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Alter et ego (Carnet)
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2 mars 2010

Des liens et du détachement

 

« Je réalise plus clairement que mon écriture intime, ici, c'est-à-dire publique, nécessite cette sorte de « présence de ces blogs-là ». [...] Jusque-là je n'avais pas réalisé l'ampleur du phénomène en moi.
Je suis attaché (tant au sens de relié, qu'au sens de nécessité) à la présence des blogs intimes. Sans eux, il me semble que j'arrêterais d'écrire un blog sur le registre intime.

J'avais plutôt le sentiment que mon écriture, son évolution, un certain approfondissement que je ressens, se nourrissaient principalement de l'échange avec mon lectorat, par le biais des commentaires, ou des messages que je reçois en privé. Mais en réalité, j'ai un peu l'impression que la principale nourriture ce sont les autres blogs [...] »

Alainx, "Les nourritures blogosphériennes"

 

Voila une réflexion qui rencontre fort à propos la mienne, au moment où je prends un recul notable avec cette "blogosphère" en constante régénération. En effet j'ai souvent pensé que si les écrivants intimistes que je côtoie depuis mes débuts disparaissaient... je cesserai d'écrire ! Faute de sentir ces présences confidentielles il me semble que je perdrais une sorte de... connivence. Je me demande si je ne garde pas le courage d'écrire parce que ces personnes ont pu suivre mon parcours depuis que je le raconte [du moins est-ce ainsi que je l'imagine...].

Mais je dois bien reconnaître qu'ils sont devenus rares, aujourd'hui, ces prédécesseurs ou contemporains. Très peu de ceux qui ont commencé avant moi sont encore "actifs" et leurs écrits s'espacent toujours davantage ou ont considérablement changé de tonalité. Il y a aussi les mises en sommeil très prolongé... Quant à ceux qui ont commencé en même temps que moi, ou peu après, ils ne sont guère plus nombreux. L'inexorable hécatombe des blogs défunts ne cesse de croître, alors qu'il en naît de nouveaux chaque jour.

Comme Alainx je suis "attaché" aux auteurs qui se sont ouverts depuis très longtemps à leurs interrogations existentielles. Et davantage lorsque je les ai rencontrés dans le monde réel, ce qui est le cas pour la plupart. Ces personnes constituent à mes yeux une sorte de... tribu (?). Disons un "groupe", aussi hétérogène qu'il puisse être, principalement relié par la pratique prolongée de l'écriture publique de soi. Le paradoxe durable du dévoilement intime.

Il se peut qu'il existe, ailleurs que dans ce cercle que je fréquente, d'autres sphères similaires. Mais je n'en suis pas sûr... Peut-être fais-je partie de ces quelques derniers dinosaures encore vivants qui ont commencé à écrire au siècle dernier ? De cette époque lointaine je garde, il me semble, une certaine approche de l'interlecture en comité restreint...

Avec l'avènement des blogs, est venu celui de la multiplication infinie des interactions et de la dispersion des liens. Dans ce nouveau monde qu'on appelle "blogosphère" je me suis attaché à de nouveaux talents, mais d'une façon différente. Probablement parce que les échanges y ont d'emblée été publics. Donc avec une approche moins personnelle, moins intimiste. À moins que ce soit moi qui suis devenu moins sensible ? Un peu blasé ? Ou simplement plus "détaché" de toute forme de relation...

C'est dans la discrétion en "tête à tête" des échanges de mails privés que se disent des confidences. Mais bizarrement je constate que j'y réponds souvent très tardivement, préférant pour d'obscures raisons répondre d'abord aux commentaires publics ! Peut-être parce qu'ainsi je m'adresse à plusieurs personnes à la fois ? Les correspondances privées demandent du temps, surtout quand je prévois de faire de longs développements...

J'aime aussi beaucoup ce qui s'échange grâce aux commentaires publics, dont je reconnais éprouver de la satisfaction devant la qualité de ce qu'ils apportent. C'est une vraie richesse, qui fréquemment nourrit ma réflexion et me fait "avancer" sur mon parcours tout en offrant à tous cette possibilité. En même temps il y a un aspect "détaché", sans implication vraiment marquée, qui me convient bien. D'ailleurs je sais, par expérience, que nombre d'intervenants ne participent que durant quelques mois puis disparaissent. Souvent les contacts ne durent pas très longtemps, les liens ne se tissent pas. Il faudrait du temps mais c'est l'éphémère qui domine. Du moins en ce qui concerne les interactions publiques puisque certaines personnes me lisent en silence depuis des années et ne m'en informent qu'exceptionnellement.

Je ne le répèterai jamais assez : les manifestations des lecteurs [mais non, pas les manifs !] sont mon carburant. J'ai besoin de sentir votre présence pour ne pas écrire dans le vide. Si "dépendance" il y a, c'est bien de celle-ci dont il est question. Et elle est réelle : sans vos retours j'écrirai différemment. De façon plus... détachée.

Alors peut-être que, dans le même ordre d'idée que ce qu'écrit Alainx, ce qui fait évoluer mon rapport à l'écriture publique en ce moment est cette "disparition" progressive de ceux avec qui s'était établi une connivence. Échanger ne suffit pas, il est important aussi de créer des liens [ce n'est pas le renard qui me contredira...]

Sauf que... je ne cherche plus à créer des liens sur internet ! Ou du moins... pas le même type de liens que ceux auxquels j'aspirais auparavant.

Ouais... c'est peut-être ça qui me questionne : je ne sais pas trop de quels liens j'ai envie.
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IMGP8304

Le détachement offre un autre éclairage

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Commentaires
P
C'est quand même rigolo : alors qu'après avoir écrit je me suis dit que personne ne serait intéressé par cette énième réflexion autour du « pourquoi écrire »... je reçois tout plein de longs commentaires fort intéressants !<br /> <br /> Mais comment voulez-vous que je parvienne à prendre du recul si vous nourrissez mes réflexions ! ;o)<br /> <br /> Ouais ouais, très intéressant tout ce que vous me (nous...) donnez comme grain à moudre !<br /> Par contre, je ne suis pas certain de trouver le courage de commenter les pistes que vous ouvrez... C'est sans fin ces interactions ! Alors ce soit j'ai préféré écrire un nouveau billet...<br /> <br /> Pour la photo il s'agit d'une écorce de bouleau de l'Himalaya, au tronc très blanc.
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T
Bonjour Pierre, cette photo m'interpelle,avec cette lumière, j'ai pensé à l'écorce d'un bouleau, mais pas sûre du tout. Tu nous diras? Elle est trés belle en tous cas.
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A
C'est cette notion de connivence que je retiens surtout ici. <br /> et puis, une sorte de « sentiment d'appartenance » à un collectif informel de personnes qui mènent une recherche, certes individuelle, pour ne pas dire individualiste, mais qui vivent quand même une certaine reliance.<br /> C'est un peu le phénomène que l'on peut rencontrer dans des groupes de travail thérapeutique par exemple.<br /> Chacun y vient pour soi, mais le fait d'être ensemble, de communiquer, partager sa propre expérience, permet d'aller plus loin dans le travail personnel.<br /> On ne peut imaginer un tel groupe ou il n'y en aurait qu'un qui s'exprimerait, et ou tous les autres se contenteraient d'être spectateurs passifs, quand bien même seraient-ils bienveillants...<br /> d'ailleurs, dans ces cas-là, la "personne passive" (en apparence en tout cas...),finit toujours par se faire interpeller :<br /> - et toi ? tu n'as encore rien dit !<br /> comme une nécessité que TOUS jouent le jeu de l'engagement personnel.
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C
Il ne tient qu'à toi, qu'à nous, de différentes manières, de tisser des liens..."le détachement offre un autre éclairage", je ne crois pas. Mais je suis assez mal placée pour parler du détachement, car j'en suis très loin. C'est une chose que je "manie" tres difficilement! Je suis dépendante, interdépendante, des autres, des choses, des liens, de ton blog ;), du réel, du virtuel parfois et je n'imagine pas vivre autrement, ça m'est essentiel la relation aux autres même si je garde mon libre arbitre, mes moments de silence, de solitude. Je me définis assez souvent comme quelqu'un d'asocial, car j'ai bien des difficultés à comprendre quelquefois les comportements de mes contemporains, mais malgré tout, j'aime les autres, je ne pourrais pas vivre sans eux et cette remise en question sans cesse me fait avancer toujours...quant aux liens plus anciens dont tu parles, j'imagine assez bien ce ressenti d'éloignement, de liens qui s'effilochent...c'est ainsi, ou ainsi va la vie. Malgré tout, le rythme de notre société n'est pas forcément un rythme universel, à chacun là aussi de trouver sa propre cadence, quitte à être légèrement en décalage. Tout cela n'est que choix.<br /> Et l'écriture...j'ai lu tes précédents posts...je n'ai pas fait partie des "carburants" :) mais j'ai lu, silencieuse, et je dois dire que j'ai toujours écrit sur de précédents blogs à moi, d'abord pour moi, l'échange se faisant ou pas, agréable ou pas...j'ai arrêté, me sentant parfois "obligée" d'alimenter l'endroit pour conserver les liens et puis ne me sentant plus si libre d'exprimer ce que j'avais à dire (ça tournait parfois en boucle, là encore, rythme propre à chacun de nous), mais c'est un leurre...le lien on peut le conserver bien autrement, tu le dis d'ailleurs, libres à nous de transformer le virtuel par le réel, sans ressembler pour cela à des dinosaures! ^^ et tout cela n'empêche pas d'écrire aussi...<br /> Ne serais tu pas un peu las de coucher les mots sur la toile? tu le dis toi même, tu prends le temps de "retourner" les mots, les penser, les adapter...ne serait ce pas à cause de cela que tu ne trouves plus autant de satisfaction à écrire, je ne sais pas ce qu'il en est évidemment, j'exprime juste des pistes...un peu comme pour l'attachement/détachement. Je suis dans la spontanéité pour l'écriture alors oui, parfois, j'écris des "bêtises", c'est mal tourné mais tant pis, c'est moi...avec mes qualités et mes imperfections. Bon mis à part tout ce charabia de ma part, reste encore un peu Pierre ;)
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A
Je fais partie de ceux qui te lisent en silence.<br /> Ce midi je t'offre un peu de carburant en me manifestant.<br /> ______<br /> <br /> La photo est belle. Ecorce de bouleau ?
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J
Bjr Pierre. J'ai lu tes deux précédents billets et comme je sens très proche des commentaires apportés, je ne rajouterais pas grand chose. Simplement que je n'ai jamais eu l'impression que tu voulais nous imposer quoi que ce soit. Personnellement j'avais beaucoup écrit (pour moi) avant de venir chez toi, j'y ai souvent trouvé les mêmes interrogations. La manière dont j'ai écrit m'a aidée à me retrouver. Aujourd'hui je n'ai plus le même besoin et venir voir ce que tu écris, voir les commentaires...tout cela continue à m'enrichir. Et c'est moi seule au fond de moi qui ressent si ça me fait du bien ou pas. Je pense (au risque de passer pour une égoïste) qu'en premier il faut penser à soi, car après quand on se sent bien, on peut donner aux autres. Tout devient plus clair...et puis un jour on s'aperçoit qu'on peut être détaché mais relié aux autres...on ne peut pas vivre seul (même si je vis seule!)on a besoin d'amour et d'amitié, on a besoin de sentir un lien avec les autres...comment s'appelle ce lien, je ne le sais pas, mais je le ressens! C'est un lien à la fois très proche et très lointain! C'est un lien qui me procure de la joie quand je viens te lire, un lien invisible qui réunit celui qui écrit à celui qui lit et ce qui est important c'est que chacun le fasse avec le désir qui l'anime et ressente du bonheur à le faire...sinon...à quoi bon! on est ici pour se faire du bien! Je pense Pierre que tu n'écris pas pour nous faire plaisir, tu écris pour toi mais à travers ce que tu écris, tu nous touches, tu nous interpelles, tu nous pousses à la réflexion et ça nous fait du bien! (sinon on ne viendrait pas, c'est tout!)Bonne journée et à plus....
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F
Juste avant de lire ton billet...je lisais au travers d'un email "le pouvoir de l'attraction"...<br /> Et je ne peux que rester sur ta dernière phrase :<br /> "Ouais... c'est peut-être ça qui me questionne : je ne sais pas trop de quels liens j'ai envie".<br /> Car là en est le principal sujet : ce que nous désirons !<br /> Repousser nos energies négatives pour faire place a nos energies positives...<br /> Il est 12h...je vais essayer de tester cela durant le reste de la journée...<br /> Bon mercredi à toi...malgré la pluie !
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