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Alter et ego (Carnet)
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24 mai 2010

Bonbon au poivre

Dans un commentaire datant déjà un peu [j'ai séquestré ce billet, écrit depuis une dizaine de jours] Valclair me glissait « Et si tu nous tombais amoureux ? ». Oups... voila un sujet que je n'aborde plus vraiment. Je n'affirmerai cependant pas que l'état amoureux, en tant que phénomène observable, est sorti de mes préoccupations. Bizarrement, bien que non-pratiquant je reste intéressé [euphémisme...]. D'ailleurs il me faut bien reconnaître qu'en me formant à aider les couples en difficulté, je suis forcément amené à devoir considérer le fonctionnement psychique du sentiment amoureux, de l'idéalisation à la désillusion... Et puis bon, j'avoue qu'à titre personnel je garde quand même un œil sur la chose, si je puis dire. Un peu comme pour ce qui touche à ma religion d'origine, pourtant délaissée depuis bien longtemps. D'ici à considérer que l'amour-amoureux est une sorte de croyance, je ne me hasarderai pas sur ce terrain...

J'en serais resté au clin d'œil Valclairien si
je n'avais entrepris ce jour-là, d'humeur guillerette, ma tournée des blogs. Et là, drôle de coïncidence lourdement insistante, je découvre chez la talentueuse Traou son récit des rencontres aléatoires via les sites dédiés à baiser sans perdre de temps... oups... vendre ses charmes... euh... goûter à tout... hem... à la mise en vitrine de soi. Avec sensibilité, lucidité et humour elle raconte ses déboires, plaisirs et interrogations autour des rencontres à répétition qu'encouragent ces fameux sites. La tonalité de son récit n'est pas sans me rappeler celui d'une amie avec qui je vécus jadis une belle histoire... mais... là n'est pas mon propos.

Hum... et si j'en parlais ? [naaaaan, pas de la belle histoire, mais de mes émois amoureux !]

Tenez, pour dire que le sujet me titille quand même un peu, j'ai acheté il y a un deux ou trois mois un livre a l'intitulé alléchant : « La deuxième chance en amour ». Ah, vous voyez que je fais des efforts, hein ? Je me documente ! Je m'instruis... Bon, en fait je n'en ai lu que quelques pages et pas rouvert ce bouquin depuis, c'est dire à quel point mon désir de tomber amoureux est puissant !

Mais en lisant le descriptif des rencontres que fait Traou j'ai reconnu bien des situations vécues. Car finalement, moi, l'homme d'une seule femme pendant vingt ans, engagé à fond et "pour la vie", j'ai quand même, depuis une dizaine d'années, vécu quelques expériences de rencontre intime, parfois sentimentales, voire amoureuses, significatives et éclairantes. Et si ça n'a été qu'une seule fois par le biais d'un site de rencontres [j'ai vite fui ces supermarchés de l'offre et de la demande], du moins fut-ce la plupart du temps via internet [et notamment par ce journal...]. Je reconnais donc bien dans le portrait dressé par Traou les tentatives d'approche et les espoirs, les doutes, les gênes, puis les déceptions et autres désillusions qui accompagnent ce type de rencontres pré-virtualisées. Et cela de part et d'autre, évidemment. Ouais, la rencontre amoureuse adulte n'est pas une sinécure ! Surtout quand, avec un peu d'expérience, on finit par se connaître suffisamment pour savoir ce que l'on désire et ne veux pas. Or avec le temps je ne crois pas qu'on devienne moins exigeant en matière de relations amoureuses... Enfin... ça dépend de quelles exigences on parle.

Actuellement je dirais que je suis "guéri" de l'attrait des rencontres via internet. Ce moyen, fort pratique au demeurant, ne me séduit plus. Je dirais même que je m'en méfie. Mais je dois bien avouer qu'aucun moyen de rencontre ne m'intéresse vraiment. Et pour tout dire, je ne recherche pas la rencontre sentimentale ! Ouais, c'est peut-être là l'explication...

D'ailleurs, l'ai-je un jour "recherchée" ? Hmmm, sans doute inconsciemment, même si j'ai généralement été plutôt surpris de la trouver.

Mais maintenant, quand on me parle de ça... euh... je me dis que je n'ai nulle envie de m'em...combrer avec les complications existentielles d'une autre personne ! Parce que je sais qu'elles me rejailliront forcément dessus et sèmeront de nouveau la pagaille dans mon esprit et mes sentiments. Diantre, j'ai déjà bien assez à faire avec mes propres névroses ! Je sais désormais que la rencontre amoureuse est le lieu d'exacerbation de tout le fatras qui encombre les inconscients. Il peut en découler la plus belle des alliances comme le pire des cauchemars [ouais, j'exagère un peu...].

Ce tableau, assez peu engageant, je vous l'accorde, est caractéristique d'une réaction de rejet post-désenchantement [ou pro-évolutive, si vous préférez]. En fait ce n'est pas tant l'état amoureux que je rejette que ce qu'il pourrait me faire ressentir. C'est une réaction épidermique, personnelle et passagère. Plus sérieusement je crois que je ne m'y sens pas prêt. Je mesure combien j'ai encore du chemin à faire en moi pour pouvoir accueillir "l'autre" [une femme, selon toute probabilité] avec toute sa sensibilité, ses espoirs secrets, son mal-être enfoui, sa lumière vivante, ses pulsions auto-destructrices et autres attentes inconscientes. J'ai pas trop envie de me battre pour éviter de devenir le cobaye consentant des brouillons relationnels de l'autre [rhôôô, comme il est cyniiique !]. Cela me demande une solidité intérieure, une assurance, une confiance personnelle que je n'ai pas encore suffisamment éprouvées. Alors je préfère encore m'abstenir, me protéger autant que protéger l'autre [vu que je ne vaux pas mieux !].

Je reste cependant un "ami des femmes", dont j'apprécie le mode de pensée, la réceptivité émotive, la sensibilité intuitive [allons-y pour les généralisations à tour de bras...] et euh... la féminité. Je garde un grand plaisir à échanger avec le féminin, en tant que genre que je ne suis pas. Et puis je reste sensible, ô combien, aux charmes de la féminité. Mais revenir à l'état amoureux... naaan, pas maintenant ! Je crois que j'ai développé une sorte d'aversion [temporaire ?] pour cet état, bien que je puisse aussi en décrire la volupté et la magnificence [éphémères ?]. À la fois je trouve cela merveilleux... et en même temps... pitoyable [voui, j'ai dit que j'exagérais !]. Je vois trop la bête attirance de deux êtres qui ne se rendent pas compte qu'ils répondent à des sollicitations inconscientes, des pulsions qui les dépassent, une régression primo-infantile, un simple désir  primaire de combler un manque intrinsèque à la condition humaine.

En fait je crois que je rejette en moi une tendance à rêver [?] encore de l'amour dit "romantique", excroissance anachronique d'un souvenir archaïque de relation fusionnelle mère-enfant à jamais inscrite dans mon cortex, véritable obstacle à la rencontre vraie de l'autre. J'en suis encore dans une phase de rejet vis à vis de cet amour-là et de tout ce qui peut y ressembler. Beark !!

C'est délicieusement bon l'état amoureux, mais ça m'attire autant qu'un bonbon au poivre ! Par contre, le jeu délicieux de la séduction... je pourrais assez facilement être tenté de me laisser tenter [enfin, ça dépend des jours...].

Et allez savoir ce qui peut advenir ensuite, hein ?

Commentaires
P
Oups... merci Solegiatta, de me dire que mes mots te sont utiles. J'y suis sensible.<br /> <br /> Emmi, je n'en doutais pas ;o)
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P
Hé hé, Traou, ces préoccupations me sont soudainement devenues fort lointaines. Les voyages offrent une bonne bouffée d'oxygène et aèrent les idées ;o)<br /> <br /> Je pense qu'on est plus ou moins "prêt" (disposé/réceptif) à se laisser toucher. Quand on ne l'est pas, par "choix", je pense qu'on a simplement moins de chances d'être attiré. Mais je te l'accorde, on ne maîtrise certainement pas tout, et c'est très bien !<br /> Alors disons que ça me convient bien, en ce moment, de ne plus être soumis aux affres des complications. Et si un jour je devais de nouveau être emporté par une vague, et bien c'est que j'y serai suffisamment prêt. Je n'ai pas renoncé à tout ça ;o)<br /> <br /> Je souhaite moi aussi à tous de vivre cet émerveillement, peut-être pas à répétition, mais en tout cas je suis heureux de l'avoir vécu.
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T
Pardon de me manifester très tardivement sur ce billet qui répond à l'un des miens (merci :-) ).<br /> <br /> Une chose m'étonne toujours dans tes propos sur le sentiment amoureux : en quoi en a-t-on le "choix" ? L'amour s'impose. Ou pas. Ce n'est pas un contrat que l'on souscrit avec quelqu'un en toute connaissance de cause mais un impérieux élan qui fait fi de toute "raison" et bouleverse nos vies, convictions, habitudes et axiomes divers !!! (j'y crois, nom de nom ! Et pourtant cette merveille (terrible parfois, je te l'accorde) est un peu loin dans ma mémoire, pour ce qui me concerne...<br /> <br /> Je nous le souhaite, à tous, en tous cas, si !<br /> Amicalement
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E
si si, c'est bien moi, "the" emmi...<br /> ;-)
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S
Merci Pierre... je continue à venir régulièrement picorer parfois, m'asseoir plus longuement souvent, et "observer" "réfléchir" "me rassurer" "prendre du recul"... tout ça dans le silence car, depuis quelques temps, c'est l'aridité ... <br /> Juste avant que tu ne partes rejoindre ton fils, je voulais juste te dire que sur certains points... (de nombreux d'ailleurs..) j'ai cette impression de chemin parallèle , même si tu as une certaine longueur d'avance... (sourire). <br /> Venir dans ton chez Toi est réconfortant, et me fais souvent sourire... j'aime ton ironie , ton réalisme... j'aime ton "avancée"... <br /> Merci.... merci vraiment <br /> Patricia
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P
Hmmm, tu as probablement raison, Irène. Du temps où j'étais amoureux mon discours était radicalement différent et nettement plus enthousiaste, pour ne pas dire "émerveillé" :o)<br /> <br /> C'est bien pour ça que je prends soin de préciser que je m'exprime "actuellement", car une fois que j'aurais balisé un certain nombre de nouveaux repères, il se pourrait bien que je m'ouvre de nouveau à ce genre de rencontre. Sous une nouvelle forme, assurément.<br /> <br /> J'aime beaucoup l'idée de « ressusciter par la réalité » !<br /> <br /> Quant aux femmes « ramassis » de quelque chose, oh ben non alors ! Pas plus les femmes que les hommes ! Vraiment je ne me place pas en position machiste : j'ai moi-même mes casseroles, quoique je fasse en sorte de m'en délester. Loin de moi l'idée de me méfier des femmes en général... mais des sensibilités de chaque être, ça oui !<br /> Bien sûr que je connais des femmes « structurées et équilibrées », mais va savoir ce qui fait que les personnes s'attirent, hein ? Mon désenchantement actuel n'est pas un hasard, personne ne m'a obligé à vivre ce qui m'a amené où j'en suis aujourd'hui. J'avais quelque chose à découvrir ;o)
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I
Oh la la, Pierre!!! Tu parles, tu parles, et c'est joliment dit, élégamment posé, agréable à comprendre et même à savourer.... Mais enfin, le jour ou tu (re)tombera vraiment en amour, tu laisseras au vestiaire toutes tes jolies théories, surpris par l'évidence, bousculé par la puissance des phéromones, emporté, dépassé, "ressuscité" aussi par la réalité.<br /> Et puis, de toi à moi,Pierre, si je peux me permettre, n'est-ce pas excessif de limiter les femmes à un ramassis de "... espoirs secrets, ... mal-être enfoui,... pulsions auto-destructrices et autres attentes inconscientes". M'enfin, Pierre, les femmes structurées et équilibrées, ça existe aussi, non mais !!! Quelle vision faussement paternaliste et machiste, tu nous suggères là !<br /> Je sais bien que mon comm laisse volontairement de côté le nœud du problème, mais traiter de l'amour "romantique" dépasse très largement mes modestes capacités. Question de génération, sans doute :)
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P
Lukéria... comme je te comprends et apprécie ce que tu dis ! Oui, tu as raison de faire la distinction entre "état amoureux" et "amour". Le second est souvent passé par le premier... qui lui-même ne mène pas toujours au second.<br /> <br /> En te lisant je me dis que si je garde un œil attentif sur tout ça c'est certainement parce que je garde en mémoire la lumière qui m'a habité quand je vivais cela. C'est comme si la capacité à ressentir ce rayonnement intérieur dont tu parles s'était révélée. Depuis elle reste en moi, latente, sans que je ne sois parvenu à la raviver. Et pourtant j'ai souvent un sourire accroché au visage, et je me sens plutôt heureux dans ma vie.<br /> <br /> Et je crois toujours en l'amour en tant que principe. Ce sont ses applications qui me laissent plus circonspect...
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L
Eh bien, moi, plus que l'état amoureux, c'est l'amour que je ressens en moi, certains jours plus fort que d'autres. Je crois que nous sommes profondément des êtres d'amour. Et quand je suis dans cet état-là, je ressens une grande plénitude et (ça va sans doute te faire sourire) mon visage est transformé quand je me regarde dans un miroir, j'y vois mon rayonnement intérieur et je me trouve beaucoup plus belle. C'est cet amour-là que j'offre à l'homme avec qui je vis, qui crée aujourd'hui la magie de notre relation.
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P
Aaaah emmi [euh, c'est bien toi???]. Oui, tu as raison, ce n'est peut-être pas LE Léon...<br /> <br /> Charlotte, ouais, on fait quoi si on est déjà "deux" ? Et bien... on fait comme on peut ! C'est compliqué, parfois horriblement compliqué. C'est l'occasion de se poser les questions existentielles : de quoi ai-je vraiment envie ? Que veux-je faire de ma vie ? Jusqu'où dois-je m'écouter ou renier ce à quoi j'aspire ? Je fais comment avec chaque autre ?<br /> <br /> Oui, je suis "libre" [pas si sûr...], jeune [hum... c'est très relatif !], beau [hé hé, non seulement ce n'est pas à moi de le dire, mais en plus ça n'est pas un critère suffisant]. Quant au portillon, je dirais « il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ». Dès que j'ai le moindre pressentiment d'une vague possibilité de peut-être plaire, je ne moufte pas ! Surtout ne pas alimenter quoi que ce soit qui pourrait faire croire à... Du coup il ne se passe rien de plus que des échanges "neutres" ! Il faudrait vraiment venir me chercher pour réveiller quelque chose en moi. Et encore !<br /> <br /> Non, pas envie d'ouvrir la porte. Mais il suffirait que l'une trouve je ne sais quelle formule magique et ça pourrait changer, qui sait ?<br /> <br /> Quant à tomber amoureux « seul avec son frisson »... ouaaaah, l'horreur !<br /> <br /> Chris, mais oui l'amour dit "romantique " existe"... quand les deux ont envie de le voir durer ainsi. Quitte à s'aveugler et s'auto-convaincre :o)<br /> <br /> Oui, tu sais ce que tu as envie de vivre et agis pour y parvenir. C'est déjà la preuve d'une maturité. Mais... encore faut-il trouver la (les ?) personne compatible avec ces envies. Et c'est là que, bizarrement, ça se complique souvent. Du moins si tu as envie de faire durer (cette envie est une sacrée contrainte, et peut-être la plus rédhibitoire !).<br /> <br /> N'avoir jamais connu le lien fusionnel mère-enfant, ou du moins l'avoir vécu d'une façon qui crée l'attachement sous un forme particulière, joue certainement un rôle capital dans la façon de se lier amoureusement ensuite.<br /> <br /> Oui, ta phrase est plaisante. Mais elle parle de toi et de TON rapport à l'amour. Quelle place pour l'autre et SON approche de l'amour ?<br /> <br /> Josiane, ce que je viens de répondre va dans le même sens que ce que tu mets en évidence : la place de l'autre. Comme tu dis il faudrait être au même degré de maturité, et dans les mêmes sous-registres de maturité, parce que je ne crois pas qu'on mûrisse de façon homogène. Comme cette parfaite adéquation n'est pas possible, il faut toujours que l'un et l'autre s'adaptent. Sans qu'aucun ne se "perde" dans cet ajustement constant. D'où la difficulté à faire durer dans un épanouissement mutuel et réciproque. Et c'est là que l'envie de durer prend tout son sens : jusqu'où chacun va accepter cette difficulté ?<br /> <br /> J'aime beaucoup la gratitude que tu manifestes envers tes relations amoureuses passées. Je pourrais reprendre à mon compte, mot pour mot, ce que tu dis :o)<br /> Merci...<br /> <br /> Fillebavarde, je crois que la maturité c'est précisément pouvoir vivre des histoires bien différentes des précédentes. Sinon ça veut dire qu'on a encore des choses à travailler... jusqu'à trouver satisfaction.
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