom de la *zenitude*, voire de la zen-attitude
on part de soi pour lire l'Autre....alors partant de moi, je me dis que tu as peut-être surtout compris (fais l'expérience) qu'il n'est pas 'confortable' du tout d'agir au nom du pacte d'authenticité
pour 'oser', pour 'tenter' de vivre selon ce pacte, je me mets souvent en danger (gravement même par le passé) et ça peut rendre les choses inconfortables à la fois pour moi et pour ceux qui me côtoient (y compris mes enfants)
pour autant je poursuis ainsi car le demi-siècle vécu me permet de voir les *bénéfices* de mes choix élaborés en fonction de ce que je pense 'authentique'
on pourrait dire "mourir de ça ou d'autres choses, il faudra mourir un jour" mais je peux comprendre qu'on ait 'envie' de mourir après avoir vécu 'tranquille' et j'y souscris aussi par instant.....heu, seulement par 'instant', pour ma part ;-)
et puis je ne sais pas si on est 'égaux' et si on pourrait TOUS tendre vers cette tranquillité de moine boudhiste....je vois bcp de gens qui sont déprimés, voire dépressifs et qui se plaignent de leur vie tranquille, trop tranquille disent-ils
difficile donc, d'assumer *qui on est* et de vivre en accord avec *ce que l'on veut* car c'est souvent (tjs?) au risque de déplaire, de *dé-ranger* et de 'provoquer' remous et colères.....mais, une fois les tempêtes apaisées, c'est un peu comme ton ciel étoilé déc-ouvert au delà du brouillard: il y a la promesse d'une belle journée lumineuse, c'est à dire la perspective de beaux instants qui tutoient la *perfection*
et pour ma part, je me contente largement de ces instants-là (surtout qd il font suite à de lourds moments de doutes et de difficultés)! et puis j'ose espérer qu'ils seront tjs plus nombreux (je ne cultive pas la zenitude mais l'optimisme et l'utopie *lucides* ;-))
bisous, pierre