Demande

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Ne jamais demander de réponse, même si je l'espère
Ne jamais demander de visite même si je la désire

Parce que l’Autre, jamais, ne doit nous être redevable
de la joie que l’on ressent à lui parler

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Comments

[Annick]

Juste pour te dire que cette réflexion me parle beaucoup.

[Pierre]

Hmmm, voila d'intéressants prolongements !

Calamityjane, tu parles de "franchise" à exprimer une demande, évitant l'interprétation, et ça me semble très juste. L'idée de franchise m'intéresse beaucoup, en ce sens qu'elle permet des rapports "vrais".

Jane, tu vas dans le même sens en renvoyant à l'autre la responsabilité de ses ressentis face à une demande, et sa liberté d'y répondre ou pas. J'aime bien ce que tu dis de « la spontanéité de notre désir de partager ».

Finalement, entre le refus de demander parce qu'il pourrait "forcer" l'autre, donc le priver de spontanéité, et le désir de s'exprimer spontanément... on en vient un peu à la même aspiration : "être soi"... et attendre de l'autre qu'il le soit aussi.

Les rapports authentiques, de loin préférables, demandent une importante confiance en soi. Et c'est probablement là que ça coince : tout le monde n'en est pas doté de façon équivalente ni suffisante...


PS : Calamityjane, tu peux "squatter" ici tant que tu veux puisque ça s'insère dans le fil des échanges et les enrichit de ton point de vue.

[Jane]

Toutes ces réflexions, je les ai eues et les ai encore, mais la question essentielle n'est -elle pas de savoir si l'on aime vraiment.
A vouloir trop rationaliser, décortiquer, analyser une manière d'être dans sa relation affective avec l'autre, ne craint-on pas d'en oublier, son ressenti, l'authenticité de ses sentiments,la spontanéité de notre désir de partager.... c'est un plaisir, que de dire à l'autre, de lui exprimer nos attentes ... et alors ??? où est le "mal"?
Libre à l'autre de s'exprimer sur la façon dont il reçoit nos attentes !
A croire qu'avant d'ouvrir la bouche, je dois penser et me mettre à la place de l'autre pour ne pas...
En vertu de quoi, je sais ce qui est bon ou mauvais pour l'autre ?
Dès l'instant où il y a inter action entre plusieurs personnes, on ne peut pas tout contrôler...et surtout pas les sentiments.
Quand j'aime, même si ma raison me dit... mon ressenti, fait ce qu'il veut. Je peux l'exprimer, à mes dépens et l'autre en faire ce qu'il veut. Et si mes attentes envers lui l'incommodent, c'est à lui de répondre.

[calamityjane]

"Ne jamais demander de réponse, même si je l'espère
Ne jamais demander de visite même si je la désire

Parce que l’Autre, jamais, ne doit nous être redevable
de la joie que l’on ressent à lui parler"

Les deux premières phrases me sont impossibles a réaliser, c'est trop "dur" pour moi, ça fait parti de l'échange que j'entretiens avec les autres, ça fait parti de moi tout simplement, de mon vécu, de mes ressentis, d'exprimer clairement ce que j'attends des autres...mais je comprends aussi que je ne suis pas seule au monde et que mon mode de fonctionnement n'est pas universel...lol...quand à la dernière phrase, elle est très belle, la notion de joie prend toute son ampleur et me touche profondément, peut être parce que c'est ce que je vis actuellement, je resiste le plus possible a exprimer mes demandes pour ne pas envahir l'autre ou pour qu'il ne se sente pas "obligé" de répondre et en même temps, quand une réponse est apportée, quelle joie....Principe de Pavlov ou simple manipulation? lol
désolée Pierre, j'envahis l'espace avec des propos confus...qui me parlent réellement, mais les mots me manquent. C'est assez étonnant car ta suggestion d'idée tombe à point nommé.

[calamityjane]

C'est bien difficile d'exprimer un désir...d'ailleurs est ce le but de la demande?
j'exprime plus souvent un besoin, parce que ce besoin m'est indispensable, mais effectivement, celui qui reçoit cette demande n'est peut être pas prèt à y répondre. Mais en même temps, quand on fait part de ce besoin, cette demande, au moins l'autre sait à quoi s'en tenir. Il y a une part de franchise, de vérité qui laisse moins de part à l'interprétation. C'est risqué c'est clair, mais ça n'oblige en rien l'autre à prendre en compte. J'admets qu'être tributaire de ses demandes, c'est difficile à vivre et pas toujours compris. Le "parler" vrai n'est pas forcément compris à l'heure actuelle à sa juste valeur et il est très rare de tomber sur quelqu'un qui comprenne cette distinction. En tout cas, ce tryptique (besoin-désir-demande) n'engage que celui ou celle qui l'émet, c'est mon point de vue. Interessant sujet d'échange Pierre.

[Pierre]

J'aime bien les différents points de vue qui s'échangent autour de cette citation qui fait débat :o)

J'ai toutefois l'impression que les réflexions ont extrapolé le sujet de façon un peu large à la DEMANDE en général. Alors qu'il était question de « demande de réponses » et de « demande de visite »...

Peu importe : ce qui s'échange autour de la DEMANDE en général est tout à fait intéressant.

Comme tu le rappelles, Josiane, nous avons tous ce besoin d'être "reconnus" en tant que nous-même, nous sentir "exister" dans le regard d'autrui. Je pense donc nécessaire d'EXPRIMER ce qui peut assouvir ce besoin. D'ici à le DEMANDER, il y a un pas et chacun des avis sur ce sujet apporte ses nuances. Mais tout cela est peut-être question de vocabulaire et de signification personnelle puisque le sens de DEMANDE, selon le dico, va de « exprimer un désir » à « exiger » !

Quoi qu'il en soit, DEMANDER, comme le dit Camille, c'est "prendre un risque". Ce peut aussi être "tenter sa chance", selon le point de vue. Subtile différence qui, il me semble, change assez radicalement les enjeux...

Et puisqu'il est aussi question de responsabilité et de culpabilité... le rapport que chacun entretient avec la DEMANDE diffère. La demande peut être perçue comme culpabilisante (= "mettre la pression sur l'autre"), ou responsable (= "j'en ai besoin donc je le demande").

Charlotte dit que « celui qui ne demande rien ne recevra pas grand chose », . Certes il recevra peut-être (?) ce qu'il demande... mais prive aussi l'autre d'offrir ce qu'il est, avec tout sa différence. Inversement en de demandant pas il prive l'autre de répondre à un besoin/désir non ressenti. Quand à « ne rien reçevoir de plus que ce que l'autre pense qu'on attend », comme le dit Christine, ça met en évidence un autre aspect des choses : tenter de répondre aux demandes informulées ! Et là on se lance dans le grand jeu des suppositions, des transpositions et autre interprétations. Jeu assez casse-gueule !

Ah ben oui, c'est pas simple...

Pour ce qui est des demandes formulées et non exaucées il peut aussi être douloureux de constater que l'autre n'y répond pas : « j'ai besoin de quelque chose et il refuse de me le donner ». D'où, si je comprends bien, l'allusion au « confort » du non-demandeur... qui s'épargne ainsi des déconvenues. Mais qui, aussi, peut s'estimer suffisamment responsable pour ne pas faire peser sur l'autre ses besoins, qui peuvent vite être perçus (à tort ou à raison)comme des exigences.

Je crois que dans tous les cas on peut voir les deux aspects de chaque situation.

Pour le cas particulier des enfants, ainsi que de toute situation d'autorité ou de subordination, la demande (exigence) n'a pas le même sens que dans une relation égalitaire.

Un grand merci à vous pour ces développements :o)

[Christine_]

Je crois qu'il faut s'apprendre mutuellement. Si on demande rien on aura pas plus que ce que l'autre pense qu'on attend... dommage ;)

[camille]

....on sait qu'on *risque* un refus, voire de se faire 'jeter' alors je me 'demande' s'il n'est pas 'confortable' de tenir le discours que tu cites ds ton billet, pierre

mais ce confort-là peut être un frein à bcp de belles choses, bcp de bons moments que l'on *perd* en ne les demandant pas.....certes dire que l'on "exprime un désir" (ou même que l'on "propose") plutôt que de demander me semble à la fois intéressant mais pas tjs 'adéquat' selon les situations

par ex, exprimer son désir de voir (ou proposer à)ses enfants (d')aller se coucher qd il est l'heure ne va pas forcément être 'adéquat' pour que l'enfant aille se coucher, ni qu'il comprenne la nécessité de dormir.....

mais plutôt qu'un long discours, j'ai regardé hier l'émission 'bien-être' diffusée sur direct 8 et dont le thème ramène à ce billet (et à ceux de ton journal ces derniers temps, pierre) http://www.direct8.fr/video/bien-etre-du-15-02-10-j-arrete-de-culpabiliser-douter-m-enerver_16-02-10/

un des invités était notamment yves-alexandre thalmann et ses écrits sur la notion de culpabilité et de responsabilité ainsi que sur les relations amoureuses et pluri-amoureuses rejoignent souvent tes mots, pierre....heu, et les miens aussi! ;-)

les échanges durant les 52mn de l'émission nous ramène vers *l'essentiel*, me semble-t-il

belle journée ensoleillée à tous ;-)

[Martine]

Cette pensée apparemment, ne fait pas l'unanimité et heureusement d'ailleurs, ce qui prouve qu'il y a autant de ressentis qu'il y a d'humains.
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Les choses qui semblent des évidences pour les uns , sont matière à débat pour les autres et je trouve que c'est bien qu'il en soit ainsi car on s'enrichit toujours du ressenti des autres .

Mais si cette pensée ne fait pas l'unanimité, en tout cas, elle a, vous le savez toute mon adhésion ...

et si je suis heureuse de pouvoir m'exprimer ici avec vous toutes et tous, pour autant je ne demande pas une réponse,et ce, même si je la désire..

Parce que l’Autre, jamais, ne doit m' être redevable, de la joie que je ressens à lui écrire.

[charlotte]

Celui qui ne demande jamais rien... ne recevra pas grand chose .
Car c'est en osant dire son manque qu'une relation avec un autre est possible .Lui aussi a le désir de combler son manque.Et dans certains cas entre ces deux êtres manquants, l'amour peut faire sa place.